Lettonie

L’économie devrait se redresser après un accès de faiblesse temporaire au dernier trimestre de 2015 et au premier trimestre de 2016, du fait de l’expiration de la période de programmation des fonds de l’UE et de la nette dégradation des relations économiques avec la Russie. La forte croissance des salaires est à la base d’un haut niveau de dépenses des ménages ordinaires. Le climat d’incertitude freine l’investissement mais ce problème sera peu à peu surmonté une fois que la reprise dans la zone euro rendra les marchés d’exportation plus performants.

Les conditions monétaires accommodantes instaurées par la BCE faciliteront le redressement de l’investissement, ce qui est important pour que la Lettonie continue de rattraper son retard sur le haut niveau de revenus des pays nordiques. La politique budgétaire est en bonne voie pour atteindre ses objectifs. Les politiques structurelles doivent privilégier des mesures qui améliorent la productivité et la cohésion sociale.

La productivité jouera un rôle déterminant dans le processus de rattrapage. Les mesures doivent continuer à améliorer le climat des affaires et à renforcer la capacité de l’enseignement professionnel afin que les diplômés puissent monnayer leurs compétences et que celles-ci soient compétitives à l’international. La montée en régime du recouvrement de l’impôt élargira la marge budgétaire pour financer des réformes structurelles propices à la croissance et réduire la fiscalité sur les bas salaires.

L’économie a connu un passage à vide

La fragilité des marchés d’exportation et une baisse des dépenses liée à la transition des fonds de l’UE entre deux périodes de programmation ont concouru à une croissance plus faible à la fin de 2015 et au début de 2016. Les exportations ont fait les frais du recul sensible de la demande russe et de la reprise hésitante dans l’Union européenne. La production manufacturière s’est redressée. Parallèlement, l’embellie du marché du travail a connu un coup d’arrêt et le chômage a stagné à un peu moins de 10 %. Le chômage est essentiellement structurel et l’offre de main-d’œuvre est bridée par l’émigration d’hier et le vieillissement de la population. La faiblesse des cours du pétrole et des prix alimentaires se répercute sur les prix à la consommation, qui baissent. La balance courante est légèrement excédentaire, surtout en raison de l’allégement de la facture des importations de pétrole et de la faiblesse de la demande d’investissement d’une part, et de la vigueur habituelle des exportations de services aux entreprises (dont les services financiers) d’autre part.

Résultats à l'exportation et croissance des salaires
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1. Corrigé de l’indice des prix à la consommation harmonisé.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 99.

 https://doi.org/10.1787/888933372642

Les conditions monétaires découlant de l’appartenance à la zone euro sont toujours très favorables. Toutefois, l’activité de prêt des banques demeure faible alors même que les dépôts des résidents et non-résidents augmentent fortement. Les échanges transfrontaliers d’informations et un contrôle rigoureux des établissements financiers comptant un pourcentage important de clients hors UE aident à maintenir la stabilité financière. La politique budgétaire est globalement neutre. Les autorités sont résolues à atteindre leurs objectifs budgétaires et n’ont guère de marge de manœuvre. La loi relative à la discipline budgétaire permettra de réduire les effets procycliques grâce aux réserves qui seront constituées pendant les années d’essor économique.

Demande, production et prix
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 https://doi.org/10.1787/888933374212

Les réformes structurelles devraient contribuer à un ajustement de l’économie et à une croissance inclusive

Le chômage est essentiellement de nature structurelle aujourd’hui et le haut niveau du taux marginal d’imposition et du taux de dégressivité des prestations pour les bas salaires créent un cercle vicieux de la pauvreté et de l’inactivité. Le secteur informel est relativement vaste et la réglementation fiscale est peu respectée. Des mesures visant à intensifier la concurrence sont en cours d’élaboration et un plan d’action a été mis en place pour simplifier les lourdeurs administratives. Cependant, la mise en œuvre des réformes de la gouvernance pour les entreprises publiques s’est avérée complexe. Le développement massif de l’apprentissage en milieu professionnel devrait porter ses fruits en améliorant l’employabilité des jeunes qui sortent de l’enseignement professionnel, en faisant mieux concorder offre et demande de compétences et en améliorant la cohésion sociale de la société.

La croissance de la production s’accélèrera en 2016, mais le climat d’incertitude sur le plan extérieur domine le profil de risque

La hausse de la consommation privée, poussée par une solide progression des salaires, devrait contribuer encore fortement à la croissance de la production. La construction de logements, l’investissement productif et les exportations seront en demi-teinte pendant quelque temps, mais la demande extérieure et l’investissement devraient devenir à nouveau de puissants moteurs de la croissance dans le courant de 2017.

Les risques extérieurs sont surtout liés aux événements dans la région. Un relâchement des tensions dans les relations avec la Russie pourrait être à l’origine d’un net retournement de tendance pour l’économie lettone, dans un premier temps dans le secteur des transports et de l’industrie agroalimentaire en particulier, puis plus stratégiquement, la Lettonie étant le point d’aboutissement des chaînes logistiques pour les expéditions chinoises vers l’Europe. Un ralentissement du marché du logement dans la Suède voisine et le marasme de l’économie en Finlande aggraveraient l’environnement extérieur. En revanche, une reprise plus forte que prévu dans la zone euro donnerait un coup de pouce à la diversification des marchés d’exportation lettons, tandis que de nouveaux accès de faiblesse dans la zone euro feraient peser encore plus d’incertitude sur l’investissement et l’activité économique.