6. Les mesures économiques et budgétaires de crise au Luxembourg

Face à la crise sanitaire, la réponse budgétaire des pays de l’OCDE a été rapide, massive et protéiforme. Au Luxembourg, le dispositif global de soutien aux entreprises a été similaire à celui de nombreux pays de l’OCDE. Il a consisté en une diversité de mesures qui ont eu pour but d’offrir une réponse adaptée à la situation de chaque entreprise. Ces mesures peuvent être regroupées en quatre catégories principales : i) annulation et report d’impôts, ii) mesures pour maintenir l’emploi, iii) aides directes, iv) prêts et garanties de l’État. Pour chacune de ces quatre catégories le Graphique 6.1 détaille les mesures considérées dans ce chapitre. Le choix des mesures analysées a été fait en considérant leur part relative dans les décaissements relatifs au plan d’urgence du Luxembourg.

Pour faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire, des plans de stabilisation et de relance ont été mis en place pour soutenir et accélérer la reprise en cours et la croissance de demain. Le volet relance ne sera pas examiné en détail dans ce chapitre car il serait prématuré de mener une analyse d’impact sur un volet dont la mise en œuvre est encore en cours.

L’analyse des mesures discrétionnaires dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 montre que les politiques de soutien au Luxembourg ont été à la hauteur des besoins de la plupart des secteurs économiques. Les indépendants ont été moins soutenus au début de la crise. Cependant, des mesures de soutien spécifiques ont été mises en place au cours de la crise. L’octroi des aides a été rapide, ce qui est un facteur clé de succès pour soutenir les entreprises qui peuvent manquer de liquidité très rapidement. Vu l’ampleur et la rapidité de l’intervention, le risque aurait été celui d’un effet d’aubaine ayant permis à des entreprises d’être aidées sans en avoir besoin. Les analyses de l’OCDE indiquent que ce n’est pas le cas : les entreprises les plus affectées par la crise sont celles qui ont été le plus soutenues. Ces analyses montrent qu’il est important de continuer à suivre la santé financière des entreprises pour être en mesure de bien cibler les interventions futures. Il apparaît également nécessaire de poursuivre la digitalisation des procédures administratives qui a fait ses preuves pendant la crise et peut contribuer à la résilience du climat des affaires.

Le reste du chapitre est structuré de la façon suivante. Il évalue d’abord l’enveloppe globale mise en place par le Luxembourg en la comparant avec celle d’autres pays de l’OCDE. Il se penche ensuite sur la mise en œuvre des mesures de soutien, en analysant les procédures de dépôt et d’octroi des aides, ainsi que les procédures budgétaires permettant l’octroi des fonds nécessaires. Il enchaine avec l’analyse du recours aux dispositifs d’aide pour aborder la question du ciblage. Il présente également les résultats d’une micro-simulation offrant quelques éléments pour évaluer l’impact des mesures sur la performance des entreprises.

Au Luxembourg, les premières mesures de soutien aux entreprises ont été définies très rapidement en accompagnement du confinement strict mis en œuvre le 18 mars 2020. La plupart des mesures ont fait suite à la communication de l’Union européenne du 19 mars 2020 adaptant la régulation en matière d’aide d’État (voir Encadré 6.1). L’objectif du Luxembourg et de la plupart des pays dans la zone était de préserver l’appareil national de production pour une future reprise et de limiter les conséquences sociales du choc d’activité. Au Luxembourg, le chômage partiel a été la mesure clé par son ampleur au sein de l’enveloppe globale des dépenses. En cela, les choix fait par le Luxembourg sont alignés avec ceux fait par d’autres économies ouvertes comme l’Irlande et la Belgique. Les mesures de liquidité comme les prêts et les garanties de l’État ont eu un poids moindre au Luxembourg, limitant le risque d’un endettement des entreprises sur le long terme à la sortie de la crise.

Comme dans de nombreux autres pays européens, l’ajustement sur le marché du travail au Luxembourg s’est fait par une réduction du temps de travail moyen par salarié. L’enjeu était de limiter la hausse du taux de chômage en réduisant la durée du travail grâce à l’activité partielle. Cela se traduit par un dispositif d’ampleur dont le financement public occupe la place plus importante dans le soutien aux entreprises. Outre le régime de chômage partiel « coronavirus » / pour cas de force majeure, mis en place en mars 2020, les mesures en faveur de l'emploi ont inclus un congé pour raisons familiales liées au COVID-19. Ce dispositif a permis aux salariés et aux indépendants d’assurer la garde de leur(s) proches suite à la fermeture des écoles, des maisons relais et des établissements pour personnes en situation de handicap ou pour personnes âgées.

En parallèle, dès la fin du mois de mars 2020, l’État a mis en place plusieurs vagues d’aides directes non remboursables. Ces aides ont d’abord été destinées aux entreprises de moins de 10 salariés (microentreprises). Les indépendants, qui pouvaient également bénéficier de cette aide, ont été spécifiquement ciblés à partir d’avril 2020. Les entreprises de moins de 20 salariés et les indépendants ont reçu une deuxième aide forfaitaire respectivement en avril et mai 2020. À partir du mois de juin 2020, l’aide de relance accordait à toutes les petites entreprises du tourisme, de l’évènementiel, du secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés (HORECA), de la culture ou du divertissement, ainsi qu’aux indépendants une aide mensuelle de 1 250 EUR par salarié en poste et de 250 EUR par salarié au chômage partiel complet. Les entreprises étaient éligibles si elles avaient subi une perte de leur chiffre d’affaires de plus de 25 % par rapport au même mois en 20191. L’aide de relance a été modulé après mars 2022 dans le cadre d’une réduction progressive, pour se terminer en juin 2022. En novembre 2020, le gouvernement a également mis en place l’aide pour ‘coûts non couverts’. Cette aide directe mensuelle non remboursable, était adressée aux secteurs les plus durement touchés par la crise du COVID-19, à savoir, les entreprises du tourisme, de l’évènementiel, de l’HORECA, de la culture et du divertissement. Elle avait pour but de couvrir une partie des dépenses mensuelles non couvertes par les recettes des entreprises. Les entreprises étaient éligibles si elles avaient subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 40 % par rapport au même mois en 2019. L’aide de relance et l’aide ‘coûts non couverts’ ont été prolongés jusqu’à juin 2022. D’autres aides financières spécifiques aux secteurs du tourisme (notamment les bons d’achat pour nuitées), du commerce de détail en magasin, de la culture, du sport et de l’agriculture ont été mis en place dans la même période.

Les entreprises rencontrant des difficultés de liquidité, en raison de la pandémie, ont eu également la possibilité de demander l’annulation des avances d’impôts directs (sur le revenu et au titre de l’impôt commercial communal) pour les deux premiers trimestres de 2020. Pour les entreprises du secteur de l’HORECA, cette possibilité a été étendue aux 3e et 4e trimestres 2020. L’État a également aidé les entreprises touchées par la crise du COVID-19 en accélérant le remboursement de certaines créances fiscales (impôts indirects), en particulier les crédits de TVA inférieurs à 10 000 EUR. Les crédits de TVA impayés inférieurs à 10 000 EUR ont été automatiquement remboursés au cours de la semaine du 16 mars 2020. Les pénalités pour la soumission tardive de la TVA et d'autres déclarations ont été supprimées.

En complément des aides non remboursables, l’État a octroyé également aux entreprises des subventions en capital sous forme d’avances remboursables et des garanties pour faciliter l’accès au financement bancaire (Encadré 6.2).

