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  • L’édition annuelle des Perspectives agricoles est élaborée conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations Unies. Les projections et les évaluations présentées dans le présent rapport sont le résultat d’une coopération étroite avec les experts nationaux des pays de l’OCDE et ceux de plusieurs pays non membres de l’OCDE, mettant à profit les connaissances et l’expertise de ce large groupe de collaborateurs. Un système de modélisation mis au point conjointement, sur la base des modèles Aglink de l’OCDE et Cosimo de la FAO, facilite la cohérence des projections.

  • Ces dernières années, l’agriculture a été sérieusement ébranlée par une série de bouleversements : prix du de pétrole atteignant un niveau record, fortes augmentations du prix des produits de base, peur pour la sécurité alimentaire et restrictions commerciales qui en résultent, sans parler de la récession économique mondiale la plus grave depuis les années 1930. Ce sont les pauvres, en particulier ceux des pays en développement, qui ont été touchés de plein fouet par ces bouleversements, si bien qu’aujourd’hui on estime à plus d’un milliard le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde. L’agriculture a fait preuve d’une remarquable capacité de résilience, en particulier dans la zone OCDE, qui s’est manifestée par une forte réaction de l’offre aux prix élevés et par une croissance continue quoique modérée de la demande pendant la crise. En 2010, la situation sur de nombreux marchés a retrouvé une certaine normalité (les conditions en 2010 apparaissent moins précaires) avec des productions et des prix qui renouent avec les niveaux historiques, une demande qui se ressaisit, mais toujours des préoccupations sur la volatilité des marchés.

  • Les Perspectives agricoles sont élaborées conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) située à Rome. Elles mettent à profit les connaissances spécialisées des deux organisations et des agences gouvernementales nationales sur les produits, les politiques et les pays, pour exprimer, à l’aide du modèle Aglink-Cosimo, un consensus sur l’évolution à plus long terme des principaux marchés mondiaux des produits de base. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais plutôt d’envisager un scénario conditionnel de ce qui est susceptible de survenir sur la base de certaines suppositions-clés relatives à l’environnement macroéconomique pour les dix prochaines années, de la poursuite des politiques agricoles et commerciales mondiales actuelles et de facteurs externes spécifiques. Les projections la production, la consommation, les stocks, les échanges et les prix des différents produits agricoles décrites et analysées dans le présent rapport couvrent la période 2010-2019.

  • La volatilité des prix suscite de plus en plus d’intérêt depuis l’augmentation rapide des prix des denrées alimentaires en 2007/08 et leur chute par la suite. Comme cela a été le cas durant les autres périodes où les prix ont fluctué rapidement, les répercussions ne sont pas les mêmes pour tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire. Il est clair que les producteurs (vendeurs) sont gagnants et les consommateurs (acheteurs – alimentation humaine ou animale) perdants lorsque les prix augmentent; la situation est inversée lorsque les prix baissent. Ces fluctuations de prix ont une incidence différente sur les producteurs et les consommateurs selon qu’ils se trouvent dans des pays développés ou non.

  • Au moment de l’établissement des Perspectives agricoles de cette année, la situation macroéconomique s’est considérablement améliorée par rapport à la même période de l’an passé. Le monde était alors plongé dans la récession économique la plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale, ce qui conduisait à revoir fréquemment à la baisse les perspectives économiques à court terme en raison de la tourmente persistante dont le secteur financier était la proie et qui se répercutait sur la sphère réelle de l’économie. Cependant, grâce aux interventions des gouvernements des principales économies, qui ont mis en place d’importants programmes de relance par voie budgétaire pour soutenir la demande intérieure, laissé filer les politiques monétaires qui ont permis de maintenir les taux d’intérêt à des niveaux très bas et de procéder à des injections massives de liquidités pour soutenir les secteurs bancaire et manufacturier, il a été possible de dissiper les craintes de voir la situation empirer davantage.

  • La récession économique a eu des conséquences directes sur les marchés des biocarburants. De mi-2008 à mi-2009, la baisse des prix de l’énergie a réduit les marges bénéficiaires des unités de production de biocarburants ce qui, associé à la crise financière a retardé les investissements privés dans le monde entier. À cela est venu s’ajouter une baisse des aides aux biocarburants dans certains pays et les inquiétudes qui pèsent sur la viabilité de la production de biocarburants ont contribué à ralentir le rythme d’expansion de la capacité industrielle du secteur. Les prix de l’éthanol et du biodiesel ont baissé respectivement de 6 % et 26 % en 2009 par rapport à leurs niveaux les plus hauts de 2008.

  • L’année 2009 a été marquée par un lent retour à une situation plus équilibrée sur les marchés des céréales. Les prix mondiaux qui avaient atteint l’année précédente des niveaux inhabituellement élevés, en raison des tensions observées sur les marchés, ont chuté à la suite d’une amélioration sensible de l’offre mondiale. La production céréalière de 2009, plus abondante que la moyenne et des stocks mondiaux importants, en particulier chez les plus gros exportateurs, ont fait baisser les prix internationaux des céréales et cette tendance se poursuit en 2010. L’indice FAO des prix des céréales s’est établi en moyenne à 174 points en 2009, en baisse de 27 % par rapport au record historique (en termes nominaux) de 239 points atteint en 2008.

