Résumé

L'économie s’est fortement redressée après la pandémie de COVID-19 et fait preuve de résilience face aux répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. Les mesures d’aide prises en temps opportun, le déploiement rapide de la campagne de vaccination, le dynamisme du secteur des hautes technologies et l’autosuffisance du pays en gaz naturel ont atténué les effets de ces deux chocs. La croissance devrait se modérer mais restera vigoureuse. Quant aux risques, ils sont importants.

L’économie s’est redressée, mais des tensions inflationnistes se sont fait jour. Le dynamisme des exportations du secteur des hautes technologies a contribué au vif rebond de l’activité à la suite de la pandémie (Graphique 1). Le marché du travail s’est redressé et il est maintenant tendu, malgré la détente récemment enregistrée. L’inflation se situe désormais au-dessus de la fourchette cible de 1 %-3 % fixée par la banque centrale et concerne un grand nombre de secteurs. Les mesures d’aide aux revenus et celles liées aux prix de l’énergie adoptées par les autorités ont en partie amorti l’impact de l’augmentation du coût de la vie.

La croissance devrait se modérer mais restera vigoureuse (Tableau 1). L’autosuffisance d’Israël en gaz naturel atténue les pressions résultant des prix mondiaux de l’énergie. Néanmoins, le niveau élevé de l’inflation freinera la croissance de la consommation privée. Le ralentissement mondial devrait affaiblir la demande émanant des partenaires commerciaux. Quant à la hausse des taux d’intérêt, elle pèsera sur la croissance de l’investissement. Les risques qui entourent les prévisions vont plutôt dans le sens d'une révision à la baisse et tiennent au niveau élevé d’incertitude à l’échelle mondiale comme au plan intérieur.

La politique monétaire se resserre. La banque centrale a mis un terme aux mesures d’assouplissement quantitatif à la fin de 2021 et relevé son taux directeur, le portant de 0.1 % à 4.25 % entre avril 2022 et février 2023. Étant donné que l’inflation est supérieure à l’objectif et que la demande intérieure est vigoureuse, il conviendrait de maintenir l’orientation restrictive de la politique monétaire afin de ramener l’inflation dans la fourchette cible.

Il convient de continuer de surveiller attentivement les risques dans le secteur immobilier. La proportion de prêts non performants est faible et les ratios de fonds propres sont supérieurs aux minimums réglementaires, mais les prix de l’immobilier sont en augmentation rapide. L’exposition élevée des banques au secteur immobilier impose une surveillance attentive.

Le solde budgétaire s’est amélioré. Le vif rebond de l’économie a dopé les recettes et le recul de la morbidité a permis aux autorités de supprimer les mesures d’aide liées à la pandémie. La croissance des recettes a commencé à ralentir alors que l’élan de la reprise perd de sa vigueur et que l’influence de certains facteurs transitoires, comme par exemple les valorisations élevées des actifs dans le secteur immobilier, s’amenuise. Conserver l'orientation rigoureuse de la politique budgétaire éviterait d’exacerber les tensions inflationnistes. S’il s’avère nécessaire d’allouer de nouvelles aides aux ménages et aux entreprises, ces mesures devront être temporaires et ciblées et préserver les incitations aux économies d’énergie. Les biens non résidentiels sont beaucoup plus lourdement imposés que les biens résidentiels, ce qui n'incite pas les municipalités à élargir l'offre de logements.

Des mesures doivent être prises pour remédier aux pressions qui pèsent sur la viabilité budgétaire à long terme. Les défis démographiques, liés au vieillissement et à l’augmentation de la part des groupes ayant des liens faibles avec le marché du travail dans la population, exerceront des tensions sur les dépenses, tout comme les investissements dont le pays a grandement besoin pour améliorer les infrastructures et les compétences. Pour assurer la viabilité des finances publiques à long terme, il faudra améliorer l’efficience de la dépense publique, relever progressivement l'âge de la retraite et accroître les recettes fiscales. Un examen régulier des règles budgétaires tendant à renforcer leur rôle de points d’ancrage utiles de la politique budgétaire permettrait de consolider le cadre budgétaire. Un régime solide de promotion de l’intégrité publique et de lutte contre la corruption est essentiel pour assurer une utilisation efficiente des ressources publiques et renforcer le dynamisme des entreprises.

L’emploi a connu une croissance vigoureuse qui a favorisé l’amélioration des niveaux de vie. Accélérer l'intégration des groupes ayant traditionnellement des liens faibles avec le marché du travail dont la part dans la population devrait passer de 30 % aujourd’hui à 50 % en 2060, est indispensable pour assurer la croissance future et la viabilité budgétaire. Qui plus est, réduire les importantes disparités de revenus sur le marché du travail (Graphique 2) permettrait d'améliorer les perspectives offertes à tous et de renforcer la cohésion sociale.

Les taux d’activité ont augmenté, tout particulièrement chez les femmes, mais demeurent très faibles parmi les hommes haredim (juifs ultra-orthodoxes) et les femmes arabes israéliennes. Élargir encore le dispositif de crédit d’impôt sur les revenus du travail, notamment en direction des deuxièmes apporteurs de revenu, permettrait de venir en aide aux travailleurs pauvres tout en renforçant les incitations à travailler. Une réforme des subventions à la garde d’enfant et des financements accordés aux étudiants en séminaire (yechiva) et une révision des conditions d’exemption de service militaire élimineraient les contre-incitations au travail pour les hommes haredim. Une augmentation de l’offre de services de garde d’enfant dans les municipalités arabes réduirait les obstacles qui tiennent les femmes arabes éloignées du marché du travail.

