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  • La mutation économique de la Chine a été extrêmement rapide depuis le lancement des premières réformes il y a à peine plus de 25 ans. Au cours des deux dernières décennies, la croissance économique s’est établie en moyenne à 9½ pour cent et devrait continuer sur sa lancée pour quelque temps encore. Une telle augmentation de la production a induit une transformation économique parmi les plus rapides et les plus soutenues des cinquante dernières années dans le monde, d’où un relèvement des revenus et un recul sensible du nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue. La taille de l’économie, mesurée aux prix du marché, dépasse aujourd’hui celle d’un certain nombre des principaux pays européens, et pourrait d’ici à cinq ans, n’être dépassée que par trois pays membres de l’OCDE. Si le revenu moyen est encore inférieur à celui d’autres pays à revenu intermédiaire, de grandes parties du pays ont atteint le niveau de revenu observé dans certains pays développés d’Asie de l’Est à l’époque de la génération précédente, et suivent un rythme de rattrapage aussi rapide. De nombreux secteurs d’activité sont désormais parfaitement insérés dans la chaîne de production mondiale et, d’après les tendances actuelles, la Chine pourrait s’adjuger la place de premier exportateur mondial dès le début de la prochaine décennie. Cette croissance est le fruit d’une évolution des politiques économiques qui a profondément transformé les entreprises dans le sens d’une plus grande efficience.

  • La croissance rapide que connaît l’économie chinoise depuis le début de la décennie ne se dément pas. Les pouvoirs publics ont nettement réorienté leur action vers une ouverture de l’économie aux forces du marché. Les dispositions relatives à la fixation des prix, au commerce extérieur, aux taux de change, à l’investissement étranger, aux barrières à l’entrée, aux marchés intérieurs, au fonctionnement des entreprises d’État et au système financier ont toutes été modifiées. Ces réformes ont stimulé une croissance qui, en termes d’analyse causale, résulte essentiellement d’une accumulation rapide de capital, elle-même alimentée par une épargne nationale qui représente près de la moitié du produit intérieur brut (PIB). Cette réorientation de l’action publique a permis un renforcement sensible du rôle joué par le secteur privé et ouvert la voie à un afflux massif d’investissements étrangers. Pour maintenir le rythme de croissance actuel, les autorités devront poursuivre les réformes afin de continuer à améliorer le cadre d’activité du secteur privé, d’achever la refonte du secteur bancaire et d’assurer la stabilité de l’environnement macroéconomique. L’économie présente en outre des déséquilibres dont la résorption contribuerait à renforcer la croissance et le bien-être de la population. Des changements d’orientation s’imposent notamment pour atténuer les disparités entre revenus ruraux et urbains, et accélérer le processus d’urbanisation. De nouvelles réductions du niveau élevé de pollution permettraient également d’accroître le bien-être de la population.

  • Ce chapitre évalue les performances des entreprises chinoises, en se fondant sur une nouvelle analyse empirique d’un ensemble actualisé de données de panel, qui rassemble près d’un million d’observations auprès d’entreprises. Les entreprises chinoises contrôlées par des intérêts privés, très productives, exercent leur activité sur des marchés de produits extrêmement concurrentiels et créent la majorité des emplois. Toutefois, leur croissance reste bridée par une réglementation qui présente des lacunes auxquelles il convient de remédier, même si le dispositif réglementaire a été sensiblement amélioré ces dernières années. Parmi les grandes priorités figurent la révision de la loi sur les sociétés, l’adoption d’un nouveau code des faillites et le renforcement du cadre réglementaire dans le sens d’une meilleure protection des droits de propriété. Le secteur public reste vaste et, de manière générale, peu soucieux d’optimiser les ressources, et les programmes qui ont permis de transférer le contrôle de certaines entreprises à des investisseurs extérieurs et facilité les restructurations doivent être élargis. Assortir les restructurations de réformes sur les marchés des facteurs de production que sont la main-d’oeuvre et la terre serait un moyen tout à la fois de pérenniser la croissance et d’augmenter le taux de croissance potentielle.

  • Ce chapitre porte sur les modifications qui devront être apportées au système financier chinois pour qu’il puisse satisfaire de manière adéquate les besoins d’un secteur privé en pleine expansion, et offrir aux particuliers des instruments d’épargne diversifiés. Bien des progrès ont été accomplis dans la mise en place d’établissements financiers fonctionnant selon les lois du marché, de même que dans l’amélioration de leurs capacités internes d’évaluation et de gestion des risques, et le marché des actions comme celui des obligations d’État ont connu une expansion rapide. Les institutions essentielles constitutives d’un système de réglementation efficace ont été créées, et les autorités de réglementation mettent judicieusement à profit les normes et pratiques internationales dans le cadre de leur action. Au cours de la période à venir, réformer le système financier suppose de relever cinq grands défis liés entre eux. Premièrement, il faudra faire face aux handicaps dont a hérité le système bancaire, à savoir le volume très important de ses créances improductives et sa faible capitalisation. Deuxièmement, la structure du système bancaire devra être réformée, afin qu’il puisse davantage soutenir la sphère réelle de l’économie. Troisièmement, il faudra continuer à étoffer les marchés de capitaux et à encourager l’expansion des investisseurs institutionnels. Quatrième défi à relever, et à tout prendre le plus important, il s’agira de renforcer la capacité des établissements financiers à se comporter en entreprises commerciales et à gérer les risques avec prudence, tandis que le cinquième consistera à poursuivre l’amélioration des structures de contrôle, afin de limiter les risques systémiques. Ces défis sont d’autant plus redoutables que la Chine est en pleine transition d’une économie étatique vers l’économie de marché.

  • La conduite de la politique budgétaire chinoise a été d’une grande prudence. L’endettement de l’État est resté constamment à un faible niveau, même si des mesures anticycliques ont été prises quand la situation l’exigeait. Le ratio « dépenses publiques/PIB » est plus bas que dans la zone de l’OCDE, ce qui s’explique largement par des transferts sociaux beaucoup moins développés. Il serait sans doute souhaitable de redéployer les engagements en favorisant l’éducation et la santé au détriment des investissements en capital. Il faudrait également réformer les dépenses sociales, en s’appuyant sur le système existant de comptes individuels de retraite. Une fiscalité modérée et globalement favorable à la croissance a été maintenue, mais il est nécessaire d’abaisser sensiblement les taux d’imposition des sociétés ainsi que les taux marginaux les plus élevés de l’impôt sur les revenus du travail. Ces mesures devraient être complétées par un élargissement de l’assiette de la TVA, pour compenser les pertes de recettes au titre des autres prélèvements. Les dépenses étant beaucoup plus décentralisées que les recettes, de nombreuses administrations infranationales dépendent des transferts. Il y a lieu de réformer les relations budgétaires entre administrations publiques, notamment en alignant les responsabilités en matière de dépenses de chaque échelon administratif sur ses ressources financières et en les responsabilisant davantage. Enfin, le système budgétaire chinois doit devenir à la fois plus unitaire et plus transparent.