Royaume-Uni

La croissance économique devrait augmenter légèrement en 2019, avant de ralentir en 2020, dans l'hypothèse où la sortie de l'Union européenne (« Brexit ») se ferait sans heurts. Certaines incertitudes liées au Brexit persisteront jusqu'à ce que la nature des futurs accords commerciaux soit clarifiée. Une politique budgétaire expansionniste et un lent redressement des exportations devraient soutenir la croissance, tandis que l'orientation accommodante de la politique monétaire sera progressivement réduite. L'inflation devrait converger vers 2 % d'ici à la fin 2020.

Dans un contexte d'inflation supérieure à la cible d’inflation et de fortes incertitudes persistantes, la politique monétaire devrait être normalisée à un rythme très progressif. La relance budgétaire devrait atteindre son point culminant en 2019. Les autorités devraient se tenir prêtes à prendre des mesures complémentaires en cas d'affaiblissement sensible de la demande dû au Brexit. À cet égard, l'option à privilégier d'un point de vue économique serait un accord garantissant la relation commerciale la plus étroite possible avec l'Union européenne et un accès aisé des services financiers aux marchés étrangers. Des mesures temporaires seront nécessaires pour protéger l'économie et soutenir les individus privés de leur emploi en cas de sortie sans accord.

Les incertitudes liées au Brexit freinent la croissance économique

La croissance de la consommation privée comme celle de l'investissement ont nettement ralenti depuis 2016, reflétant le climat d'incertitude et la diminution du pouvoir d'achat des ménages. Sur le marché du logement, l'activité a été faible. La hausse des prix de l'immobilier ralentit depuis le début de 2016, même si ce fléchissement concerne avant tout Londres. Les exportations de biens et services, qui avaient vigoureusement augmenté durant deux ans à la faveur de la dépréciation de la livre sterling consécutive au référendum, ont enregistré une forte baisse depuis le début de l'année, due dans une certaine mesure à des facteurs ponctuels. Les flux d'échanges ont rebondi dernièrement, et le déficit des paiements courants s'est établi à 3.2 % du PIB au troisième trimestre de 2018.

Royaume-Uni
picture

1. Pour les 17 pays qui sont à la fois membres de la zone euro et de l'OCDE.

2. Prévisions à partir du quatrième trimestre 2018.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 104.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933877335

L'inflation est supérieure à la cible de 2 % depuis 2017, tirée vers le haut par la dépréciation antérieure de la livre sterling et, plus récemment, par le renchérissement des produits de base. Le taux de chômage a atteint un point bas historique de 4 % au deuxième trimestre de 2018, et des pénuries de main d'œuvre sont apparues. Les salaires réels moyens ont progressé mais demeurent inférieurs à leur niveau d'avant la crise. L'immigration en provenance de l'Union européenne diminue, mais cette baisse est compensée par la hausse des flux nets d'immigration en provenance d'autres régions du monde.

Royaume-Uni. Emploi, revenu et inflation
Royaume-Uni. Emploi, revenu et inflation

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933878247

Les pouvoirs publics devront prendre des mesures pour assurer une transition en douceur vers l'après-Brexit

Les prévisions se fondent sur l'hypothèse que le Royaume-Uni et l'Union européenne parviendront à un accord sur les conditions de sortie et la période de transition à court terme, mais en esquissant uniquement les contours de leur future relation commerciale. Un tel accord apporterait quelques clarifications à court terme, sans toutefois lever d'autres incertitudes majeures.

Royaume-Uni
picture

1. Les données relatives au taux de chômage concernent les personnes âgées de 16 ans et plus. Les données relatives au taux d'activité de la main-d'oeuvre concernent les personnes entre 16 et 64 ans.

2. Salaires hebdomadaires réels moyens hors primes. Les salaires ont été ont été corrigés de l'indice des prix à la consommation, y compris les coûts de logement des propriétaires occupants.

