Rémunération des médecins (généralistes et spécialistes)

La rémunération selon les catégories de médecins a un impact sur l’attrait financier des différentes spécialités. Dans de nombreux pays, l’État influe sur le niveau et la structure de la rémunération, soit en tant que principal employeur de médecins, soit en tant que client de leurs services, ou encore par la réglementation des honoraires. Du fait de la mobilité internationale croissante des médecins (voir l’indicateur sur la migration des médecins et du personnel infirmier), les niveaux relatifs de rémunération proposés par les différents pays peuvent jouer un rôle non négligeable en matière d’attractivité.

Les données de l’OCDE sur la rémunération des médecins distinguent la rémunération des médecins salariés de celle des médecins libéraux. Cette distinction devient de plus en plus floue dans certains pays, du fait que certains médecins salariés sont autorisés à exercer en clientèle privée, tandis que des médecins libéraux peuvent recevoir une partie de leur rémunération sous forme de salaires. On opère également une distinction entre, d’un côté, les généralistes et, de l’autre, les spécialistes (toutes spécialités confondues) bien qu’il puisse y avoir de larges différences de revenu entre les spécialités médicales.

Dans les pays de l’OCDE pour lesquels les données sont disponibles, la rémunération des médecins (généralistes et spécialistes) est nettement supérieure au salaire moyen de l’ensemble des travailleurs (graphique 8.10). En 2015, le revenu des généralistes libéraux en Autriche, au Canada, en France et au Royaume-Uni était environ le triple du salaire moyen du pays tandis qu’en Allemagne, il était quatre fois plus élevé. En Australie, les généralistes libéraux gagnaient environ le double du salaire moyen en 2015, mais il convient de noter que ce revenu est sous-estimé car il inclut la rémunération des médecins en cours de formation.

Dans la plupart des pays, la rémunération des spécialistes est nettement supérieure au salaire moyen de l’ensemble des travailleurs, et supérieure à celle des généralistes. En 2015, l’écart de revenu entre spécialistes et généralistes était particulièrement prononcé en Australie, en Belgique et au Luxembourg, où les spécialistes libéraux gagnaient plus du double que les généralistes. En Belgique et au Luxembourg, la rémunération des spécialistes libéraux était six fois supérieure au salaire moyen de l’ensemble des travailleurs, et en France et en Allemagne, elle était cinq fois supérieure. Il convient de noter qu’en Belgique, la rémunération inclut les frais professionnels, d’où une surestimation.

Dans beaucoup de pays de l’OCDE, l’écart de revenu entre généralistes et spécialistes a continué de se creuser au cours des dix dernières années, réduisant l’attrait financier de la médecine générale (graphique 8.11). Depuis 2005, la rémunération des spécialistes a augmenté plus rapidement que celle des généralistes au Canada, en Finlande, en France, en Hongrie, en Israël, au Luxembourg et au Mexique. Au contraire, en Autriche, en Belgique, en Estonie et aux Pays-Bas, l’écart s’est légèrement réduit, le revenu des généralistes ayant progressé plus rapidement que celui des spécialistes.

Dans certains pays de l’OCDE, la crise économique de 2008-09 a eu un impact sur la rémunération des médecins et autres personnels de santé. Plusieurs pays d’Europe durement touchés par la récession ont gelé, sinon revu à la baisse, les salaires ou les honoraires des médecins afin de réduire les coûts tout en continuant de garantir l’accès aux soins à la population. Ainsi, dans des pays comme l’Estonie, l’Irlande, l’Italie et la Slovénie, la rémunération des médecins a diminué pendant les années qui ont suivi la crise. Toutefois, plus récemment, la rémunération des médecins et autres personnels de santé a recommencé à croître (OCDE, 2016).

Définition et comparabilité

La rémunération des médecins correspond au revenu annuel brut moyen, qui inclut les cotisations de sécurité sociale et l’impôt sur le revenu à la charge du salarié. Elle ne doit pas inclure les frais professionnels dans le cas des médecins libéraux.

Les données présentent des limites qui contribuent parfois à une sous-estimation du montant de la rémunération : 1) la rémunération des heures supplémentaires, les primes et les autres revenus additionnels ou les cotisations de sécurité sociale sont exclus dans certains pays (Autriche pour les généralistes, Irlande pour les spécialistes salariés et Italie) ; 2) les revenus tirés de l’exercice en clientèle privée des médecins salariés ne sont pas pris en compte dans des pays comme la République tchèque, la Hongrie, l’Islande, l’Irlande et la Slovénie ; 3) les paiements informels, qui peuvent être courants dans certains pays (par exemple, Grèce ou Hongrie) ne sont pas inclus ; 4) au Chili, au Danemark, en Grèce, en Hongrie, en Irlande, en Islande, en Norvège, en République slovaque et au Royaume-Uni, les données ne couvrent que les salariés du secteur public, dont la rémunération est généralement inférieure à celle offerte dans le secteur privé ; 5) les données couvrent les médecins en cours de formation en Australie.

Dans certains cas, les données incluent les professionnels à temps partiel, tandis que dans d’autres, elles se rapportent uniquement aux médecins qui exercent à temps plein.

En Belgique, les données pour les médecins libéraux incluent les frais professionnels, ce qui entraîne une surestimation.

Le revenu des médecins est comparé au salaire moyen à temps plein du pays, tous secteurs confondus. Les données relatives au salaire moyen sont tirées de la base de données de l’OCDE sur l’emploi. Pour le calcul des taux de croissance en termes réels, les déflateurs du PIB pour l’ensemble de l’économie sont utilisés.

Références

OCDE (2016), Health Workforce Policies in OECD Countries: Right Jobs, Right Skills, Right Places, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264239517-en.

Graphique 8.10. Rémunération des médecins par rapport au salaire moyen, 2015 (ou année la plus proche)
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1. Médecins en formation inclus (d’où une sous-estimation)

2. Dépenses professionnelles incluses (d’où une surestimation).

Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.

 https://doi.org/10.1787/888933609188

Graphique 8.11. Évolution de la rémunération des médecins généralistes et spécialistes, 2005-15 (ou année la plus proche)
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1. Pour les Pays-Bas et le Luxembourg, le taux de croissance concerne la rémunération des médecins généralistes et spécialistes en exercice libéral.

Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.

 https://doi.org/10.1787/888933609207