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  • Il était indiqué dans l’Étude de 2005 que les conditions fondamentales d’une croissance économique durable étaient globalement réunies. Cette évaluation demeure valide. L’environnement macroéconomique continue de s’améliorer : la politique budgétaire n’a pas dévié, la dette publique enregistre une baisse tendancielle en proportion du PIB depuis 2003, même si elle reste relativement élevée par rapport aux autres économies de marché émergentes, et l’inflation a été maintenue à son plus bas niveau depuis l’adoption du système de ciblage, en 1999, avec un ancrage solide autour de l’objectif actuel de 4.5 %. L’ajustement extérieur en cours rend l’économie de plus en plus résiliente face aux chocs externes et les prix des actifs se comportent bien malgré le resserrement actuel de la liquidité mondiale.

  • Les performances du Brésil en matière de croissance économique devraient probablement s’améliorer. La productivité a augmenté depuis la stabilisation macroéconomique du milieu des années 90, étayée par des réformes structurelles qui ont notamment pris la forme d’une libéralisation des échanges, des investissements et des marchés de produits. Néanmoins, il subsiste des distorsions macroéconomiques et structurelles, qui empêchent le Brésil de récolter pleinement les fruits de cette stabilisation en termes de gains de croissance. D’autres réformes structurelles seront donc nécessaires pour accroître le potentiel de croissance de l’économie dans une perspective de moyen à long terme, de manière à réduire l’écart de revenu entre le Brésil et les pays de la zone OCDE, qui s’est élargi. Les désordres macroéconomiques des années 80 et du début des années 90 sont les principaux responsables de cette baisse relative du niveau de vie. Trois grands enjeux de la politique économique sont mis en avant dans cette Étude : consolider l’ajustement macroéconomique, stimuler l’innovation dans le secteur des entreprises et améliorer l’utilisation de la main-d’oeuvre dans le secteur formel.

  • Le Brésil a remarquablement progressé ces dernières années vers la consolidation de la stabilité macroéconomique, condition indispensable d’une croissance durable. La politique monétaire continue de réagir promptement à l’évolution des perspectives d’inflation, ancrant ainsi les anticipations. La politique budgétaire a été guidée par des considérations relatives à la viabilité de la dette, dégageant des excédents primaires souvent supérieurs aux objectifs de fin d’année. Néanmoins, si le ratio dette publique/PIB a diminué, il demeure élevé, surtout en comparaison de ceux des autres économies de marché émergentes. La principale tâche macroéconomique à laquelle le Brésil doit s’atteler est par conséquent de réduire encore le niveau excessif de la dette publique tout en améliorant la qualité de l’ajustement budgétaire qui, jusqu’à présent, a résulté d’augmentations de recettes et non de compressions des engagements de dépenses. Pour ce faire, des mesures devront être prises afin d’enrayer la hausse des dépenses courantes, surtout au titre des pensions, de façon à pouvoir ensuite éliminer les distorsions et alléger la charge fiscale à moyen et long terme, une fois que le ratio dette/PIB aura été réduit de manière durable. Le contexte macroéconomique favorable, caractérisé par un recul de l’inflation et une amélioration des perspectives de croissance, paraît propice à une réforme visant à supprimer progressivement le crédit administré et à abaisser les niveaux de réserves obligatoires.

  • En matière de politique d’innovation, le principal enjeu pour le Brésil est d’encourager le secteur des entreprises à s’engager dans des activités innovantes génératrices de gains de productivité. À 1 % du PIB, les dépenses de R-D (publiques et privées) sont relativement faibles par rapport aux pays de l’OCDE, et elles sont surtout imputables au secteur public. La plupart des chercheurs travaillent dans les universités publiques et les organismes publics de recherche, et non dans le secteur des entreprises. Les indicateurs de performance, tels que le nombre de brevets déposés à l’étranger, donnent à penser que la situation pourrait être sensiblement améliorée. Les universités déposent de plus en plus de brevets et il faudrait faciliter cette évolution en assouplissant les règles qui restreignent le transfert et le partage des recettes tirées des droits de propriété intellectuelle entre les entreprises et les universités et établissements de recherche publics. La politique d’innovation commence à mettre l’accent sur les synergies potentielles entre la promotion de la recherche scientifique et technologique, le soutien à la R-D et la compétitivité commerciale. Pour parvenir à stimuler l’innovation dans les entreprises, il faudra compléter ces politiques par des mesures destinées à remédier à la pénurie de qualifications dans la population active, qui constitue l’un des principaux obstacles à l’innovation compte tenu notamment du retard de plus en plus sensible du Brésil vis-à-vis de la zone OCDE en matière d’enseignement supérieur.

  • Le taux d’activité est comparable à celui de la zone OCDE pour les hommes d’âge moyen, mais il est un peu plus bas chez les femmes et a tendance à baisser chez les jeunes, parallèlement aux progrès de la scolarisation. Le marché du travail est de plus en plus favorable aux travailleurs qualifiés et il est donc devenu particulièrement difficile pour ceux qui ne le sont pas de trouver un emploi. Le travail non déclaré est très répandu et les taux de rotation élevés, surtout pour les travailleurs peu qualifiés, ce qui a pour effet de décourager l’investissement dans la formation de la main-d’oeuvre et l’acquisition de qualifications liées à l’emploi, mais aussi de perpétuer les disparités de revenu. Pour les pouvoirs publics, le principal défi à relever est donc d’accroître l’utilisation de la main-d’oeuvre en luttant contre le travail non déclaré et en favorisant l’accumulation de capital humain dans l’emploi et hors emploi. Un environnement macroéconomique stable est un préalable indispensable pour faire reculer le chômage, mais le développement des mesures d’activation dans le cadre actuel de l’action gouvernementale paraît également souhaitable. Pour achever de combler l’écart d’activité entre les sexes, on pourrait encourager les femmes à travailler à temps plein en développant l’offre de services d’accueil et d’éducation préscolaire d’un coût abordable, tandis que pour atténuer la rotation de la main-d’oeuvre, il faudrait agir sur les incitations au départ négocié qui découlent actuellement du régime d’assurance contre la perte d’emploi (FGTS) en cas de licenciement abusif. Enfin, on valoriserait davantage les qualifications sur le marché grâce à la mise en place d’un système national de certification et on rendrait la formation professionnelle plus efficace et plus économique en introduisant davantage de concurrence dans les programmes existants.