Résumé

La pollution plastique est l’un des grands défis environnementaux du XXIe siècle. Elle porte largement atteinte aux écosystèmes et à la santé humaine, et elle a aussi des conséquences pour le climat puisque la plupart des plastiques sont produits à partir de combustibles fossiles. Pourtant, les plastiques font aujourd’hui partie intégrante de l’économie mondiale et sont utilisés dans quasiment tous les secteurs économiques. Le présent ouvrage de l’OCDE, Perspectives mondiales des plastiques : scénarios d’action à l’horizon 2060, commence par donner une vue d’ensemble de l’utilisation de plastique, des déchets plastiques et de leurs répercussions sur l’environnement jusqu’en 2060 en cas de politiques inchangées. Il compare ensuite deux scénarios afin d’illustrer les politiques qui seraient nécessaires pour réduire radicalement les impacts environnementaux du plastique et les implications qu’elles auraient sur le plan économique. Un autre scénario, dans lequel l’atténuation du changement climatique constitue l’objectif principal, permet d’examiner les conséquences croisées des politiques visant à lutter contre le dérèglement climatique et à faire baisser les rejets de plastique.

Le présent rapport vient compléter un premier volume paru précédemment sous le titre Perspectives mondiales des plastiques : déterminants économiques, répercussions environnementales et possibilités d’action, pour proposer une feuille de route globale afin d’évoluer vers un cycle de vie plus circulaire des plastiques.

Les analyses présentées dans cet ouvrage se fondent principalement sur des simulations effectuées à l’aide d’ENV-Linkages, le modèle d’équilibre général calculable (EGC) dynamique multirégional et multisectoriel de l’OCDE, qui a été élargi pour l’occasion à 14 catégories de polymères et à la production de plastiques primaires aussi bien que secondaires (recyclés).

Les modélisations dépeignent le tableau suivant en 2060 en cas de politiques inchangées :

  • L’utilisation de plastiques pourrait quasiment tripler au niveau mondial sous l’effet de la croissance économique et démographique. Elle devrait doubler dans les pays de l’OCDE, mais c’est dans les économies émergentes d’Afrique subsaharienne et d’Asie que sa progression sera vraisemblablement la plus forte.

  • La production de déchets plastiques devrait elle aussi quasiment tripler, et la moitié continuera d’être mise en décharge alors que moins d’un cinquième sera recyclé.

  • Les plastiques primaires représenteront toujours la grande majorité des matières de base. La part des plastiques recyclés devrait augmenter plus vite que celle des plastiques primaires, sans toutefois dépasser 12 %.

  • Les rejets de plastiques dans l’environnement devraient doubler pour atteindre 44 millions de tonnes (Mt) par an, tandis que la quantité de plastiques accumulée dans les milieux aquatiques sera multipliée par plus de trois, avec à la clé une aggravation des incidences environnementales et sanitaires.

  • Les autres répercussions environnementales causées par les plastiques tout au long de leur cycle de vie augmenteront également, surtout celles provoquées lors de leur phase de production. Les émissions de gaz à effet de serre imputables au cycle de vie des plastiques seront multipliées par plus de deux, passant de 1,8 milliard de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Gt éq. CO2) à 4,3 Gt éq. CO2. Plusieurs autres effets liés au cycle de vie des plastiques, comme la formation d’ozone, l’acidification et la toxicité humaine, devraient également plus que doubler d’intensité.

Pour atteindre le but d’éliminer la pollution plastique énoncé par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à sa cinquième session, des objectifs communs et des efforts coordonnés au niveau mondial seront nécessaires. Tous les pays devront appliquer des mesures pour faire baisser la demande de plastique, rallonger la durée de vie des produits par la réparation et le réemploi, et améliorer la gestion des déchets ainsi que la recyclabilité. Deux scénarios ont été modélisés dans les Perspectives mondiales des plastiques afin de cerner les effets environnementaux et économiques de deux ensembles de mesures de rigueur variable à l’horizon 2060 :

  1. 1. Le scénario d’Action régionale prévoit la mise en place d’un ensemble de mesures destiné à améliorer la circularité des plastiques et à atténuer leurs répercussions sur l’environnement. Ces mesures assurent la poursuite de la croissance économique tout en faisant baisser les rejets de plastiques dans l’environnement. Il s’agit d’une panoplie de mesures budgétaires et réglementaires qui ciblent toutes les phases du cycle de vie des plastiques, mais qui sont plus ambitieuses dans les pays membres de l’OCDE que dans les pays non membres.

  2. 2. Le scénario d’Ambition mondiale porte sur un ensemble de mesures très rigoureuses destiné à ramener quasiment à zéro les rejets mondiaux de plastiques à l’horizon 2060. Les instruments sont les mêmes que dans le scénario d’Action régionale, mais les objectifs sont plus ambitieux. En outre, les mesures sont mises en œuvre plus rapidement et au niveau mondial.

