République tchèque

La croissance du PIB s’est vivement accélérée en 2015, partiellement sous l’effet des investissements publics financés par l’UE. Les conditions financières et la progression des revenus vont continuer à alimenter la demande interne en 2016. Malgré une augmentation des parts de marché sans doute moindre qu’au cours de ces dernières années, le raffermissement de la demande en provenance des pays européens contribuera à la croissance des exportations. Le rythme de l’inflation globale reste lent, mais le relèvement substantiel des salaires ainsi que la dissipation des effets des baisses de prix de l’alimentation et de l’énergie la porteront à 2 % d’ici à fin 2017, soit le niveau retenu comme cible.

L’application d’un taux de change plancher a empêché l’appréciation de la monnaie, contribuant à contenir les pressions déflationnistes. Ces pressions étant en train de faiblir, la Banque centrale a confirmé à bon escient le caractère temporaire du taux plancher. La forte diminution de l’investissement public due au passage à la nouvelle période de programmation de l’UE ne sera qu’en partie compensée les dépenses engagées par ailleurs.

La convergence des revenus a marqué le pas depuis la crise. Des mesures structurelles s’imposent pour assurer une croissance plus rapide, à la fois soutenable et inclusive. L’action publique doit donner la priorité à l’innovation interne et à la création des conditions d’expansion des PME qui réussissent. Un développement des structures de garde des enfants relèverait le taux d’activité et réduirait les écarts de salaires entre hommes et femmes, atténuant ainsi les tensions sur le marché du travail tout en favorisant l’inclusion sociale.

La croissance a ralenti après une année exceptionnelle

En 2015, l’utilisation du solde des fonds de l’UE avant la date d’expiration a contribué à la croissance la plus rapide depuis 2007. L’investissement privé a été soutenu par la progression des bénéfices et du crédit, mais l’investissement public est en recul. Le dynamisme du marché du travail, la hausse des revenus et les conditions financières accommodantes donnent confiance aux consommateurs. La baisse du taux d’épargne des ménages concourt à l’essor de la consommation. Les exportations ont affiché une accélération fin 2015 et sont alimentées par les bons résultats du secteur automobile, qui occupe une place importante dans l’économie. Le recul des prix de l’alimentation et de l’énergie contient pour le moment l’inflation, mais la hausse des salaires induit une augmentation des coûts.

Confiance des consommateurs et Inflation
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Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, nº 99 ; et Base de données des Principaux indicateurs économiques de l'OCDE.

 https://doi.org/10.1787/888933372419

Les politiques monétaire et fiscale soutiennent l’activité

Le taux d’intérêt directeur demeure proche de zéro et les taux d’emprunt ont continué à diminuer. La Banque centrale a annoncé qu’elle prévoit le maintien du taux de change plancher jusqu’à mi-2017. Depuis juillet 2015, elle intervient presque chaque mois pour défendre le taux plancher. Il conviendra de s’écarter du taux plancher à mesure que les effets du recul des prix de l’alimentation et de l’énergie se dissiperont et que le rythme de l’inflation s’accélérera. La politique budgétaire dispose d’une marge de manœuvre pour soutenir encore l’activité si le taux de change s’apprécie trop rapidement.

Demande, production et prix
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 https://doi.org/10.1787/888933373910

La croissance sera freinée par la contraction de l’investissement public liée à l’entrée dans la nouvelle période de programmation de l’UE, malgré une orientation vraisemblablement expansionniste de la politique budgétaire en 2016 du fait de l’évolution des autres dépenses. Un surcroît d’investissement à financement national permettrait non seulement d’atténuer les retards en matière d’infrastructures ou d’améliorer l’efficience énergétique, mais aussi de lisser le cycle. Pour renforcer la viabilité à moyen terme des finances publiques, il conviendrait de mettre en place le mécanisme de responsabilité, qui prévoit l’institution d’un conseil budgétaire et d’un frein à l’endettement.

Des mesures structurelles sont nécessaires pour stimuler la productivité et accélérer la convergence des revenus

Le gouvernement s’attache à relever progressivement l’âge de la retraite et à accroître les moyens disponibles pour la garde d’enfants, de manière à inciter un plus grand nombre de seniors et de femmes à occuper un emploi. Le taux d’activité s’élève, mais des mesures complémentaires s’imposent pour compenser le vieillissement démographique et éviter que les tensions sur le marché du travail freinent l’activité. Une offre plus fournie de services de garde d’enfants pourrait faciliter la reprise d’activité par les mères de famille et donc réduire les écarts de salaires entre hommes et femmes.

Une progression plus rapide de la productivité accélérerait la convergence des revenus. Des réformes s’imposent pour promouvoir la croissance des entreprises qui réussissent et faciliter la sortie du marché de celles qui ne sont pas productives. Il s’agit notamment d’intensifier la concurrence sur les marchés de produits et de réduire le coût des procédures de faillite. Un soutien à l’innovation sur le territoire national améliorerait la productivité. Un renforcement des compétences et la réduction des obstacles à la mobilité des travailleurs pourraient atténuer les mésappariements sur le marché du travail, tout en faisant augmenter à la fois la productivité et les salaires.

La demande privée interne va continuer à entraîner la croissance

La consommation de ménages, portée par la progression de l’emploi et des salaires, va continuer à tirer la croissance. Le taux de chômage devrait tomber en deçà de son niveau antérieur à la crise. L’augmentation des bénéfices et de la distribution du crédit soutiendra l’investissement fixe dans le secteur privé. Les données sur les mises en chantier laissent penser que la construction de logements pourrait amortir l’effet de la contraction de l’investissement public sur le secteur du BTP. Le raffermissement de la demande en provenance des partenaires commerciaux, y compris en Europe, stimulera les exportations. L’évolution des coûts internes générera des tensions inflationnistes. On prévoit que le rythme de l’inflation globale, encore lent en 2016, atteindra 2 % vers la fin de 2017.

L’évolution de la conjoncture internationale induira des risques de divergence à la hausse comme à la baisse par rapport aux prévisions, compte tenu de l’intégration de l’économie tchèque aux chaînes de valeur mondiales. Un recul du degré de l’intégration européenne, une croissance décevante dans cette région du monde ou les répercussions d’un ralentissement des grandes économies émergentes seraient préjudiciables aux exportations et à l’investissement. En sens inverse, une hausse des salaires plus rapide qu’escompté ou un taux d’épargne inférieur aux prévisions accélérerait l’essor de la consommation. Une utilisation plus rapide que prévu des fonds de l’UE dynamiserait l’investissement public.