France

Place du tourisme dans l’économie

Le tourisme joue un rôle majeur dans l’économie française. Le segment de l’hébergement et de la restauration, qui constitue la plus grosse part du secteur du tourisme, représente entre 2.5 % et 3 % du PIB, et le tourisme a des retombées dans d’autres secteurs, tels ceux des transports et des loisirs. Ainsi, le volume total de la consommation du tourisme intérieur, qui correspond à la somme des dépenses liées au tourisme effectuées tant par des résidents français que par des non-résidents, représente environ 7.5 % du PIB (5 % pour les résidents, 2.5 % pour les non-résidents).

On dénombre plus de deux millions d’emplois directs et indirects liés au tourisme. Ce secteur est parmi les premiers contributeurs à la balance de paiements. Toutefois, entre 2015 et 2016, la différence existant entre les dépenses des touristes étrangers en France et les dépenses des touristes français à l’étranger s’est réduite, passant de 5 milliards EUR à 1.8 milliard EUR. Ce résultat inhabituel et décevant peut s’expliquer par les répercussions négatives des épisodes terroristes de 2015 et 2016.

Les niveaux d’occupation ont également subi temporairement les effets des attentats terroristes perpétrés tant en France que dans les pays voisins. Ceux des hébergements commerciaux de groupe en France métropolitaine ont reculé de 1.3 %. La baisse a été particulièrement marquée parmi les visiteurs étrangers (-5.1 % en 2016), l’impact négatif le plus fort concernant des marchés d’Asie. Ce recul a été en partie compensé par les voyages internes : les séjours des résidents avec nuitée(s) ont augmenté de 0.5 % entre 2015 et 2016.

Les arrivées internationales en France métropolitaine ont reculé de 2.2 % pour s’établir à 82.6 millions en 2016, après plusieurs années de croissance régulière. La France n’en reste pas moins la première destination touristique mondiale. Quelque 40 % des arrivées internationales ont pour origine le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Belgique.

2017 devrait être une année de solide reprise pour le secteur du tourisme en France. Les statistiques d’occupation pour les trois premiers trimestres de 2017 ont été très positives.

Gouvernance et financement du tourisme

Depuis 2014, la responsabilité de la stratégie des pouvoirs publics en matière de tourisme incombe à la fois au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qui assure la promotion à l’étranger de la France en tant que destination touristique, et au ministère de l’Économie et des Finances, qui est responsable du cadre réglementaire et de l’accès aux vacances. Les administrations publiques responsables sont la Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement, et la Direction générale des entreprises (DGE). Depuis juillet 2016, le Comité interministériel du tourisme (CIT) se réunit régulièrement sous l’autorité du Premier ministre.

La mise en œuvre des politiques fait également intervenir deux agences contrôlées par l’État. Atout France, qui est chargée de développer le secteur du tourisme en France et de promouvoir la destination à l’étranger, a vu le jour en tant que groupement d’intérêt économique (GIE) pour plus de souplesse dans l’exercice de ses missions et la mobilisation des financements. Son budget est de plus de 70 millions EUR, dont environ la moitié est constituée d’une dotation de l’État versée par le ministère des Affaires étrangères depuis 2015. L’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV), quant à elle, a pour mission d’élargir l’accès aux vacances.

Plusieurs échelons de l’administration régionale et locale assument ensemble la promotion du tourisme. Chaque région met au point un schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) qui définit des objectifs à moyen terme pour le développement du tourisme régional et détermine les modalités de la mise en œuvre des politiques (encadré 1.2).

Le tourisme tire également profit, de manière indirecte, des dépenses consacrées par l’État à d’autres domaines d’action, notamment la culture et le patrimoine (musées, rénovation de monuments historiques, etc.), les infrastructures de transport et l’environnement. Les ressources financières totales affectées aux politiques liées au tourisme se montent à environ 2 milliards EUR (somme estimée et présentée dans un document de politique transversale relatif au tourisme, joint en annexe au projet de la loi budgétaire annuelle).

France : Organigramme des organismes de tourisme
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Source : OCDE, d’après la Direction générale des entreprises, 2018.

Politiques et programmes liés au tourisme

La France, en dépit de ses ressources naturelles et culturelles et quoique réputée pour sa le dynamisme de sa créativité artistique, est confrontée à la concurrence croissante d’autres destinations. Une proportion élevée de touristes internationaux ne se rend que dans trois régions françaises jouissant d’une notoriété particulière à l’étranger : la région du Grand Paris, la Côte d’Azur et les stations de ski de la région Rhône-Alpes. Il est nécessaire d’aménager l’offre touristique française et de promouvoir sa diversité. Lors de la réunion du CIT en juillet 2017, les pouvoirs publics ont fait part de leur intention de centrer leur action sur six domaines clés :

  • La qualité de service et la sécurité des sites, pour assurer la satisfaction des touristes et les fidéliser. Des ingrédients essentiels de cette stratégie seront notamment une délivrance de visas plus rapide et la modernisation et la promotion de la marque Qualité Tourisme™.

  • La coordination de l’offre touristique, afin d’attirer un plus grand nombre de touristes partout en France, y compris dans ses territoires d’outre-mer. Les facteurs essentiels sont notamment la restructuration de segments et de niches, comme le tourisme fluvial, et la poursuite de la politique des « contrats de destination » qui réunissent tous les acteurs participant à une offre unique locale.

  • Le soutien de l’État sous forme d’investissements, pour améliorer la qualité de l’offre et encourager une meilleure accessibilité. Pour ce faire, un meilleur déploiement du fonds « France développement tourisme » sera nécessaire.

  • La formation et l’emploi, qui sont fondamentaux pour la qualité de l’offre de services et très importants pour la lutte contre le chômage.

