Pour comprendre la situation actuelle en matière d’insertion des immigrés sur le marché du travail allemand, il convient de s’imprégner de l’histoire de l’immigration dans le pays. Pendant l’essor économique de l’après-guerre et jusqu’en 1973, l’Allemagne a privilégié le recrutement de main-d’oeuvre étrangère faiblement qualifiée. Un grand nombre de ces « travailleurs invités » se sont installés et ont été rejoints par leur conjoint étranger, ce qui a donné naissance à une deuxième génération d’immigrés. A la fin des années 80 et au début des années 90, l’Allemagne a accueilli des flux massifs d’Allemands de souche provenant d’Europe orientale. Peu après la crête de cette vague d’immigration, le pays a reçu de très nombreux migrants pour raisons humanitaires. Les statistiques allemandes établissent des distinctions uniquement en fonction de la nationalité, ce qui gêne pour évaluer la situation. En effet, elles ne tiennent pas compte des Allemands de souche, qui possèdent la nationalité allemande et constituent aujourd’hui le groupe d’immigrés le plus important, alors qu’ils se heurtent à des difficultés analogues à celles rencontrées par d’autres groupes de migrants. La difficulté d’évaluation que crée cette distinction sur la base de la nationalité se trouve renforcée par le fait que les immigrés qui n’étaient pas de souche allemande ont été de plus en plus nombreux à obtenir leur naturalisation à l’issue d’un processus sélectif. Nous aurions manifestement besoin de statistiques fondées sur le pays de naissance...