3. Enregistrement et identification

Un dispositif complet d’enregistrement et d’identification des contribuables est essentiel au bon fonctionnement d’un système fiscal. Il constitue le fondement des mécanismes d'autoliquidation, des régimes de taxe sur la valeur ajoutée et de retenue à la source, mais aussi des systèmes de déclaration de tiers et de rapprochement. Ce chapitre analyse cinq aspects importants pour l’enregistrement et l’identification des contribuables : les niveaux d’enregistrement, les canaux d’enregistrement, l’intégration avec d'autres composantes de l’administration, la gestion de l’identité et les approches communes qui se font jour en matière d’identité numérique.

On ne saurait sous-estimer l’importance fondamentale d’un système efficace d’enregistrement fiscal. Les administrations fiscales ont besoin de processus solides pour gérer les contribuables qui « font partie du système » et pour pouvoir repérer ceux qui ne se sont pas encore enregistrés. En outre, elles doivent être en mesure de suivre et de déterminer les actions et les interventions nécessaires pour calculer l’impôt dû par les personnes physiques et morales, même dans les systèmes où la déclaration n’est pas obligatoire.

Le graphique 3.1 livre des informations sur le taux de contribuables individuels enregistrés en pourcentage de la population totale. Il montre que les taux d’enregistrement sont très variables, ce qui reflète souvent le niveau d’intégration de l’administration fiscale avec d’autres pans de l’administration.

Si la majorité des administrations sont les seules responsables du système d’enregistrement à des fins fiscales dans leur juridiction, les éditions précédentes de cette série ont montré que dans de nombreux pays, les procédures d’enregistrement peuvent aussi être engagées en dehors de l’administration fiscale par l’intermédiaire d’autres organismes publics (OCDE, 2019[1]).

S'agissant des modalités d’enregistrement des contribuables, presque toutes les administrations déclarent proposer plusieurs canaux aux contribuables et 93 % d’entre elles signalent qu’il est possible de s’enregistrer en ligne. Par rapport aux données de l’édition 2017 de cette série (OCDE, 2017[2]), ce résultat traduit une augmentation de 23 points de pourcentage. De fait, internet est, avec l’enregistrement en personne, devenu le canal d’enregistrement le plus largement proposé (voir graphique 3.2) et, dans une juridiction, l’Arabie saoudite, les contribuables ne peuvent s’enregistrer qu’en ligne (voir tableau A.39).

Si l’enquête sous-jacente ne permet pas de déterminer si le canal d’enregistrement en ligne est disponible pour tous les types d’impôts ou pour tous les segments de contribuables, les administrations fiscales déclarent réaliser d’importants investissements dans les programmes d’identité numérique, notamment en ayant recours à l’intelligence artificielle afin d’en améliorer l’efficience et l’efficacité. Cette pratique contribue à inscrire l’identité numérique au cœur de la réussite du processus de transformation numérique. Cette réorientation vers les canaux numériques pourrait également contribuer à dégager des gains d’efficience supplémentaires. Le graphique 3.2 illustre le niveau toujours élevé des enregistrements en personne, qui reste souvent un mode de service onéreux.

Compte tenu du rôle central que jouent l’enregistrement et l’identification des contribuables pour étayer le système fiscal, il est impératif pour la plupart des administrations fiscales de disposer de registres fiscaux actualisés. Comme l’ont montré les éditions précédentes, la grande majorité des administrations ont mis en place des programmes formels pour améliorer la qualité de leur registre fiscal (OCDE, 2019[1]).

Il n’est donc pas surprenant que d’autres organismes publics puissent souhaiter utiliser le registre de l’administration fiscale pour leurs besoins propres, à savoir fournir des services aux citoyens ou veiller au respect des lois et réglementations. Cette demande est à l’origine de la création de bases de données communes à l’ensemble de l’administration. Comme illustré par le graphique 3.3, 70 % des administrations signalent l’existence de différentes bases de données.

Cette intégration croissante avec d'autres pans de l’administration a acquis une importance particulière pendant la pandémie du COVID-19, lorsque plusieurs États ont pris conscience de la possibilité d’utiliser les informations détenues par les administrations fiscales, comme l’adresse des contribuables et leurs références bancaires, pour contacter les citoyens et les entreprises ou pour verser directement des prestations ou des aides (OCDE, 2020[3]).

La pandémie a également mis en évidence la nécessité de renforcer la collaboration avec d’autres organismes publics, et de nombreuses administrations procèdent à l’intégration de leurs systèmes informatiques afin que l’enregistrement fiscal fasse partie intégrante des autres démarches entreprises par les contribuables. À titre d’exemple, l’enregistrement fiscal peut être simultané à l’enregistrement d’une société ou à la déclaration de naissance d’un enfant ; et/ou les administrations peuvent utiliser le même identifiant pour permettre aux contribuables d’accéder à d’autres services publics.

Dans ce contexte, de nombreux pays utilisent, mettent en œuvre ou envisagent de mettre en place un système d’identification unique et sûr pour les citoyens et les entreprises afin de favoriser une plus grande intégration des systèmes et des services.

Toutes les administrations fiscales, par obligation légale ou en vertu de saines pratiques commerciales, déploient des efforts considérables pour assurer la sécurité des renseignements sur les contribuables. Outre les procédures internes visant à empêcher les tentatives illégales d’obtenir des informations et à garantir la protection des droits des contribuables, toutes les administrations ont mis en place des procédures pour s’assurer que la personne à qui elles ont affaire est bien le contribuable. De plus en plus, ces approches, qui très souvent ont été étendues à l’authentification en plusieurs étapes, utilisent des informations biométriques propres au contribuable.

