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  • La famille est la pierre angulaire de la société et joue par ailleurs un rôle économique central, du fait des économies d’échelle qu’elle génère pour ses membres et de la production domestique qu’elle représente. Elle constitue un rouage essentiel de la solidarité et permet la redistribution des ressources (en espèces, en nature ou en temps) entre les individus, les ménages et les générations. Elle offre une protection et une assurance contre les difficultés de l’existence. Elle apporte identité, affection, soins et épanouissement, à ses membres et forme le coeur de nombreux réseaux sociaux.

  • Tous les pays membres de l’OCDE souhaitent aider les familles et donner aux parents plus de choix dans leurs décisions professionnelles et familiales, mais la nature des mesures de soutien mises en place et leur champ d’application sont extrêmement variables. Ces différences ont leurs racines dans l’histoire des pays, la façon dont ils envisagent la famille, le rôle de l’État et l’importance relative accordée à tel ou tel objectif de la politique familiale, comme par exemple concilier travail et vie de famille, aider les parents à avoir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent, encourager le travail des femmes, promouvoir l’égalité des sexes, lutter contre la pauvreté des enfants et des familles, accompagner le développement de l’enfant et améliorer globalement le bien-être des enfants à un âge précoce.

  • Les familles ont changé au cours des trente dernières années. Ce chapitre donne un aperçu des changements intervenus dans la constitution des familles, la structure des ménages, l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et le bien-être des enfants. La faiblesse persistante des taux de fécondité dans de nombreux pays de l’OCDE a entraîné une réduction de la taille des familles. Avec la diminution des mariages et l’augmentation des divorces, un nombre croissant d’enfants grandissent dans des familles monoparentales ou recomposées. L’incidence de la pauvreté parmi les familles monoparentales est particulièrement préoccupante. C’est dans les familles de chômeurs que le risque de pauvreté est le plus grand et dans les familles à deux apporteurs de revenus qu’il est le plus faible. L’amélioration importante du niveau d’études des femmes et des investissements publics dans des politiques plus favorables à la famille ont contribué à une montée en puissance de l’emploi des femmes et des mères mais les disparités de salaire hommes-femmes observées de longue date subsistent sur le marché du travail. Le taux accru d’activité des mères n’a eu qu’un impact limité sur le taux relatif de pauvreté des enfants car les ménages sans enfants ont enregistré des gains de revenus encore plus importants. Les indicateurs du bien-être des enfants ont évolué dans des directions différentes : le revenu moyen des familles a augmenté mais les taux de pauvreté des enfants sont aussi en hausse. Les jeunes sont plus souvent dans l’emploi ou l’éducation que par le passé alors que les résultats en matière de santé sont mitigés. Et les familles sont-elles globalement mieux loties? Certaines, sans aucun doute, mais un grand nombre d’autres se trouvent confrontées à des contraintes sérieuses lorsqu’elles cherchent à concilier aspirations professionnelles et familiales.

  • Dans les pays de l’OCDE, les dépenses publiques au titre des prestations familiales représentent, en moyenne, un dixième des dépenses sociales publiques nettes totales. Depuis le milieu des années 90, les dépenses au titre des prestations en nature (en particulier, des services de garde d’enfants) ont eu tendance à augmenter, tandis que les dépenses au titre des transferts monétaires ont été relativement stables, bien qu’ils restent la forme la plus importante de prestations familiales. C’est avant l’âge de trois ans, et le plus souvent immédiatement après la naissance, que les risques de pauvreté pour les familles ayant de jeunes enfants sont les plus élevés. Dans les deux tiers environ des pays de l’OCDE, certaines familles peuvent s’attendre à connaître un épisode profond ou persistant (deux années consécutives ou plus) de pauvreté si l’un des parents cesse de travailler. Un examen des dépenses en fonction de l’âge des enfants révèle également que dans bien des pays c’est aux dépenses d’éducation que l’on donne la priorité et que bien souvent ce sont les familles ayant de grands enfants qui en profitent le plus. Pendant la récente période de crise, les politiques familiales ont été revues à la hausse dans le cadre des plans de relance mais à présent que les pays s’engagent dans un processus d’assainissement budgétaire, les ressources destinées aux politiques familiales s’en trouvent également affectées.

  • Dans la plupart des pays de l’OCDE, les indicateurs conjoncturels de fécondité ont décliné régulièrement depuis la fin des années 60. Cependant, depuis la fin des années 90, on observe un rebond de la fécondité dans un grand nombre de pays. S’agit-il d’un phénomène temporaire ou d’un véritable tournant tendanciel ? Pour tenter de répondre à cette question, il importe de bien cerner les principaux déterminants des tendances de la fécondité et d’examiner comment ils ont évolué récemment. Dans un premier temps, ce chapitre examine les dynamiques en jeu : constitution de plus en plus tardive des familles, réduction de la taille des familles et choix de certaines personnes ne pas avoir d’enfants. Il examine ensuite les facteurs susceptibles d’avoir une influence sur les décisions de fécondité, notamment le coût direct des enfants (éducation et logement) et leur coût indirect en termes d’opportunités professionnelles sacrifiées, lesquelles dépendent du niveau d’études et de compétences. Les effets des fluctuations de la croissance économique sont également pris en considération. En matière de conclusion, le chapitre décrit certaines des initiatives de politique publique les plus prometteuses pour réduire le décalage entre fécondité souhaitée et fécondité réelle.