L’analyse des mesures d’urgences mises en place au Luxembourg et dans 6 pays de l’OCDE (Allemagne, Belgique, France, Irlande, Pays-Bas, Suisse) confirment que le pays est intervenu aussi rapidement que ses voisins (voir Tableau 6.1). En revanche, les autres pays ont mis en place ou adapté des dispositifs pré existants de revenu de remplacement récurrent pour les indépendants. Le Luxembourg a préféré adapter le cadre légal du chômage partiel (qui ne prévoyait pas d’indemnisation pour les indépendants). Au-delà des avances remboursables, le gouvernement a instauré une aide forfaitaire non remboursable de 2 500 EUR le 8 avril à destination des indépendants afin d’atténuer en partie les effets de la crise. Cette aide a complété la 1ère aide forfaitaire auprès des microentreprises dont une partie des bénéficiaires était des indépendants.

Les mesures adoptées au Luxembourg qui ont été les plus importantes en termes budgétaires sont.

  • le chômage partiel, avec 1 208 millions EUR accordés au total

  • le congé pour raisons familiales, avec 288 millions EUR sur l’année 2020 et 2021

  • le fonds de relance et de solidarité, avec 271 millions EUR accordes au total (110 millions EUR pour l’aide de relance’ et 161 millions EUR pour l’aide ‘coûts non couverts’)

  • le régime de garantie étatique, garantis avec 194 millions EUR garanties au total sur les prêts ouverts en 2020 et 2021

  • les avances remboursables accordées aux entreprises pour un montant total de 180 millions EUR.

Pour mieux évaluer l’importance relative des mesures mises en place au Luxembourg, leurs montants sont comparés à l’effort d’autres pays de l’OCDE (Allemagne, Belgique, France, Irlande, Pays-Bas, Suisse), en ce qui concerne les quatre grands types de mesures principalement utilisées pour soutenir les entreprises : i) les reports et annulations de charges et d’impôts ; ii) le chômage partiel et les congés ; iii) les aides directes ; et iv) les prêts et garanties étatiques.

L’estimation du montant agrégé des dispositifs d’urgence des pays de l’OCDE, ainsi que de la ventilation des dépenses entre différents postes, est délicate. En effet, la catégorisation des mesures n’est pas uniforme entre pays. La disponibilité et la fréquence d’actualisation des données varient également. Cet exercice est néanmoins utile car il permet de mieux évaluer les choix réalisés dans un pays donné par rapport aux efforts des autres pays de l’OCDE.

De manière agrégée, on observe ainsi une certaine hétérogénéité dans l’ampleur relative des dispositifs nationaux.1 En 2020-2021, sur les 3 570 milliards EUR alloués pour faire face à la crise du COVID-19, le Luxembourg a alloué 2 850 milliards EUR d’aides destinées aux entreprises et aux ménages. Ce montant correspond à 3.9 % de son PIB annuel en 2021. Cet effort est comparable à celui de la Belgique et de l’Irlande qui y ont consacré respectivement 4.7 % et 3.3 % de leur PIB. Ces économies ont été relativement moins touchées par la crise et, ont donc pu rebondir plus rapidement. Dans d’autres pays, l’effort a été plus important : aux Pays-Bas, il a atteint 12.6 % du PIB, en France, 11.9 % et en Allemagne, 5.6 %.

Parmi les mesures de soutien, deux catégories de dispositifs sont distinguées : (a) les mesures budgétaires (chômage partiel et congé, aides directes et annulations de charges et d’impôts) et (b) les mesures de liquidité et de garantie (garanties étatiques, reports de charges et d’impôts et prêts de l’État). Cette taxonomie permet de distinguer les dépenses avec effet immédiat et définitif sur le solde public, des décaissements temporaires et des garanties qui ne devraient avoir qu’un impact limité sur le solde public dans les années à venir. De manière générale, tous les pays considérés dans l’analyse ont misé principalement sur un effort budgétaire immédiat, à l’exception des Pays-Bas et de la France qui ont privilégié les mesures de liquidité et de garanties dans l’enveloppe totale.

Au niveau agrégé, les principales mesures budgétaires sont comparables, variant entre 3.0 % (Irlande) et 4.3 % (Pays-Bas) du PIB. Concernant les mesures de liquidité et de garantie, la France et les Pays-Bas se distinguent avec respectivement un montant total octroyé de l’ordre de 8.6 % et 8.3 % du PIB, suivis par la Suisse (2.3 %), l’Allemagne (2.1 %), le Luxembourg (1.1 %), la Belgique (0.8 %) et l’Irlande (0.3 %) (voir le Graphique 6.2).

L’analyse comparative des dispositifs d’urgence montre que le Luxembourg (avec l’Irlande, la Belgique et la Suisse) se distingue par la part prédominante des dispositifs en faveur de l’emploi, principalement sous forme d’activité partielle (voir le Graphique 6.3). Le choix fait par le Luxembourg de privilégier le maintien de l’emploi dès les phases initiales de la crise semble être pertinent vu le recours important du pays aux travailleurs transfrontaliers et la nécessité pour celui-ci de retenir le plus possible cette main d’œuvre. Ce choix a pu également faciliter la reprise économique suite au rebond de la demande au deuxième semestre 2020 (OCDE, 2021[1] ; FMI, 2021[2]).

Dans tous les pays considérés dans cette analyse comparative, le financement public du chômage partiel occupe une place importante dans le dispositif national de soutien aux entreprises. Au Luxembourg, l’activité partielle représente 60 % des montants dépensés pour soutenir les entreprises, avec un taux de décaissement de 1.6 % du PIB. Le taux de couverture de ce dispositif est parmi les plus élevé, à savoir 80 % des salaires bruts, voire 100 % pour les salaires situés au niveau du Salaire Social Minimum. En Irlande, le chômage partiel représente 70 % des dépenses budgétaires octroyées pour soutenir les entreprises, soit 2.1 % du PIB. En revanche, en Allemagne, où le taux de remplacement est parmi les plus faibles (60 % sur salaire horaire net de référence), le chômage partiel ne représente que 20 % des dépenses budgétaires octroyées pour soutenir les entreprises, soit 0.7 % du PIB (voir le Graphique 6.4 et le Graphique 6.5).

Les aides directes se traduisent par des subventions ou assimilés accordées aux entreprises et indépendants. Ce sont des dispositifs récurrents et importants de soutien budgétaire aux entreprises. Elles occupent une place majoritaire pour l’Allemagne et la France couvrant respectivement 50 % et 44 % des dépenses budgétaires octroyées pour soutenir les entreprises, soit un taux de décaissement respectif de 1.7 % et 1.4 % du PIB. Au Luxembourg, ces aides ont pesé moins d’un point de vue budgétaire (couvrant 16 % des dépenses budgétaires soit 0.6 % du PIB), le volet emploi ayant couvert le premier choc de la crise. Cependant, comme la deuxième partie du chapitre le montrera, les aides directes ont été utilisées davantage en 2021 (voir le Graphique 6.5).

Au Luxembourg, les reports de charges et d’impôts représentent approximativement le même montant que les aides directes (à la différence que les reports sont des dépenses temporaires pour l’État). Ces mesures incluent l’annulation des avances trimestrielles en matière d’impôts, le report des échéances d’impôts, le report des cotisations sociales et le remboursement des soldes créditeurs TVA.

En ce qui concerne les mesures de liquidité et de garantie, les prêts garantis par l’État constituent le dispositif le plus utilisé dans la plupart des pays étudiés. Au Luxembourg, il représente cependant que 23 % de l’ensemble des dépenses de liquidité octroyées, soit 0.3 % du PIB. Ce type de dispositif atteint la quasi-totalité de l’effort global de liquidité et de garantie décaissé en Suisse, soit 2.3 % du PIB. Cette part est supérieure à 60 % dans tous les pays étudiés, hormis le Luxembourg et l’Irlande (voir le Graphique 6.6 et le Graphique 6.7).

