République tchèque

La croissance économique restera solide en 2018 et 2019. La hausse des salaires et de l'emploi maintiendra la consommation des ménages à un niveau élevé. La croissance de l'investissement privé devrait également se renforcer grâce à des conditions de crédit favorables. La demande extérieure demeurera forte, soutenue par la croissance chez les partenaires commerciaux.

L'inflation restera légèrement supérieure à la cible de la banque centrale, sous la poussée de l'accélération des salaires. Après le relèvement des taux d'intérêt en février 2018, la politique monétaire devrait viser un relèvement des taux d'intérêt mais seulement de manière progressive tant que l'inflation reste proche de sa cible, et éviter de s'éloigner des taux de la zone euro. La marge de manœuvre budgétaire demeure ample et permet de donner un coup de pouce à l'investissement dans les infrastructures, de répondre aux besoins de financement dans l'éducation, la R-D et la formation professionnelle, et de financer les dépenses liées au vieillissement démographique afin de préparer l'avenir.

La demande soutient la croissance

Portés par la demande tant intérieure qu'extérieure, les gains de croissance enregistrés en 2017 ont été plus équilibrés que les années précédentes. La consommation des ménages est robuste, soutenue par la hausse des revenus et la baisse du taux d'épargne, à mesure que la confiance et le crédit regagnent du terrain. L'investissement privé a aussi augmenté fortement, principalement du fait des investissements dans l'industrie et dans les technologies de l'information et de la communication (entraînant une augmentation des importations de biens d'investissement) et du redressement soutenu des bénéfices. Les exportations, elles aussi, ont continué de s'affermir grâce à une croissance plus soutenue chez les partenaires commerciaux.

République tchèque
picture

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 103 ; et Eurostat.

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933729857

Le taux de chômage a poursuivi son reflux jusqu'en 2018 et figure parmi les plus faibles de l'OCDE. La pénurie de main-d'œuvre est même devenue la principale contrainte freinant la croissance. Les vacances de postes ont augmenté et les entreprises font état de difficultés pour embaucher. Les salaires ont progressé de 7 % en 2017, poussant les coûts unitaires de main-d'œuvre à la hausse et contribuant au rebond de l'inflation. Par ailleurs, le renchérissement des prix du pétrole a lui aussi provoqué une poussée temporaire de l'inflation.

République tchèque. Emploi, revenu et inflation
République tchèque. Emploi, revenu et inflation

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933730921

Les tensions sur le marché du travail pourraient freiner la croissance

La pénurie de main-d'œuvre, l'accélération de la hausse des salaires et ses effets sur l'inflation sont les principales forces à l'œuvre dans l'évolution économique actuelle. Le revalorisation des salaires se poursuivra en 2018 et contribuera à maintenir l'inflation au-dessus de la cible fixée par la banque centrale. Cependant, dans le sillage de la décision d'avril 2017 d'abandonner le taux de change plancher, la couronne s'est appréciée, tempérant les tensions inflationnistes, en particulier pour les biens et services importés. Ces effets se dissipant, l'inflation restera légèrement supérieure à la cible. De fait, la transmission des hausses de salaires aux prix reste limitée et le renchérissement des produits alimentaires devrait ralentir. Les autorités monétaires devraient relever progressivement les taux d'intérêt et surveiller de près les effets de l'évolution du marché du travail sur l'inflation.

La politique budgétaire a été restrictive en 2017, comme il convenait dans un contexte de forte croissance et d'inflation. L'investissement public continuera d'augmenter en 2018 avec l'accélération des décaissements de fonds de l'UE. Les dépenses publiques progressent légèrement plus vite que le PIB, ce qui stimule la demande intérieure, mais l'excédent primaire reste considérable. Le gouvernement devrait utiliser la marge budgétaire disponible pour investir dans l'éducation, la formation professionnelle, la R-D et l'innovation afin de réduire le décalage entre l'offre et la demande de compétences et de stimuler la productivité du travail.

La croissance persistante de l'emploi et la progression des salaires ont ramené de nombreux inactifs sur le marché du travail, ce qui contribue à amortir la diminution de la population en âge de travailler. Un relèvement du taux d'activité des femmes, particulièrement de celles qui ont de jeunes enfants, accroîtrait encore l'offre de main-d'œuvre et l'inclusivité. Une partie des budgets conséquents consacrés aux transferts monétaires en faveur des familles pourrait notamment servir à financer l'offre formelle de services de garde d'enfants et d'établissements d'enseignement préscolaire.

La croissance devrait ralentir tout en restant supérieure à son niveau potentiel

D'après les prévisions, la croissance économique devrait ralentir en 2018 et 2019, tout en demeurant supérieure à celle de pays européens plus avancés. La forte hausse de la consommation des ménages, portée par la progression des salaires et de l'emploi, en restera le principal moteur. Les exportations devraient rester robustes, mais leur croissance sera plus lente qu'en 2017. L'inflation devrait reculer et se stabiliser autour de 2 %, la transmission des hausses salariales aux prix demeurant limitée. Les risques de divergence par rapport aux prévisions résultent de facteurs tant intérieurs qu'extérieurs. L'évolution du marché du travail pourrait induire un ralentissement de la croissance plus marqué que prévu. Un nouvel accroissement des emprunts immobiliers et du prix des logements constitue un risque pour le secteur bancaire. Sur le front extérieur, l'économie tchèque est particulièrement exposée à des perturbations dans les échanges parce qu'elle est fortement intégrée aux chaînes de valeur mondiales.