Islande

La croissance économique est forte grâce au développement soutenu du tourisme, à la fermeté de la consommation privée et à l'évolution favorable des termes de l'échange. Des hausses de salaires très substantielles, la progression de l'emploi et le dynamisme de l'investissement alimentent la demande intérieure. Le contrôle des mouvements de capitaux mis en place pendant la crise financière est en voie d’être levé.

L'appréciation du taux de change et la baisse des prix à l'importation ont contribué au maintien d’une inflation basse. Les tensions inflationnistes imputables aux hausses de salaires et à l'incertitude suscitée par la levée du contrôle des mouvements de capitaux appellent toutefois une politique monétaire stricte. En outre, la Banque centrale devrait continuer de recourir à ses instruments prudentiels face à l'éventualité d'importantes entrées de capitaux à court terme que pourraient déclencher le renoncement aux mesures de contrôle. Une réforme du système de négociation salariale pourrait prévenir une future spirale salaires-prix tandis qu'une intensification de la concurrence et une réduction des obstacles à l'entrée stimuleraient la productivité.

L'Islande a grandement amélioré sa situation budgétaire, réduit sa dette publique nette et adopté une nouvelle loi sur le budget. Au vu de la situation économique, une relance budgétaire ne serait pas raisonnable, mais des ressources pourraient être redéployées au profit de la santé, des pensions et des infrastructures publiques, ce qui rendrait la croissance plus inclusive socialement.

La croissance économique est solide

L'économie est en plein essor, portée par des dépenses de consommation et un investissement vigoureux, un boum du tourisme et une politique d’assouplissement budgétaire. Le revenu des ménages continue de bénéficier de la bonne tenue du marché du travail et de hausses de salaire dépassant 10 %. Ces dernières étant très supérieures à la croissance de la productivité, elles seront préjudiciables à la compétitivité et créeront des tensions inflationnistes. La progression de l'emploi a été forte et le taux de chômage est tombé en dessous des 3 %. Le boum de l’activité touristique se poursuit et favorise la construction. En outre, un certain nombre de projets à forte intensité énergétique stimulent l'investissement des entreprises.

Islande
picture

1. Une baisse indique une appréciation.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 100 ; et Office statistique islandais.

 https://doi.org/10.1787/888933439933

Il est nécessaire de resserrer la politique macroéconomique

L'inflation est restée inférieure à l'objectif de 2½ pour cent fixé par la Banque centrale du fait de l'appréciation du taux de change et du recul des prix à l'importation. Toutefois, un important potentiel inflationniste s'est accumulé, en grande partie à cause des très fortes hausses de salaires. La Banque centrale doit rester sur une ligne stricte afin d'obtenir une inflation à la fois modérée et stable. L'incertitude suscitée par les dernières étapes de la libéralisation du compte de capital est synonyme, pour la Banque centrale, de nouveaux défis sur le plan financier et monétaire. Les projections reposent sur l'hypothèse d'une hausse des taux d'intérêt à court terme. Or, compte tenu du différentiel de taux élevé prévu avec le reste du monde, il faudra recourir à des instruments macroprudentiels pour contenir d'éventuelles entrées de capitaux instables sous forme d'instruments de dette à court terme, au fur et à mesure que les contrôles seront assouplis.

Demande, production et prix
picture

 https://doi.org/10.1787/888933441346

Le durcissement budgétaire antérieur, la forte diminution de la dette publique nette et partant, le recul des charges d'intérêts, ont amélioré sensiblement les comptes publics. Les abondantes recettes à caractère exceptionnel – représentant quelques 17 % du PIB en 2016 – découlant des accords sur la résolution des faillites bancaires serviront à réduire encore la dette publique de façon significative. On prévoit un excédent budgétaire en 2018, mais l’orientation de la politique devra peut-être être encore resserrée pour prévenir des tensions sur la demande.

Ces dernières années, le développement rapide du tourisme a été une force motrice pour l'économie islandaise, un motif de diversification de la production et une source d’emplois, quoique souvent peu qualifiés. Il porte toutefois aussi en lui des contraintes qui pèsent sur les infrastructures et l’environnement. La rupture récente des négociations entre les partenaires sociaux montre que l'Islande doit revoir son système de négociations salariales pour prévenir l'apparition future d'une spirale salaires-prix qui nuirait à sa compétitivité. Réduire les obstacles à l'entrée et mieux appliquer la politique de concurrence, pour empêcher les abus de position dominante ou les pratiques de collusion tacite, stimuleraient la productivité.

La croissance de l'économie va se poursuivre avec des risques de surchauffe

Le dynamisme de l'investissement et de la consommation privés généreront une croissance solide en 2017. Ensuite, la modération de l'investissement, la fin du choc positif des termes de l'échange et les tensions inflationnistes éroderont progressivement la demande et la croissance ralentira en 2018 pour renouer avec des niveaux plus tenables. Le taux de chômage se stabilisera à un niveau bas.

La surchauffe de l'économie et l'accélération de l'inflation sont les plus grands risques qui pèsent sur les perspectives. Ils pourraient être aggravés par les futures hausses de salaires. La libéralisation du compte de capital suscite des incertitudes à propos des flux de capitaux ; les taux d'intérêt relativement élevés pourraient parallèlement entraîner d'importantes entrées de capitaux et une forte appréciation de la couronne islandaise, ce qui pénaliserait l'économie. Une croissance ralentie de l'économie mondiale, avec en particulier une incidence plus négative que prévu du Brexit, pourrait avoir des conséquences dommageables sur les exportations, notamment dans le secteur du tourisme.