Islande
La croissance va se modérer mais rester solide, tandis que l'économie s'approche d’une limite des capacités de production. En 2018, la consommation des ménages augmentera sous l'effet de la poursuite de l'immigration de main-d'œuvre et de la hausse des salaires, mais elle ralentira en 2019. L'investissement des entreprises reculera également après l'achèvement de plusieurs grands projets. Le chômage a atteint son plus bas niveau depuis la crise économique et financière de 2008-09 et continuera de diminuer légèrement. Après une bonne performance en 2017, les recettes des exportations et du tourisme fléchiront.
Après s'être appréciée pendant deux ans, la króna a baissé au second semestre de 2017 et sa volatilité s’est accrue, peut-être en raison de la suppression des contrôles sur les mouvements de capitaux. La Banque centrale devrait se tenir prête à durcir l’orientation de sa politique monétaire afin de répondre aux tensions inflationnistes résultant d’une forte demande. Une politique d’expansion budgétaire est à proscrire car la croissance est bien supérieure à son rythme tendanciel et des tensions inflationnistes se font jour. Une réforme du système de négociation des salaires pourrait contribuer à réduire leur effet procyclique.
En tant que petite économie ouverte, l'Islande reste vulnérable à des chocs externes. Le système financier est stable. Le désendettement a eu pour effet d’améliorer les bilans des entreprises. Restructurations et passations en charges ont permis de réduire l'endettement des ménages, tandis que la hausse de l’épargne et du prix des actifs a renforcé leurs patrimoines. Les flux de capitaux se sont stabilisés depuis la levée des contrôles. Pourtant, il est justifié de continuer à utiliser les instruments macroprudentiels.
La croissance s'est ralentie
Le rythme de croissance du PIB a commencé à ralentir. La consommation reste forte, mais l'investissement, les exportations et le tourisme ont perdu de leur vigueur. Le revenu des ménages continue à bénéficier de très fortes hausses de salaires. Le taux de chômage est tombé en deçà de 3 %. L'investissement a reculé, la construction de logements et l'activité touristique ayant atteint un point culminant, mais les importations restent dynamiques en raison de la vigueur de la consommation. Le solde de la balance courante demeure positif.
La politique monétaire et budgétaire devrait être plus stricte pour limiter la surchauffe
Au cours des trois dernières années, l'inflation est restée inférieure à l'objectif de 2.5 % fixé par la Banque centrale. Après s'être appréciée tout au long de 2016, la króna a commencé à s'affaiblir et à fluctuer en 2017 ; elle pourrait se déprécier rapidement si les recettes des exportations ou du tourisme continuaient à diminuer. En outre, la hausse des salaires et des prix des actifs alimente les tensions inflationnistes. La banque centrale devrait être vigilante et défendre son objectif d'inflation en relevant les taux d'intérêt. Les flux de capitaux sont restés stables après la levée complète des contrôles et le rétablissement de leur mobilité au printemps 2017.
La situation des finances publiques est favorable. La dette publique diminue et le solde budgétaire reste positif. La « contribution à la stabilité financière », accord passé avec les banques et les fonds d'investissement avant la levée des contrôles sur les mouvements de capitaux, a rapporté des recettes budgétaires supplémentaires de l'ordre de 15 % du PIB. Dans la mesure où la croissance de l'économie est bien supérieure à la tendance et où des tensions apparaissent, la politique budgétaire est trop expansionniste. Il faut contrôler plus fermement les dépenses publiques pour créer une marge de manœuvre budgétaire en prévision de difficultés à venir. De plus, en rendant les dépenses plus efficientes, l'État pourrait fournir la même qualité de service public à un moindre coût.
Le système fiscal pourrait être plus favorable à la croissance et à l'environnement. Transférer la charge fiscale de l'impôt sur le revenu vers les impôts sur la consommation pourrait réduire les désincitations à travailler et élever la productivité du travail. L'élargissement de l'assiette des impôts sur la consommation pourrait gonfler les recettes fiscales et réduire leur volatilité. Les taxes carbone, actuellement inférieures à la moyenne de l'OCDE, pourraient être majorées. Une amélioration du système de négociation collective des salaires, passant notamment par une indexation plus étroite sur les gains de productivité, pourrait contribuer à réduire les effets procycliques des négociations salariales.
La croissance va ralentir mais rester solide
On prévoit une modération de la croissance en 2018. La consommation privée et l'investissement résidentiel resteront dynamiques, mais l'investissement des entreprises, les exportations et les services de tourisme seront freinés par les contraintes de capacités et le recul de la compétitivité-coûts. En 2019, la croissance se rapprochera de son rythme tendanciel à mesure que le ralentissement de la croissance de la consommation des ménages et des exportations se poursuivra, tandis que l'investissement des entreprises se redressera légèrement.
La volatilité est le risque principal qui pèse sur les perspectives. La libéralisation des mouvements de capitaux accroît l’incertitude quant aux flux financiers futurs. Un affaiblissement de la króna accélérerait la croissance en stimulant les exportations et le tourisme, mais accentuerait les tensions inflationnistes. Des grèves perturbatrices pourraient nuire à la croissance et entraîner des hausses de salaires insoutenables. Un ralentissement de l’expansion de l'économie mondiale pourrait avoir des conséquences négatives sur les exportations. Toutefois, les tensions géopolitiques pourraient favoriser à nouveau le tourisme vers des destinations comme l'Islande.