  • Le soutien au développement du numérique et au partage d’informations, pour accroître la compétitivité mondiale du secteur du tourisme. Les éléments clés sont notamment le développement du projet DATAtourisme pour l’ouverture des données, le soutien au réseau d’incubateurs France Tourisme Lab et la modernisation de l’observatoire économique Veille Info Tourisme.

  • La promotion de l’accès aux vacances, en particulier pour les familles, les seniors et les personnes en situation de handicap, représente tant un objectif social qu’un facteur d’amélioration de la compétitivité des destinations. L’accroissement de l’accessibilité passera par la modernisation et le remaniement des marques « Tourisme et Handicap » et « Destination pour tous » (encadré 1.17).

Plusieurs projets prioritaires ont été lancés lors de cette réunion, notamment pour délivrer des visas en 48 heures pour 10 nouveaux pays d’ici juin 2018 ; réduire la durée des contrôles aux frontières aéroportuaires à 30 minutes pour les ressortissants de l’UE et à 45 minutes pour toutes les autres arrivées à compter du 1er janvier 2018 ; et mettre en place un programme d’entretien des autoroutes entre les aéroports dans la région du Grand Paris et la capitale.

Le CIT a également adopté une nouvelle forme de gouvernance définissant une méthode pour la coordination interministérielle. Des réunions régulières doivent être programmées sur plusieurs années, avec des points de l’ordre du jour prédéfinis, comme la rénovation de l’immobilier de loisir et le financement d’activités de promotion. Ces discussions à haut niveau permettront aux administrations concernées de réaliser des travaux préparatoires approfondis qui conduiront à la mise en œuvre de mesures concrètes.

Trois mesures prises par les pouvoirs publics illustrent la priorité donnée au tourisme :

  • À la suite des récents attentats terroristes, le ministre des Affaires étrangères a convoqué deux réunions d’urgence pour le tourisme (juillet et septembre 2016), qui ont permis aux professionnels du secteur de faire part de leurs inquiétudes et de leurs attentes. Après la deuxième réunion, les pouvoirs publics ont débloqué 10 millions EUR de financement spécial pour accélérer les activités de promotion d’Atout France – à qui il a été demandé de fournir une somme à peu près correspondante en sollicitant d’autres sources. Ce plan d’urgence a été préparé fin 2016 et exécuté courant 2017, et ces efforts expliquent en partie la reprise enregistrée en 2017.

  • Une forme innovante d’intervention de l’État, les « contrats de destination », qui sont conçus pour mobiliser des acteurs publics et privés dans un territoire donné autour de thèmes motivants, dans le but de créer et de promouvoir une offre attrayante et lisible pour des publics nationaux et internationaux. Chaque contrat de destination définit l’engagement des autorités publiques et des acteurs touristiques institutionnels et privés vis-à-vis d’une stratégie touristique commune, par des actions centrées sur l’attractivité de l’offre, la qualité de service et la promotion et ciblant les marchés internationaux. Les contrats de destination unissent les stratégies touristiques locale et nationale. L’investissement d’argent public est modeste, mais a un effet d’entraînement positif sur les contributions des autres acteurs, créant ainsi un effet de levier considérable. Vingt-deux contrats de destination ont été sélectionnés à la suite d’appels à projets lancés en octobre 2014 et juin 2015.

  • Mettre au point des réponses réglementaires adaptées à l’utilisation accrue des plateformes numériques, et en particulier celles dédiées à l’hébergement touristique. L’hébergement chez des particuliers constitue désormais une part très importante de l’offre nationale, en particulier dans les villes. Afin de ne pas gêner le développement d’une nouvelle économie dynamique des locations touristiques meublées, tout en garantissant une saine concurrence avec le secteur hôtelier et en renforçant la responsabilisation des plateformes numériques, la France a choisi d’adopter une approche réglementaire. Deux mesures, l’article 51 de la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique et le décret du 28 avril 2017 sur la déclaration de certaines locations meublées dans des zones de tensions sur le logement, visent à trouver un juste milieu entre les différents intérêts en jeu et à clarifier les obligations fiscales et sociales des acteurs dans l’économie du partage des locations meublées.

Diversifier l’offre touristique en France en mettant l’accent sur les marchés de niche

En stimulant des réseaux de niche et avec un investissement financier limité, l’État peut contribuer à la structuration et à la diversification de l’offre touristique. Par exemple, l’expansion du cyclotourisme a été soutenue par le développement du site internet www.francevelotourisme.com, et par la marque « Accueil Vélo » qui est accordée aux structures d’hébergement, aux offices de tourisme, aux sociétés de location de vélos et aux sites équipés qui accueillent les visiteurs à vélo et satisfont à des critères précis. Le tourisme œnologique est aussi reconnu comme une filière susceptible de contribuer de façon non négligeable au développement du tourisme rural en France. Les activités touristiques autour des routes des vins sont en train de se diversifier. Le label « Vignobles & Découvertes », lancé par les ministres en charge du tourisme et de l’agriculture, est attribué aux territoires structurés autour de la découverte de vignobles remarquables, dans le but d’offrir une plus grande accessibilité aux clients et davantage de visibilité à la destination. À ce jour, 67 destinations arborent le label. Atout France a créé un site d’information dédié au tourisme œnologique (www.visitfrenchwine.com).

Profil statistique

Tableau 1. France : Tourisme interne, récepteur et émetteur

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 StatLink https://doi.org/10.1787/888933715759

Tableau 2. France : Entreprises et emploi dans le tourisme

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 StatLink https://doi.org/10.1787/888933715778

Tableau 3. France : Consommation du tourisme intérieur
Millions EUR

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 StatLink https://doi.org/10.1787/888933715797