Irlande

L’économie irlandaise devrait continuer d’enregistrer une croissance vigoureuse en 2016 et 2017. Les exportations et l’investissement productif, qui se sont envolés sous l’impulsion temporaire donnée par les entreprises multinationales, seront plus modérés mais resteront solides. L’activité demeurera dynamique dans le secteur intérieur et l’emploi progressera de manière régulière. La croissance des salaires sera forte au fil des tensions apparaissant sur le marché du travail. La consommation des ménages sera solide, portée par la croissance des revenus du travail mais aussi par des allégements fiscaux.

L’hypothèse retenue est que le gouvernement est toujours en bonne voie pour atteindre son objectif d’équilibre du budget à moyen terme. Le solde général devrait s’améliorer, il est vrai grâce surtout aux conditions cycliques. La forte augmentation des recettes et les faibles charges d’intérêts devraient servir avant tout à réduire plus rapidement une dette publique toujours importante. Les réformes structurelles devraient donner la priorité au retour à l’emploi d’un plus grand nombre de personnes en renforçant les politiques d’activation, ce qui répartirait les fruits d’une plus grande prospérité entre toutes les composantes de la société.

La croissance tendancielle de la productivité s’essouffle depuis quelque temps, allant de pair avec un ralentissement de l’investissement dans le capital intellectuel. La récente envolée de ces investissements dans les entreprises multinationales entraînera un redressement de la croissance de la productivité. Toutefois, la diffusion de l’innovation vers les entreprises nationales de taille plus modeste risque d’être limitée en raison de la fragilité de leurs liens avec les multinationales. Les aides publiques à la R-D des entreprises, qui prennent surtout la forme de crédits d’impôt, devraient être rééquilibrées au profit d’aides plus directes aux PME nationales.

La croissance repose à présent sur plusieurs piliers et bénéficie aussi d’une impulsion temporaire

La croissance de l’économie irlandaise repose à présent sur plusieurs piliers. L’expansion inhabituellement forte de l’année 2015 a été le fait des entreprises multinationales, mais l’activité a gagné du terrain dans le secteur intérieur. L’investissement productif (même hors multinationales) et l’emploi ont solidement progressé. Le taux de chômage a reculé à 9 %, même si le taux d’emploi reste encore faible. La consommation privée a nettement progressé en 2015 grâce à une forte dynamique du revenu disponible des ménages, portée par l’amélioration de l’emploi, l’allègement de l’impôt sur le revenu et les prix bas de l’énergie.

Exportations et consommation des ménages
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1. Les résultats à l'exportation sont mesurés comme la croissance effective des exportations par rapport à la croissance des marchés d'exportation du pays.

2. La croissance des marchés à l'exportation est obtenue en calculant la moyenne pondérée des taux de croissance du volume des importations sur tous ses marchés, les coefficients de pondération étant fonction de la structure de ses exportations pour une année de référence donnée.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 99.

 https://doi.org/10.1787/888933372570

Les pouvoirs publics devraient avoir pour objectif une croissance durable et inclusive

La situation financière s’améliore globalement à la faveur des mesures d’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne. La persistance du problème des créances douteuses et litigieuses empêche toutefois le véritable retour à une offre de crédit normale. Les taux d’intérêt débiteurs appliqués aux PME demeurent parmi les plus élevés de la zone euro. Malgré une accélération, l’octroi de prêts nouveaux reste inférieur au rythme des remboursements de dettes dans le secteur des sociétés non financières comme dans celui des ménages. La hausse des prix immobiliers a été modérée grâce à des mesures macroprudentielles, mais la faiblesse des taux d’intérêt et la pénurie d’offre de logements font courir le risque d’un nouvel emballement des prix.

Demande, production et prix
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 https://doi.org/10.1787/888933373999

La politique budgétaire devrait être moins restrictive que ces dernières années compte tenu de l’augmentation prévue dans les dépenses publiques, parmi lesquelles un train de mesures budgétaires de 1.5 milliard EUR pour 2016. Il reste toutefois que l’amélioration proviendra pour l’essentiel d’une croissance plus forte de la production, qui permet de collecter des impôts et de réduire certaines dépenses. Étant donné la vigueur de l’expansion de l’économie, les autorités devraient se garder d’une relance budgétaire plus forte que prévu actuellement, ce qui éviterait une surchauffe. Les réformes structurelles devraient donner la priorité au retour à l’emploi d’un plus grand nombre de personnes en améliorant l’efficacité du service public de l’emploi afin que la croissance se fasse plus durable.

L’économie enregistrera une croissance soutenue mais les risques sont élevés

L’économie devrait enregistrer une croissance soutenue, mais au prix de tensions sur les capacités poussant l’inflation vers le haut. Les exportations augmenteront en fonction de la demande des partenaires commerciaux. L’investissement productif devrait afficher une croissance solide en raison de l’amélioration des perspectives de rentabilité, même si les conditions de crédit, restrictives, resteront un frein. L’emploi progressera de manière régulière alors que le taux d’activité augmentera. Les salaires devraient augmenter plus fortement avec l’apparition de tensions sur le marché du travail. La consommation des ménages sera soutenue avec la progression continue des revenus du travail, même si les remboursements de dettes risquent de freiner cette dynamique.

La croissance des salaires pourrait se révéler nettement plus forte que prévu et stimuler la demande à court terme, mais elle pourrait aussi générer de nouvelles tensions inflationnistes et peser sur la compétitivité. La politique budgétaire pourrait se révéler plus expansionniste que prévu car l’on pourrait être tenté de dépenser le surcroît de recettes qui aura été généré par une croissance très soutenue. Des tensions sur la demande pourraient également se produire. La sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’Union européenne pénaliserait lourdement l’économie irlandaise. Les exportations de l’Irlande vers le Royaume-Uni, soit 20 % du total de ses exportations, seraient particulièrement sensibles à un relèvement des obstacles commerciaux et à une forte dépréciation de la livre sterling.