Table of Contents

  • La situation macroéconomique sous-tendant les dernières projections des Perspectives agricoles à moyen terme, basée sur les projections économiques à moyen terme de décembre 2008 de l’OCDE et de la Banque Mondiale, continue d’évoluer rapidement en raison de la crise financière et économique sévissant actuellement. En raison des bouleversements que subit l’environnement économique, il est nécessaire de faire preuve de prudence en interprétant les projections. Les impacts possibles de cette crise conjoncturelle croissante sur les projections du scénario de base ont été analysés qualitativement et quantitativement dans les Perspectives agricoles, bien qu’une évaluation de l’impact global de la crise du crédit et du repli économique mondiaux sur les marchés agricoles dépasse le champ d’application de ces Perspectives...

  • La préparation des Perspectives agricoles 2009 de l’OCDE-FAO s’est avérée particulièrement difficile, en cette année de bouleversements économiques sans précédent à l’échelle mondiale et le lecteur devra donc faire preuve de prudence en interprétant les résultats, la situation macroéconomique évoluant constamment.

  • Cette édition des Perspectives agricoles a été préparée dans des circonstances particulièrement inhabituelles. Ce qui rend cette année singulière est le fait que l’environnement macroéconomique mondial – fondement de nos projections relatives aux marchés agricoles – continue de se dégrader.

  • La communauté internationale s’intéresse aujourd’hui, comme jamais auparavant, à la question de la sécurité alimentaire. On ne peut guère s’en étonner, si l’on considère qu’en 2008, un total de 963 millions de personnes – soit près de 15 % de la population mondiale – souffrait de malnutrition. Le Rapport 2008 de la Banque mondiale sur le développement dans le monde a ranimé l’intérêt porté à ce problème en préconisant d’investir davantage, au bénéfice de l’agriculture, dans les pays en développement afin de pouvoir atteindre l’objectif fixé pour 2015, à savoir : réduire de moitié la proportion de la population vivant dans une extrême pauvreté et souffrant de la faim. Une conférence de la FAO a souligné en 2008 que la sécurité alimentaire constituait l’un des défis les plus importants de ce siècle, en insistant sur la nécessité d’investir davantage dans l’agriculture et d’en accroître la productivité. Lors du Sommet du G8 qui s’est tenu en 2008 au Japon, les ministres de l’Agriculture ont été invités à formuler des propositions concrètes concernant la sécurité alimentaire dans le monde ; par ailleurs, une Équipe spéciale des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale a été mise en place afin de promouvoir une approche commune pour les aides d’urgence et la reprise des investissements dans le secteur de l’agriculture.

  • Cette année, la préparation des Perspectives agricoles s’est déroulée dans un contexte tout à fait inhabituel. Les turbulences financières déclenchées par les problèmes de crédits immobiliers à risque aux États-Unis ont abouti à une crise dans ce secteur après l’éclatement de la bulle des prix ; l’étape suivante a été une sérieuse raréfaction du crédit, qui s’est répercutée sur l’économie réelle de nombreux pays des différentes régions du monde. Cette évolution a mis fin à l’illusion d’un découplage entre les économies occidentales en récession et les pays émergents. La mondialisation, caractérisée par l’extension des chaînes logistiques et la croissance des flux financiers, a créé un univers de plus en plus interdépendant où tous les pays semblent maintenant liés. Les résultats sont une baisse de la production et une montée du chômage à l’échelle globale, qui ébranlent la confiance des consommateurs, tout en faisant chuter les échanges et les mouvements de capitaux internationaux. Au moment de la rédaction, c’est-à-dire en avril 2009, l’économie mondiale se trouve au milieu de la récession la plus forte et la plus étendue depuis plus de cinquante ans. L’effondrement de la production industrielle des six derniers mois se poursuit dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE ; comme les pays non membres de l’OCDE connaissent aussi un ralentissement, l’activité mondiale s’est mise à fléchir. En outre, nul ne sait si le pire est passé et quelle sera la rapidité de la reprise finale.

