Personnel infirmier

Les infirmiers sont beaucoup plus nombreux que les médecins dans la plupart des pays de l’OCDE et jouent un rôle essentiel dans l’offre de soins, non seulement dans les structures traditionnelles, comme les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée, mais aussi, et de plus en plus, dans les soins primaires (notamment pour prodiguer des soins aux personnes souffrant de maladies chroniques) et à domicile.

Beaucoup de pays redoutent une pénurie de personnel infirmier et cette inquiétude pourrait fort bien s’intensifier dans les années à venir du fait que la demande va continuer de s’accroître cependant que le vieillissement de la génération actuelle du « baby-boom » va entraîner une vague de départs à la retraite. Ces préoccupations ont conduit de nombreux pays à prendre des mesures pour former plus d’infirmiers (voir l’indicateur sur les infirmiers nouvellement diplômés) et pour inciter le personnel à rester dans la profession. Le taux de rétention du personnel infirmier a augmenté ces dernières années dans de nombreux pays, soit en raison de la crise économique qui a poussé un plus grand nombre d’infirmiers à rester ou à revenir dans la profession, soit à la suite d’efforts délibérés qui ont été menés pour améliorer leurs conditions de travail (OCDE, 2016).

En moyenne dans les pays de l’OCDE, le nombre d’infirmiers est passé de 7.3 pour 1 000 habitants en 2000 à 9 pour 1 000 habitants en 2015 (graphique 8.12). En 2015, la Suisse, la Norvège, le Danemark, l’Islande et la Finlande enregistraient les valeurs les plus élevées, avec plus de 14 infirmiers pour 1 000 habitants. Les pays de l’OCDE montrant la densité la plus faible étaient la Turquie, le Chili et le Mexique (avec moins de trois infirmiers pour 1 000 habitants). En ce qui concerne les pays partenaires de l’OCDE, la densité de personnel infirmier était généralement faible par rapport à la moyenne de l’OCDE. En 2015, la Colombie, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil comptaient moins de 1.5 infirmiers pour 1 000 habitants, bien que les effectifs aient assez fortement augmenté au Brésil ces dernières années.

Le nombre d’infirmiers rapporté à la population a augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE depuis 2000. Ainsi, la Corée et le Portugal avaient une densité d’infirmiers relativement faible, mais se sont rapprochés de la moyenne de l’OCDE. La France, qui avait également une densité relativement faible, a quant à elle dépassé cette moyenne. Une hausse significative a été enregistrée dans des pays comme la Suisse, la Finlande et le Danemark, qui avaient déjà une forte densité d’infirmiers en 2000. Entre 2000 et 2015, cette densité a diminué en Irlande et en Israël du fait d’une croissance de la population plus rapide que celle du nombre d’infirmiers. En République slovaque, le nombre d’infirmiers a baissé, à la fois en nombre absolu et en proportion de la population.

En 2015, on comptait environ trois infirmiers par médecin en moyenne dans les pays de l’OCDE, avec à peu près la moitié des pays enregistrant un chiffre compris entre deux et quatre (graphique 8.13). Le ratio infirmiers-médecins était le plus élevé au Japon, en Finlande et au Danemark (4.6 infirmiers par médecin). Il était le plus faible au Chili, en Turquie et au Mexique (moins de 1.2 infirmiers par médecin).

Pour faire face aux pénuries de médecins et garantir un accès satisfaisant aux soins, certains pays ont attribué des fonctions plus complexes au personnel infirmier. Les évaluations relatives aux infirmiers praticiens réalisées aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni montrent que, s’agissant de certains patients, en particulier ceux qui rencontrent des problèmes de santé mineurs ou qui ont besoin d’un suivi ordinaire, ce personnel infirmier de pratique avancée peut permettre d’améliorer l’accès aux services de santé et de réduire les délais d’attente, tout en fournissant des soins de même qualité que les médecins. Les évaluations existantes montrent un taux élevé de satisfaction des patients, ainsi qu’un effet neutre ou même de réduction sur les coûts. La mise en place de nouvelles pratiques avancées pour le personnel infirmier peut nécessiter des changements dans la législation et la réglementation afin de lever les barrières à son développement (Delamaire et Lafortune, 2010).

Définition et comparabilité

Le nombre d’infirmiers couvre l’ensemble du personnel infirmier employé dans des structures publiques ou privées, fournissant des soins directement aux patients ; sont également inclus, dans certains cas, les infirmiers qui exercent une fonction d’encadrement, de formation ou de recherche.

Dans les pays où il existe différents niveaux professionnels, les données couvrent à la fois les « infirmiers de niveau supérieur », qui ont suivi une formation plus poussée et assument des tâches de plus haut niveau, et les « infirmiers de niveau intermédiaire », qui ont suivi une formation moins poussée mais sont néanmoins reconnus et enregistrés comme infirmiers. Les données ne couvrent pas les aides-soignants qui ne sont pas reconnus comme infirmiers. Elles ne couvrent pas non plus les sages-femmes, hormis dans certains pays où elles sont au moins partiellement prises en compte car elles sont considérées comme des membres du personnel infirmier spécialisé ou pour d’autres raisons (Australie, Espagne et Irlande).

L’Autriche et la Grèce ne prennent en compte que les infirmiers travaillant en milieu hospitalier, d’où une sous-estimation.

Références

Commission de haut niveau des Nations unies sur l’Emploi en Santé et la Croissance économique (2016), S’engager pour la santé et la croissance : Investir dans le personnel de santé, OMS, Genève, www.who.int/hrh/com-heeg/reports.

Delamaire, M. et G. Lafortune (2010), « Les pratiques infirmières avancées : Une description et évaluation des expériences dans 12 pays développés », Documents de travail de l’OCDE sur la santé, n° 54, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5km4hv77vw47-fr.

OCDE (2016), Health Workforce Policies in OECD Countries: Right Jobs, Right Skills, Right Places, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264239517-en.

Graphique 8.12. Personnel infirmier en exercice pour 1 000 habitants, 2000 et 2015 (ou année la plus proche)
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1. Les données incluent non seulement les infirmiers dispensant des soins aux patients, mais aussi ceux exerçant dans le secteur de la santé en tant qu’administrateur, professeur, chercheur, etc.

2. L’Autriche et la Grèce comptabilisent uniquement le personnel infirmier employé dans les hôpitaux.

3. Les données du Chili correspondent à l’ensemble du personnel infirmier habilité à exercer.

Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.

 https://doi.org/10.1787/888933609226

Graphique 8.13. Ratio du personnel infirmier par rapport au nombre de médecins, 2015 (ou année la plus proche)
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1. Pour les pays n’ayant pas fourni de données sur le personnel infirmier en exercice et/ou les médecins en exercice, les données se rapportent dans un cas comme dans l’autre aux individus « professionnellement actifs » (à l’exception du Chili, où elles concernent l’ensemble des infirmiers et des médecins habilités à exercer).

2. Les données pour l’Autriche et la Grèce incluent uniquement les infirmiers et les médecins employés dans les hôpitaux.

3. Le ratio du Portugal est sous-estimé car il correspond au nombre d’infirmiers professionnellement actifs rapporté au nombre total des médecins habilités à exercer.

Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.

 https://doi.org/10.1787/888933609245