Corée

La croissance économique devrait rester aux alentours de 3 % jusqu'à la fin de 2019, soutenue par une progression accélérée des exportations et des mesures de relance budgétaire qui compenseront l'effet du durcissement des règles relatives à l'immobilier résidentiel et au crédit hypothécaire, lequel ralentira l'investissement en logements. Le taux d'inflation devrait s'élever et se rapprocher de l'objectif de 2 %, tandis que l'excédent des paiements courants refluera à environ 4 % du PIB.

Il faut que la stratégie gouvernementale de « croissance tirée par les revenus », qui repose sur l'augmentation de l'emploi public, une majoration sensible du salaire minimum et un accroissement des dépenses sociales, soit étayée par des réformes structurelles pour réduire les amples écarts de productivité observés entre l'industrie manufacturière et le secteur des services ainsi qu'entre les grandes et les petites entreprises. La relance budgétaire programmée pour 2018 est appropriée pour soutenir la croissance, mais elle devrait s'accompagner de la mise en place d'un cadre budgétaire à long terme adapté au vieillissement de la population, qui sera plus rapide en Corée que dans tout autre pays de l'OCDE. L'inflation étant en deçà de l'objectif visé, la banque centrale devrait réduire progressivement l'orientation accommodante de la politique monétaire.

La demande intérieure soutient la croissance

En 2017, un redressement de l'investissement des entreprises et la vigueur persistante de l'investissement résidentiel ont porté le taux de croissance à 3.1 % en Corée, ce qui correspond à son niveau potentiel. La consommation privée s'est également renforcée, les créations d'emplois ayant compensé un fléchissement de la croissance des salaires réels à 1.0 %. Celle-ci se redressera en 2018, compte tenu de la hausse de 16.4 % du salaire minimum. Toutefois, la croissance de l'emploi s'est nettement ralentie au premier trimestre de 2018. En outre, le durcissement des règles relatives aux ratios prêt/valeur du bien (quotité de financement) et dette/revenu en matière de crédits hypothécaires a freiné l'augmentation des commandes de construction de logements, qui est passée d'un point culminant de 76 % (en glissement annuel) à moins de 2 %. L'inflation, après avoir dépassé 2 % à la mi-2017 du fait de la poussée des prix des produits alimentaires et de l'énergie, est tombée à 1.3 % au début de 2018.

Corée
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1. Hors alimentation et énergie. L'objectif fixé par la banque centrale concerne la hausse des prix à la consommation.

2. Moyenne mobile sur 24 mois.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 103 ; et Banque de Corée.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933730294

Des réformes structurelles et des mesures budgétaires sont nécessaires à une croissance inclusive

Il est de plus en plus impératif de rehausser la productivité du travail, qui est inférieure de 46 % à celle de la moitié supérieure des pays de l'OCDE, la population en âge de travailler ayant atteint un point culminant en 2017 et le gouvernement ayant réduit la durée légale hebdomadaire du travail de 68 heures à 52 heures. La priorité est de procéder à une réforme de la réglementation axée sur le secteur des services, où la productivité du travail représente moins de la moitié de celle de l'industrie manufacturière. Des mesures destinées à favoriser l'entrepreneuriat et à améliorer la productivité des petites et moyennes entreprises (PME) sont aussi nécessaires pour entretenir la croissance et réduire les inégalités de revenu. Il est également d'une importance prioritaire d'améliorer les programmes d'aide aux PME pour favoriser les gains de productivité, et de réformer le cadre de l'insolvabilité de façon à réduire les coûts personnels supportés par les entrepreneurs en cas de faillite.

Corée. Emploi, revenu et inflation
Corée. Emploi, revenu et inflation

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933731225

La politique budgétaire joue un rôle essentiel dans la stratégie coréenne de croissance tirée par les revenus. L'objectif du gouvernement est d'accroître de 34 % l'emploi public au cours du quinquennat, ainsi que de modifier la composition des dépenses de manière à réduire la part de l'investissement public et de la recherche-développement (R-D) pour augmenter celle de la protection sociale. Même si le niveau de l'emploi public est faible par rapport aux autres pays de l'OCDE, la création de postes dans ce secteur devrait correspondre à des besoins clairement définis et être appréciée par rapport à son coût à long terme. Bien que les dépenses publiques doivent augmenter de plus de 7 % en 2018, soit la plus forte hausse observée depuis 2011, l'excédent budgétaire devrait rester supérieur à 2 % du PIB.

En novembre 2017, la Banque de Corée a relevé son taux d'intérêt directeur de 1.25 %, qui représentait un point bas record, à 1.5 %. La hausse des prix à la consommation étant inférieure à 2 %, l'orientation accommodante de la politique monétaire peut être réduite progressivement. La banque centrale doit tenir compte des risques pesant sur la stabilité financière, en particulier de ceux résultant de l'endettement des ménages, qui a atteint 180 % de leur revenu disponible net en 2016. Cet endettement élevé freine la consommation privée. À la fin de 2017, le gouvernement a annoncé une stratégie globale visant à limiter la progression de la dette des ménages à moins de 8.2 % par an, notamment au moyen d'un durcissement de la réglementation relative aux prêts qui leur sont accordés.

La croissance de la Corée devrait être stable

Le taux de croissance de la Corée devrait rester proche de son niveau potentiel de 3 %, tandis que l'inflation convergera vers l'objectif de 2 %. La progression rapide des dépenses des administrations publiques, destinée en partie à financer l'augmentation de l'emploi public, contribuera à soutenir la demande intérieure et à réduire l'excédent des paiements courants. L'apaisement des tensions géopolitiques liées à la Corée du nord constitue une évolution positive, mais la question du protectionnisme commercial reste une source de préoccupation. Un autre risque pesant sur ces prévisions réside dans l'augmentation prévue de 54 % du salaire minimum au cours du quinquennat présidentiel. Si ce relèvement se concrétise, il pourrait déboucher sur une accélération de la croissance de la consommation privée, mais il pourrait également ralentir la progression de l'emploi et dégrader la compétitivité de la Corée s'il ne s'accompagne pas de gains de productivité. Par ailleurs, les mesures visant à freiner l'expansion du crédit hypothécaire pourraient transformer le ralentissement de l'investissement résidentiel en véritable recul.