Si ces dispositifs sont largement utilisés par l’ensemble des pays étudiés, les mécanismes de mise en œuvre diffèrent. La plupart des pays, à l’instar du Luxembourg, garantissent des prêts d’une durée maximale de six ans. Certains pays prévoient un délai de dix ans dans des situations particulières (petites entreprises en grave difficultés de trésorerie en France par exemple). Le taux d’intérêt est modulé par rapport à la durée du prêt. Au Luxembourg, il est de 0.25 % pour une maturité d’un an, 0.5 % pour trois ans et 1 % pour six ans (voir le Graphique 6.6).

Enfin, la plupart des États ont mis en place des reports de charges et d’impôts en faveur des entreprises. Ce type de mesure représente 60 % de l’enveloppe des mesures de liquidité et de garantie au Luxembourg, contre 42 % en Irlande. Les reports de charges peuvent prendre la forme de reports de paiement des impôts directs (comme aux Pays-Bas, en Allemagne et en Irlande), de report de cotisations sociales pour les entreprises et les travailleurs indépendants, ou de reports du paiement de la TVA (comme en Belgique) (voir le Graphique 6.6).

Le maintien de l’emploi au Luxembourg a été appuyé par un dispositif de soutien au chômage partiel et de contrôle comptable ex post qui a permis une réponse rapide aux demandes et besoins des entreprises, tout en contenant la dépense publique. L’outil numérique utilisés pour le traitement des aides directes aux entreprises a également permis de répondre rapidement aux demandes et d’octroyer les aides dans des délais relativement courts, constituant ainsi un facteur clé de sauvegarde de la liquidité des entreprises (Schivardi, 2020[3]). Les procédures budgétaires ont été suffisamment flexibles pour allouer rapidement les crédits nécessaires, tout en informant le Parlement.

Le gouvernement, en concertation avec les partenaires sociaux, a introduit le régime de chômage partiel pour « cas de force majeure COVID-19 » le 18 mars 2020. Contrairement au système de droit commun, ce régime spécial reposait sur des avances aux entreprises afin de soutenir rapidement les entreprises. L’existence du Comité de conjoncture et de son cadre consultatif pour l’octroi du chômage partiel (voir l’Encadré 6.3) a facilité la concertation avec les partenaires sociaux et la réponse rapide aux demandes des entreprises.

Une fois la demande de l’entreprise acceptée par le Comité de conjoncture, l'Agence pour le développement de l’emploi (ADEM)2 versait l’avance exceptionnelle. Les entreprises ont ainsi pu profiter de cette avance dans les 10 jours suivant la réception de leur dossier par l’ADEM. Un processus de contrôle ex post permettait de vérifier l’adéquation entre les avances versées et le nombre d’heures réellement chômées déclarées via les comptes des entreprises. Au total, 20 000 dossiers ont été contrôlés. Les différences entre les montants réellement dus aux entreprises et les avances perçues par celles-ci ont été répercutées sur les indemnisations des exercices suivants.

L’utilisation de ce système d’avance avec vérification ex post semble avoir été particulièrement efficace pour répondre très vite aux besoins des entreprises tout en limitant les risques de gaspillage. De tels système ont également été mis en place dans d’autres pays de l’OCDE (OCDE, 2022[4]). Au Luxembourg, le risque de fraude semble avoir été relativement contenu : en 2021, seules six entreprises frauduleuses ont été signalées par le Ministère du Travail, soit parce qu’elles avaient fait faillites ou parce qu’elles ont continué à faire travailler leurs employés (Chambre des députés, 2021[5] ; Jacquemot, 2021[6]).

Contrairement au chômage partiel, les aides directes ont pris plus de temps pour être mises en place faute de cadre légal préexistant. La première aide forfaitaire versée le 25 mars 2020 aux microentreprises, d’un montant de 5 000 EUR, a bénéficié exclusivement aux structures fermées en raison des décisions gouvernementales. Cette aide excluait, de ce fait, environ 6 000 entreprises : soit parce qu’elles n’étaient pas considérées comme microentreprises car tombant en dessous des seuils légaux, ou parce que, bien qu’affectées par les restrictions sanitaires, elles n’avaient pas fait l’objet d’une fermeture administrative. La Direction Générale des Classes Moyennes du Ministère de l’Économie (MECO/DGCM) a de ce fait décidé d’ouvrir les dispositifs suivants à ces entreprises.

Au début de la crise, le ciblage des aides aux entreprises n’était pas toujours approprié. En effet, les avances remboursables et le chômage partiel étaient ciblés sur les secteurs définis par le code de la Nomenclature statistique des Activités économiques dans la Communauté Européenne (NACE), qui est un système de classification des activités économiques basé sur le code de l’Activité Principale de l’Entreprise (APE). Cependant, cette classification est apparue inadaptée à l’octroi des aides. En effet, en se reposant sur cette classification pour déterminer quelles entreprises devaient bénéficier des aides, les pouvoirs publics ont exclu les entreprises qui, bien que n’appartenant pas à un secteur NACE, en dépendaient fortement. C’était notamment le cas du secteur de l’événementiel qui fait vivre de nombreuses entreprises qui n’appartiennent pas strico sensu au secteur (ingénieurs du son, responsable de communication, organisateur d’événement d’entreprise en ligne, etc.) et qui de ce fait, n’ont pas reçu d’aides. Pourtant, la chute de l’activité dans ce secteur les a vraisemblablement affectées de façon similaire. Les entreprises dont le code APE n’était pas actualisé pouvaient également sortir des radars. Par la suite, le MECO/DGCM a cherché à éviter ce biais en demandant aux entreprises de décrire leur activité principale dans leurs demandes d’aide, ce qui a permis de mieux cibler les entreprises. Les services du Ministère ont ainsi dû analyser au cas par cas ces descriptions d’activité.

Certains indépendants ont bénéficié de la première aide forfaitaire de 5 000 EUR (environ 1 sur 6) et ils étaient éligibles aux avances remboursables créées le 3 avril 2020. La deuxième aide mise en place par la MECO/DGCM le 8 avril était destinée spécifiquement aux indépendants, ayant fait l’objet ou non d’une fermeture administrative. Elle a permis à certains indépendants de percevoir 2 500 EUR directement sur leur compte, ce qui a quelque compensé leur inéligibilité au chômage partiel. Cependant, la plupart des indépendants n'ont reçu cette aide qu’en mai, voir en juin 2020 (Graphique 6.8). En effet, toutes les demandes pour cette aide ont été entièrement digitalisées pour la première fois, demandant ainsi un peu de temps aux services du Ministère pour s’adapter à l’outil numérique. C’est ainsi que les services de la MECO/DGCM n’ont pu commencer à traiter les requêtes qu’à partir du 16 avril. Il est également possible que certains indépendants éligibles n’aient pas immédiatement eu connaissance de cette aide. Le fait que le nombre de demandes fut plus important pour la deuxième et troisième aide forfaitaire adressée aux indépendants va dans ce sens. Certains indépendant ont aussi pu penser qu’ils n’étaient pas éligibles car ils ne l’étaient à la première aide de 5 000 EUR (parce que leur activité ne faisait pas l’objet d’une fermeture administrative).

Il ressort donc de cette analyse que l’octroi des aides aux indépendants a été plus laborieuse. Cela semble être en parti dû au fait de leur statut particulier, qui les exclut du chômage partiel. En outre, le chômage partiel a bénéficié d’un cadre de concertation avec les partenaires sociaux, à savoir, le Comité de conjoncture. Cela n’a pas été le cas pour la mise en place des aides directes, y compris aux indépendants, pour lesquelles la concertation et le dialogue ont eu lieu d’une façon plus informelle. Pour remédier à cette situation, le Luxembourg devrait à l’avenir évaluer les besoins des indépendants et bien prendre en compte leurs particularités, et envisager de renforcer les aides récurrentes conditionnées au déclenchement d’une crise. Il serait également opportun de mettre en place un cadre plus formel de dialogue incluant les représentants des indépendants, en vue de la mise en place d’aides aux entreprises, et ce pour mieux cibler les aides directes et en suivre leur mise en œuvre.

