Résumé
La Côte d’Ivoire a pour objectif de devenir une économie émergente à l’horizon 2020. Le pays a été profondément affecté par une période de crise économique dans les années 80 et 90 et une crise politico-militaire dans les années 2000. Les autorités de Côte d’Ivoire affichent désormais la volonté de relancer durablement la croissance économique et de retrouver un statut de leader régional. Le Plan national de développement (PND) 2016-2020 fournit un cadre à leurs efforts, inscrit dans l’objectif de l’émergence en 2020.
L’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire vise à accompagner le pays dans l’élaboration de sa stratégie de développement. Il identifie les domaines clefs à réformer pour parvenir à un développement durable et à une croissance partagée entre tous les citoyens : la transformation structurelle et la compétitivité de l’économie ivoirienne ; les infrastructures ; le système financier ; la politique fiscale ; et la formation. L’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire formule également des recommandations de réformes politiques, proposant ainsi une orientation efficace des efforts des autorités ivoiriennes pour parvenir à l’émergence en 2020.
L’économie devra être plus diversifiée, plus productive, et plus créatrice d’emplois. Alors que l’industrie et les services sont bien représentés dans l’économie, l’emploi se concentre dans l’agriculture, secteur aux performances modestes. Le secteur secondaire est quant à lui dominé par des activités à faible valeur ajoutée et offre peu d’emplois formels. La Côte d’Ivoire doit donc évoluer vers des activités industrielles créatrices d’emplois et de valeur ajoutée, et exploiter davantage le potentiel des activités de services. Pour cela, le pays devra :
-
Accroître la performance du secteur agricole et sa capacité à suivre les nouvelles tendances de la demande.
-
Mener une réforme foncière appropriée pour l’agriculture.
-
Asseoir un leadership industriel dans la fourniture de produits transformés à forte demande.
-
Réformer les zones industrielles (ZI) pour assurer un accès au terrain et aux services essentiels pour les nouvelles entreprises industrielles.
-
Promouvoir les offres de service pour les petites et moyennes entreprises (PME).
-
Améliorer la compétitivité et la fluidité opérationnelle des services de transport à l’intérieur du pays.
-
Mettre en place une vision concertée de la transformation structurelle identifiant les principaux avantages comparatifs et la façon de maximiser leurs bénéfices.
-
Renforcer la concurrence.
-
Promouvoir les normes et standards de qualité.
-
Renforcer la capacité des acteurs locaux à accéder aux marchés d’exportation.
-
Faciliter le commerce et l’intégration régionale et renforcer le positionnement international.
La marche vers l’émergence devra être accompagnée d’investissements dans les infrastructures économiques qui soutiennent la croissance, la productivité et la réduction des inégalités. Les besoins en infrastructure étant très importants, et les ressources disponibles limitées, les investissements doivent être priorisés en fonction des besoins les plus vitaux et urgents. Il s’agira de :
-
Améliorer le processus de planification et de sélection des projets.
-
Renforcer les procédures de passation des marchés.
-
Assurer la soutenabilité des projets de partenariats public-privé (PPP).
-
Tenir compte du développement et des évolutions des énergies renouvelables.
-
Développer un secteur de l’électricité plus compétitif.
-
Financer et prioriser la réhabilitation et le développement des routes.
-
Renforcer la compétitivité du secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
-
Renforcer la compétitivité du port d’Abidjan.
Le fonctionnement du système financier ivoirien devra être amélioré pour répondre aux nouveaux besoins de financement générés par l’émergence. Il devra être plus diversifié et inclusif, et l’octroi de crédits bancaires au secteur privé devra être facilité. Il s’agira de :
-
Réduire l’asymétrie d’information sur la solvabilité des emprunteurs.
-
Renforcer la protection des créanciers.
-
Améliorer le système de suivi des emprunteurs.
-
Assouplir le système des garanties pour rendre leur constitution plus facile pour les entreprises.
-
Favoriser le financement des PME en diversifiant les produits financiers et les risques, et en renforçant leurs capacités.
-
Rendre les banques plus accessibles en améliorant leur transparence.
-
Réduire les coûts de transaction et développer des technologies alternatives telles que le mobile banking.
-
Stimuler l’activité du marché boursier régional et accroître sa liquidité (conditions de tout développement du marché des capitaux).
-
Développer le secteur des assurances, qui joueront un rôle clef dans la mobilisation de l’épargne nationale.
Une partie de la population ne dispose pas des compétences suffisantes pour s’insérer sur le marché du travail. Le système de formation ne permet pas de développer les compétences adaptées aux besoins du marché du travail et propices à la transformation structurelle de l’économie. Il faudra :
-
Augmenter l’accès à l’éducation à tous les niveaux.
-
Assurer la rétention des élèves tout au long des différents cycles scolaires.
-
Améliorer la qualité de l’enseignement.
-
Améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande de compétences.
-
Associer le secteur privé à l’offre de formation.
-
Encourager le retour et l’engagement de la diaspora ivoirienne.
Enfin, une réforme fiscale de fond mise en œuvre de façon graduelle serait nécessaire pour répondre aux besoins d’économie émergente de la Côte d’Ivoire. Il faudra :
-
Renforcer le rôle de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et des droits d’accise, et limiter progressivement le rôle des droits de douane.
-
Accroître la neutralité du système fiscal qui pèse sur les entreprises.
-
Renforcer les incitations des entreprises à payer leurs impôts.
-
Réformer en profondeur les impôts sur les revenus et la propriété des individus.
-
Renforcer l’administration fiscale et améliorer la cohérence et le fonctionnement du système fiscal.