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  • Jorge Moreira da Silva, Directeur, Direction de la coopération pour le développement

  • Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE

  • Les Objectifs de développement durable (ODD) et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont redéfini les ambitions de la communauté internationale : créer un monde meilleur pour tous est une responsabilité collective. À mesure que le temps passe, l’urgence de cet agenda s’accentue de jour en jour – des défis tels que l’extrême pauvreté ou le changement climatique ne peuvent trouver de solution qu’à travers une action collective à l’échelle mondiale.

  • Le financement des objectifs de développement durable (ODD) dans les pays en développement est un défi majeur. Trois ans après que le Programme d'action d'Addis-Abeba (AAAA) en 2015 a appelé tous les acteurs - publics et privés - à mieux coordonner leurs activités et à mobiliser davantage de ressources financières, les perspectives ne sont pas encourageantes : les financements extérieurs – dont continuent de dépendre de nombreux pays en développement – sont en baisse, principalement en raison de la chute des flux privés, et la coordination reste médiocre. Il faut inverser la tendance : financer le développement durable des pays pauvres est un investissement dans le bien-être de toutes les nations. Les pays de l'OCDE doivent relever le défi : une action urgente et forte est nécessaire pour mettre en œuvre l'AAAA avec leurs partenaires et tenir la promesse de l'Agenda 2030, tant chez eux que dans les pays partenaires. Mobiliser davantage de fonds pour les pays en développement ne suffira pas. La qualité de tous les financements – leur «empreinte développement durable » -- doit être améliorée. Ce chapitre de synthèse résume le diagnostic du rapport et ses recommandations de réformes dans trois domaines : (i) une meilleure mesure de la quantité et de la qualité du financement des objectifs de développement durable ; (ii) de meilleures incitations pour orienter les financements déjà disponibles au niveau mondial vers les ODD ; et (iii) une meilleure coordination des acteurs pour faire coïncider l'offre et la demande de financement pour le développement durable dans les pays en développement.

  • Les politiques de développement ne se font pas en vase clos. Les changements socio-économiques, technologiques, environnementaux et autres qui transforment le monde à un rythme rapide influent profondément sur les objectifs de développement et la disponibilité des ressources qui peuvent leur être – ou leur sont – consacrées. Ce chapitre dresse un panorama de ces changements et des contraintes associées au financement du développement durable et les replace dans le contexte des programmes d’action mondiaux pour le développement. Il s’achève sur une vision prospective de ce qu’il reste à accomplir au sein du paysage financier du développement durable.

  • Le système de financement du développement durable s’est profondément modifié ces dernières années, avec la multiplication du nombre des acteurs. Cette expansion conduit à s’interroger sur la répartition des rôles et réclame une nouvelle cartographie des contributions.Ce chapitre propose divers instantanés du paysage du financement du développement durable, sur la base des volumes de financement versés par différents acteurs – extérieurs, nationaux, publics et privés – et de la répartition des différentes sources au fil du temps. Il brosse un tableau plus détaillé des différents rôles des acteurs et de leurs ressources. Il examine par ailleurs l’impact des évolutions financières et économiques survenues ces dernières années sur les divers types de financement, en mettant l’accent sur le contexte historique et le créneau spécifique à chacun d’entre eux.

  • Chaque acteur et chaque type de financement à l’appui du développement durable a ses propres avantages comparatifs, ses coûts et ses bénéfices. La grande diversité des acteurs du financement du développement permet d’envisager de nouvelles options pour se diversifier et combiner différentes sources de financement afin d’accroître leur contribution au développement durable. Dans un monde idéal, les acteurs seraient parfaitement informés des avantages et inconvénients respectifs associés aux différentes options, si bien qu’ils pourraient exploiter stratégiquement chaque source de façon à satisfaire les besoins de financement liés au Programme 2030. Le présent chapitre dresse une vue d’ensemble des caractéristiques et facteurs qui, certes, accroissent la diversité des financements, mais qui accentuent aussi la complexité des choix de financement. Il présente les différents instruments disponibles, ainsi que l’influence qu’exerce le niveau de revenu d’un pays sur les options de financement qui s’offrent à lui. Enfin, le chapitre examine certaines des interactions complexes entre les acteurs et les sources de financement. Ces trois éléments – instruments, niveaux de revenu et interactions – renforcent la nécessité d’une approche cohérente et holistique entre les acteurs.

