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  • Le volume 3 de l’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire correspond à la troisième phase de cette étude commencée en septembre 2014. Au cours de cette dernière phase, la collaboration entre le Centre de développement de l’OCDE et la Côte d’Ivoire a été renforcée. Une équipe multidisciplinaire de l’OCDE, composée d’experts de l’unité des Examens multidimensionnels par pays, accompagnée d’un expert en infrastructures, a travaillé en partenariat étroit avec la Primature de la Côte d’Ivoire pour la rédaction de ce rapport. Les experts ont été activement soutenus par une équipe de liaison ivoirienne qui a facilité l’organisation de la mission du 21 au 30 septembre 2015 et a fourni l’accès à de nombreux documents nationaux et données figurant dans ce rapport. Une équipe d’experts ivoiriens de haut niveau s’est également rendue à Paris du 12 au 19 novembre 2015 pour travailler avec les experts de l’OCDE.

  • L’histoire de la Côte d’Ivoire montre que la croissance économique passée n’a pas été suffisamment durable pour permettre au pays d’atteindre l’émergence. La forte croissance économique de la période du miracle ivoirien (1960-80) a été suivie d’un long déclin. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Côte d’Ivoire a doublé entre l’indépendance, en 1960, et la fin des années 70. Cependant, quinze ans plus tard, au milieu des années 90, il est redescendu à son niveau de 1960 pour ne plus guère en bouger jusqu’au redécollage récent.

  • Ce chapitre présente une synthèse des résultats des trois volumes de l’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire vise l’émergence en 2020, ce qui nécessite de fixer des objectifs ambitieux, d’éviter les erreurs du passé et de construire des bases de développement solides. Le développement économique reposera sur un modèle économique équilibré pour une croissance inclusive et durable, en tablant sur une transformation structurelle générant emplois et valeur ajoutée additionnels. Par ailleurs, de meilleures coopération et intégration régionales joueront un rôle capital pour la bonne réalisation des opportunités à travers tous les secteurs. L’émergence nécessitera également des infrastructures performantes et durables, et un meilleur accès au financement. La main-d’œuvre devra bénéficier d’une éducation de qualité et de compétences adaptées. Une politique fiscale bien adaptée au financement de biens et services publics de qualité sera une condition préalable.

  • Pour atteindre l’émergence, la Côte d’Ivoire devra évoluer vers une structure économique génératrice de croissance et créatrice d’emplois pour la population, mettant en avant toutes les régions du pays. Ceci nécessitera une diversification des activités économiques, en tablant sur les avantages comparatifs existants, par exemple dans la transformation des produits agricoles. Un secteur des services dynamique et plus professionnel pourra soutenir le développement des autres secteurs, tout en contribuant directement à la croissance et au développement des petites et moyennes entreprises (PME). La compétitivité repose sur un climat des investissements incitatif, des normes et standards de qualité valorisés, ainsi qu’une concurrence dynamique. Pour conquérir des marchés étrangers, le pays devra faciliter les échanges, notamment l’intégration régionale. Enfin, un régime foncier qui réalise tout son potentiel économique pourra contribuer au développement.

  • Pour devenir une économie émergente, la Côte d’Ivoire doit renforcer ses infrastructures, tant au niveau de leur quantité que de leurs performances. L’accès aux infrastructures clés, telles que l’électricité, les transports et les télécommunications, n’est pas encore généralisé pour l’ensemble de la population, ce qui pénalise la croissance ainsi que le développement économique. De plus, les coûts de certains services qui reposent sur les infrastructures économiques, notamment les transports et les télécommunications, sont élevés par rapport à d’autres pays émergents ou par rapport au revenu moyen des ménages, pesant ainsi sur la compétitivité de l’économie ivoirienne. Enfin, l’émergence n’étant qu’une étape dans un processus de développement, la Côte d’Ivoire devra veiller à la soutenabilité à long terme de ses investissements en infrastructures, tant sur le plan des finances publiques que sur celui de l’environnement.

