Résumé

Les flux migratoires depuis la Côte d’Ivoire vers les pays de l’OCDE ont fortement augmenté, passant d’environ 3 800 en 2000 à près de 13 500 personnes en 2019. Cela correspond à des flux relativement élevés pour les pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) bien qu’ils soient significativement inférieurs aux flux en provenance du Sénégal, du Ghana et du Nigéria. L’émigration ivoirienne est principalement dirigée vers la France et l’Italie, et de manière croissante vers les États-Unis et le Canada. Les flux migratoires depuis la Côte d’Ivoire se font toutefois majoritairement au sein de la CEDEAO et le Burkina Faso reste le premier pays de destination des Ivoiriens en Afrique de l’Ouest.

Les flux migratoires récents de Côte d’Ivoire vers les pays européens sont principalement des flux pour motifs familial et humanitaire. En moyenne entre 2010 et 2015, la moitié des permis de séjour délivrés aux ressortissants ivoiriens l’étaient pour des motifs familiaux. À partir de 2015, la part des permis de séjour pour motif humanitaire a substantiellement augmenté. En 2020, environ un tiers des permis étaient délivrés pour motif familial et humanitaire respectivement, tandis que 23 % l’étaient pour des motifs d’études et 12 % pour des motifs professionnels. Le type de permis délivrés aux ressortissants ivoiriens varie significativement selon le pays de destination. La France octroie par exemple un nombre substantiel de permis pour motif d’études aux ressortissants ivoiriens.

Près d’un tiers des Ivoiriens indiquaient souhaiter quitter leur pays pour vivre de façon permanente à l’étranger entre 2013 et 2018. Ces intentions d’émigration sont particulièrement élevées parmi les diplômés du supérieur, les chômeurs et les jeunes. La situation de l’emploi et particulièrement la situation défavorable des jeunes diplômés sur le marché du travail en Côte d’Ivoire peut notamment expliquer cette répartition des intentions d’émigration.

Avec environ 240 000 émigrés ivoiriens résidant dans les pays de l’OCDE en 2020, la Côte d’Ivoire est le deuxième pays de l’UEMOA avec le plus grand nombre d’émigrés résidant dans les pays de l’OCDE, après le Sénégal mais avant le Mali. Le nombre d’émigrés ivoiriens a augmenté de 245 % depuis 2000 ; 70 000 émigrés ivoiriens résidaient alors dans les pays de l’OCDE. La France est de loin le premier pays de destination de l’OCDE des émigrés ivoiriens : environ 143 000 émigrés ivoiriens y résident (2020). Viennent ensuite l’Italie (plus de 34 000 émigrés ivoiriens en 2020) et les États-Unis (environ 25 000 personnes).

Les estimations les plus récentes font état d’environ 1.15 million d’émigrés ivoiriens résidant dans le monde en 2020. Près de 80 % d’entre eux résideraient en Afrique de l’Ouest, soit environ 900 000 émigrés. Les principaux pays de destination des émigrés ivoiriens sont le Burkina Faso et le Mali. Le Ghana, le Bénin, le Libéria ainsi que le Maroc sont également des destinations importantes des émigrés ivoiriens en Afrique.

La diaspora ivoirienne est la plus féminisée des pays de l’UEMOA : en 2015/16, 49 % des émigrés ivoiriens vivant dans les pays de l’OCDE étaient des femmes. Bien que cette proportion reste légèrement inférieure à celle de l’ensemble des immigrés dans l’OCDE, elle est significativement supérieure à celle de l’ensemble des émigrés de l’UEMOA (42 %). Le nombre de femmes nées en Côte d’Ivoire résidant dans les pays de l’OCDE a augmenté plus rapidement que le nombre d’hommes entre 2000/01 et 2015/16. La proportion de femmes parmi les émigrés ivoiriens est particulièrement élevée en France (55 %) et nettement plus faible en Italie (33 %).

En 2015/2016, ils étaient un tiers à avoir suivi un enseignement supérieur et environ autant à avoir un niveau d’éducation faible (36 %). La part d’émigrés ivoiriens ayant niveau d’éducation élevé est supérieure de plus de 10 points de pourcentage à celles des émigrés sénégalais ou maliens. Les émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE sont très nettement plus éduqués que l’ensemble de la population ivoirienne, reflétant la très forte sélection positive de l’émigration des pays en développement vers les pays de l’OCDE. Les diplômés du supérieur sont relativement mieux représentés dans les pays anglo-saxons.