  • Au cours de ces dernières années, des mouvements considérables ont interrompu la tendance historique à la stagnation des prix des graines oléagineuses, des huiles et des tourteaux, avec en particulier la hausse dramatique que ces trois groupes de produits ont connue en milieu d’année 2008. Cette hausse des prix a été entraînée par des tensions inhabituelles sur l’offre et la demande, par des répercussions des marchés céréaliers associés, enfin par l’importance grandissante des facteurs macroéconomiques ainsi que de la demande en biocarburants. Même si la hausse a été suivie d’une brusque baisse des prix vers la fin 2008, les prix des graines et des produits oléagineux ont dépassé depuis leurs niveaux d’avant la hausse générale.

  • Au début de la période visée par les Perspectives, le marché mondial du sucre connaît des turbulences et des sollicitations considérables. Confronté pour la deuxième année consécutive à un déficit mondial, il reste marqué par un écart important entre la consommation et la production qui a résulté en un très faible niveau des stocks. Les prix mondiaux du sucre, qui se sont fortement appréciés en réponse à la raréfaction de l’offre et à la progression des importations, ont atteint en février 2010 des sommets inégalés depuis 29 ans (graphique 7.1). Les prix sont par la suite redescendus aux niveaux antérieurs de la mi-2009, vues les perspectives d’amélioration de l’offre, particulièrement au Brésil. La période de pics de prix a été également marquée par une volatilité considérable de la surcote du sucre blanc. Pendant le deuxième semestre 2009, sous l’effet de craintes liées à la faiblesse des stocks et à l’étroitesse des disponibilités à l’exportation de sucre blanc, la surcote a rapidement progressé, atteignant en janvier 2010 plus de 146 USD/t, la plus forte marge nominale sucre brut/sucre blanc enregistrée depuis juillet 1995.

  • La récession économique déclenchée par la crise financière a durement touché le secteur de la viande. La baisse du pouvoir d’achat et les difficultés d’accès au crédit ont influé à la fois sur l’offre et la demande. Toutes les viandes ont été touchées bien que la viande de boeuf ait le plus souffert par rapport aux autres car les consommateurs ont porté leur préférence sur les morceaux de boeuf bon marché et sur d’autres sources meilleur marché de protéines animales. La crise économique a également accéléré les changements structurels dans le secteur de la viande comme l’attestent les nombreuses fusions et acquisitions enregistrées l’an passé dont la plus remarquée a été celle de Perdigao et Sadia qui ont formé la plus grande entreprise mondiale en valeur boursière, dans le domaine de la transformation de volaille. La structure découlant de cette crise, qui se caractérise par des économies d’échelle de plus en plus importantes, devrait accélérer la mondialisation du commerce de la viande, car les exploitations de grande taille tant dans la production que dans la commercialisation, sont mieux à même d’exploiter les opportunités de croissance de l’agroalimentaire mondial grâce à un plus gros portefeuille d’origines et de catégories de viandes. On prévoit en outre que les économies d’échelle développeront les capacités du secteur à gérer les risques par le biais d’une diversification spatiale et des produits carnés ainsi que par des opérations de couverture à terme sur les marchés de contrats à terme.

  • Les marchés mondiaux des produits laitiers ont connu ces dernières années des hausses et des baisses spectaculaires. Après une forte envolée des prix, la situation s’est inversée au cours de l’année 2008. La demande a diminué tandis que l’offre augmentait en réaction aux fortes incitations par les prix. Cette réaction a coïncidé avec le déclenchement de la crise économique mondiale et au début 2009 les prix ont chuté de moitié par rapport à leurs niveaux de la mi-2008. Les stocks de produits laitiers ont commencé à s’accumuler, surtout aux États-Unis et dans l’Union européenne. La chute dramatique des prix par rapport aux pointes de 2008 a ébranlé l’ensemble du secteur des produits laitiers. Dans de nombreux pays, la situation relativement meilleure du marché des années antérieures a entraîné un réexamen et une mobilisation de la stratégie à long terme du secteur (la Commission européenne a créé par exemple le Groupe d’experts de haut niveau sur le lait pour se pencher sur l’avenir à moyen et à long terme du secteur des produits laitiers, étant donné l’arrêt du système de quota en 2015).

  • Cette section apporte des informations sur les aspects méthodologiques de l’établissement des Perspectives agricoles présentées ici, qui sont traités successivement comme suit. Est tout d’abord donnée une description générale des projections de référence, ainsi que du rapport sur les Perspectives agricoles. La structuration, en un ensemble cohérent, des hypothèses faites pour les projections macroéconomiques est ensuite analysée plus en détail. Enfin, une troisième partie présente un élément important d’amélioration dans la modélisation pour l’établissement de ces Perspectives, en l’occurrence la représentation des coûts de production dans les équations d’offre du modèle.