  • Le développement de l’économie ivoirienne est entravé par des contraintes de financement. Pour que les entreprises et les individus aient plus facilement accès aux financements, les crédits bancaires doivent augmenter et des solutions de financement alternatives doivent être développées. La réduction du risque de crédit et l’amélioration du fonctionnement du système de garantie permettront de diminuer les coûts d’intermédiation financière et, par là-même, de faciliter l’octroi de crédit. De même, pour développer un système financier répondant aux exigences de l’émergence, le volume des fonds prêtables devra être accru et leur maturité rallongée. Dans ce contexte, la problématique de l’inclusion financière prend une place de première importance.

  • Le capital humain en Côte d’Ivoire a bénéficié de nombreux investissements par le passé, qui ont permis de répondre aux besoins immédiats de l’économie. Aujourd’hui, il représente une contrainte croissante pour la transformation économique. Le gouvernement mène de nombreux efforts pour élargir l’accès à l’éducation, ce qui se traduit par des résultats immédiats, mais trois domaines doivent encore faire l’objet d’attention de la part des politiques. Tout d’abord, la qualité de l’enseignement doit être améliorée, grâce à de meilleures formations initiale et continue pour les enseignants. Dans le même temps, l’enseignement technique et professionnel doit mieux répondre aux besoins du monde du travail, grâce à la plus forte participation des employeurs dans le développement et l’enseignement des programmes. Enfin, les capacités des travailleurs doivent pouvoir être certifiées en fonction de leurs compétences, plutôt que sur la base des cours auxquels ils ont assisté.

  • Le système fiscal de la Côte d’Ivoire doit évoluer en profondeur pour favoriser la réalisation des objectifs de développement et de transformation économique. La Côte d’Ivoire ne pourra pas se contenter de réformes partielles, elle a besoin d’une réforme fiscale complète et adaptée à son contexte pour arriver à un bon équilibre d’imposition, à la fois générateur de revenus et incitatif pour les contribuables. Une stratégie axée sur deux piliers, la limitation progressive des droits de douanes et la valorisation des autres taxes, notamment de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), sera clé. Des réformes fondamentales et transversales devraient aussi conduire à une fiscalité simplifiée et renforcée, avec moins d’exonérations, et des procédures de l’administration fiscale plus modernes. Ceci permettra de développer une administration fiscale efficace, compétente et transparente, pour améliorer la confiance des contribuables et lutter contre la fraude fiscale.

  • Ce chapitre présente les contraintes transversales et conditions préalables pour mettre en œuvre les réformes envisagées, et accélérer la marche vers l’émergence. Il propose la création d’une unité de haut niveau chargée de la mise en œuvre des réformes et du pilotage du changement, et présente des éléments importants pour le soutien des réformes : la communication, la coordination et le suivi. L’émergence doit être le fruit d’un consensus porté par les plus hauts responsables politiques et être communiquée à tous les acteurs ivoiriens, y compris dans le secteur privé. Par ailleurs, dans la mesure où la plupart des réformes proposées nécessitent la collaboration de multiples acteurs, le gouvernement doit veiller à la bonne collaboration des organismes publics. Enfin, toute transformation économique réussie repose sur de solides mécanismes de suivi et d’évaluation des réformes. Un tableau d’indicateurs adaptés à l’émergence de la Côte d’Ivoire est donc proposé.

  • L’économie ivoirienne devra évoluer vers une structure plus avancée avec un plus grand potentiel de création d’emplois afin d’atteindre l’émergence. Alors que les secteurs de l’industrie et des services représentent une part importante de l’économie ivoirienne, la majorité des Ivoiriens travaillent toujours dans l’agriculture, dont les performances peinent à évoluer rapidement. Il sera essentiel d’évoluer vers : i) des activités industrielles avec un plus grand potentiel de création d’emplois et de valeur ajoutée, telles que la manufacture de produits plus complexes ; et ii) de mieux exploiter le potentiel des activités de services à travers la formalisation et la professionnalisation.