Danemark

La croissance, alimentée par l’investissement et les exportations, devrait s'accélérer progressivement pour atteindre un rythme de 1.9 % en 2018. La progression de la consommation des ménages demeurera soutenue, portée par la croissance de l'emploi, la hausse des salaires réels et la montée des prix de l'immobilier. L'investissement résidentiel et l'investissement des entreprises se raffermiront grâce au bas niveau des taux d'intérêt et à une utilisation accrue des capacités. L'excédent de la balance courante restera substantiel.

L'application du vaste ensemble de réformes envisagées pour remédier à un certain nombre de problèmes structurels – notamment renforcer les incitations à travailler, assurer la viabilité budgétaire à moyen terme et accroître la productivité – améliorerait les performances économiques et doperait les revenus. Anticiper l’adoption de la réforme de la fiscalité immobilière contribuerait à calmer l'euphorie montante sur le marché des logements et rendrait la structure de la fiscalité plus favorable à la croissance.

L’orientation de la politique budgétaire reste globalement neutre, l'investissement public ne s'atténuant que progressivement. Dans le contexte de la série de réformes envisagées, le gouvernement a proposé de reporter à 2025 le retour à l'équilibre budgétaire. La dette publique étant modérée, les autorités ont raison d'utiliser la marge de manœuvre budgétaire existante pour faire avancer les réformes structurelles.

La forte progression de l'emploi bénéficie au revenu des ménages

Le dynamisme de l'activité économique a été modéré, mais a accéléré la progression de l’emploi qui a induit une décrue du chômage et créé un début de pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs, notamment le bâtiment et le secteur manufacturier. Les conditions financières porteuses qui prévalent actuellement continuent à alimenter une montée des prix de l'immobilier, en particulier à Copenhague. L'investissement des entreprises n’a pas encore renoué avec les niveaux d’avant la crise, mais le degré d'utilisation des capacités a retrouvé sa moyenne de long terme et l'activité est ferme dans le secteur manufacturier. Les échanges sont pénalisés par la baisse du trafic maritime mondial en volume et un contexte extérieur médiocre.

Danemark
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Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 100 ; et Statistiques du Danemark.

 https://doi.org/10.1787/888933439824

L'orientation macroéconomique accommodante s'accompagne d'un plan de réformes structurelles

Contrainte par son rattachement à l'euro et la nécessité de contenir des poussées occasionnelles de demande de la couronne danoise, la politique monétaire reste très accommodante. Cette situation entretient une montée des prix sur le marché immobilier de Copenhague qui exige une vigilance permanente. Dans ces conditions, la réforme de la fiscalité immobilière, annoncée pour le début des années 2020, rétablira un important mécanisme anticyclique, mais elle pourrait survenir trop tard pour prévenir la formation d'une nouvelle bulle. Les autorités devraient donc se tenir prêtes à imposer des mesures macroprudentielles plus strictes, avec par exemple un plafonnement du ratio service de la dette/revenu. L’adoption de mesures destinées à développer le marché locatif pourrait également permettre de contenir la hausse des prix de l’immobilier.

Demande, production et prix
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 https://doi.org/10.1787/888933441296

La création d'emplois dans le secteur privé a été particulièrement vigoureuse et la progression des salaires a repris et conforté la demande intérieure. Si les salaires se trouvaient déconnectés des gains de productivité, la compétitivité des exportations danoises pourrait cependant être atteinte. Les propositions de réformes visant à renforcer les incitations au travail viennent à point nommé car la pénurie de main-d'œuvre et les tensions salariales vont probablement s'intensifier. On pourrait toutefois faire davantage pour ramener sur le marché du travail certaines catégories marginalisées, ce qui doperait la croissance tout en la rendant plus inclusive.

Le gouvernement a proposé de reporter de 2020 à 2025 l'objectif d'équilibrage du budget dans le contexte d’un vaste ensemble de réformes structurelles. Étant donné le niveau modéré de la dette publique, l'existence d'une marge de manœuvre budgétaire et les bénéfices attendus des réformes, c’est un choix judicieux. Le dispositif, encore en cours d’examen, prévoit notamment une intensification de l’investissement public sur la période 2018-2025, un allègement de la fiscalité des entreprises et une modernisation des services publics. S’il est adopté, il améliorera la viabilité budgétaire à moyen terme en retardant l'âge de départ à la retraite et en renforçant les incitations à travailler et à constituer une épargne privée en vue de la retraite.

La reprise progressive de l'économie se poursuit

On prévoit un redressement graduel de l'activité économique, soutenue par une consommation privée solide, la reprise de l'investissement des entreprises et un rebond des exportations. Le rythme de l'inflation devrait s'accélérer pour atteindre 2 % à la fin de la période de prévision, du fait de la résorption de l'écart de production et de la poursuite du mouvement à la hausse des salaires. La balance des opérations courantes reste fortement excédentaire, ce qui s'explique par l'importance de l'épargne du secteur privé, les rendements positifs des actifs étrangers et le niveau encore faible de l’investissement. Le déficit budgétaire demeurera modéré.

Du fait de ses liens commerciaux étroits avec le Royaume-Uni et du statut de monnaie refuge de la couronne, le Danemark pourrait être mis en difficulté par le Brexit et par les turbulences qui pourraient en résulter sur les marchés de capitaux. La hausse des coûts unitaires de main-d'œuvre pourrait compromettre la progression des exportations, tandis que les déséquilibres sur le marché immobilier risquent d'être un facteur de surchauffe de l'économie. Il n'est pas certain que le programme de réforme obtienne un soutien suffisant et soit adopté. S'il l'est, il pourra grandement améliorer le contexte économique général et concourir à une accélération de la croissance à moyen terme.