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  • Cette Étude a été préparée au sien du Département des affaires économiques par Geoff Barnard et Fabrice Murtin sous la direction de Andreas Wörgötter. Le projet d’Étude a bénéficié de la contribution substantielle de Yaseen Jhaveri, détaché du Trésor d’Afrique du Sud. La recherche statistique a été assurée par Corinne Chanteloup et les travaux de secrétariat par Josiane Gutierrez et Pascal Halim. L’Étude a également bénéficié de la contribution substantielle de Nicola Branson et Murray Leibbrandt de SALDRU à l’Université du Cap, et de George Frempong, Dean Janse van Rensburg, Vijay Reddy et Lolita Winnaar, de Human Sciences Research Council.L’Étude économique de l’Afrique du Sud a été examinée par le Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement le 17 décembre 2012, avec la participation active des représentants du gouvernement sud-africain.Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE.

  • L’Afrique du Sud progresse, mais n’exploite pas intégralement ses très importantes potentialités. Le revenu par habitant s’élève, les services publics se développent, les indicateurs de santé s’améliorent, le taux de criminalité diminue et l’évolution démographique est favorable. La situation des finances publiques est meilleure que celle de nombreux pays de l’OCDE, le système financier est sain, l’inflation sous-jacente est stable et respecte la cible fixée par la Banque centrale. Toutefois, une proportion extrêmement élevée de la population est sans emploi, situation qui perdure depuis pratiquement trente ans. En outre, les disparités de revenus restent très marquées, les résultats éducatifs sont en moyenne médiocres et très inégaux, tandis que les défaillances des services publics et la corruption suscitent un mécontentement croissant. La production augmente lentement par rapport à la plupart des autres économies à revenu intermédiaire. Les problèmes d’environnement, comme le changement climatique et la rareté de l’eau, font peser une menace sur la viabilité de la croissance, tandis que l’aggravation du déficit des paiements courants est un point vulnérable sur le plan macroéconomique.

  • Malgré de grands succès dans de nombreux domaines économiques et sociaux au cours des 19 dernières années, l’Afrique du Sud est confrontée à un certain nombre de difficultés économiques persistantes qui reflètent au moins en partie l’héritage pernicieux de l’apartheid. Il y a d’abord l’absence de dynamisme : la convergence vers les niveaux de revenu par habitant des pays avancés est plus lente que dans la plupart des autres économies émergentes (A). Les pays ayant la croissance la plus rapide ont souvent un faible revenu par habitant, mais même en tenant compte du niveau de départ en Afrique du Sud, la croissance a été relativement lente (B). Avant tout, l’emploi reste trop bas et le chômage beaucoup trop élevé, ce qui aggrave une série de problèmes sociaux. L’une des causes de cette situation est la médiocrité des résultats éducatifs, en moyenne, et leur extrême inégalité, ce qui se traduit par une offre excédentaire de main-d’œuvre non qualifiée et par une accentuation des disparités de revenus. Par ailleurs, les perspectives de progrès réguliers du bien-être sont compromises par les défis environnementaux, notamment le changement climatique et la rareté de l’eau. Comme l’a bien expliqué le plan de développement national (PDN) publié en août 2012, l’Afrique du Sud a besoin d’une croissance rapide et solidaire, mais aussi d’assurer la transition vers une économie sobre en carbone et de gérer efficacement ses ressources hydriques rares. Pour s’attaquer efficacement à ces problèmes fondamentaux, une gestion avisée des politiques macroéconomiques s’impose, dans le cadre des efforts pour établir des conditions générales propices à l’activité économique, mais il faudra surtout améliorer la mise en œuvre des politiques structurelles, l’éducation étant un domaine pratiquement critique.

  • Les niveaux d’instruction en Afrique du Sud se sont améliorés de façon remarquable par rapport à d’autres pays émergents mais, pour une grande partie de la population noire, la qualité de l’éducation de base reste très médiocre. Le présent chapitre recense plusieurs obstacles à l’amélioration de la qualité de l’éducation de base, notamment le manque d’investissement en infrastructures scolaires et en matériel pédagogique dans les zones défavorisées, des disparités dans la capacité administrative au plan local, le manque de compétences des enseignants et des défaillances dans l’enseignement de l’anglais aux élèves noirs. Il est recommandé de prendre des mesures audacieuses pour doter les écoles de davantage de ressources matérielles, d’une équipe de direction plus compétente et d’un corps enseignant responsable. L’inadéquation des compétences entre l’offre et la demande sur le marché du travail peut en outre être réglée par des réformes de l’enseignement professionnel et par l’allègement des contraintes de crédit dans le supérieur.

  • De plus en plus active dans le domaine des politiques de croissance verte, l’Afrique du Sud est dotée d’un cadre d’action généralement rationnel dans le domaine de l’environnement, mais elle doit améliorer la mise en œuvre des politiques pour faire face aux principaux problèmes d’environnement. Des politiques efficaces en faveur de la croissance verte devraient aller de pair avec d’autres politiques structurelles et macroéconomiques permettant de rendre la rapide croissance économique compatible avec la viabilité écologique. Entre autres impératifs, il est essentiel que les mesures adoptées améliorent la tarification des émissions de gaz à effet de serre et de l’eau, deux domaines fondamentaux. L’économie sud-africaine affiche une très forte intensité de carbone, ce qui tient notamment aux subventions implicites dont bénéficient le charbon et l’électricité, mais il n’existe pas, pour l’instant, de prix du carbone internalisant les externalités environnementales à l’échelle de l’économie tout entière. De façon plus générale, tous les instruments nécessaires pour permettre aux pouvoirs publics de tenir leurs engagements de réduction des émissions ne sont pas encore en place, et la mise en œuvre des instruments définis avance lentement. Le suivi des progrès et la vérification de la cohérence entre les différentes initiatives devraient être améliorés. L’Afrique du Sud est aujourd’hui déjà un pays qui manque d’eau, et le stress hydrique va s’aggraver sous l’effet de l’accroissement démographique et du changement climatique. Le cadre d’action existant est dans l’ensemble en phase avec les meilleures pratiques internationales, mais la mise en œuvre est à la traîne. De manière générale, il est nécessaire de relever les tarifs de l’eau pour améliorer la couverture des coûts et faire payer la rareté, et il conviendrait d’accélérer l’attribution d’autorisations, de renforcer la gestion municipale et de lutter contre l’utilisation illégale de l’eau.