Portugal
La croissance du PIB devrait rester timide, à environ 1 ¼ pour cent en 2017 et 2018. Le fort endettement des entreprises et la fragilité du secteur bancaire freineront l’investissement privé, et le niveau toujours élevé du chômage limitera la croissance de la consommation. L’inflation restera faible avec la persistance du sous-emploi des capacités inutilisées dans l’économie.
Il est primordial de stimuler l’investissement et la productivité pour améliorer les niveaux de vie et la croissance. Les incitations à investir pourraient être renforcées grâce à de nouvelles réformes visant à simplifier les procédures administratives, incluant notamment la législation sur l’aménagement du territoire, une amélioration de l’efficacité judiciaire pour faciliter les procédures de faillite et un allégement des formalités à l’entrée dans les services professionnels. La sortie des créances compromises héritées du passé du bilan des banques et la mobilisation de nouvelles sources de financement s’imposent pour faciliter le financement de l’investissement. L’amélioration des qualifications est également déterminante pour des gains de productivité, notamment via un développement constant de l’éducation et la formation des adultes et un enseignement professionnel plus efficace.
À environ 130 % du PIB, la dette publique demeure très élevée malgré des progrès notables en termes d’assainissement des finances publiques, ce qui restreint fortement la marge de manœuvre budgétaire. L’assainissement progressif en 2017 et 2018 permettra de concilier viabilité des finances publiques et absence de dégradation des perspectives économiques. À terme, il sera important de mettre en œuvre une réforme de la structure des impôts et des dépenses, qui stimule la croissance, notamment en réduisant certains postes de dépenses courantes à titre permanent.
La faiblesse de l’investissement et un environnement extérieur défavorable freinent la croissance
La croissance demeure atone en raison d’une très grande faiblesse de l’investissement public et privé. Le secteur du tourisme et la production manufacturière soutiennent les exportations. Toutefois, un ralentissement prononcé de la demande hors UE et des exportations d’énergie a empêché une plus forte contribution des exportations à la croissance. Le taux de chômage a reculé, mais le chômage structurel demeure particulièrement élevé.
Une reprise de l’investissement est essentielle pour stimuler la croissance et la hausse des niveaux de vie
L’investissement privé comme public est à des niveaux historiquement faibles. Le fort endettement du secteur des entreprises et de grandes incertitudes brident l’investissement des entreprises, qui est indispensable pour pérenniser la croissance des exportations. Le stock important de créances douteuses et litigieuses héritées du passé a pour effet d’évincer les banques du financement des investissements. Le recours à d’autres sources de financement pourrait être amplifié en réduisant le biais fiscal en faveur du financement par l’emprunt plutôt que par les fonds propres, cette question étant actuellement à l’étude. Une révision de la législation sur l’aménagement du territoire et une limitation des pouvoirs discrétionnaires des communes accéléreraient les procédures de délivrance des autorisations et permis et réduiraient les coûts d’investissement.
L’endettement public demeure très élevé, si bien que les résultats obtenus récemment, y compris l’excédent primaire réalisé, restent fragiles. La marge de manœuvre budgétaire est donc limitée et les pouvoirs publics devraient s’attacher en priorité à la structure des dépenses et des impôts pour stimuler la croissance. L’investissement public a été réduit pour respecter les objectifs de déficit, et son augmentation programmée en 2017 est une bonne chose puisqu’elle pourra soutenir la croissance sans fragiliser la situation budgétaire. Toutefois, une réduction à titre permanent de certains postes de dépenses courantes, notamment des charges de personnel, permettrait de dégager des ressources pour encore plus de dépenses productives. Des gains d’efficience pourraient être réalisés en menant une révision générale des dépenses publiques. S’agissant de la fiscalité, le basculement prévu des impôts sur le revenu vers des impôts sur la consommation est une bonne chose car il favorisera la production en réduisant les effets de distorsion. Enfin, des recettes supplémentaires pourraient être collectées en diminuant les exonérations et en limitant l’application des taux réduits.
Les risques à la baisse prédominent
La croissance devrait rester faible. Les risques par rapport aux prévisions sont notables et orientés à la baisse. Exposé à la dette souveraine et à l’évolution de la situation dans la zone euro, le secteur bancaire demeure fortement endetté et pourrait avoir besoin d’aides publiques supplémentaires. Ces aides ne feraient qu’ajouter encore à la dette publique, dont l’orientation à la baisse, telle que prévue, est déjà sujette à des risques élevés, y compris à un accroissement possible des écarts de taux. À l’inverse, une reprise économique plus marquée que prévu chez les partenaires commerciaux du Portugal pourrait stimuler les exportations et provoquer une hausse de l’investissement. Un règlement plus rapide du problème des créances douteuses et litigieuses et une recapitalisation plus importante du système bancaire pourraient rétablir la confiance et doper le financement de l’investissement.