Chapitre 3. Quels types de compétences confèrent aux pays un avantage sur la scène mondiale ?1

Ce chapitre analyse comment les différents types de compétences influencent les résultats à l’exportation et la participation aux chaînes de valeur mondiales (CVM) et étudie comment les caractéristiques des compétences façonnent les avantages comparatifs des pays dans les CVM. Pour étudier les liens entre les compétences et les CVM, le présent chapitre s’appuie sur un nouvel ensemble d’analyses empiriques fondées sur l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes et la base de données OCDE-OMC sur les échanges en valeur ajoutée (TiVA). Il met en avant deux caractéristiques majeures des compétences qui façonnent les avantages comparatifs des pays dans les CVM : l’éventail de compétences de la population et le rôle des viviers de travailleurs effectivement pourvus des compétences que l’on est en droit d’attendre d’eux. Ce chapitre indique également dans quels secteurs les pays pourraient se spécialiser en fonction de leur éventail de compétences, et les mesures qu’ils devraient prendre pour se spécialiser dans les secteurs technologiquement avancés.

  

Bien que l’on considère que les compétences apportent une contribution essentielle aux résultats dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), on dispose de peu de données quant à la manière dont elles affectent effectivement ces résultats. D’après les spécialistes des échanges, les compétences jouent un rôle important dans les résultats commerciaux et la spécialisation des pays, et une main-d’œuvre qualifiée apporte un avantage comparatif qui permet aux pays de se spécialiser dans des segments d’exportation hautement qualifiés. Le modèle Heckscher-Ohlin, pilier de la théorie des échanges internationaux, identifie les compétences comme l’un des facteurs ayant un effet direct important sur la spécialisation sectorielle et l’intégration internationale des pays. Toutefois, les études qui ont tenté d’évaluer ces liens partagent empiriquement deux types de limites, imputables dans les deux cas à l’insuffisance de données : les compétences sont le plus souvent déterminées de manière approximative en fonction du niveau d’instruction, et l’émergence de cette nouvelle configuration des échanges, les CVM, n’est pas prise en compte.

La plupart des pays de l’OCDE jouissaient auparavant d’un avantage comparatif parce que leur population était plus instruite, mais cet avantage s’efface à mesure que l’enseignement supérieur gagne du terrain dans de nombreuses économies en développement et émergentes. Une concurrence croissante s’opère entre les pays, non seulement sur le plan du niveau d’instruction des populations, mais également de la qualité des compétences, de leur utilisation à bon escient, et de la bonne affectation de ces compétences aux secteurs. Le chapitre 2 a montré qu’un large éventail de compétences peut aider les pays à concrétiser les avantages des CVM. Le présent chapitre va plus loin en étudiant quels types de compétences sont importants pour participer aux CVM et obtenir des résultats. Il examine également quelles caractéristiques des compétences peuvent déterminer la spécialisation au sein des CVM, et montre dans quelle mesure ces caractéristiques doivent correspondre aux besoins des secteurs pour que ces derniers puissent exporter davantage.

Pour étudier les liens entre les compétences et les CVM, ce chapitre s’appuie sur un nouvel ensemble d’analyses empiriques fondées sur l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes, qui s’inscrit dans le cadre du Programme de l’OCDE pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), et la base de données TiVA. En particulier, ce chapitre :

  • Élabore un nouvel ensemble d’indicateurs relatifs aux compétences à partir de l’Enquête sur les compétences des adultes, afin de caractériser non seulement les compétences cognitives des travailleurs dans chaque pays, mais également les compétences plus étroitement liées aux aspects sociaux et émotionnels des emplois, particulièrement appréciées des employeurs. Ces indicateurs relatifs aux compétences peuvent également être utilisés pour décrire les compétences requises par les secteurs.

  • Analyse de quelle manière les différents types de compétences influencent les résultats à l’exportation et la participation aux CVM, en examinant comment les compétences des pays dans chaque secteur sont liées à leurs exportations et à leurs activités relatives aux CVM avec différents partenaires commerciaux au sein du même secteur. Ce chapitre examine également les différences entre les secteurs en termes de compétences requises.

  • Étudie comment les caractéristiques des compétences façonnent les avantages comparatifs des pays dans les CVM. Il met en avant deux grandes caractéristiques des compétences :

    • L’éventail de compétences : chaque individu doit posséder un bon niveau de compétence dans plusieurs domaines, plutôt qu’une seule compétence spécialisée.

    • Viviers de travailleurs : les secteurs les plus avancés sur le plan technologique nécessitent des viviers de travailleurs pourvus de compétences fiables ; ces viviers se forment dans les pays où les individus possèdent les compétences que l’on est en droit d’attendre d’eux au vu de leurs diverses caractéristiques, comme leur niveau d’instruction.

