Influence politique et nomination des hauts fonctionnaires

C’est en s’appuyant sur une fonction publique professionnelle et politiquement impartiale que l’on garantit le haut niveau de compétence, l’intégrité et la continuité de la formulation des avis et de la mise en œuvre des politiques publiques qui servent l’intérêt général. Il arrive que les gouvernements exercent une influence politique sur les décisions de nomination des hauts fonctionnaires parce qu’ils souhaitent s’assurer la réactivité de la fonction publique en y plaçant aux postes d’encadrement des personnes qui partagent leurs opinions politiques. Cependant, en l’absence de niveaux adéquats de transparence et de responsabilité (par exemple des processus ouverts de confirmation et de sélection par des responsables élus), un degré élevé d’influence politique peut aussi se traduire par la propagation du trafic d’influence et du favoritisme qui risque de nuire à la professionnalisation de la fonction publique. L’influence politique peut aussi provoquer un renouvellement plus marqué des hauts fonctionnaires, avec à la clé une stabilité et une continuité de l’encadrement inférieures à ce qui est nécessaire pour assurer les améliorations et les réformes de long terme. De surcroît, lorsqu’une influence politique s’exerce sur les décisions concernant le personnel de la fonction publique, la préférence peut aller à des acteurs politiques plutôt qu’à des responsables publics possédant les qualifications et compétences nécessaires pour faire des dirigeants performants. In fine, il peut en résulter une perte de confiance envers les institutions si les citoyens estiment que les responsables publics sont nommés en fonction de leur affiliation politique plutôt que de leurs compétences en matière d’encadrement et d’action publique.

L’ampleur du renouvellement politiquement influencé dans les pays de l’OCDE témoigne du rôle que jouent la politique et/ou l’affiliation politique dans la nomination des fonctionnaires. Parmi les quatre niveaux de la haute fonction publique (du niveau D1 au niveau D4 par ordre décroissant de responsabilité), les deux niveaux inférieurs (D3 et D4) se caractérisent par un taux de rotation faible, voire nul, lors des changements de gouvernement. En revanche, le renouvellement politiquement motivé est, en termes relatifs, plus élevé aux niveaux supérieurs (D1 et D2). La catégorie qui connaît le plus fort renouvellement est celle des conseillers ministériels, qui sont souvent nommés par le ministre.

Au Chili, en Espagne et en Turquie, tous les postes des deux échelons supérieurs de la haute fonction publique sont systématiquement remplacés après l’élection d’un nouveau gouvernement. Le gouvernement du Chili est conscient des problèmes que pose cette rotation élevée, et prend des mesures pour y remédier en renforçant la Direction du Service Civil National et le Service Exécutif des Hauts Fonctionnaires. En Hongrie et en République slovaque, tous les postes du premier échelon de la fonction publique (D1) sont remplacés à chaque changement de gouvernement.

Dans 17 pays de l’OCDE (Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Estonie, États-Unis, Finlande, Irlande, Islande, Japon, Luxembourg, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède), les changements de gouvernement n’entraînent que peu ou pas de remplacement de fonctionnaires aux quatre niveaux de la fonction publique. Ces pays se caractérisent généralement par des systèmes parlementaires ou de longues traditions de stabilité et de professionnalisation aux niveaux les plus élevés de l’administration.

Méthodologie et définitions

Les données portent sur l’année 2016 et ont été recueillies au moyen de l’Enquête 2016 de l’OCDE sur la gestion stratégique des ressources humaines. Ont répondu, pour l’essentiel, des hauts fonctionnaires des services de GRH dans les administrations centrales, et les données concernent les pratiques de ces administrations en la matière. Tous les pays ont répondu à l’enquête, de même que les pays candidats que sont la Colombie, le Costa Rica et la Lituanie. Les définitions de la fonction publique et des organisations dirigées par l’échelon central de l’administration varient selon les pays et doivent être prises en compte dans les comparaisons. Les termes « fonctionnaires » et « agents publics » sont utilisés indifféremment dans ce chapitre.

Les classifications utilisées pour définir les quatre niveaux de la haute fonction publique (D1 à D4) sur lesquels portent les données présentées ici sont adaptées à partir de la Classification internationale type des professions (CITP-08) mise au point par l’Organisation internationale du travail (OIT). Pour une définition détaillée de chaque échelon, veuillez-vous reporter à l’annexe D. Les conseillers ministériels désignent les conseillers politiques qui fournissent les idées ou plans sur lesquels le gouvernement s’appuie pour prendre des décisions.

Pour en savoir plus

OCDE (2016), Engaging Public Employees for a High-Performing Civil Service, Éditions OCDE, Paris.

Notes relatives aux graphiques

Les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les StatLinks. Voir annexe E et annexe en ligne pour plus d’information.

Informations sur les données pour Israël: https://doi.org/10.1787/888932315602.

6.7. Renouvellement du personnel lors des changements de gouvernement (2016)

Conseillers ministériels

Postes d’encadrement

Postes intermédiaires

D1

D2

D3

D4

Allemagne

⦿

Australie

⦿

Autriche

Belgique

Canada

Chili

Corée

⦿

Danemark

Espagne

⦿

Estonie

États-Unis

Finlande

France

⦿

Grèce

⦿

⦿

⦿

⦿

Hongrie

⦿

⦿

Irlande

Islande

Israël

⦿

Italie

Japon

Lettonie

⦿

⦿

Luxembourg

Mexique

⦿

⦿

⦿

⦿

⦿

Norvège

Nouvelle-Zélande

Pays-Bas

Pologne

⦿

⦿

Portugal

République slovaque

⦿

⦿

République tchèque

⦿

⦿

⦿

Royaume-Uni

Slovénie

⦿

Suède

Suisse

⦿

⦿

Turquie

⦿

Total OCDE

Tous (95-100%) ●

21

6

3

0

0

Nombreux (50-94%) ◼

5

3

2

2

1

Certains (5-49%) ⦿

2

9

6

8

6

Aucun (0-5%) ❍

7

17

24

25

28

Colombie

⦿

⦿

Costa Rica

Lituanie

⦿

⦿

Source : Enquête de l’OCDE (2016) sur la gestion stratégique des ressources humaines.

 https://doi.org/10.1787/888933539021