  • L’ensemble des marchés relatifs aux biocarburants a subi de fortes fluctuations en 2008. L’adoption du Energy Independence and Security Act (EISA), introduit dans la législation des États-Unis en décembre 2007 et la nouvelle Directive sur les énergies renouvelables (DER) proposée par la Commission européenne en janvier 2008 ont encouragé l’accélération de la production et de l’utilisation de biocarburants. Les prix du pétrole brut, démarrant l’année juste en dessous de la barre des 100 USD le baril, ont connu une forte hausse stimulant un intérêt accru des secteurs public et privé pour les biocarburants pendant le premier semestre. Cette tendance a provoqué une envolée des prix des matières premières et réduit les marges des producteurs, notamment parce que les prix du biocarburant ont augmenté bien moins fortement que ceux du pétrole brut. Parallèlement, le prix élevé des matières premières s’est traduit par une flambée des coûts d’alimentation pour les consommateurs pauvres, relançant ainsi le débat opposant « la nourriture contre le carburant » tout en accentuant la crainte que la demande accrue de biocarburants soit responsable du renchérissement des produits alimentaires, une inquiétude solidement ancrée mais largement exagérée.

  • L’année 2008 a été exceptionnellement agitée pour les marchés céréaliers. Les prix ont atteint des niveaux historiques en termes nominaux avant de s’effondrer. Les prix du blé, après une montée en flèche, ont culminé en mars, ceux du riz en mai tandis que ceux du maïs ont continué leur progression fulgurante jusqu’en juin. Les prix élevés des céréales ont encouragé les agriculteurs à accroître les superficies cultivées, ce qui, associé à des conditions météorologiques favorables dans de nombreuses grandes régions de production, a stimulé la production céréalière mondiale jusqu’à un niveau record. L’augmentation des productions végétales n’est cependant pas la seule cause du recul des prix mondiaux. Suite à la crise financière des États-Unis et au ralentissement économique généralisé, les prix du pétrole brut ont chuté après avoir culminé en juillet. La baisse des prix de l’énergie a contribué au ralentissement, plus fort que prévu, de la production des biocarburants et, par voie de conséquence, de la demande de matières premières, notamment du maïs destiné à la production d’éthanol aux États-Unis. La chute des prix du pétrole brut a fortement influé sur le prix du maïs (et du blé) que les producteurs d’éthanol étaient prêts à payer. Simultanément, le dollar a commencé à rebondir par rapport aux principales monnaies, renforçant la pression à la baisse sur les prix, particulièrement sur les prix à l’exportation du blé et des céréales secondaires. Fin 2008, l’accumulation de ces facteurs macroéconomiques avait pris une ampleur considérable, conditionnant les prix de quasiment tous les produits de base, céréales incluses. L’important ralentissement de l’économie mondiale et la pénurie internationale de crédit ont poussé investisseurs et spéculateurs à fuir les marchés des produits de base, accentuant probablement la pression à la baisse sur les prix, en particulier sur les marchés du blé et du maïs. Par ailleurs, les prix du riz sont restés sous l’influence des mesures prises par les pouvoirs publics dans les grands pays exportateurs.

  • La tendance haussière des prix des oléagineux, des huiles et des tourteaux amorcée en 2005 s’est accentuée au cours de l’année 2006. Pendant le premier semestre 2008, ces prix ont atteint des sommets inégalés depuis des dizaines d’années, avant de chuter brusquement sur la seconde moitié de l’année. Le maintien des prix à de tels sommets depuis début 2007 traduisait des perspectives tendues sur l’offre et de la demande d’oléagineux et de produits dérivés à l’échelle internationale, ainsi que les répercussions des marchés céréaliers associés. Le renchérissement du maïs a provoqué des conversions dans l’utilisation du sol au détriment du soja, marquant ainsi l’arrêt de l’extension rapide de la superficie consacrée aux oléagineux observée les années précédentes. En conséquence, l’offre en farines protéiques dérivées de graines et en huiles oléagineuses a stagné entre 2007 et 2008. Si le secteur des huiles et corps gras a pu être épargné grâce à la croissance soutenue de la production d’huile de palme, la progression de la demande en matières premières destinées à l’alimentation et au biocarburant a tout de même tendu ces marchés. Une telle situation s’est inévitablement traduite par une diminution marquée des stocks d’oléagineux et de produits dérivés, si bien que l’année 2007 a vu les ratios stock-consommation chuter à des niveaux critiques. Cette évolution a provoqué la flambée des prix mondiaux des oléagineux d’environ 70 % au cours de 2007, par rapport à la saison précédente.