En 2015/2016, le taux d’émigration des Ivoiriens dans les pays de l’OCDE était de 1.4 %, largement inférieur à celui de nombreux autres pays d’Afrique. Cela s’explique notamment par le caractère relativement récent de l’émigration ivoirienne. Cependant, ce taux augmente beaucoup avec le niveau d’éducation, il atteint près de 10 % pour les diplômés du supérieur. Il est aussi plus élevé pour les femmes que pour les hommes et l’est d’autant plus que leur niveau d’éducation est élevé.

Parmi les 189 000 émigrés ivoiriens en âge de travailler dans les pays de l’OCDE, 61 % étaient en emploi en 2015/2016. Ce taux, similaire à celui de l’ensemble des émigrés de l’UEMOA, était significativement inférieur à celui de l’ensemble des immigrés et des natifs de l’OCDE. Ces niveaux d’emploi diffèrent selon les pays de destination : le taux d’emploi des émigrés ivoiriens est plus élevé aux États-Unis qu’en France ou en Italie.

Les femmes nées en Côte d’Ivoire accèdent à l’emploi plus difficilement que les hommes dans les pays de l’OCDE : 55 % d’entre elles sont en emploi, contre 67 % des hommes. Ces différences s’expliquent par l’immigration plus récente des femmes. La durée de séjour, comme l’acquisition de la nationalité du pays de destination, facilitent ainsi l’accès à l’emploi. Enfin, l’insertion sur le marché du travail s’améliore avec le niveau d’éducation des émigrés ivoiriens : les émigrés ivoiriens diplômés du supérieur étaient 71 % à avoir un emploi contre 51 % de ceux avec un niveau d’éducation faible.

La meilleure insertion des émigrés ivoiriens avec un niveau d’étude supérieur cache une inadéquation entre leur qualification et les emplois occupés dans les pays de l’OCDE. Près de la moitié d’entre eux occupait un emploi ne nécessitant pas un tel niveau d’éducation en 2015/2016. Si les taux de déclassement varient d’un pays de destination à l’autre, ils sont plus élevés pour les émigrés ivoiriens n’ayant pas fait leurs études dans le pays de destination ou n’ayant pas la nationalité du pays d’accueil.

Les émigrés ivoiriens sont surreprésentés dans les professions les moins qualifiées. Environ un quart des actifs occupés nés en Côte d’Ivoire travaillaient comme personnels des services aux particuliers ou comme commerçants en 2015/2016. Plus de 20 % des émigrés ivoiriens en emploi dans les pays de l’OCDE occupaient une profession élémentaire. Près d’un tiers des émigrés ivoiriens occupent un poste hautement qualifié, mais cette part est plus faible parmi les femmes.

Au cours des 20 dernières années, le nombre annuel d’acquisitions de la nationalité des pays de l’OCDE par les émigrés ivoiriens est passé d’environ 1 800 à 7 200. Initialement dominées par des naturalisations en France, les acquisitions reflètent dorénavant la diversification récente des flux d’émigration vers les États-Unis, le Canada ou l’Italie.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, moins de la moitié (45 %) des émigrés ivoiriens ont la nationalité de leur pays d’accueil, une proportion inférieure à celle de l’ensemble des immigrés dans l’OCDE (50 %) mais supérieure à celle des émigrés de l’UEMOA (40 %). Cette proportion varie selon le pays d’accueil : elle est particulièrement faible en Italie mais relativement élevée au Royaume-Uni et en France. Ces différences s’expliquent notamment par les législations nationales et le caractère plus ou moins récent de l’immigration ivoirienne dans ces pays.

Les transferts de fonds des émigrés ivoiriens se sont élevés à 330 millions USD en 2019. Le ratio entre les transferts de fonds et le PIB a diminué depuis 2005, passant de près de 1 % à 0.5 % en 2019/20. Par rapport à l’aide publique au développement et aux investissements directs étrangers, et au vu de leur poids limité dans le PIB, les transferts de fonds des migrants représentent une ressource financière encore modeste pour l’économie ivoirienne. La Côte d’Ivoire est le seul pays de l’UEMOA à être émetteur net de transferts de fonds, compte tenu de sa position régionale comme pays d’immigration. En 2019, les transferts émis depuis la Côte d’Ivoire étaient trois fois supérieurs aux transferts reçus depuis l’étranger.

Compte tenu de l’absence de données sur les migrations de retour en Côte d’Ivoire, qui pourraient être fondées sur le recensement de la population ou sur des enquêtes auprès des ménages, il est très difficile de donner une évaluation quantitative du phénomène de migration de retour en Côte d’Ivoire. L’OIM et le gouvernement ivoirien indiquent avoir assisté le retour d’environ 2 500 personnes par an ces dernières années. Pour l’essentiel, ces personnes assistées ont été prises en charge hors des pays de l’OCDE, principalement en Afrique du Nord et dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest.

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