37. Étude de cas : la stratégie adoptée par la Norvège pour tirer parti du potentiel des nouvelles technologies

Ole-Martin Martinsen
Ministère des Affaires étrangères de la Norvège
  • La définition d’objectifs clairs a aidé la Norvège à suivre les avancées réalisées, ce qui a permis une meilleure compréhension, au niveau organisationnel, du potentiel offert par les nouvelles technologies et de leur importance pour la réalisation des Objectifs de développement durable.

  • La nouvelle stratégie d’intégration de la transformation numérique dans la politique de développement a abouti à une meilleure coordination des efforts, ce qui a réduit la fragmentation et renforcé l’impact.

  • La Norvège a appris que pour faciliter la transformation numérique, il fallait opter pour une autre approche, notamment associer de manière précoce toutes les parties prenantes et faire en sorte que l’ensemble des partenaires et des ministères compétents comprennent et acceptent mieux les risques et les incertitudes.

Il est essentiel d’adopter les avancées technologiques et les innovations numériques pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. La Norvège a mené une réflexion stratégique sur cette opportunité en matière de développement et a pris conscience que ses projets de développement ne tiraient pas pleinement parti des possibilités et du potentiel offerts par les nouvelles technologies. En 2018, elle a entrepris d’élaborer une stratégie pour intégrer la transformation numérique dans sa politique de développement en s'appuyant sur les leçons tirées de l’expérience et dans l’optique d’obtenir des résultats au-delà du périmètre de chaque projet. L'approche par projet se traduisait souvent par une fragmentation ou une absence de coordination de la composante numérique. En règle générale, les projets consistaient à expérimenter une technologie ou une solution donnée s’adressant exclusivement aux utilisateurs finaux et s’inscrivant dans un horizon court, sans envisager de possibilités de transposition à plus grande échelle ou de réutilisation. En outre, les initiatives de la Norvège ne visaient pas d’objectifs généraux ni n’appliquaient de méthodologie unifiée de nature à faciliter la transformation numérique.

Le ministère norvégien des Affaires étrangères a mis sur pied une petite équipe formée de deux à quatre personnes qui devaient exclusivement se consacrer à la question de la transformation numérique et à la politique de développement.

Après avoir consulté les milieux universitaires et des acteurs des secteurs public et privé, la Norvège a défini onze principes directeurs à l'intention de sa propre administration et les a inclus dans sa stratégie numérique à l’appui de sa politique de développement (Ministère des Affaires étrangères de Norvège, 2018[1]). Ces principes visent à faciliter l'intégration des bonnes pratiques établies dans l’ensemble des programmes. La stratégie expose également la marche à suivre pour faire du passage au numérique une des priorités thématiques de la Norvège (Ministère des Affaires étrangères de Norvège, 2018[2]), appelant une approche plus globale, plus élaborée et politiquement plus inclusive.

Le ministère des Affaires étrangères a présenté au parlement le livre blanc sur la « transformation numérique et la politique de développement » (Ministère des Affaires étrangères de Norvège, 2020[3]), qui décrit les principaux obstacles au passage au numérique (accès, réglementation, compétences numériques et inclusion des publics marginalisés), de même que les opportunités et les risques existant dans certains domaines prioritaires. Le ministère aurait à rendre compte des résultats obtenus au regard de 72 objectifs et actions mesurables décrits dans le document.

Chaque étape du processus décisionnel s’est accompagnée d'actions de communication visant à informer les parties prenantes externes et internes des progrès accomplis, l’objectif étant d’obtenir l’adhésion du ministère dans son ensemble et de permettre une plus grande prise de conscience et une meilleure compréhension du rôle de la transformation numérique dans la politique norvégienne de coopération pour le développement.

  • La définition d’objectifs clairs a permis de suivre plus facilement les avancées réalisées et de veiller à ce que les projets appliquent une méthodologie spécifique, facilitant par là-même la transformation numérique dans les pays partenaires. Cette approche a contribué à une meilleure compréhension, au niveau organisationnel, du potentiel offert par les nouvelles technologies et de leur importance pour la réalisation des ODD.

  • Les innovations numériques et les nouvelles technologies sont désormais prises en compte à un stade précoce du processus d’élaboration des stratégies et de planification des projets, et les possibilités mais aussi les obstacles potentiels sont examinés et gérés. Les activités sont mieux coordonnées, si bien que la fragmentation est moindre et l’impact plus grand.

  • La Norvège s’est également fait le fer de lance de la promotion de la transformation numérique dans le cadre de la politique de développement auprès des instances et des organisations internationales. Elle a ainsi participé à la création de l’Alliance pour les biens publics numériques (s.d.[4]), une initiative multipartite qui a pour mission d'accélérer la réalisation des ODD dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire en facilitant l’identification, le développement et l’utilisation de biens publics numériques, ainsi que les investissements dans ce domaine.

  • Faciliter la transformation numérique est un domaine d’expertise nouveau pour la plupart des acteurs du développement et suppose une approche spécifique. Réussir dans ce domaine passe par la sensibilisation, notamment la compréhension et l’acceptation par tous les partenaires et les différentes composantes des ministères compétents des risques et des incertitudes que cette transformation comporte.

  • La question ne se résume pas à la technologie. On peut facilement surestimer l’impact de la technologie à court terme et sous-estimer ses effets à long terme. S’engager sur la voie de la transformation numérique exige un renforcement des capacités pour que le changement induit par les technologies soit durable.

  • La promotion de la transformation numérique nécessite de créer de nouvelles formes de partenariats et de remettre en cause les méthodes de travail établies. Les organisations et les partenaires qui œuvrent pour le développement ont besoin de temps pour apprendre et s'adapter. Il est toutefois fortement recommandé d'associer toutes les parties prenantes à un stade précoce.

  • La définition d’objectifs clairs et mesurables facilite le suivi, l'évaluation et l’apprentissage.

    Cette étude de cas est également publiée sur la plateforme en ligne d'apprentissage mutuel de l’OCDE consacrée aux Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement, dans les pages En pratique. Celles-ci décrivent des exemples de réponses concrètes à divers défis auxquels fait face la coopération et mettent l’accent sur les résultats obtenus et les enseignements tirés.

Références

[4] Digital Public Goods Alliance (s.d.), Digital Public Goods Alliance, https://digitalpublicgoods.net/ (consulté le 24 November 2021).

[3] Ministère des Affaires étrangères de Norvège (2020), « Digital transformation and development policy », Meld. St. 11 (2019-2020) Report to the Storting (white paper), Summary, https://www.regjeringen.no/en/dokumenter/meldst11_summary/id2699502.

[2] Ministère des Affaires étrangères de Norvège (2018), « 2.1 The Government’s thematic priorities », Digital strategy for Norwegian development policy, https://www.regjeringen.no/globalassets/departementene/ud/dokumenter/utvpolitikk/digital_strategynew.pdf.

[1] Ministère des Affaires étrangères de Norvège (2018), Digital strategy for Norwegian development policy, https://www.regjeringen.no/en/historical-archive/solbergs-government/andre-dokumenter/ud/2018/digital-strategy/id2608197.

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