Autriche

L'activité économique se raffermit grâce à la consommation privée ainsi qu'au redressement de l'investissement et des exportations. La politique budgétaire va demeurer légèrement expansionniste. La création d'emplois reste forte et le chômage devrait reculer pour la première fois depuis 2011. L'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation demeure plus élevée que dans les autres pays de la zone euro.

La croissance, les revenus et le bien-être bénéficieraient de réformes structurelles plus poussées visant à simplifier les formalités administratives nécessaires à la création d'une entreprise, à réduire les obstacles à l'entrée dans le commerce de détail et les services professionnels, à diversifier les possibilités de financement des nouvelles entreprises, et à alléger les coûts des procédures d'insolvabilité. La complexité des relations fédérales sur le plan budgétaire ainsi que les chevauchements sont préjudiciables à l'efficience des dépenses publiques et limitent les possibilités d'investissements préparant l'avenir.

L'intégration de pays d'Europe centrale et orientale à l'Union européenne a profité davantage à l'Autriche qu'à d'autres pays, mais elle a aussi exacerbé les problèmes résultant de la mondialisation. Les gains antérieurs découlant de la participation aux chaînes de valeur mondiales et de l'expansion rentable du secteur bancaire ont été effacés par la crise financière. La mise en œuvre de la « Feuille de route numérique » du gouvernement aidera les entreprises à rester au niveau des meilleures pratiques internationales dans ce domaine.

La croissance est d'origine interne

Soutenue par une demande intérieure vigoureuse, la croissance s'accélère pour la première fois depuis 2011. L'investissement a amorcé un rattrapage après plusieurs années de stagnation. La consommation privée a été stimulée par l'augmentation du revenu disponible résultant de la réforme fiscale de 2015/16. L'emploi a progressé du fait de la forte immigration et de l'augmentation du nombre d'actifs occupés parmi les femmes et les seniors. Parallèlement au redressement de l'activité économique, le chômage a commencé à diminuer. De 2011 au début de 2016, le taux d'inflation en Autriche a dépassé de 1 point de pourcentage environ celui observé dans le reste de la zone euro, ce qui a contribué à une dégradation des résultats à l'exportation. Au début de 2017, les exportations ont nettement augmenté sur fond de regain de confiance des entreprises et de vigueur de la demande extérieure.

Autriche
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1. Ratio du volume des exportations sur le marché correspondant pour le total des biens et services.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 101.

 https://doi.org/10.1787/888933502769

Renforcer la croissance à moyen terme

Les récentes réformes des retraites ont entraîné une hausse du taux d'emploi des seniors, quoique à partir d'un très bas niveau en termes de comparaison internationale. Le maintien de droits à pension relativement généreux nécessite de rehausser encore l'âge effectif de la retraite. En outre, le nombre de femmes exerçant une activité rémunérée est en train d'augmenter, même s'il s'agit surtout d'emplois à temps partiel, ce qui renforce le schéma traditionnel d'inégalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Pour que l'occupation d'un emploi à plein temps soit conciliable avec le fait d'élever des enfants, il faudrait que des progrès considérables soient réalisés en termes d'offre d'établissements d'accueil des jeunes enfants et d'établissements scolaires à temps complet. Un droit d'accès à ces structures consacré par la loi devrait être institué.

AUT1. Demande, production et prix
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 https://doi.org/10.1787/888933505714

La croissance de la productivité du travail s'est ralentie au cours de la dernière décennie, en particulier dans les services. La réglementation stricte du commerce de détail et des services professionnels nuit à la concurrence et au dynamisme des entreprises. Il faudrait intensifier les efforts déployés récemment en faveur des nouvelles entreprises, en réduisant les goulets d'étranglement dans le domaine du capital-risque et en développant d'autres marchés de capitaux. La création d'entreprises est indispensable pour faire augmenter les dépenses d'innovation hors recherche-développement (R-D), les exportations de services à forte intensité de savoir et le poids relatif des produits innovants. Favoriser une utilisation plus active des technologies numériques contribuerait à la diffusion dans l'ensemble de l'Autriche des modèles économiques et des pratiques professionnelles à caractère innovant. La complexité des relations budgétaires fédérales fait obstacle aux réformes et compromet l'efficience des dépenses publiques, notamment en matière de santé et d'éducation.

La croissance devrait ralentir peu à peu

La confiance des consommateurs et des entreprises s'est améliorée, et la croissance devrait être supérieure à 2 % en 2017. Toutefois, elle fléchira quelque peu en 2018, au fur et à mesure que l'effet des mesures de relance budgétaire se dissipera. La progression des exportations devrait s'accélérer compte tenu de l'évolution des échanges internationaux et de la stabilisation des résultats à l'exportation, ce qui soutiendra le redressement de l'investissement. Le chômage a atteint un point culminant en 2016, et devrait légèrement reculer en 2017 et 2018.

L'incertitude prévalant à l'approche des élections anticipées annoncées pour octobre 2017 pourrait ébranler la confiance des consommateurs et des entreprises, et peser sur la demande intérieure. Une montée des tensions géopolitiques risquerait de déclencher une nouvelle vague d'arrivées de réfugiés et d'accentuer les tensions budgétaires. Les résultats à l'exportation pourraient continuer à se dégrader si les pertes récentes de parts de marché subies dans les chaînes de valeur mondiales s'avéraient structurelles, et non conjoncturelles, ou dans l'hypothèse de mesures protectionnistes imprévues. À l'inverse, si l'accélération des échanges internationaux dépassait les prévisions ou si l'Autriche regagnait des parts de marché sur le plan international, les exportations seraient plus dynamiques, ce qui renforcerait l'investissement et la croissance. Enfin, tout engagement électoral supplémentaire serait susceptible de stimuler la croissance en 2018, au prix toutefois d'un creusement du déficit public.