Afrique du Sud

La croissance économique devrait se raffermir lentement en 2019-20, grâce aux exportations. La consommation privée augmentera également, les salaires progressant à un rythme modéré. Le chômage demeurera cependant élevé, pesant sur la demande et la confiance. L'investissement devrait se redresser, dans la mesure où l'on s'attend à une dissipation progressive de l'incertitude liée à l'action publique. Le niveau élevé des cours du pétrole et la faiblesse de la monnaie tireront l'inflation dans la partie supérieure de la fourchette de 3-6 % retenue comme objectif.

Les autorités monétaires devront remédier aux tensions inflationnistes alors que la croissance est faible. La politique monétaire devrait conserver son orientation accommodante pour soutenir la croissance, mais se durcir modérément si l'inflation continue d'augmenter. Le déficit budgétaire des administrations publiques devrait rester élevé en proportion du PIB. Des réformes structurelles crédibles s'imposent pour renforcer la concurrence et élargir l'éventail des possibilités économiques, afin de soutenir la croissance.

La faiblesse de la demande intérieure pèse sur la croissance

La croissance économique a ralenti en 2018. Un regain temporaire de confiance des entreprises et des consommateurs en début d'année a fait place à une incertitude grandissante liée à l'action publique, qui a affaibli l'investissement. La consommation privée a été limitée par des modifications récentes de la fiscalité et par une faible expansion du crédit. Malgré une stabilisation des prix des produits alimentaires et une hausse modérée des salaires, la consommation des ménages est freinée par la hausse des cours du pétrole. Les créations d'emplois ont été insuffisantes et le chômage reste élevé, à près de 28 % de la population active, ce qui contribue à la persistance d'inégalités de revenu et de perspectives économiques.

Afrique du Sud
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Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n°104 ; et Statistics South Africa.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933877240

Des progrès s'imposent en matière de réformes structurelles

Le niveau élevé des cours du pétrole et la faiblesse du taux de change consécutive au mouvement de désengagement des marchés émergents tirent l'inflation dans la moitié supérieure de la fourchette de 3-6 % retenue comme objectif par la Banque de réserve sud-africaine. La politique monétaire s'inscrit dans un environnement difficile de faible croissance et de tensions inflationnistes. Elle conserve son orientation accommodante pour soutenir l'investissement, mais la Banque de réserve devra relever progressivement son taux d'intérêt directeur en cas d'accentuation des tensions sur les prix.

Afrique du Sud. Emploi, revenu et inflation
Afrique du Sud. Emploi, revenu et inflation

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933878152

Les marges de manœuvre budgétaires sont étroites. Les recettes supplémentaires tirées d'un élargissement de la base d'imposition ont été compensées par une hausse des salaires dans le secteur public, des investissements dans l'enseignement supérieur gratuit et des prestations sociales. Dans le cadre du budget, il a été annoncé que les priorités en matière de dépenses allaient être revues en faveur de la création d'emplois et des infrastructures dans le plan de redressement et de relance économique présenté en septembre 2018. Pour renforcer l'emploi, l'inclusivité et les recettes fiscales à moyen et long terme, les créations d'emplois doivent aller de pair avec des investissements qui rehaussent la productivité, consistant par exemple à améliorer la qualité de l'enseignement. C'est d'autant plus important que 39 % des 15-34 ans ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni en emploi, ce qui contribue aux graves pénuries de main-d'œuvre.

Il est nécessaire de progresser en matière de réformes structurelles et de réduire l'incertitude liée à l'action publique pour soutenir la croissance à moyen et long terme. Le plan de redressement et de relance économique intègre d'importantes réformes structurelles proposées dans le budget, comme la réduction des obstacles à la concurrence dans plusieurs industries de réseau. Leur mise en œuvre en temps voulu permettrait de renforcer la confiance des investisseurs et l'investissement.

La croissance restera fragile

La croissance devrait se raffermir lentement, mais elle restera vulnérable aux incertitudes liées à l'action publique et aux chocs extérieurs. Les exportations seront le principal moteur de la croissance, en raison de la faiblesse du taux de change. L'investissement augmente, mais modérément, en raison des incertitudes entourant le débat sur la réforme agraire et la gouvernance des entreprises publiques. Une accélération des investissements pourrait produire un effet d'entraînement positif en cas de dissipation des incertitudes liées à l'action publique et de progrès accomplis en matière de réformes structurelles. Des créations d'emplois supérieures aux prévisions pourraient stimuler davantage la croissance en se traduisant par un accroissement de la consommation des ménages. Sur le plan extérieur, l'économie restera vulnérable à une normalisation plus rapide que prévu des politiques monétaires des États-Unis et de l'Union européenne (UE), à un renforcement du protectionnisme mondial, à un durcissement des conditions financières à l'échelle mondiale et à une défiance des investisseurs vis-à-vis des marchés émergents. L'Afrique du Sud se caractérisant par une dépendance relativement forte à l'égard des entrées de capitaux étrangers par rapport à d'autres économies de marché émergentes, un ralentissement potentiel de ces flux pourrait compromettre la croissance.

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