Source : Office statistique du Royaume-Uni.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933877354

La Banque d'Angleterre a signalé que de nouveaux relèvements de son taux d'intérêt directeur ainsi qu'une réduction de la taille son bilan pourraient être de mise en cas de sortie sans heurts de l'Union européenne. Compte tenu des incertitudes actuelles, le rythme de cette normalisation devrait être progressif et faire l'objet d'une communication claire.

Après plusieurs années d'assainissement des finances publiques, la politique budgétaire devrait prendre une orientation accommodante en 2019. Les augmentations des dépenses de santé, d'infrastructure et de défense, conjuguées aux réduction des prélèvements sur les ménages ainsi que d'autres impôts, représentent approximativement 0.8 % du PIB l'année prochaine, ce qui rehaussera le taux de croissance de 0.3 point de pourcentage environ. Compte tenu de l'amélioration des perspectives d'évolution des recettes publiques, le gouvernement devrait cependant atteindre ses objectifs budgétaires.

Les autorités devraient se tenir prêtes à prendre des mesures dans l'hypothèse où le Royaume-Uni et l'Union européenne ne parviendraient pas à trouver un accord. La politique monétaire devrait conserver une orientation accommodante si la demande est atone. Tout en laissant jouer pleinement les stabilisateurs budgétaires automatiques, le gouvernement devrait s'attacher à prendre des mesures pour favoriser les gains de productivité et une croissance inclusive à long terme, telles qu'une augmentation des dépenses consacrées à la formation et aux travailleurs peu qualifiés.

Les autorités devraient se fixer pour objectif de signer avec l'Union européenne un accord de sortie garantissant les relations commerciales les plus étroites possibles, notamment dans le domaine des services financiers. Le gouvernement a publié une série de fiches techniques en vue de sensibiliser les particuliers et les entreprises à l'impact probable d'une sortie sans accord. Il a présenté des dispositions législatives permettant aux ménages et aux entreprises britanniques de conserver l'accès aux services financiers offerts par des entreprises de l'Union européenne. Il sera important d'adopter des dispositions législatives mettant en place des régimes temporaires en vue d'empêcher des perturbations sur les marchés de capitaux et autres, si nécessaire. Si le Brexit devait se traduire par des transferts de production et de flux commerciaux, il faudrait que les pouvoirs publics axent leurs efforts de soutien sur les travailleurs, et non sur des secteurs ou des emplois particuliers, notamment en prenant des mesures d'aide à la reconversion.

La croissance devrait continuer de ralentir

L'expansion économique devrait s'accélérer légèrement l'année prochaine, sous l’impulsion de la politique budgétaire, avant de ralentir en 2020, la croissance de la demande étant inférieure à son niveau tendanciel. Le resserrement de la politique monétaire et la dissipation des effets de l'évolution des cours des produits de base devraient ramener l'inflation à un niveau plus proche de la cible d’inflation. Le taux de chômage devrait légèrement augmenter. Après avoir atteint un sommet pendant l'exercice budgétaire en cours, le ratio dette publique sur PIB devrait baisser progressivement pendant les deux prochaines années. Le déficit des paiements courants devrait diminuer à la faveur d'une augmentation des exportations de biens et services.

La non-conclusion d'un accord de sortie avec l'Union européenne constitue de loin le plus grand risque à court terme. Selon les analyses de l'OCDE, un scénario de sortie sans accord pourrait amputer le PIB réel de plus de 2 % en deux ans. Le manque de précisions quant aux relations futures entre le Royaume-Uni et l'Union européenne ou à la prolongation de la période de transition, et les incertitudes qui en découlent, pourraient inciter les entreprises à différer davantage leurs projets d'investissement. À l'inverse, la perspective d'un maintien de relations économiques aussi étroites que possibles avec l'Union européenne se traduirait par une croissance économique plus forte que prévu.

End of the section – Back to iLibrary publication page