L’évolution du nombre d’entreprises ayant recours à une aide reflète les différentes vagues de contaminations et les contraintes sanitaires associées. La première vague se caractérise par un très fort recours aux mesures de soutien pendant une période de trois mois, suivi d’un moindre recours de juillet à octobre 2020 pour repartir légèrement à la hausse de novembre 2020 à juin 2021 (voir Graphique 6.9). Les montants mobilisés diffèrent significativement entre la première et la deuxième vague. Ces différences s’expliquent à la fois par l’évolution du nombre d’entreprises bénéficiaires, mais aussi par la redéfinition de certains dispositifs, en particulier du Fonds de relance et de solidarité, qui est monté en puissance dans la deuxième phase de la pandémie, répondant à la nécessité de relancer l’économie à la sortie de crise. De plus le Fonds de relance et de solidarité s’est focalisé sur les entreprises les plus fortement touchées par la pandémie COVID-19.

Pour le chômage partiel, les montants versés s’élèvent à 482 millions EUR pour la première vague contre seulement 81.5 millions EUR lors de la période qui a suivi, pour progresser à nouveau lors de la troisième période et atteindre 280 millions EUR (voir Graphique 6.9, Panel a). Le nombre d’entreprises bénéficiaires s’élève à 33 032 pendant la première vague et 10 868 pendant la deuxième. Cette baisse s’explique principalement par la différence d’intensité du choc d’activité subi lors du premier et deuxième confinement (voir Graphique 6.9, Panel b). D’après les données STATEC, après une baisse de -7.3 % au deuxième trimestre 2020 de l’activité au plus fort de la crise, le Luxembourg a pu retrouver son niveau d’activité d’avant-crise dès le troisième trimestre 2020.

À l’inverse, les montants alloués aux aides directes ont presque doublé entre la première et la troisième période passant de 60.9 millions EUR à 125 millions EUR. Cette hausse ne s’explique pas par un nombre d’entreprises bénéficiaires plus élevé (il est en réalité en baisse), mais par une plus grande diversité des aides directes adressées aux entreprises et une concentration accrue des aides pour les secteurs les plus touchés.

La digitalisation a joué un rôle très important pour la mise en œuvre des aides directes aux entreprises. La MECO/DGCM a assuré la gestion back-office du traitement de l’aide via un logiciel de gestion connu comme MMAET. Ce logiciel était opérationnel moins d’une semaine après le lancement de la première aide (25 mars 2020) et son développement a été accéléré pendant la crise.

La MECO/DGCM est rapidement passé au « tout digital » pour le traitement des aides. À partir du lancement de l’aide forfaitaire pour les indépendants (8 avril 2020), les demandeurs devaient obligatoirement utiliser l'espace professionnel du site internet MyGuichet.lu.3 Cela a entraîné du retard dans sa mise en œuvre car le traitement des demandes n’a pu commencer que le 16 avril. Toutefois, cela a généré un gain de temps important pour les entreprises et un gain d’efficacité pour l’administration.

En parallèle, le logiciel MMAET a été amélioré continuellement depuis le début de la crise. Il a permis de connaître la situation au niveau du nombre des demandes introduites ainsi que le statut des demandes (en traitement, en paiement, refus etc.). Ces chiffres sont disponibles en temps réel.

Afin de répondre aux nombreuses demandes d’informations, une hotline et une adresse mail dédiée ont été mises en place. La MECO/DGCM actualisait une Foire aux Questions (FAQ) distinguant les activités éligibles des activités non-éligibles. Cette FAQ était actualisée et envoyée aux chambres patronales quotidiennement. Une adresse e-mail dédiée à l’aide des coûts non couverts et à l’aide de relance a été créée. Une « Hotline » a été assurée par les agents de la House of Entrepreneurship, un point de contact dédié à l’entrepreneuriat lancé en 2016 sous l’impulsion de la Chambre de Commerce et du Ministère de l’Économie (House of Entrepreneurship, s.d.[7]). La mobilisation de la House of Entrepreneurship pour répondre aux questions et donner plus d’informations sur les mesures d’aide a non seulement offert des réponses au plus proche des besoins des entrepreneurs mais elle a également permis à la MECO/DGCM de se concentrer sur le traitement des demandes.

Enfin, la MECO/DGCM a mis en place un processus de contrôle visant à vérifier les informations fournies par les entreprises pour éviter le risque de fraude. Un audit interne a été également conduit en procédant par contrôle d’échantillon.

L’analyse des indicateurs de traitement des demandes reçues révèle les effets positifs de ces initiatives sur le traitement des demandes. Pour l’aide initiale de 5 000 EUR destinée aux microentreprises, sur 14 145 demandes, seules 6 220 entreprises ont été retenues (voir le Tableau 6.2). Cet écart important s’explique par le non-respect des critères d’éligibilité dû principalement à une mauvaise compréhension du critère de taille de l’entreprise. Le nombre d’employés en équivalent temps plein (ETP) retenu était celui du groupe et non de l’établissement ou de l’entreprise. Le taux de refus s’est nettement amélioré suite à la deuxième aide de 12 500 EUR puisque 8 022 entreprises sur 8 944 demandes ont été acceptées. En cumulé, l’État a indemnisé les entreprises à hauteur d’environ 76 millions EUR.

En moyenne, les entreprises ont attendu 15 jours pour recevoir la deuxième aide forfaitaire de 5 000 et 12 500 EUR. Pour les aides de relance et pour les coûts non couverts, les entreprises ont dû attendre en moyenne, respectivement, 15 et 30 jours pour voir le montant demandé décaissé. Pour le régime d’avances remboursables le délai a été de 29 jours en moyenne (voir le Graphique 6.10).

Avec le temps, une part croissante des demandes reçues a été acceptée. Concernant les aides forfaitaires et les avances remboursables, deux semaines après leur mise en place, la quasi-totalité des demandes a été traitée dans un délai de sept jours (voir le Graphique 6.11). L’aide pour coûts non couvert est celle dont le délai moyen (et médian) est le plus important. C’est également le dispositif pour lequel la MECO/DGCM a mis le plus de temps à couvrir la totalité des demandes. Cela s’explique en partie par le nombre d’étapes nécessaires pour valider une demande et octroyer une aide aussi importante que celle-ci (le plafond de l’aide étant de 300 000 EUR). En outre, l’aide demandait un certain nombre de pièces et d’éléments que les entreprises devaient envoyer. Cela a entraîné un nombre important de demandes incomplètes.

L’amélioration du temps de traitement résulte également de la baisse du nombre de demandes reçues associée à l'atténuation de la crise (voir Graphique 6.12).

La gestion de la crise a montré les avantages offerts par la digitalisation des démarches administratives ainsi que leur simplification pour octroyer les aides rapidement et préserver la liquidité et l’emploi dans les entreprises. Il faudra poursuivre cette démarche.

  • Recommandation : mener au sein du MECO et MECO/DGCM une analyse approfondie des démarches administratives des entreprises, surtout chez les petites et moyennes, pour les simplifier et les digitaliser. Les services concernés pourront s’appuyer sur les outils mis en place durant la crise.