La qualité très variable de l’enseignement et des compétences nuit aux perspectives professionnelles d’une grande partie de la population et pèse sur la croissance de la productivité. Aplanir les différences qui existent entre les différents réseaux scolaires permettrait d’améliorer l’aptitude à l’emploi et l’accès aux études supérieures. Renforcer la formation professionnelle sur le lieu de travail et les parcours flexibles entre les différents niveaux du système éducatif, en s’appuyant sur un cadre national de qualifications, pourrait ouvrir davantage de possibilités aux adultes qui ont quitté l’école sans acquérir les compétences recherchées sur le marché du travail.

Des réformes encourageant la mobilité de la main-d’œuvre sont nécessaires pour faciliter l’accès à des emplois mieux rémunérés. La mise en œuvre d’une stratégie globale visant à élargir le vivier de talents dans les hautes technologies contribuerait à alléger les pénuries de main-d’œuvre dont pâtit ce secteur et à le rendre plus inclusif. Des infrastructures numériques, de transport et de logement améliorées rapprocheraient les gens des bassins d’emploi et apporteraient une solution face au coût élevé de la vie dans les régions prospères.

Les résultats en termes de santé sont globalement bons et les dépenses de santé faibles, ce qui tient à la jeunesse de la population et à l’importance accordée aux soins primaires. Le vieillissement va aggraver les pénuries de médecins, en particulier dans les districts Nord et Sud. Les interactions entre les systèmes de soins de santé public et privé nécessitent une réforme.

Le nombre de médecins formés dans le pays est insuffisant pour répondre à la demande, aiguillonnée par le dynamisme de la croissance démographique et le vieillissement. L’augmentation du nombre de médecins pourrait améliorer l’accès aux soins de santé, en particulier dans les districts Nord et Sud, et atténuer les tensions sur les salaires.

Les modalités de remboursement dans le secteur des soins de santé ne reflètent pas suffisamment les coûts, ce qui peut créer des distorsions dans la fourniture des services. Affiner et mettre régulièrement à jour les systèmes de paiement pourrait amener des gains d’efficience et réduire les longs temps d’attente dans le secteur public des soins.

Les interactions entre les systèmes public et privé des soins de santé suscitent des préoccupations sur les plans de l’efficience et de l’équité. Le secteur privé des soins, qui est financé par l’assurance maladie facultative, s’est considérablement étendu. Si plus de 80 % de la population ont une assurance maladie facultative, la couverture est moindre dans les groupes à faible revenu. Les avantages concurrentiels dont bénéficie le secteur privé ont entraîné un exode des ressources humaines, déjà limitées, du secteur public vers le privé, accentuant les tensions sur les coûts de la santé.

Les dépenses de R-D des entreprises sont les plus élevées de la zone OCDE. La pandémie a accéléré la transformation numérique, mais il existe toujours d’importantes disparités dans l’utilisation d’Internet entre les groupes de population, et l’adoption des technologies numériques de pointe par les entreprises est à la traîne, notamment dans les secteurs traditionnels. La réduction de ces disparités pourrait stimuler la croissance de la productivité et aplanir le différentiel de productivité entre le secteur des hautes technologies et le reste de l’économie.

L’accès au haut débit est à la traîne par rapport aux autres pays de l’OCDE mais se développe rapidement, de même que les services d’administration numérique. Les autorités devraient suivre de près le déploiement des services haut débit dans les zones mal couvertes et, au besoin, aligner les subventions sur les coûts effectifs du déploiement. Un système de rémunération des agents publics plus flexible permettrait d’attirer davantage de spécialistes de l’informatique dans le secteur public et, ce faisant, d’accélérer le développement des services d’administration numérique.

Il est nécessaire de renforcer les compétences numériques d’une grande partie de la population. Il y aurait lieu d’encourager davantage la participation aux formations sur les TIC, par exemple au moyen de comptes personnels de formation, et de cibler en particulier les travailleurs les moins qualifiés.

L’intensification de la concurrence pourrait renforcer les incitations à l’adoption des nouvelles technologies. Malgré des progrès importants, les obstacles aux échanges et à l’investissement internationaux restent élevés, l’exposition d’Israël au commerce extérieur étant inférieure à celle d’autres petits pays de l’OCDE.

Les imperfections du marché financier peuvent freiner l’investissement dans les actifs incorporels. Un soutien ciblé à l’adoption des technologies, se concentrant en particulier sur les petites entreprises des secteurs traditionnels, pourrait aider celles-ci à surmonter leurs difficultés de financement.

L’intensité carbone de l’économie a diminué, mais le pays devra intensifier son action s’il veut atteindre ses nouveaux objectifs climatiques, plus ambitieux (Graphique 3).

En dehors du secteur des transports, la tarification du carbone est trop faible pour que les objectifs environnementaux puissent être atteints. En Israël, seulement 1 % des émissions de carbone liées à l’électricité ont un prix supérieur à 5 EUR – soit l’une des parts les plus faibles parmi les pays de l’OCDE. La hausse programmée des droits d’accise sur les combustibles autres que les carburants utilisés pour le transport devrait viser à aligner les prix du carbone sur les coûts pour l’environnement. Les recettes pourraient être utilisées pour atténuer les effets distributifs, accroître le rendement énergétique et améliorer les transports publics.

La part de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables est une des plus faibles de la zone OCDE. Le pays dispose d’abondantes sources d’énergie solaire, mais leur essor est freiné par plusieurs facteurs, liés notamment à la quantité de terres disponibles, au réseau et aux capacités de stockage. Poursuivre le développement du marché de l’électricité de gros serait un moyen de renforcer les incitations à investir.

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