Les administrations fiscales sont confrontées aux mêmes difficultés que d’autres organisations lorsqu’elles traitent avec des personnes physiques ou morales qui peuvent faire un usage abusif de renseignements personnels pour se faire passer pour des contribuables afin de commettre des fraudes. Compte tenu du caractère permanent et, dans de nombreux cas, organisé de cette activité, les administrations doivent consacrer des efforts considérables à la prévention de l’usurpation d’identité en formant leurs agents et en renforçant la sécurité. L’Encadré 3.3 contient des exemples de travaux menés à cet égard par les administrations fiscales.

Alors qu’auparavant les entreprises multinationales et celles impliquées dans le commerce international étaient les seules concernées, les petites et moyennes entreprises et les particuliers perçoivent désormais de plus en plus de revenus provenant d’autres pays que leur pays de résidence. Du fait de la multiplication des places de marché en ligne et de l’essor des plateformes d’économie du partage et à la demande, il n'a jamais été aussi simple, par exemple, de louer des maisons de vacances ou de vendre des biens à l’étranger via des plateformes en ligne.

Les administrations fiscales doivent relever de multiples défis pour accompagner cette croissance des activités transnationales et y répondre, y compris en matière de gestion des flux internationaux d’informations sur les contribuables. Les éditions précédentes de la série sur l’administration fiscale (OCDE, 2019[1])ont mis en lumière deux dispositions internationales visant à aider les administrations à résoudre ces problèmes :

  • Le règlement de l’Union européenne sur l'identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques (eIDAS), adopté en 2014, entend renforcer la confiance que les contribuables et les administrations fiscales peuvent avoir dans le traitement des flux d’informations et permettre de mieux gérer les questions d’identité et d’enregistrement à l'échelle internationale.

  • La norme mondiale sur l’échange automatique de renseignements - la Norme commune de déclaration (NCD) qui, conjointement avec la Loi relative au respect des obligations fiscales concernant les comptes étrangers adoptée par les États-Unis (loi FATCA), prévoit l’échange de renseignements relatifs aux comptes financiers des non-résidents avec les autorités fiscales de la juridiction de résidence fiscale du titulaire du compte.

Suite au rapport de l’OCDE de 2019 intitulé « The Sharing and Gig Economy: Effective Taxation of Platform Sellers » (Économie du partage et économie à la demande : imposer efficacement les vendeurs sur les plateformes) (OCDE, 2019[4]), l’OCDE a publié en 2020 un ensemble de règles types qui fixent le cadre du recueil, par les plateformes numériques, des informations sur les revenus perçus par ceux qui utilisent ces plateformes pour proposer des services personnels, d’hébergement et de transport, et de communiquer ces informations aux administrations fiscales. (OCDE, 2019[4]) L’un des principaux objectifs de ces règles types est d’aider les contribuables à se conformer à leurs obligations fiscales et d’offrir un cadre cohérent pour aider les entreprises à communiquer des informations aux autorités fiscales. Cela va dans le sens de la finalité des règles types, qui est de rationaliser les régimes déclaratifs pour les administrations fiscales et les opérateurs de plateformes. (OCDE, 2020[5])

A peu près à la même période, le rapport Tax Administration 3.0 de l’OCDE (OCDE, 2020[6]) identifiait la fluidité de l’imposition des vendeurs de plateformes comme une action clé pour la collaboration multilatérale. Des travaux sont en cours afin d’étudier comment accroître la collaboration entre les administrations et les plateformes dans le but d’explorer les possibilités d’intégration des processus d’identification et de déclaration au sein des applications utilisées par les plateformes, l’objectif étant de favoriser le respect des obligations fiscales par les vendeurs tout en allégeant la charge pesant sur l’ensemble des parties.

D’une manière générale, les approches communes de l’identité numérique partagées entre les administrations, et entre les administrations et les tierces parties permettront, de plus en plus, le développement de nouveaux services. Ces services sont susceptibles de réduire les charges qui pèsent sur les contribuables dès lors que de tierces parties sont en mesure de transmettre les informations directement aux administrations fiscales, et de fournir des gisements de données plus précises aux administrations fiscales.

Bibliographie

[5] OCDE (2020), Règles types de déclaration à l’intention des vendeurs relevant de l’économie du partage et de l’économie à la demande, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/fr/fiscalite/echange-de-renseignements-fiscaux/regles-types-de-declaration-a-l-intention-des-vendeurs-relevant-de-l-economie-du-partage-et-de-l-economie-a-la-demande.htm (consulté le 13 May 2022).

[6] OCDE (2020), Tax Administration 3.0: The Digital Transformation of Tax Administration, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/tax/forum-on-tax-administration/publications-and-products/tax-administration-3-0-the-digital-transformation-of-tax-administration.htm (consulté le 13 May 2022).

[3] OCDE (2020), « Tax administration responses to COVID-19: Assisting wider government », Les réponses de l’OCDE face au coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/0dc51664-en.

[1] OCDE (2019), Tax Administration 2019: Comparative Information on OECD and other Advanced and Emerging Economies, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/74d162b6-en.

[4] OCDE (2019), The Sharing and Gig Economy: Effective Taxation of Platform Sellers: Forum on Tax Administration, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/574b61f8-en.

[2] OCDE (2017), Tax Administration 2017: Comparative Information on OECD and Other Advanced and Emerging Economies, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/tax_admin-2017-en.

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