Dès sa mise en œuvre, le régime des prêts garantis a été fortement sollicité par les entreprises luxembourgeoises affectées par la pandémie. Ainsi, au cours des trois premiers mois de sa mise en œuvre, 222 prêts ont été accordés, pour un montant total de 95.6 millions EUR. Au 31 décembre 2021, la Trésorerie de l’État a recensé un total de 415 prêts accordés, pour un montant total des prêts accordés équivalent à 194 millions EUR. Le montant garanti par l’État luxembourgeois équivaut à quelques 164.9 millions EUR (85 % du montant nominal des prêts). Avec la reprise, le nombre de demandes a progressivement baissé, stagnant à des niveaux relativement bas durant les trois premiers trimestres de l’année 2021, soulignant ainsi la résilience du tissu économique luxembourgeois face à la pandémie (voir le Graphique 6.13).

La Trésorerie de l’État gère au quotidien le registre des prêts garantis, y compris l’acceptation et le refus des dossiers transmis par les banques. Les dispositifs et la mise en œuvre concrète sont formalisés dans une convention signée entre l’État luxembourgeois et les banques (BCEE, BIL, Banque de Luxembourg, Banque Raiffeisen, BGL BNP Paribas, ING, Bank of China, Banque BCP) participantes au régime de prêts garantis.

Au Luxembourg les entreprises bénéficiaires disposent de six ans pour rembourser les prêts en question, comme c’est le cas dans la plupart des pays (Anderson J., 2020[8]). Au 30 juin 2022, moins de 7 % des prêts sont en défaut. Parmi ces prêts, seuls 28 ont été classés comme prêts « en défaut » pour un montant total de 12 781 800 EUR. Il est à noter que la notion de « prêt en défaut » ne veut pas nécessairement dire qu’une procédure de mise en faillite a été engagée et que l’État risque de devoir supporter tout ou partie du montant du prêt accordé. Aucune garantie de l’État n’a pour le moment dû être activée (Gouvernement du Luxembourg, 2022[9]).

Au regard de l’ampleur des mesures économiques mises en place au Luxembourg, le gouvernement a dû s’assurer qu’il y ait suffisamment de liquidité pour décaisser les fonds rapidement, et qu’il dispose également d’une autorisation pour se faire. Un mécanisme permettant un suivi approprié de l’engagement et du décaissement des fonds était aussi nécessaire.

À cette fin, et ce depuis le début de la crise sanitaire, le Luxembourg s’est assuré de l’existence de liquidités suffisantes pour pouvoir décaisser les sommes liées aux mesures exceptionnelles adoptées, mais aussi pour absorber la chute des recettes concomitante à la crise (par exemple dans le cas de l’impôt général sur le revenu de traitement et salaires ainsi que la TVA).

Pendant les deux premiers mois de la crise, le Luxembourg a notamment pu profiter d’un surplus de liquidités grâce à un emprunt lancé en novembre 2019, pour un montant de 1.7 milliards EUR, dans le but de rembourser un emprunt venant à échéance en mai 2020. Cette situation de fait, a permis de donner du temps précieux à la Trésorerie de l’État dans un contexte de grande incertitude et de volatilité accrue sur les marchés due à la hausse des taux de financement au niveau international. Cette période d’incertitude n’a pas duré longtemps en Europe, grâce à l’intervention de la Banque Centrale européenne (BCE) avec le programme d’achat de titres d’urgence face à la pandémie de COVID-19 qui a été mis en place à partir du 18 mars 2020. La loi du 18 avril 2020 a également permis au gouvernement d’emprunter 2.5 milliards EUR additionnels, le 28 avril 2020. L’ensemble de ces facteurs ont permis au Luxembourg de ne jamais connaitre de problèmes de liquidités.

Au-delà d’avoir les sommes disponibles pour financer les mesures, il fallait aussi que le gouvernement ait l’autorisation d’engager et de débourser les fonds. En principe, les crédits qu’un gouvernement peut utiliser sont limités au montant mentionné dans le budget qui a été voté par le Parlement. Une augmentation de ces crédits nécessite donc une adaptation du budget par le Parlement. Toutefois, il existe une exception importante à cette règle au Luxembourg. En effet, des articles peuvent être dotés de la mention « crédit non limitatif » dans des cas exceptionnels. Pour ces crédits, le ministre du budget peut autoriser un dépassement sur demande du ministre ordonnateur. Chaque année, le budget contient plusieurs articles avec des crédits non limitatifs pour chaque ministère, l’objectif étant de doter le budget annuel d’une certaine flexibilité en cas de force majeure ou de retournement de conjoncture imprévisible. Dans le cas de la crise COVID-19, cette exception a permis au gouvernement luxembourgeois d’engager et de débourser la majorité des crédits nécessaires de cette manière flexible, sans devoir passer par le Parlement. En effet, plus de 80 % des dépenses supplémentaires liées à la crise COVID en 2020 sont liés à des articles avec des crédits non limitatifs qui étaient déjà prévu dans le budget 2020 initial (voté par le Parlement fin 2019).

Néanmoins, de nouveaux articles budgétaires ont tout de même dû être adoptés pour certaines mesures. Ainsi la loi de 24 juillet 2020 a mis en place un Fonds de relance et de solidarité pour les entreprises et la loi du 15 décembre 2020 a fourni la base légale pour créer un nouvel article non limitatif pour le financement des dépenses de l’assurance maladie lié au COVID-19. Mais la plupart des dépenses liés à la crise avait déjà une base légale dans le budget initial, ce qui a facilité une réaction rapide du gouvernement. Contrairement à la France ou l’Allemagne par exemple, le Luxembourg n’a pas dû introduire une loi de finance rectificative au Parlement.

Cette flexibilité a été accompagné par une communication fréquente du ministre des Finances envers le Parlement. Le ministre des Finances a fait régulièrement le point sur l’évolution de la situation financière de l’État lors de réunions conjointes de la Commission des Finances et du Budget et de la Commission du Contrôle de l’exécution budgétaire de la Chambre des députés. À cette occasion, le ministre faisait un reporting sur les montants déboursés en réponse à la pandémie du COVID-19. Néanmoins, l’information était restreinte aux montants, sans fournir de détails sur leur ventilation par mesure ou par type de bénéficiaires. Pour 2022, en revanche, le ministère des Finances a pris acte de la recommandation de la Cour des comptes et a produit un document avec de l’information détaillée pour chaque mesure introduite 2020. La publication de ce document est en cours d’élaboration. Cette démarche d’échange et d’information devrait se poursuivre. À l’avenir, le gouvernement du Luxembourg devrait poursuivre cet échange régulier avec la Chambre des députés sur les bénéficiaires, le ciblage et l’impact des mesures mises en place, même dans les situations de crise.

Le suivi qui a été fait par le ministère des Finances et l’inspection générale des finances s’est concentré sur l’aspect budgétaire et financier pour assurer la continuité du système budgétaire et assurer une liquidité suffisante. Puisque le Luxembourg n’a pas (encore) introduit la budgétisation axée sur la performance, les autorités budgétaires n’avaient pas la possibilité de faire un suivi de l’efficience ou de l’efficacité des mesures adoptées. Si, dans la phase aigüe de la crise, cette analyse n’était pas nécessairement prioritaire, une perspective budgétaire incluant des données de performance aurait été utile dans un contexte de crise longue pour statuer sur l’opportunité de prolonger certaines mesures ou de les cibler davantage. Une telle approche axée sur la performance aurait aussi pu fournir de l’information additionnelle au Parlement, renforçant ainsi la transparence. De façon générale, une budgétisation axée sur la performance contribuerait à la qualité du processus budgétaire au Luxembourg. L’approche en France peut servir d’exemple dans ce domaine avec les rapports annuels de performance en annexe aux comptes du budget 2020 avec les objectifs et les indicateurs de performance.