  • L’objet de ce chapitre est de montrer comment l’élaboration des politiques publiques en matière de congé parental et de garde des enfants, la flexibilité des pratiques au travail, la fiscalité et les régimes nationaux de prestations mais aussi les structures d’incitation financière peuvent affecter la décision des parents de prendre un emploi rémunéré. Si le congé rémunéré est trop court, il se peut que les mères ne soient pas prêtes à reprendre le travail et qu’elles sortent de la population active. S’il est trop long, il y a un risque de dégradation des compétences et une absence prolongée de travail rémunéré peut rendre le retour difficile. À l’aide de données sur la réforme du congé parental, ce chapitre examine les effets globaux sur l’offre de main-d’oeuvre féminine de 40 années de modifications du congé parental. Il examine également la manière dont les politiques publiques utilisent les dispositifs du congé parental pour promouvoir une plus grande équité hommes-femmes dans la prise de ce congé. Les contraintes liées à la garde des enfants jouent un rôle important dans les décisions de travail des parents. Les variations d’un pays à l’autre du taux de fréquentation des structures d’accueil par les jeunes enfants (0-2 ans) tendent à être liées au degré de financement public de ces services. Le prix de la garde des enfants est également un élément important et dans certains pays il n’est pas rentable de travailler lorsqu’on prend en compte les frais de garde d’enfants. Ce chapitre donne également un aperçu des pratiques de flexibilité au travail, telles que les mesures visant à faciliter l’apport de soins, les horaires à la carte, les comptes épargne temps et les droits légaux à modifier ses horaires de travail.

  • Malgré la hausse du revenu familial moyen, la pauvreté des enfants s’est aggravée au cours des trois dernières décennies. À l’heure actuelle, plus d’un enfant sur dix vit dans la pauvreté dans les pays de l’OCDE. Au-delà de cet aspect, les taux de mortalité infantile déclinent et la proportion d’enfants pesant moins de 2.5 kilogrammes à la naissance augmente. En outre, les inégalités sur le plan de la santé, de l’éducation et du bien-être matériel laissent craindre que des enfants ne soient laissés pour compte dans plusieurs pays de l’OCDE. Davantage de mères ayant de jeunes enfants exercent un emploi rémunéré de nos jours que par le passé. C’est un vieux débat que de savoir si l’emploi maternel a des effets négatifs sur le développement de l’enfant. Ce chapitre fait oeuvre pionnière en présentant les conclusions d’une série d’études sur données de panel ayant examiné les résultats des enfants à l’aune de plusieurs indicateurs de développement dans différents pays de l’OCDE, pour tenter de répondre à la question suivante : à quel moment est-il souhaitable que les mères reprennent le travail ? Les données disponibles portent à croire que le retour des mères à l’emploi rémunéré dans les six mois qui suivent la naissance peut avoir des effets négatifs sur les résultats de l’enfant, mais que ces effets sont restreints et peuvent, dans certaines circonstances, être contrebalancés par les effets positifs liés à la hausse du revenu familial. Les résultats mis en exergue par la littérature concernant les effets des politiques de congé parental sur le bien-être des enfants sont mitigés, et l’analyse comparative de ce chapitre ne met aussi en évidence aucun effet positif ou négatif significatif des réformes du congé parental sur le bien-être des enfants.

  • Dans les pays de l’OCDE, le profil des familles monoparentales change. Il y a beaucoup plus de parents isolés qui travaillent qu’auparavant ; leurs familles sont plus petites qu’il y a une génération et leurs enfants sont en moyenne plus âgés. Néanmoins, les familles monoparentales restent plus exposées au risque de pauvreté que les autres catégories de ménages avec enfants. Les mesures ciblées spécifiquement sur les familles monoparentales peuvent être d’une aide utile, mais leurs résultats sur le plan de l’activité économique et de la pauvreté dépendent de la capacité des pays à traiter les parents isolés comme n’importe quelle autre catégorie de parent tout en leur offrant un soutien à la mesure des difficultés qu’ils rencontrent pour concilier travail et obligations familiales. L’adoption de ce type de politique générale et « active » peut contribuer à réduire la dépendance à l’égard des prestations, même dans les cas où les parents isolés à faible revenu ont peu d’incitations financières à travailler. Dans les pays de l’OCDE, une proportion considérable d’enfants est éligible aux prestations de pension alimentaire pour enfant. Les politiques en la matière peuvent largement contribuer à améliorer le bien-être des familles monoparentales, et dans certains pays, elles réduisent sensiblement le risque de pauvreté auquel sont exposés les enfants vivant dans ces familles.

  • La maltraitance envers les enfants n’a pas reçu la même attention que d’autres aspects du bien-être des enfants dans les études comparatives internationales. Néanmoins, le peu de données internationales comparables laisse penser que ce phénomène touche une minorité restreinte mais significative d’enfants, et qu’il en résulte des dommages sociaux et psychologiques considérables, ainsi que des coûts économiques pour les individus et la société dans son ensemble. Ce chapitre se propose de faire le point sur ce que l’on sait des déterminants et des conséquences économiques de la maltraitance envers les enfants dans les pays de l’OCDE. Il examine les relations entre la maltraitance et d’autres indicateurs de résultats sociaux importants et, pour autant que les informations soient disponibles, compare et met en balance les politiques et interventions programmatiques des différents pays.