Allemagne

Le solde migratoire a fortement progressé ces dernières années, passant de 180 000 en 2010 à 680 000 en 2014. Il a cependant presque doublé en 2015, atteignant près de 1.2 million, en grande partie du fait de la forte augmentation des demandeurs d’asile en Allemagne. L’immigration humanitaire a reculé considérablement en 2016. Entre janvier et septembre 2016, les principaux pays d’origine des nouveaux immigrés originaires de l’Union européenne étaient la Roumanie (134 000), la Pologne (99 000) et la Bulgarie (51 000). Près de 80 % de l’ensemble des immigrés issus de l’UE et arrivés en Allemagne au cours de cette période venaient de pays de l’UE où les restrictions aux déplacements ont été levées en 2011 ou ultérieurement. Environ 51 000 citoyens croates, pour qui les restrictions aux déplacements ont été entièrement levées en juillet 2015, sont entrés dans le pays en 2015, contre 37 000 en 2014 et 40 000 entre janvier et septembre 2016.

Le nombre d’étudiants en mobilité internationale inscrits dans les universités allemandes a connu une croissance constante ces dernières années, atteignant le chiffre record de 250 000 sur le semestre d’hiver 2015/16. Les principaux pays d’origine étaient la Chine (13 %), l’Inde (5 %) et la Fédération de Russie (5 %).

En 2015, 82 400 personnes sont entrées en Allemagne au titre du regroupement familial, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2014. Les principaux pays d’origine étaient la Syrie (19 %), la Turquie (9 %) et la Fédération de Russie (6 %).

Selon le ministère de l’Intérieur, l’immigration de travailleurs originaires de pays tiers a augmenté de près de 4 % en 2015, pour atteindre 38 800 individus, dont environ 28 000 travailleurs hautement qualifiés. La même année, près de 6 800 personnes sont arrivées en Allemagne avec une carte bleue européenne, soit une augmentation de 30 % comparé à 2014.

En 2016, 722 000 premières demandes d’asile ont été déposées, contre 442 000 l’année précédente. Cette progression des demandes ne correspond toutefois pas à un flux plus important d’immigration humanitaire en 2016, mais laisse plutôt transparaître un décalage entre l’entrée des migrants dans le pays et le dépôt officiel d’une demande. À l’instar de 2015, le groupe de demandeurs le plus important était celui des ressortissants syriens (37 % de l’ensemble des demandeurs pour les deux années), suivi des ressortissants afghans (18 %) et irakiens (13 %). Le nombre de demandeurs issus des Balkans occidentaux, précédemment élevé, a fortement chuté en 2016.

Au total, 696 000 demandes d’asile ont été traitées, représentant une augmentation de plus de 146 % comparé à 2015 (283 000 demandes). Près de 37 % des demandeurs ont obtenu le statut de réfugié, tandis que 22 % se sont vu accorder une protection subsidiaire. En 2015, 49 % des demandeurs avaient reçu le statut de réfugié, alors que seulement 0.6 % s’était vu octroyer une protection subsidiaire. Depuis mars 2016, le regroupement familial pour les immigrés bénéficiant d’une protection subsidiaire n’est possible qu’après un délai de deux ans.

La loi sur l’intégration (Integrationsgesetz) est entrée en vigueur en août 2016. Elle vise à améliorer l’offre en termes de cours de langue et, sous certaines conditions, permet à des personnes bénéficiant d’un séjour « toléré » en formation professionnelle de rester dans le pays le temps de leur formation. Si elles trouvent un emploi à la suite de leur formation, elles bénéficient d’un titre de séjour de deux ans. Dans le cas contraire, elles disposent de six mois pour trouver du travail. De plus, dans la majorité des districts, le test du marché du travail (« vérification de priorité d’accès à l’emploi ») a été en partie interrompu pour les demandeurs d’asile et les personnes « tolérées ». La « vérification de priorité d’accès à l’emploi » évalue la personne la plus apte à occuper un poste déterminé entre un Allemand, un citoyen européen ou un ressortissant d’un pays tiers avec les mêmes droits d’accès à l’emploi et tous enregistrés comme demandeurs d’emploi. Néanmoins, l’Agence fédérale pour l’emploi vérifie toujours si les conditions de travail ne sont pas moins favorables que celles des travailleurs allemands comparables. L’interruption de la « vérification de priorité d’accès à l’emploi » estune mesure temporaire, limitée dans le temps jusqu’au 5 août 2019.

Les réfugiés doivent rester trois ans dans la région (Bundesland) où ils ont été assignés au cours de leur procédure d’asile. Cette restriction peut être levée lorsqu’ils trouvent un emploi, intègrent le système éducatif ou ont des membres de la famille proche dans une autre partie de l’Allemagne. La loi sur l’intégration permet également aux administrations régionales de voter des décrets-lois renforçant les restrictions portant sur le libre choix de la résidence au sein de chaque Land. Elles peuvent par exemple exiger que les immigrés humanitaires restent dans une commune déterminée ou un district donné. Ils peuvent aussi se voir interdire certaines zones pour s’installer, en particulier lorsque la proportion d’allochtones y est déjà élevée. Depuis février 2017, quatre administrations régionales sur seize ont adopté de tels décrets imposant aux immigrés humanitaires de vivre dans une commune ou un district défini.

En outre, la formation linguistique à visée professionnelle sera renforcée ; ainsi, il est prévu de pourvoir près de 175 000 places en 2017.

Pour en savoir plus

www.bmas.de

www.bmi.bund.de

www.bamf.de

www.destatis.de

Tendances récentes des flux et des effectifs de migrants
ALLEMAGNE
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Les notes et sources se trouvent à la fin du chapitre.

 https://doi.org/10.1787/888933519964