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  • L’expansion économique s’est interrompue en Autriche avec la crise financière qui a éclaté durant l’été de 2007 et s’est intensifiée à l’automne de 2008. Toutefois, jusqu’à la fin de 2008, le ralentissement de l’activité a été moins brutal que dans la plupart des autres pays de la zone euro à revenu élevé. La consommation et l’investissement privés se sont mieux maintenus, tout comme les exportations, en particulier à destination des pays d’Europe centrale et orientale (PECO). La contagion internationale a d’abord pris la forme de tensions généralisées sur le financement des banques et d’un durcissement des conditions de crédit dans l’ensemble de l’économie.

  • La crise financière mondiale a mis un terme à l’expansion économique en Autriche. À la fin de 2008, l’Autriche est entrée en récession, mais moins brutalement que certains autres pays de la zone euro, et son économie devrait se contracter nettement en 2009, subissant sa récession la plus profonde et la plus prolongée depuis le milieu des années 50. L’étroitesse des liens économiques avec plusieurs pays d’Europe centrale et orientale compromet la stabilité financière et budgétaire. Toutefois, en comparaison d’un grand nombre d’autres économies de l’OCDE, l’accumulation de déséquilibres intérieurs, sous la forme d’un crédit excessif et d’une surtarification des actifs, a été très limitée en Autriche. Face à la crise financière et à la dégradation des perspectives, il faut agir pour stabiliser les marchés de capitaux, ranimer la confiance et soutenir l’activité.

  • L’Autriche affiche un niveau de produit intérieur brut (PIB) par habitant parmi les plus élevés d’Europe, mais elle doit cette position à une convergence qui s’est déroulée à un rythme soutenu jusqu’au début des années 90. Ces quinze dernières années, elle a perdu du terrain par rapport aux pays de l’OCDE les plus performants. Bien que la croissance de la productivité globale se soit redressée au cours des dernières années, le taux d’emploi est resté inférieur à son niveau potentiel. Les segments du secteur des entreprises les plus orientés vers l’international ont intensifié leurs efforts d’innovation et réalisé des gains de productivité plus importants. En revanche, le secteur des services, plus abrité, s’est montré moins dynamique, et le taux d’activité des personnes peu qualifiées reste insatisfaisant. La poursuite des réformes structurelles concernant les marchés de produits et du travail contribuerait à rehausser la production potentielle, la croissance tendancielle et le niveau de revenu moyen par habitant, tout en renforçant la cohésion sociale. Nous montrons dans ce chapitre qu’il est possible de stimuler la concurrence, l’innovation et l’investissement dans les services, et que des réformes du marché du travail permettraient de renforcer l’emploi des travailleurs peu qualifiés.

  • Durant la phase d’expansion économique, l’Autriche a avancé dans la mise en oeuvre de la réforme budgétaire, notamment en ce qui concerne les retraites et le cadre de dépenses, même s’il y a eu des retours en arrière. Il restait cependant beaucoup à faire avant la crise financière mondiale, qui aggrave aujourd’hui les difficultés. Avec la récession, la position budgétaire ne peut que se dégrader nettement, comme dans les autres pays de l’OCDE. Un important effort d’assainissement des finances publiques sera donc nécessaire une fois que la situation économique s’améliorera, d’autant plus que le programme de relance budgétaire destiné à amortir la récession comporte principalement des mesures permanentes. À la différence de nombreux pays de l’OCDE, les pressions budgétaires attendues du fait du vieillissement semblent être relativement faibles, grâce principalement aux réformes des retraites opérées dans le passé. Dans ces conditions, les autorités devraient s’attacher essentiellement à restructurer la fiscalité et les dépenses en vue de favoriser la croissance économique, à poursuivre la réforme du cadre budgétaire et à améliorer l’efficience des dépenses publiques, surtout dans les domaines de la santé et de l’éducation. Il est toutefois difficile de progresser véritablement dans ces domaines sans réformes du fédéralisme budgétaire.

  • La croissance de l’Autriche repose entre autres sur la qualité de son système éducatif. Celui-ci a longtemps permis à la main-d’oeuvre autrichienne d’acquérir des compétences professionnelles de qualité, mais il est aujourd’hui confronté à des défis majeurs. Les jeunes doivent posséder des compétences nouvelles, de plus haut niveau et de nature plus générale, qui sont nécessaires face à l’évolution des technologies, à la concurrence internationale et à la recherche d’une répartition plus équitable du capital humain. Le secteur éducatif a du mal à répondre à ces attentes. Le nouveau gouvernement prévoit des réformes ambitieuses dans le domaine de l’enseignement. Il est préconisé dans ce chapitre que les autorités mettent l’accent sur les domaines suivants : i) accroître les taux d’inscription dans les services d’éducation préscolaire dès trois ans, notamment des enfants issus de milieux défavorisés et de l’immigration; ii) supprimer l’orientation trop précoce des élèves dans l’enseignement obligatoire, en favorisant le développement des « nouveaux collèges » (Neue Mittelschule) récemment créés; iii) rationaliser les infrastructures scolaires actuelles, la taille des classes et le personnel enseignant, et réinvestir les ressources ainsi libérées en vue d’améliorer la qualité de l’enseignement; enfin, iv) permettre aux universités de sélectionner leurs étudiants et d’imposer des droits d’inscription, tout en évitant la ségrégation socio-économique grâce à un système complet de bourses et de prêts remboursables en fonction des revenus futurs.