  • Une révolution est en marche pour améliorer la mesure du financement du développement durable. Les volumes estimés des ressources financières nécessaires pour atteindre les objectifs du programme d’action mondial en faveur du développement durable sont sans précédent – de l’ordre de milliers de milliards de dollars. Si l’on veut que les diverses ressources des différents acteurs parviennent effectivement là où elles sont le plus nécessaires et où l’impact peut être optimal, il faut améliorer les cadres et outils de mesure. Ceux-ci doivent rendre compte de l’empreinte qu’ont l’ensemble des acteurs concernés par la réalisation des Objectifs de développement durable sur le développement et devront cartographier les actions menées afin de déterminer où se situent les déficits de financement, les déséquilibres et les possibilités d’interactions dynamiques entre les ressources et les objectifs. Ils doivent mettre davantage à profit les possibilités de fournir des données fiables axées sur l’impact, en harmonisant les approches retenues par les différents acteurs. Le succès de cette révolution reposera sur l’adoption d’approches holistiques permettant de concevoir une nouvelle boussole pour guider le financement à l’appui du développement durable, qui intègre les synergies et les arbitrages entre les diverses ressources intérieures et extérieures, y compris le financement traditionnel du développement.

  • Il ne suffit pas de disposer de meilleures mesures du financement du développement durable, il faut en outre formuler les politiques de façon à répondre à l’ambition d’intégrer le Programme d’action d’Addis-Abeba. Les milliers de milliards nécessaires au financement des objectifs de développement durable sont présents dans l’économie mondiale. Cependant, il faut s’attacher à concevoir des politiques meilleures pour réorienter ces milliers de milliards de manière à tirer le meilleur parti des ressources existantes et accroître l’empreinte des différents acteurs sur le développement. Cela implique de minimiser les pertes et de maximiser les effets catalyseurs à l’appui du développement durable. L’intensification de la concurrence sur le marché du financement du développement durable, due au nombre croissant des bailleurs de fonds et des instruments, requiert de meilleures orientations stratégiques et de meilleurs mécanismes de cohérence pour gérer les risques et saisir les opportunités. Si parvenir à une croissance durable et inclusive incombe au premier chef à chaque État, résorber les inégalités et la pauvreté dans le monde, faire face aux éventuels chocs et honorer les engagements internationaux à l’appui des objectifs mondiaux ne sera possible qu’en renforçant la solidarité internationale et la coopération entre les pays et les acteurs.

  • L’Agenda 2030 appelle de la part des acteurs du développement une révision profonde de leur mode de fonctionnement, de sorte que les résultats obtenus relèvent d’une approche holistique. De fait, l’impact du Programme d’action d’Addis-Abeba (PAAA) devrait être plus visible au niveau de la mise en œuvre et des activités opérationnelles.Le présent chapitre décrit à grands traits les difficultés que soulèvent pour les pays l’intégration des différentes sources de financement. Il passe en revue quelques-uns des outils actuellement expérimentés afin de surmonter ces difficultés, et présente des recommandations sur la voie à suivre. En bref, il s’agit de renforcer les outils existants, de mettre au point de nouveaux outils, et de parcourir la longue distance qui nous sépare encore de la concrétisation des promesses du Programme d’action d’Addis-Abeba.Tout en reconnaissant que le développement piloté par les pays demeure le pilier central du financement à l’appui du développement durable, ce chapitre prône l’intégration du développement durable aux niveaux local, régional et mondial. Il convient en outre de mettre au point des solutions de financement adaptées aux différents secteurs concernés, notamment dans le cas d’objectifs transversaux tels que l’égalité entre hommes et femmes ou la transition climatique.