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  • La communauté internationale s’est rassemblée en 2000 pour s’accorder sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et s’est engagée à collaborer pour mettre fin d’ici à 2015 à la pauvreté, à la faim, aux maladies et au manque de logements adéquats. Devaient être promus l’égalité des sexes, un environnement durable, l’éducation, ainsi que les droits fondamentaux à la santé, l’éducation, l’eau potable et les services d’assainissement. Pour atteindre ces objectifs, les grands acteurs internationaux, et notamment l’OCDE, se sont engagés à mettre sur pied un partenariat mondial pour le développement.

  • Le plus grand rassemblement de dirigeants mondiaux jamais réunis a eu lieu à New York en 2000 pour mettre fin à la pauvreté extrême et définir huit objectifs quantifiés et assortis d’une date buttoir, connus comme les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). À trois ans de l’échéance de 2015 pour les ODM, les questions de combien il en coûtera et de qui paiera reviennent sur toutes les lèvres.

  • Cette étude entend contribuer aux discussions actuelles au sujet non seulement de la réalisation mais aussi de la pertinence des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et des initiatives post-2015, en révisant les enveloppes globales de coût pour leur réalisation à l’horizon 2015. Elle quantifie les ressources additionnelles au service du développement que les pays en développement devront mobiliser pour atteindre les OMD. La demande d’estimations empiriques devient d’autant plus aiguë aujourd’hui que l’échéance de 2015 approche à grands pas et que, étonnamment, peu de travaux récents ont cherché à estimer le coût de la réalisation des OMD et à proposer des solutions pour adresser les manques à financer correspondants.

  • Plusieurs années après la conférence de Monterrey, force est de constater que tous les pays n’ont pas progressé au même rythme vers la réalisation des OMD. D’où la nécessité de pouvoir apprécier l’ampleur des besoins financiers restants jusqu’à l’échéance de 2015. Cette étude propose donc des ordres de grandeur pour ces besoins et les compare aux ressources actuellement ou potentiellement disponibles, dans les pays et auprès de partenaires extérieurs, pour financer le développement. Selon les estimations, la réalisation des OMD coûterait un montant incrémental de l’ordre de 120 milliards USD, à répartir approximativement à égalité entre les pays à faible revenu1 et les pays à revenu intermédiaire2. Pour les premiers, l’option la plus rentable consiste à combler le manquer à financer via un accroissement des flux de financement au développement visant à doper durablement la croissance. Pour les seconds, il s’agit plutôt de dépenses et de transferts ciblés. Dans cette perspective, la poursuite des réformes des administrations fiscales et l’amélioration de la qualité des dépenses publiques est d’une importance capitale.

  • L’estimation (ascendante) du coût global des transferts ciblés pour hisser la moitié des pauvres au-dessus du seuil de pauvreté extrême (l’OMD 1) est de près de 5 milliards USD. Pour atteindre l’enseignement primaire universel (EPU – l’OMD 2), il faudrait dépenser près de 9 milliards USD et, en moyenne, les pays concernés devraient accroître leurs dépenses d’éducation d’un peu plus de 7 %. C’est en Afrique subsaharienne que l’effort requis dans le domaine de l’éducation sera le plus difficile (plus de 20 %), mais le plus fort déficit de dépenses (près de 8 milliards USD) concerne les pays à revenu intermédiaire. Les coûts les plus importants sont associés à la santé (les OMD 4-6) dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Ils s’établissent à près de 60 milliards USD, avec une ventilation régionale de près de 40 milliards pour l’Asie du Sud et de 20 milliards pour l’Afrique subsaharienne. L’estimation des coûts de l’OMD 3, la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, est partiellement couverte par l’EPU (l’OMD 2). En revanche, cette étude n’est pas en mesure de chiffrer le coût de la préservation de l’environnement (l’OMD 7) et part du principe que le partenariat global au développement (l’OMD 8) est l’outil par excellence pour répondre aux coûts identifiés et non un coût additionnel en tant que tel.

  • Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (c’est-à-dire les pays où le revenu par habitant se situe environ entre 4 000 et 12 000 USD par an) devraient être en mesure de financer par eux-mêmes la réalisation des OMD. Il leur faudrait pour ce faire la volonté politique de résoudre les inégalités de revenus et leurs causes. En revanche, les OMD posent encore de sérieux défis pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (où le revenu est inférieur à 4 000 USD par an environ). Combler ce manque à financer, du moins en partie, par une augmentation des apports de capitaux privés est une option envisageable, mais qui impose de pouvoir en maîtriser la volatilité et d’améliorer les politiques d’encadrement pour en optimiser les dividendes en termes de développement social. Dans un avenir proche, rien ne prouve que le recouvrement des impôts puisse constituer une contribution suffisante dans les pays à faible revenu où les besoins sont, en proportion, les plus importants. Afin de satisfaire les besoins des populations les plus démunies dans les pays les plus pauvres, les ressources au service du développement – l’aide, les contributions privées, les transferts de fonds des migrants, les impôts nationaux et les apports de capitaux privés, de la part de partenaires traditionnels comme émergents – auront toutes un rôle à jouer. La cohérence des politiques pour le développement aura une importance critique.

  • Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (revenu par habitant supérieur à environ 4 000 USD par an) devraient parvenir à réaliser les OMD en s’appuyant sur leurs ressources intérieures, à travers des transferts monétaires ciblés et des programmes de dépenses destinés à lutter contre la pauvreté et à assurer l’éducation et la santé. Dans le cas des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (revenu par habitant inférieurs à environ 4 000 USD par an), il faut poursuivre les réformes institutionnelles visant à améliorer le recouvrement des impôts au point de pouvoir assurer un financement suffisant pour la réalisation des OMD. Dans les pays à faible revenu (revenu par habitant inférieur à environ 1 000 USD par an), le coût incrémental de la réalisation des OMD correspond approximativement au montant de l’aide programmable par pays déjà octroyée au niveau global. Dès lors, plus que jamais, les apports de capitaux privés, les contributions privées volontaires, les activités de coopération avec les pays émergents, les envois de fonds des migrants devront assortir l’aide. Dans les pays en développement, le défi consiste, d’une part, à adapter des stratégies de développement nationales pour qu’elles assurent que ces différents flux contribuent à une croissance inclusive, génératrice d’emplois, et au développement social et, d’autre part, de mener les réformes nécessaires afin d’accroître la qualité de la dépense publique. Les pays avancés, quant à eux, n’auront d’autre choix que d’améliorer l’efficacité de l’aide et la cohérence de leurs politiques pour le développement.