L’analyse croisée des données sur la situation financière des entreprises luxembourgeoises et des données sur les aides de l’État indique que le dispositif du soutien au Luxembourg a répondu aux besoins de la plupart des entreprises (voir l’Encadré 6.4). Aussi, les entreprises les plus touchées par la crise ont été les plus aidées. A l’inverse, un dispositif de soutien généralisé à toutes les entreprises aurait pu bénéficier également aux entreprises qui auraient pu s’en sortir seules. C’est l’effet d’aubaine. L’autre risque associé à dispositif de soutien généraliser aurait été de garder en vie des entreprises destinées à faire faillite en l’absence de crise. Cependant, les données disponibles suggèrent que ce n’a pas été le cas au Luxembourg. Les aides d’État ont bénéficié aux entreprises qui étaient en bonne santé en 2019 et qui ont été particulièrement touchées par la crise. L’étude d’impact indique également que la situation financière de la plupart des entreprises a été préservée.

La crise a touché quasiment tous les secteurs de l’économie (hors secteur financier) et les données de l’échantillon utilisé dans cette étude confirment qu’ils ont tous été soutenu en 2020, c’est-à-dire au plus haut de la crise (voir le Graphique 6.15, et le Graphique 6.16). La variation des montants décaissés en 2021 selon les secteurs bénéficiaires reflète l’évolution de la crise. Les montants agrégés ont augmenté en 2021 pour l’Horeca et se sont maintenus quasiment au même niveau pour les arts et spectacles (voir le Graphique 6.15). Cela s’explique par les conditions d’octroi sectoriel du chômage partiel et des principales aides directes en 2021 (ce sont les secteurs dits « vulnérables »). Si les montants octroyés n’ont pas diminué en 2021 pour ces deux secteurs, ce n’est pas le cas du nombre de bénéficiaires (voir le Graphique 6.16). Les dispositifs ont ainsi davantage ciblé les secteurs « vulnérables » d’une part et les entreprises les plus affectées au sein de ces secteurs d’autre part.

En 2020, les mesures de soutien à l’emploi, les aides directes et les prêts ont principalement bénéficié à trois secteurs des services qui concentrent à eux seuls 57 % des montants de soutien à l’emploi, 70 % des aides directes et 64 % du montant des prêts : l’hébergement et la restauration (130 millions EUR d’activité partielle et de congés, 39 millions EUR d’aides directes et 37 millions EUR de prêts), la construction (respectivement 102 millions EUR, 42 millions EUR et 10 millions EUR), ainsi que le commerce (respectivement 91 millions EUR, 61 millions EUR et 17 millions EUR).

Une fois les restrictions sanitaires relâchées en 2021, le recours à ces dispositifs fut davantage ciblé ; le secteur de l’hébergement et de la restauration représentait 48 % des versements d’activité partielle et de congés et 75 % des versements d’aides directes. Concernant les prêts garantis par l’État, les secteurs du commerce, de la construction et l’HORECA sont à l’origine de 64 % des fonds nouvellement octroyés en 2020 pour atteindre 73 % en 2021 (voir le Graphique 6.15 et le Graphique 6.16).

L’impact de la pandémie et des mesures de soutien se matérialise notamment par le taux de faillite dans chaque secteur. Le Graphique 6.17 représente l’évolution des faillites depuis 2016 à partir des données agrégées publiques du STATEC. En 2020, le taux de faillite a ainsi diminué dans trois secteurs (sur sept disponibles). Cependant, le secteur HORECA est le seul pour lequel on peut observer une diminution du taux de faillite sur deux années consécutives. Cela semble confirmer que ce secteur, qui a été très fortement affecté par la pandémie, a été particulièrement ciblé par les aides d’État.

Le but des mesures, règlementé ainsi par l’Union européenne, était de cibler des entreprises saines avant crise mais ayant subi une forte baisse de leur activité en 2020. D’après les statistiques collectées, les entreprises les plus fortement impactées par la crise du COVID-19 ont davantage bénéficié des dispositifs. Cela suggère que les aides ont été relativement bien ciblées. Quel que soit le dispositif, le taux de recours augmente avec l’ampleur de l’impact sur l’activité. Ceci est plus net encore en 2021 (voir le Graphique 6.18).

Les quatre premiers déciles des entreprises les plus impactées, en termes de baisse du chiffre d’affaires en 2020, ont ainsi reçu 54 % du montant total des aides octroyées sur la période. Ceci est donc conforme à l’objectif poursuivi de soutenir les secteurs les plus exposés à la crise. Cette situation s’est renforcée en 2021 puisque les deux premiers déciles ont reçu 48 % du montant total octroyé (Cf. Graphique 6.18).

Les données reflètent un effet de seuil des aides directes, dont certaines ont été octroyées sous condition d’une perte de chiffre d’affaires d’au moins 25 % par rapport au même mois de l’année précédente.4 En effet entre le troisième et le quatrième décile, les aides directes totales déboursées baissent plus que la perte du chiffre d’affaires. Une modulation des aides sur la base d’une évolution plus progressive des pertes de chiffre d’affaires aurait pu éviter cet effet. Cela aurait permis d’aider des entreprises qui ont été moins touchées parce qu’elles se sont mieux adaptées que les autres. Pour remédier cette situation, toutes les nouvelles aides directes pourraient prévoir une subvention proportionnée à la perte de chiffre d’affaires pour cibler les entreprises plus finement.

En deux ans, les entreprises de moins de 50 salariés ont touché 74 % du montant total octroyé toutes aides confondues (voir le Graphique 6.19). On peut néanmoins distinguer un profil d’entreprise bénéficiaire différent selon les dispositifs étudiés. Pour les dispositifs de soutien à l’emploi, le montant des aides est réparti de manière équivalente entre les entreprises. À l’inverse, plus de la moitié des aides directes s’orientent vers les microentreprises (moins de 10 salariés) en 2020. Ces entreprises de petite taille ont généralement été plus touchées pendant la crise dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2020[10]). Le gouvernement luxembourgeois a ainsi déployé plusieurs aides forfaitaires dédiées aux très petites structures, ce qui explique cette concentration en 2020. En revanche, les aides directes ne sont plus autant concentrées chez les microentreprises l’année suivante (36 %). C’est l’année où l’aide de relance et l’aide coûts non couverts, non conditionnées à la taille de l’entreprise, représentent la très grande majorité des aides directes.

Le croisement des données de la Centrale des Bilans avec les données administratives d’aides permet de connaître la situation financière pré-crise des entreprises bénéficiaires. Cette information est importante pour savoir si les aides ont soutenu des entreprises déjà déficientes avant la crise ou non. Le montant des aides dont les entreprises ont bénéficié en 2020 et 2021 peut ainsi être réparti par décile de rentabilité et d’endettement des entreprises. Les déciles supérieurs des indicateurs de rentabilité traduisent une meilleure situation financière, tandis que les déciles supérieurs de l’indicateur d’endettement comprennent des entreprises aux charges financières élevées.

En 2020, le taux de recours aux prêts, aux aides directes et aux aides à l’emploi des entreprises les moins rentables (premier décile de l’indicateur de rentabilité) et les plus rentables (dernier décile de l’indicateur de rentabilité) est inférieur à 7 %. Les entreprises situées entre le quatrième et cinquième décile ont bénéficié respectivement de 23 % et 18 % des avances remboursables et prêts garantis par l’État octroyés. En 2021, la distribution des bénéficiaires est plus homogène, même si les déciles extrêmes continuent de percevoir moins d’aides. Néanmoins, le recours aux prêts évolue au profit des entreprises du sixième décile qui perçoivent 20 % des prêts contre 11 % en 2020 (voir le Graphique 6.20).

Concernant l’indicateur d’endettement, ce sont les entreprises du sixième et septième décile qui recourent le plus aux prêts. Le recours aux différents dispositifs selon l’endettement fait de nouveau apparaître un profil en cloche avec un moindre recours des entreprises en très bonne ou en mauvaise situation financière (voir le Graphique 6.21).

