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  • L’expansion économique la plus longue que le Japon ait connue depuis la fin de la guerre s’est poursuivie en 2007, mais à un rythme plus lent, environ 2 %. Cette reprise prolongée a mis fin à une décennie de stagnation économique à l’issue de laquelle le Japon, qui occupait en 1992 le cinquième rang dans la zone OCDE pour le PIB par habitant, a été relégué à la 19e place en 2002. L’investissement des entreprises et l’exportation ont été les principaux moteurs de la croissance, représentant environ les trois quarts de l’augmentation de la production depuis 2002. La restructuration des entreprises, destinée à réduire les niveaux excessifs d’endettement, de capacités de production et d’emploi, a jeté les bases d’un redressement de l’investissement des entreprises, tandis que la vive croissance des exportations améliorait la rentabilité et créait une demande de capacités supplémentaires. Le resserrement des liens commerciaux avec l’Asie, qui compte maintenant pour la moitié dans les exportations japonaises, a soutenu la croissance des exportations au cours de l’expansion actuelle. En 2007, les exportations ont progressé presque de 9 %, malgré la faiblesse de la demande américaine. Avec des exportations en forte progression et un niveau de bénéfices record dans les entreprises, l’expansion devrait se poursuivre en 2009, à un rythme se situant entre 1½ et 2 %.

  • L’expansion économique, la plus longue que le Japon ait connue depuis la fin de la guerre, se poursuit, quoique à un rythme plus lent. La reprise est tirée par l’investissement des entreprises et par l’exportation, mais les autres composantes de la demande font encore preuve de faiblesse. Le rythme de croissance devrait se maintenir à 1½-2 % en 2009, mais il faudra que le Japon s’attaque à une série de problèmes pour assurer son expansion à moyen terme. On examinera dans ce chapitre cinq enjeux essentiels : i) sortir définitivement de la déflation en s’appuyant sur le nouveau cadre de politique monétaire; ii) progresser dans l’assainissement budgétaire alors que la dette publique est élevée et que la population vieillit rapidement; iii) mettre en oeuvre une réforme fiscale d’ensemble afin d’accroître les recettes publiques, tout en favorisant la croissance économique, en remédiant à une inégalité des revenus de plus en plus marquée et en améliorant la fiscalité locale; iv) accélérer les gains de productivité dans le secteur des services; v) réformer le marché du travail pour que cesse un dualisme de plus en plus prononcé et accroître les taux d’activité pour compenser l’évolution démographique.

  • Lorsqu’elle a mis fin à sa politique d’assouplissement quantitatif en 2006, la Banque du Japon s’est dotée d’un nouveau cadre de politique monétaire dans lequel la stabilité des prix est assimilée à une inflation comprise entre 0 et 2 %, et elle a relevé les taux d’intérêt de 0 à 0.5 %, bien que la plupart des mesures de l’inflation soit restée négative. Compte tenu de la persistance de pressions déflationnistes, du ralentissement de l’expansion économique en 2007 et des incertitudes accrues qui pèsent sur les perspectives de croissance, la banque centrale devrait s’abstenir de relever encore son taux directeur à court terme jusqu’à ce que l’inflation soit fermement ancrée en territoire positif, et que le risque d’une résurgence de la déflation devienne négligeable. En outre, l’extrémité inférieure de la fourchette d’inflation devrait être relevée afin d’offrir une marge de sécurité adéquate contre la déflation.

  • Étant donné que la dette brute atteint 180 % du PIB, il est de plus en plus urgent de prendre de nouvelles mesures pour réduire le lourd déficit budgétaire. Une amélioration du solde budgétaire primaire comprise entre 4 % et 5 % du PIB s’impose simplement pour stabiliser le ratio dette publique/PIB, première étape vers l’objectif du gouvernement qui est d’abaisser ce ratio dans les années 2010. La première priorité est de comprimer davantage les dépenses publiques, qui ont baissé de 2½ points de PIB ces cinq dernières années, en concentrant les coupes sur l’investissement public et la masse salariale des administrations publiques. La réduction des dépenses devrait s’accompagner de réformes destinées à améliorer l’efficience du secteur public. De plus, l’assainissement budgétaire exige des initiatives pour freiner la hausse des dépenses sociales, dans le contexte d’un vieillissement rapide de la population. Cependant, la compression des dépenses ne suffisant pas à elle seule pour atteindre les objectifs budgétaires du Japon, il est indispensable de dégager des recettes supplémentaires.