  • Jusqu’aux Perspectives de cette année, le marché mondial du sucre était fondamentalement désynchronisé de ceux des autres matières premières, où les prix subissaient des envolées rapides, alimentées par la menace en suspend de pénuries alimentaires, la hausse continue de la demande et le resserrement de l’offre. Dans une certaine mesure, cette angoisse a également gagné le secteur du sucre, bien que, en raison de deux importantes récoltes mondiales consécutives et d’un vaste excédent au niveau planétaire, les prix du sucre soient restés inférieurs à ceux de la plupart des autres produits de base en 2006 et 2007. Les fluctuations des prix du sucre enregistrées étaient principalement dues à des facteurs extérieurs au marché du sucre. Depuis le second semestre 2008, cependant, beaucoup de prix de ces autres matières premières ont implosé de 40 à 50 % par rapport à leur point culminant, atteint au milieu de l’année. À l’inverse, les prix indicateurs mondiaux du sucre brut (Intercontinental Commodities Exchange n° 11, prix vrac au comptant, f.a.b. ports des Caraïbes) et du sucre blanc (prix du sucre raffiné, Euronext Londres, Liffe n° 5, f.a.b. Europe), ont affiché une évolution relativement modérée sur 2008, en dépit d’une volatilité considérable tout au long de l’année. Début 2009, les prix mondiaux du sucre se sont à nouveau connectés aux facteurs fondamentaux, en raison de l’émergence d’un déficit mondial de moyenne ampleur, tandis que la force constructive derrière les prix à court terme est en train d’évoluer.

  • Contrairement à ce que l’on a pu observer sur les marchés des céréales, des oléagineux et des produits laitiers, les prix de la viande n’ont pas connu d’évolution spectaculaire en 2008. Cette différence tient en partie à ce que, la viande jouant un rôle relativement limité en tant que denrée de base et les capacités de stockage étant limitées, il n’y a guère de risque d’achats sous l’effet de la panique. Les prix élevés des céréales se traduisent par un niveau élevé du prix de l’alimentation pour le bétail dans les systèmes de production où les céréales entrent pour une grande part dans la composition de cette alimentation. Cependant, les producteurs n’ont qu’une capacité limitée à répondre à de brusques augmentations du coût des aliments pour le bétail, les décisions de production étant prises au début du cycle de production ils ne peuvent réagir rapidement aux signaux de prix. Ces deux faits sont probablement les deux principaux facteurs explicatifs de la stabilité relative des prix de la viande au cours de la récente période de turbulences. Les prix élevés des aliments pour le bétail et la modération du prix du bétail ont constitué un important problème pour les éleveurs. Les prix des céréales, et par conséquent celui des aliments pour le bétail, ont diminué considérablement depuis le milieu de l’année 2008, atténuant en partie la pression exercée sur les éleveurs.

  • La forte progression de la demande conjointement à la contraction de l’offre résultant de mauvaises conditions climatiques et des coûts de production élevés a fait s’envoler les cours internationaux en 2007. La situation du marché s’est inversée de manière spectaculaire en 2008, ce qui dans une certaine mesure est la conséquence logique de la flambée sans précédent des prix. La demande a reculé car l’industrie manufacturière a rapidement remplacé les ingrédients laitiers par des substituts moins onéreux. Globalement, l’offre a augmenté en réaction aux fortes incitations par les prix et la demande a diminué, mais la réponse sur ces deux fronts a été plus vigoureuse que prévue et la chute de la demande mondiale provoquée par les crises économiques mondiales a intensifié la pression à la baisse exercée sur les prix des produits laitiers.

  • Cette section apporte des informations sur les aspects méthodologiques de l’établissement des Perspectives agricoles présentées ici, qui sont traités successivement comme suit. Est tout d’abord donnée une description générale des projections de référence, ainsi que du rapport sur les Perspectives agricoles. La structuration, en un ensemble cohérent, des hypothèses faites pour les projections macroéconomiques est ensuite analysée plus en détail. Enfin, une troisième partie présente un élément important d’amélioration dans la modélisation pour l’établissement de ces Perspectives, en l’occurrence la représentation des coûts de production dans les équations d’offre du modèle.