On observe donc de manière générale, que les déboursements globaux sont concentrés chez les entreprises dont la santé financière avant la crise était médiane. Les entreprises dont la santé était mauvaise ou excellente ont perçu globalement moins d’aides. Ce constat se retrouve à des degrés divers, quel que soit le dispositif analysé et quel que soit l’indicateur de santé financière retenu. Cela semble donc indiquer que les entreprises très fortement ou très faiblement endettées ont globalement moins reçu d’aides et que le dispositif a donc plutôt préservé des entreprises saines nécessitant de l’aide pour survivre à la crise COVID-19.

Les restrictions sanitaires mises en place au Luxembourg depuis mars 2020 pour contenir la montée des infections au COVID-19 ont fortement pesé sur les entreprises. Dans certains secteurs, les entreprises ont dû faire face à une chute brutale de leur activité. Certaines entreprises ont dû réduire leurs charges et accroître leur taux d’endettement pour faire face à leurs échéances, ce qui a fortement affecté leur situation financière. Une mesure de l’impact du dispositif d’aide consiste donc à estimer à quel point les aides reçues par les entreprises ont effectivement préservé leur situation financière.

L’exercice présente de nombreuses difficultés. D’abord, les données sur la situation financière des entreprises mélangent l’impact de la crise et l’impact des aides reçues par les entreprises. En outre, il n’est pas possible d'estimer l'impact des mesures en comparant dans le temps (avant et après la crise COVID-19) la situation financière des entreprises qui ont reçu des aides avec celles de caractéristiques similaires qui n’ont pas reçu d’aides (par exemple, en utilisant une estimation en doubles différences). Les aides ont en effet bénéficié à la plupart des entreprises dans chaque secteur (hors secteur financier) comme montré ci-dessus (voir le Graphique ‎6.15).

Afin de contourner cette difficulté, un modèle est utilisé pour simuler le compte de résultat et le bilan des entreprises dans trois scénarios : i) un premier scenario sans crise sanitaire ; ii) un second scénario de crise sanitaire sans aides financières du gouvernement ; et iii) un dernier scénario de crise sanitaire avec les aides financières du gouvernement (voir l’Encadré 6.5).

L’utilisation de cet outil analytique permet de tirer quelques conclusions sur l’impact des aides. En règle générale, elles ont aidé la plupart des entreprises bénéficiaires à réduire leurs pertes ainsi que le risque de faillite. Pour certains secteurs, comme l’HORECA, la micro-simulation semble indiquer des effets particulièrement conséquents, confirmant que ce secteur a pu bénéficier d’aides importantes.

Il est toutefois important de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un cadre comptable simplifié, qui ne tient pas compte des interactions entre les entreprises alors que le crédit interentreprises, par exemple, peut avoir été fortement affecté lorsque l'activité a chuté (Hadjibeyli, Roulleau et Bauer, 2021[11]). Les résultats reposent sur des hypothèses concernant la structure des coûts des entreprises et ses ajustements pendant la crise qui sont décrites dans l’Encadré 6.5. En outre, des hypothèses supplémentaires ont été formulées en raison de l’absence de définition précise sur la manière dont les entreprises ont pu comptabiliser dans leurs bilans les aides au cours de la crise COVID-19, ce qui peut affecter les résultats (voir l’Encadré 6.5).

La contribution à l’évolution de l’excédent brut d'exploitation (EBE) des dispositifs de soutien à l’emploi, des subventions aux entreprises et des prêts garantis par l’État, varie selon les secteurs d’activité. Les dispositifs de soutien ont permis de compenser la baisse de l’EBE. Avec les dispositifs de soutien des secteurs des arts et spectacles, des autres services, et de l’hébergement restauration ont bénéficié d’une hausse de l’EBE supérieure à 60 % par rapport à un scénario sans les dispositifs de soutien (voir le Graphique 6.22). Cela indique que ces secteurs auraient eu la baisse la plus importante de l’EBE sans les dispositifs de soutien.

La micro-simulation suggère un effet particulièrement important de la crise et des soutiens publics dans des secteurs touchés par les restrictions sanitaires comme l’HORECA ou le secteur événementiel. Les entreprises impactées directement par la crise sanitaire ont bénéficié d’un soutien public inédit qui a permis de soutenir leur activité en améliorant leur liquidité et leur solvabilité. Les aides financières du gouvernement ont ainsi limité les pertes de trésorerie et l’accumulation de dettes pour les entreprises (voir le Graphique 6.23).

La comparaison du taux de croissance du résultat médian sectoriel dans les différents scénarios de COVID-19 par rapport à un monde sans COVID confirme également l’efficacité des aides pour tous les secteurs bénéficiaires. En accord avec les résultats précédents, les secteurs HORECA et ‘autres services’ (organisations associatives, services personnels, réparation d'ordinateurs et de biens personnels et domestiques), sont ceux qui ont le plus bénéficié de l'intervention du gouvernement, montrant un effet positif des mesures d’aides sur le résultat par rapport à un scénario d’absence de crise et intervention.

Sans donner d'interprétation causale aux résultats, l’estimation du modèle de probabilité linéaire montre que certaines entreprises, classifiées en fonction des variables pré-crise, ont plus de risques de devenir vulnérables à cause de la crise. C'est le cas des entreprises dans les secteurs du commerce, de l’HORECA et des activités administratives et de soutien. C’est aussi le cas des moyennes et petites entreprises qui risquent davantage l’illiquidité ou l’insolvabilité en comparaison avec les grandes entreprises (Tableau 6.3, modèle 1).

Comme prévu, les entreprises ayant plus d'actifs ou de liquidités, ou un niveau d'endettement moins élevé pré-crise, ont une probabilité plus faible de faire face à des difficultés pendant la crise. Cependant, les entreprises ayant une productivité plus élevée sont plus touchées par la crise. Cela est en phase avec les résultats d’une étude de l’impact des programmes de prêts garantis sur la productivité des entreprises dans 14 pays de l’OCDE (Demmou et al., 2021[13]).

Ces résultats sont confirmés lorsqu'un choc COVID-19 est ajouté au modèle comme variable de contrôle (Tableau 6.3, modèle 1), à l'exception du coefficient des secteurs de l’HORECA et des activités administratives et de soutien qui devient non significatif. Cela suggère que ces secteurs ont été les plus touchés par la crise avec une forte baisse de chiffres d’affaires et semble donc confirmer la priorité donnée à ces secteurs et à ces tailles d’entreprises par l’État.

Lorsque le même modèle est estimé sur des données observées pour la période d'avant crise (2017-2018-2019), on observe des résultats similaires. Il est toutefois intéressant de noter que dans ce cas, contrairement aux résultats de l'estimation des modèles 1 et 2, les entreprises plus productives ont une probabilité plus faible de devenir insolvables ou illiquide. Ceci suggère que pendant cette crise, les entreprises plus saines ont été également confrontées au risque de devenir insolvables ou illiquide.

Il faudra continuer à surveiller certains secteurs d’activité comme l’HORECA et les petites entreprises qui ont le plus souffert pendant la crise COVID, alors que de nouvelles crises sont en cours et que certains secteurs seront affectés par des changements structurels dus à la diffusion du télétravail et des visioconférences. Des risques d’illiquidité et d’insolvabilité persistent, ce qui nécessitera des mesures de soutien ciblées. À l’avenir, le Luxembourg devrait établir une cellule de suivi à la MECO/DGCM pour suivre la situation financière des entreprises et mettre en place des soutiens ciblés en concertation avec les partenaires sociaux. La cellule devrait également suivre les effets de la crise sur les indépendants.

