2. Mobilité des scientifiques

Flux bilatéraux internationaux d’auteurs scientifiques, 1996-2013
Grands flux bilatéraux, par première et dernière affiliation principale répertoriée
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Source : Calculs de l’OCDE, à partir de la base Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2015, http://oe.cd/scientometrics, juin 2015. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre.

 https://doi.org/10.1787/888933311954

La mobilité des scientifiques favorise la diffusion et la circulation des connaissances. L’une des solutions pour étudier la mobilité des auteurs de publications consiste à observer les différents établissements d’affiliation mentionnés dans les articles parus dans les revues spécialisées. Cette approche montre qu’au cours de la période 1996-2013, les neuf plus grands flux bilatéraux internationaux de scientifiques impliquaient les États-Unis. Si les entrées totales dans ce pays dépassent les sorties, on dénombre plus de scientifiques qui commencent à publier aux États-Unis, puis s’orientent vers des établissements en Chine et en Corée, que l’inverse. Le Royaume-Uni arrive en deuxième position en termes de flux. Hors pays anglophones, le flux dominant concerne les chercheurs qui quittent l’Allemagne pour rejoindre des établissements en Suisse.

En 2013, les auteurs établis en Suisse affichaient les taux de mobilité (en termes de flux entrants et sortants) les plus élevés au sein de la zone OCDE. Autre constat, les schémas de mobilité varient selon les économies. Par exemple, en Italie et en Israël, la majorité des entrants sont en réalité des réentrants (c’est-à-dire des chercheurs de retour dans leur pays de départ). Au contraire, en Suisse, la plupart des chercheurs affichant une mobilité internationale sont de nouveaux arrivants.

À quelques exceptions près, les scientifiques qui ne changent pas d’établissement de rattachement (résidents) sont davantage susceptibles de publier dans des revues de moindre notoriété. Dans les pays qui enregistrent des valeurs d’impact de citation médianes inférieures, les scientifiques sortants tendent à être associés à des publications mieux cotées que leurs homologues résidents ou réentrants. Dans le cas des États-Unis, les scientifiques qui quittent le pays affichent des valeurs d’impact sensiblement inférieures. Les valeurs médianes des chercheurs entrants restent supérieures à celles des chercheurs qui sont restés dans le pays.

Définitions

Les auteurs scientifiques sont référencés dans la base de données Scopus des revues à comité de lecture, et associés à un identifiant d’auteur unique, attribué par Elsevier. La mobilité internationale est déterminée pour les auteurs ayant publié au moins deux articles au cours de la période de référence, sur la base des changements d’affiliation et de l’ordre de publication. Les résidents sont les scientifiques dont le pays d’affiliation reste le même au cours de la période de référence. Les réentrants sont les auteurs qui sont de retour dans le pays de leur première affiliation ; c’est ce qui les distingue des nouveaux arrivants. Les sortants sont évalués à partir de leur affiliation au début de la période de référence.

L’impact scientifique est estimé à l’aide d’une mesure indirecte obtenue en calculant la valeur d’impact SJR médiane pour chaque auteur et profil de mobilité. L’indicateur SJR mesure l’influence scientifique des revues spécialisées en tenant compte à la fois du nombre de citations dont elles ont bénéficié et de l’importance, ou de la notoriété, des revues dans lesquelles ces citations paraissent. Il s’agit là d’une variante de la mesure de centralité de vecteur propre utilisée dans la théorie des réseaux (González-Pereira et al., 2010).

Mobilité internationale des auteurs scientifiques, 2013
En pourcentage des auteurs, par dernière affiliation principale répertoriée en 2013
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Source : Calculs de l’OCDE, d’après la base Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2015, http://oe.cd/scientometrics, juin 2015. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre.

 https://doi.org/10.1787/888933311962

Impact attendu des citations des auteurs scientifiques, par profil de mobilité, 2013
Valeurs Scimago Journal Rank (SJR) médianes pour 2013
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Source : Calculs de l’OCDE, d’après la base Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2015 ; et la liste des titres de revues Scopus, mai 2015, http://oe.cd/scientometrics, juin 2015. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre.

 https://doi.org/10.1787/888933311971

Mesurabilité

Élaborés à l’origine par Elsevier (2011), les indicateurs bibliométriques donnent des informations complémentaires sur la mobilité internationale des chercheurs ; ils sont toutefois expérimentaux, et doivent, à ce titre, être interprétés avec prudence (Moed et al., 2013). Les données sur la mobilité sont moins précises pour les auteurs qui sont moins prolifiques, ou qui intègrent ou quittent des fonctions non universitaires. Il arrive que les affiliations à des établissements soient enregistrées après un certain délai et ne reflètent pas le lieu où la recherche a été menée. Qui plus est, elles peuvent être multiples, ce qui nécessite un travail de désambiguïsation. En l’occurrence, les auteurs concernés ne sont pas omis des calculs, mais se voient associer un « pays principal » par document (si chaque pays représente un poids égal, on en choisit un aléatoirement). Il se peut qu’une telle approche conduise à une surévaluation des taux de mobilité totaux, mais des vérifications complémentaires confirment qu’elle n’altère pas la représentation du réseau international de mobilité, ni les principaux schémas qui en découlent. Une attribution non rigoureuse des identifiants aux auteurs peut également fausser les estimations de la mobilité, qui seront sous-évaluées si plusieurs identifiants sont affectés à une même personne, ou surévaluées si les personnes possèdent des noms courants. L’initiative ORCID (Open Researcher and Contributor ID) vise à attribuer des identifiants uniques susceptibles d’être associés aux résultats de recherche des chercheurs. Le réseau international de mobilité des scientifiques et ses principaux moteurs ont été analysés dans Appelt et al. (2015). Les résultats en termes de mobilité sont relativement constants quelle que soit la mesure de la notoriété des revues – SNIP ou SJR – (www.journalmetrics.com).