  • La réforme fiscale est une priorité urgente : l’État japonais doit se procurer des recettes supplémentaires à hauteur de 5-6 % du PIB pour simplement stabiliser la dette du pays, qui atteint désormais 180 % du PIB. Au-delà de cette progression des ressources, la réforme fiscale devrait promouvoir la croissance économique, remédier à la dispersion croissante de la distribution des revenus et améliorer la fiscalité locale. Les recettes supplémentaires devraient provenir pour l’essentiel d’une augmentation du taux de la taxe sur la consommation, actuellement le plus bas de toute la zone OCDE, et de l’élargissement des bases d’imposition des revenus des personnes physiques et morales. Les autorités devraient abaisser le taux de l’impôt sur les sociétés, aujourd’hui le plus élevé des pays membres de l’OCDE, afin de promouvoir la croissance, et supprimer les mécanismes fiscaux qui sont préjudiciables à l’offre de main-d’oeuvre et perturbent les affectations de capital. Le Japon devrait aussi envisager, pour favoriser l’équité, l’instauration d’un crédit d’impôt sur le revenu d’activités professionnelles. La fiscalité locale devrait bénéficier de mesures de simplification et s’appuyer davantage sur les impôts et taxes déjà en vigueur en matière foncière et immobilière, ainsi que sur les revenus et sur la consommation.

  • La croissance de la productivité du travail dans le secteur des services, qui représente 70 % de la production économique et de l’emploi au Japon, a sensiblement ralenti ces dernières années, contrairement à l’évolution observée dans le secteur manufacturier. Ces résultats décevants traduisent la faiblesse de la concurrence dans les services, imputable à la rigueur de la réglementation des marchés de produits, au faible niveau de pénétration des importations et au manque de dynamisme de l’investissement direct étranger (IDE). Le ralentissement de la productivité dans le secteur des services doit absolument être inversé pour accroître le potentiel de croissance du Japon. Il est indispensable d’éliminer les obstacles à l’entrée, d’accélérer la réforme de la réglementation, de renforcer la politique de concurrence et de réduire les obstacles au commerce et aux entrées d’IDE. Une attention particulière devrait être accordée aux facteurs limitant la croissance de la productivité, dans les services caractérisés, soit par une faible productivité, soit par un potentiel de croissance élevé, comme le commerce de détail, les transports, l’énergie et les services aux entreprises. Enfin, il est essentiel d’intensifier la concurrence dans les services publics, comme la santé et l’éducation, où les mécanismes de marché ont peu joué.

  • Les travailleurs non réguliers représentent désormais un tiers de l’ensemble des salariés. Or, s’il permet aux entreprises de gagner en flexibilité et de réduire leurs coûts, l’emploi non régulier suscite aussi des préoccupations sur le plan de l’efficience et de l’équité. Une approche globale, avec un assouplissement de la forte protection de l’emploi dont bénéficient les travailleurs réguliers et une extension de la couverture sociale des travailleurs non réguliers, aiderait à mettre fin au dualisme du marché du travail. Les travailleurs non réguliers ayant un accès plus limité que les autres à la formation en entreprise, il faut aussi développer la formation hors poste pour améliorer leurs perspectives d’emploi et renforcer ainsi le potentiel de croissance du Japon. Inverser la tendance à la hausse de l’emploi non régulier pourrait encourager une plus forte participation des femmes à la vie active, ce qui est essentiel dans un pays où le vieillissement démographique a déjà pour effet de réduire la population d’âge actif de près de 1 % chaque année. De même, le développement des services de garde d’enfants et un plus grand souci de l’équilibre entre travail et vie familiale contribueraient à stimuler l’activité féminine, tout en relevant le taux de natalité exceptionnellement bas du Japon.