Table of Contents

  • La Norvège a mieux surmonté la crise financière que la plupart des autres pays de l’OCDE, enregistrant une récession moins prononcée et une moindre augmentation du chômage, dont le taux est probablement resté inférieur à 4 %. Sa situation budgétaire favorable lui a permis de stimuler massivement l’activité, tout en réduisant fortement les taux d’intérêt et en fournissant d’amples liquidités à l’économie. Le principal enjeu est maintenant de démanteler les mesures de soutien exceptionnelles suffisamment tôt pour éviter une surchauffe. L’engagement résolu de la Norvège en faveur d’objectifs de croissance verte est louable, et la recherche d’une plus grande efficacité économique dans la réalisation de ces objectifs doit être poursuivie.

  • La crise financière mondiale a eu des effets moins graves en Norvège que dans beaucoup d’autres pays de l’OCDE. La récession a été moins prononcée qu’ailleurs et la demande de consommation s’est assez rapidement redressée. Cette reprise relativement rapide et vigoureuse est imputable à plusieurs facteurs. Le dynamisme de la demande des ménages et l’effet direct de la croissance des dépenses publiques ont contribué de manière essentielle à soutenir la demande, tandis que le rebond des prix du pétrole a étayé l’investissement dans le secteur pétrolier. Au regard des chiffres antérieurs, le taux de chômage a sensiblement augmenté en Norvège, mais il ne devrait toutefois pas dépasser 4 %, avant de s’inscrire à nouveau en baisse à mesure que le mouvement de reprise s’accentuera. On table pour cette année sur une croissance soutenue de l’économie de la Norvège continentale, qui devrait se renforcer quelque peu en 2011. Dans un contexte d’incertitude mondiale, des risques de divergence à la baisse par rapport aux prévisions subsistent toutefois, tant pour l’économie mondiale qu’en Norvège.

  • L’économie norvégienne a particulièrement bien résisté à la crise financière, confrontée à une récession relativement peu profonde et à une hausse modérée du chômage. Maintenant que la Norvège s’achemine vers une reprise qui s’annonce vigoureuse, les autorités doivent envisager le démantèlement des mesures extraordinaires prises en réponse à la crise. Les taux d’intérêt ont déjà été relevés, les mesures spéciales concernant la liquidité sont retirées progressivement et la politique monétaire va devoir prendre un tour encore plus restrictif au cours des deux années à venir. Le rythme du resserrement dépendra principalement de l’évolution de l’économie norvégienne et des perspectives de l’inflation. Les décideurs devront aussi continuer de prêter attention à l’évolution du marché de l’immobilier, stimulé par des taux d’intérêt peu élevés, et aux tendances du marché des changes, qui pourrait réagir au creusement des écarts de taux d’intérêt. Une consolidation budgétaire précoce réduirait la nécessité d’un resserrement monétaire et le risque correspondant d’appréciation du taux de change. Il est essentiel de maintenir le cadre budgétaire de base, qui s’articule autour de la « règle des 4 % », et de commencer bientôt à réduire le déficit structurel hors pétrole pour le ramener à un niveau conforme à cette règle. Le secteur financier norvégien a traversé la crise financière sans grands dommages. Dans le sillage de la crise, il importe de renforcer l’approche macro-prudentielle, en coordination avec les initiatives européennes et internationales. Il faut aussi obliger les banques à augmenter leurs fonds propres, en prévision d’éventuelles pertes dans l’avenir. Enfin, il convient de décourager les pratiques de crédit agressives des banques.

  • En dépit des revenus substantiels procurés par sa richesse en pétrole, la Norvège est confrontée à des défis budgétaires à long terme. Le nombre de personnes âgées (de 67 ans et plus) devrait presque doubler à l’horizon de 2060, de sorte que celles-ci représenteraient pas moins de 40 % de la population en âge de travailler. Comme cette catégorie de la population bénéficie de la plus grande part des transferts publics nets, les dépenses de l’État augmenteraient fortement en l’absence de réformes. Les autorités norvégiennes estiment actuellement qu’il y aura en 2060 un déséquilibre budgétaire à long terme, défini comme la différence entre le déficit structurel hors pétrole et le rendement attendu du fonds de pension de l’État, de quelque 6 % du PIB continental. Cela signifie que d’ici à 2060 des mesures budgétaires destinées à accroître les recettes ou à réduire les dépenses à raison de 6 % du PIB sont nécessaires pour assurer la viabilité des finances publiques. Ces estimations sont entachées d’incertitudes et reposent sur un certain nombre d’hypothèses schématiques; mais, prises au pied de la lettre, elles montrent la nécessité d’importants changements de politique économique pour éviter une aggravation indésirable de la pression fiscale. Achever la réforme des retraites et modifier les régimes d’invalidité et de longue maladie apporterait une contribution importante, parce que cette double réforme conditionne un taux de participation élevé à l’avenir. On soutient aussi dans ce chapitre qu’il existe de grandes possibilités inexploitées de fournir des services publics efficaces à moindre coût, notamment dans les domaines gérés par les communes, comme l’éducation et la santé, mais aussi en matière de dépenses fiscales.

  • Le développement durable occupe une place de premier plan dans l’élaboration de l’action publique en Norvège. Le pays doit une partie considérable de sa richesse à l’économie carbonée, mais il accorde la priorité aux objectifs de la Stratégie de l’OCDE pour une croissance verte et se considère comme un pionnier dans certains domaines. Partie intégrante de la documentation se rapportant au budget 2008, la stratégie de développement durable définissait les principes clés censés guider l’élaboration des politiques, ainsi qu’une série d’indicateurs quantitatifs destinés à donner une idée des progrès réalisés. L’importance qu’elle accorde à la préservation du capital naturel et au principe de précaution se reflète au demeurant dans les buts assignés à l’action publique en ce qui concerne le changement climatique et les pêches, deux domaines par ailleurs assez différents. Le recours à des instruments présentant un bon rapport coût-efficacité, dans l’optique d’atteindre les objectifs, est aussi au nombre des principes retenus. À beaucoup d’égards, la Norvège a en l’occurrence fait oeuvre de pionnière en créant très tôt une taxe sur le CO2 et des quotas individuels de pêche. Quoi qu’il en soit, certaines mesures empêchent ces instruments de jouer tout leur rôle. En effet, des secteurs importants sont exonérés du paiement de la taxe sur le CO2 et, pour l’instant, exclus du système d’échange de quotas d’émission, et la négociabilité des quotas de pêche est soumise à des restrictions. Le présent chapitre est consacré à ces questions. Il en ressort qu’il serait possible de prendre acte plus clairement de certains antagonismes potentiels entre objectifs de développement durable, et que la Norvège peut et devrait poursuivre plus résolument dans la voie des incitations économiques, qu’elle a contribué à ouvrir, de manière à favoriser la réalisation des objectifs de durabilité.