État de santé et incapacité autodéclarés à 65 ans
Alors même que l’espérance de vie à 65 ans a augmenté dans les pays de l’OCDE, de nombreux individus passent une grande partie de leur vie âgée dans un état de santé moyen à mauvais (voir l’indicateur « Espérance de vie et espérance de vie en bonne santé à 65 ans »). En 2019, plus de la moitié des personnes âgées de plus de 65 ans dans 36 pays de l’OCDE faisaient mention d’un état de santé moyen ou mauvais (Graphique 10.5). Les personnes âgées des pays de l’OCDE d’Europe orientale déclarent des taux de santé moyenne ou mauvaise parmi les plus élevés, avec plus de quatre cinquièmes de la population âgée de 65 ans ou plus déclarant un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais en Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en Hongrie et au Portugal. Les femmes sont légèrement plus nombreuses à faire mention d’un état de santé moyen ou mauvais ; elles sont ainsi 57 % en moyenne dans l’OCDE en 2019 à déclarer que leur santé est moyenne, mauvaise ou très mauvaise, contre 53 % pour les hommes. Moins de 40 % de la population totale âgée de 65 ans et plus déclarait un état de santé moyen ou mauvais en Irlande, en Suisse, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas. C’est en Irlande que le taux de santé moyenne ou mauvaise déclaré par les femmes est le plus bas (28.8 %), et en Suisse pour les hommes (30.1 %).
Dans tous les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, les personnes âgées situées dans le quintile de revenu le plus bas sont plus susceptibles de se déclarer dans un état de santé moyen ou mauvais que celles qui se situent dans le quintile le plus élevé (Graphique 10.6). En moyenne dans 26 pays de l’OCDE, près d’une personne sur trois (27.1 %) du quintile de revenu le plus bas déclare un état de santé mauvais ou très mauvais, contre une personne sur neuf (11.1 %) parmi celles du quintile le plus élevé. Dans tous les pays sauf cinq (Allemagne, Autriche, Grèce, Italie et Luxembourg), les personnes appartenant au quintile de revenu le plus bas sont au moins deux fois plus susceptibles de déclarer un mauvais état de santé que celles appartenant au quintile le plus élevé. Dans six pays (Islande, Lituanie, Norvège, République tchèque, Suède et Suisse) les personnes de plus de 65 ans appartenant au quintile de revenu le plus bas sont au moins quatre fois plus susceptibles de déclarer un mauvais état de santé que celles appartenant au quintile le plus élevé.
Dans 27 pays de l’OCDE, 50 % des personnes de 65 ans et plus déclarent au moins certaines limitations dans leurs activités quotidiennes : 34 % déclarent être modérément limitées, et 16 % être fortement limitées (Graphique 10.7). Dans la plupart des pays où les taux de mauvaise santé les plus élevés sont déclarés, on observe également des taux élevés de limitation des activités quotidiennes. Près de trois individus de plus de 65 ans sur quatre en République slovaque et en Lettonie déclarent au moins un certain niveau de limitation, et un sur quatre déclare être fortement limité en Estonie, en République slovaque et en Turquie. En revanche, seule une personne de plus de 65 ans sur cinq environ déclare être limitée dans ses activités quotidiennes en Suède (21 %) et en Norvège (23 %).
L’état de santé perçu traduit la perception globale qu’ont les individus de leur propre santé, tant du point de vue physique que psychologique. Les répondants aux enquêtes se voient généralement poser des questions du type : « Comment décririez-vous votre état de santé général ? ». « Très bonne, bonne, moyenne, mauvaise, très mauvaise ». Les statistiques de l’OCDE sur la santé fournissent des chiffres sur la proportion de la population qui évalue son état de santé comme « moyen/mauvais/très mauvais ».
La prudence s’impose quant aux comparaisons internationales de l’état de santé perçu, pour au moins deux raisons. Premièrement, l’appréciation générale que les personnes portent sur leur santé est subjective et peut être influencée par des facteurs culturels. Deuxièmement, la formulation de la question et les catégories de réponses proposées ne sont pas identiques d’une enquête ou d’un pays à l’autre. En particulier, l’échelle de réponses utilisée en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis est asymétrique (elle est orientée en faveur des réponses positives) car elle propose les catégories suivantes : « Excellente / très bonne / bonne / moyenne / mauvaise ». Les résultats présentés dans les Statistiques de l’OCDE sur la santé renvoient à l’une des deux réponses négatives (moyenne ou mauvaise). Au contraire, dans la plupart des autres pays de l’OCDE, l’échelle des réponses est symétrique, comportant les catégories : « Très bonne / bonne / moyenne / mauvaise / très mauvaise ». Les données relatives à ces pays renvoient aux trois dernières catégories (« moyenne, mauvaise, très mauvaise »). Les résultats peuvent donc être biaisés vers le bas dans les pays utilisant une échelle asymétrique par rapport à ceux qui utilisent une échelle symétrique.
L’état de santé perçu par quintile de revenu est tiré des données d’Eurostat qui proposent les catégories de réponses suivantes : « Très bonne / bonne / moyenne / mauvaise / très mauvaise ». Les données concernant les inégalités fondées sur le revenu dans l’état de santé perçu prennent en compte la différence dans la proportion de personnes de 65 ans et plus faisant part d’un état de santé mauvais ou très mauvais, et n’incluent pas les individus qui déclarent un état de santé moyen.
La catégorie des limitations des activités quotidiennes est mesurée par la question GALI de l’enquête EU-SILC : « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, en raison d’un problème de santé, dans vos activités habituelles ? ». Les réponses possibles sont : « Oui, fortement limité(e) ; Oui, limité(e) ; Non, pas limité(e) du tout ». Les personnes résidant en établissement ne sont pas couvertes par l’enquête, ce qui entraîne une sous-estimation de la prévalence de l’incapacité. La mesure est là aussi subjective, et des facteurs culturels peuvent influencer les réponses.