Pour appuyer la surveillance des secteurs en difficulté, il faudra mieux intégrer les bases de données existantes et faciliter leur utilisation. Tout en préservant la confidentialité des données, les ministères économiques devraient pouvoir avoir accès aux données sur la performance des entreprises et pouvoir cibler les mesures d’aide si nécessaire. Il serait pour cela opportun d’associer STATEC à la création de la cellule de suivi à la MECO/DGCM pour faciliter l’utilisation des données des entreprises pour le ciblage des mesures.

  • Prendre mieux en compte les indépendants : il sera important d’évaluer les besoins des indépendants et bien prendre en compte leurs nécessités, y compris en créant une aide récurrente concomitante au déclenchement d’une crise voire en ouvrant le dispositif du chômage partiel aux indépendants.

  • Surveiller à court terme les secteurs plus affectés pour en assurer la résilience aux crises : cela pourrait se faire en établissant une cellule de suivi à la MECO/DGCM pour suivre la situation financière des entreprises et mettre en place des soutiens ciblés en concertation avec les partenaires sociaux. La cellule devrait également suivre les effets de la crise sur les indépendants.

  • Mieux intégrer les données administratives et de bilans des entreprises et faciliter leur accès : pour appuyer la surveillance des secteurs en difficulté, il faudra mieux intégrer les bases de données existantes et faciliter leur utilisation. Il serait important d’associer STATEC à la création de la cellule de suivi à la MECO/DGCM pour faciliter l’utilisation des données des entreprises pour le ciblage des mesures.

  • Considérer la progressivité des aides pour mieux cibler toute future intervention : Il y a eu un effet de seuil dans l’accès aux aides directes. Une plus grande progressivité des dispositifs aurait facilité leur ciblage. Si nécessaire, toutes les nouvelles aides directes pourraient prévoir une subvention proportionnée à la perte de chiffre d’affaires pour cibler les entreprises plus finement.

  • Considérer la mise en place d’une structure de concertation avec les partenaires sociaux pour toutes les interventions futures : en vue d’interventions futures, il sera important de mettre en place un cadre plus formel de dialogue pour la mise en place d’aides aux entreprises pour mieux cibler les aides directes et en suivre la mise en œuvre. Un tel cadre pourrait s’appuyer sur la cellule de suivi recommandée ci-dessus et inclure également les représentants des indépendants.

  • Poursuivre la simplification et la digitalisation des démarches administratives : il faudra poursuivre la démarche de digitalisation des pratiques administratives qui a fait ses preuves pendant la crise. Pour cela, il sera utile de mener au sein du MECO et MECO/DGCM une analyse approfondie des démarches administratives des entreprises, surtout chez les petites et moyennes, pour les simplifier et les digitaliser. Les services concernés pourront s’appuyer sur les outils mis en place durant la crise.

  • Poursuivre la démarche d’information et de contrôle du Parlement, en informant la Chambre des députés sur les bénéficiaires, le ciblage et l’impact des mesures mises en place, même dans les situations de crise et prévoir de fournir ce type d’information pour toutes interventions futures.

  • Poursuivre un échange régulier avec la Chambre des députés sur les bénéficiaires, le ciblage et l’impact des mesures mises en place, même dans les situations de crise et prévoir de fournir ce type d’information pour toutes interventions futures.

  • Poursuivre la démarche de suivi et d’évaluation des mesures de soutien aux entreprises : des évaluations pourraient être menées ultérieurement, y compris sur la performance des entreprises. Pour cela, il sera important d’associer l’ensemble des administrations afin d’évaluer la pertinence de chacun des dispositifs pour l’investissement, la pérennité des entreprises et la création d’emplois en prenant en compte l’intégralité des aides.

Références

[8] Anderson J., P. (2020), Government-guaranteed bank lending in Europe: Beyond the headline numbers, https://www.piie.com/blogs/realtime-economic-issues-watch/government-guaranteed-bank-lending-europe-beyond-headline.

[5] Chambre des députés (2021), Question parlementaires QP3766: Fraude au chômage partiel (02-04-2021), https://chd.lu/wps/portal/public/Accueil/TravailALaChambre/Recherche/RoleDesAffaires?action=doQuestpaDetails&id=20894.

[13] Demmou, L. et al. (2021), « Insolvency and debt overhang following the COVID-19 outbreak: Assessment of risks and policy responses », OECD Economics Department Working Papers, n° 1651, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/747a8226-en.

[2] FMI (2021), Luxembourg: Staff Report for the 2021 Article IV Consultation: IMF Country Report, No. 21/93, Fonds Monétaire International, https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2021/05/25/Luxembourg-2021-Article-IV-Consultation-Press-Release-Staff-Report-and-Statement-by-the-50188.

[14] Gourinchas, P. et al. (2020), « Estimating SME Failures in Real Time: An Application to the COVID-19 Crisis », NBER Working Paper, vol. 27877, https://doi.org/10.3386/w27877.

[9] Gouvernement du Luxembourg (2022), Rapport sur l’application du régime de garantie en faveur de l’économie luxembourgeoise dans le cadre de la pandémie Covid-19. Situation au 30 juin 2022, https://te.public.lu/content/dam/tresorerie/fr/garanties/analyse-regime-de-prets-garantis-covid-30-juin-2022.pdf.

[15] Guerini, M. et al. (2020), « Dynamique des défaillances d’entreprises en France et crise de la Covid-19 », OFCE Policy Brief, vol. 76, https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2020/OFCEpbrief73.pdf.

[11] Hadjibeyli, B., G. Roulleau et A. Bauer (2021), « L’impact de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises françaises », Direction générale du Trésor -Trésor-Éco, vol. 282.

[7] House of Entrepreneurship (s.d.), Nos missions, https://www.houseofentrepreneurship.lu/nos-missions/ (consulté le 13 juin 202).

[6] Jacquemot, P. (2021), Six plaintes pour fraude au chômage partiel, https://www.wort.lu/fr/luxembourg/six-plaintes-pour-fraude-au-chomage-partiel-6092749cde135b923657e963.

[4] OCDE (2022), « Premiers enseignements issus des évaluations des gouvernements de la gestion du COVID-19: Une Synthèse », Les réponses de l’OCDE face au coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/d02031d4-fr.

[1] OCDE (2021), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2021 Numéro 2, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/09bf9e01-fr.

[10] OCDE (2020), « Coronavirus (COVID-19): SME policy responses », OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/04440101-en.

[3] Schivardi, F. (2020), A simple method to estimate firms liquidity needs during the Covid-19 crisis, Presentation at a OECD GFP Seminar, 5 June 2020, https://www.oecd.org/global-forum-productivity/webinars/SchivardiLiquidityOECD.pdf.

[12] STATEC (2021), « La situation économique au Luxembourg Évolution récente et perspectives », Note de conjoncture Nr 2-2021, https://statistiques.public.lu/dam-assets/catalogue-publications/note-conjoncture/2021/ndc-02-21.pdf.

Notes

← 1. Cette règle a connu une exception lors des restrictions sanitaires de décembre 2021 et janvier 2022 pour les commerces ou les soins à la personne qui en ont bénéficié d’office.

← 2. L’ADEM est placée sous la tutelle du Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire. Elle a notamment pour mission d’inscrire les personnes au chômage comme demandeurs d’emploi, à déterminer leurs droits à l’indemnisation, à leur verser leurs allocations et à leur faire profiter des mesures qu’elle met en place pour favoriser leur retour sur le marché du travail.

← 3. Le formulaire en ligne disponible sur le site a été élaboré par le Ministère de l'Économie avec le soutien du Centre des technologies de l'information de l'État (CTIE).

← 4. Pour obtenir les aides du Fonds de relance, les entreprises devaient enregistrer une perte au moins égale à 25 % du chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Concernant l’aide pour coûts non couverts, la perte devait être généralement au moins égale à 40 % du chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente.

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