Dans le scénario d’Action régionale, d’ici à 2060, les déchets plastiques pourraient baisser de près d’un cinquième et les rejets de plastiques dans l’environnement diminuer de plus de 50 % par rapport au scénario de Référence (dans lequel les rejets continuent d’augmenter au fil du temps). Cette évolution est due en grande partie à l’instauration d’une taxe sur l’utilisation de plastiques, qui augmente progressivement pour atteindre 750 USD/tonne en 2060, et d’une taxe sur les emballages plus élevée d’un tiers. Ces taxes limitent la demande et la production de plastiques. Le taux de recyclage atteint 40 % au niveau mondial. Sous l’effet des mesures qui stimulent la demande de vieux plastiques et font augmenter l’offre de plastiques recyclés, la part de marché des plastiques secondaires bondit de 12 % à 29 %. Parallèlement, la quantité de déchets mal gérés diminue de plus de 60 % par rapport au scénario de Référence pour tomber en dessous de son niveau de 2019, grâce surtout à l’amélioration des systèmes de gestion des déchets dans les pays non membres de l’OCDE. Malgré ces retombées bénéfiques, l’utilisation de plastique et le volume de déchets plastique sont multipliés par plus de deux entre 2019 et 2060 dans le scénario d’Action régionale. L’une et l’autre sont en partie découplés de la croissance économique, mais le volume de plastiques accumulés dans l’environnement continue d’augmenter rapidement.

Dans le scénario d’Ambition mondiale, les mesures appliquées réduisent l’utilisation de plastique et la production de déchets plastiques d’un tiers par rapport au scénario de Référence, et font cesser presque entièrement les rejets de plastique dans l’environnement d’ici à 2060. Ces baisses résultent en grande partie d’une taxe sur les plastiques qui est portée à 750 USD/tonne au niveau mondial en 2030 et à 1 500 USD/tonne en 2060, ainsi que d’une taxe sur les emballages plus élevée d’un tiers. Avec un taux de presque 60 %, le recyclage s’impose comme la principale solution de gestion des déchets. Parallèlement, la part de marché des plastiques secondaires atteint 41 % en 2060 grâce principalement à d’importantes mesures de stimulation de la demande, comme le relèvement des objectifs d’incorporation de matières recyclées. Le volume de déchets mal gérés est presque ramené à zéro (6 Mt, contre 153 Mt dans le scénario de Référence). Les rejets dans l’environnement baissent eux aussi considérablement, de 85 % par rapport au scénario de Référence. Les rejets de macroplastiques cessent presque entièrement, y compris dans les milieux aquatiques, même si ceux de microplastiques diminuent de seulement 9 % comparés aux projections du scénario de Référence. Dans le scénario d’Ambition mondiale, les émissions de gaz à effet de serre baissent de 2,1 Gt éq. CO2, ce qui illustre bien la contribution de l’action en faveur de la circularité à la réalisation des objectifs climatiques.

L’ensemble de mesures du scénario d’Action régionale et celui du scénario d’Ambition mondiale peuvent être mis en œuvre pour un coût relativement modeste rapporté au PIB. Par rapport au scénario de Référence, le PIB mondial est réduit de seulement 0,3 % dans le scénario d’Action régionale, ce qui représente un coût économique plutôt modéré. On observe toutefois d’importants écarts entre les régions : si la Chine s’en sort relativement bien (moins de 0,1 %), ce coût est plus élevé dans d’autres régions, atteignant 1,1 % en Afrique subsaharienne et 1,8 % dans les pays de l’Union européenne non membres de l’OCDE. Une grande partie du coût des mesures est due aux investissements supplémentaires nécessaires pour atteindre les objectifs du scénario d’Action régionale, qui s’élèvent au total à 320 milliards USD entre 2020 et 2060. Dans les pays de l’OCDE, la quasi-totalité de ces investissements est consacrée à l’augmentation des capacités de recyclage (160 milliards USD). Dans les pays non membres de l’OCDE, 100 milliards USD doivent être investis dans le recyclage et 60 milliards USD, dans l’amélioration de la collecte des déchets en vue d’en assurer une élimination appropriée.

Quant à l’ensemble de mesures du scénario d’Ambition mondiale, il réduit le PIB mondial de seulement 0,8 % par rapport au scénario de Référence d’après les estimations. Son coût pour l’économie mondiale reste donc limité, mais supporté en grande partie par les pays non membres de l’OCDE, qui doivent investir massivement dans l’amélioration de la gestion des déchets pour atteindre les objectifs ambitieux. Ce coût est particulièrement élevé pour l’Afrique subsaharienne, dont le PIB est réduit de 2,8 % par rapport au scénario de Référence. Ce constat souligne la nécessité de politiques d’accompagnement et d’un soutien financier international pour éviter d’aggraver la situation des ménages fragiles.

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