  • Explique pourquoi il est nécessaire de s’assurer que les caractéristiques des compétences des pays correspondent aux besoins des secteurs. Il indique dans quels secteurs les pays sont susceptibles de se spécialiser, et ce qu’ils devraient faire pour se spécialiser dans les secteurs technologiquement avancés.

Les principaux résultats de ce chapitre sont les suivants :

  • Plus les compétences cognitives des travailleurs et leur volonté d’apprendre, mesurées par l’Enquête sur les compétences des adultes, sont élevées, plus la valeur ajoutée des exportations du pays est forte, et plus sa participation aux CVM est importante.

  • Les secteurs d’activité ont des besoins différents en termes de compétences dans les TIC, dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), en gestion et en communication, en marketing et en comptabilité, et en auto-organisation. Toutefois, dans la plupart des secteurs – l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises notamment – les travailleurs exécutent différents types de tâches nécessitant non seulement des compétences cognitives, mais également sociales et émotionnelles. D’où l’idée que les systèmes éducatifs doivent développer une vaste palette de compétences.

  • Les politiques de développement des compétences peuvent conditionner la spécialisation des pays et leur donner un avantage comparatif au sein des CVM, par exemple en améliorant l’adéquation entre les caractéristiques des compétences des pays et les compétences requises par l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises. De la même manière, les politiques qui favorisent un secteur en particulier peuvent entraîner une mauvaise affectation des compétences et diminuer l’avantage comparatif du pays dans d’autres branches, ce qui a un coût pour l’économie.

  • Dans un environnement international concurrentiel, les travailleurs doivent disposer d’un vaste éventail de compétences. Ainsi, des compétences solides en littératie ou en numératie ne suffisent pas ; elles doivent s’accompagner d’une réelle aptitude à résoudre des problèmes dans des environnements à forte composante technologique. La diversité des éventails de compétences nationaux peut induire, d’un pays à un autre, des écarts, parfois de l’ordre de 60 %, sur le plan des exportations.

  • Pour qu’un pays puisse se spécialiser dans les secteurs technologiquement avancés, sa population doit posséder un niveau dans la compétence principale requise par un secteur donné supérieur à son niveau dans les autres compétences, et supérieur à celui de la population des autres pays, en moyenne. Par ailleurs, les pays les plus qualifiés dans la compétence principale doivent posséder un éventail de compétences approprié. Les pays où cet éventail coïncide le mieux avec les besoins de ces secteurs sont le Canada, la Corée, l’Estonie, Israël et la Suède.

  • Les pays ont besoin de viviers de travailleurs fiables pour pouvoir exporter davantage que les autres pays dans l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises, qui exigent que les travailleurs soient effectivement pourvus des compétences que l’on est en droit d’attendre d’eux. Des viviers de travailleurs fiables se forment lorsque des individus possédant des caractéristiques similaires (comme le niveau d’instruction) possèdent globalement des compétences similaires, comme au Japon, qui peut exporter beaucoup plus (en valeur ajoutée) que le Chili dans l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises, par rapport à d’autres secteurs. Au Japon, aux Pays-Bas, en République slovaque et en République tchèque, la dispersion des compétences des individus possédant des caractéristiques similaires est limitée, ce qui aide ces pays à fournir des viviers de travailleurs fiables.

  • La plupart des pays de l’OCDE ont acquis des avantages comparatifs dans les services et les secteurs manufacturiers de haute technologie. Pour conserver cette spécialisation, ou se spécialiser dans d’autres secteurs technologiquement avancés, les pays doivent s’assurer que globalement, les compétences des travailleurs correspondent bien aux besoins des secteurs. Les pays où les caractéristiques des compétences sont les plus proches des besoins des secteurs technologiquement avancés sont la Corée, l’Estonie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République tchèque. L’Australie, les États-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni doivent pour leur part s’attacher à faire mieux coïncider la première avec les seconds s’ils entendent maintenir, sinon accentuer, leur spécialisation dans ces secteurs.

Les compétences pour des résultats économiques

Une taxonomie des compétences

Grâce aux travaux précurseurs de James Heckman, les compétences des individus – dans toute leur diversité – sont désormais reconnues comme des déterminants fondamentaux de la réussite économique et sociale. Les compétences cognitives impliquent un effort intellectuel conscient et font intervenir la mémoire à long et à court terme, le traitement auditif et visuo-spatial, la vitesse de traitement et la logique et le raisonnement. Les compétences non cognitives, également connues sous le nom de compétences non techniques, compétences sociales et émotionnelles ou traits de personnalité, font intervenir l’intellect de façon plus indirecte et moins consciente que les compétences cognitives, et se rapportent à la personnalité des individus, leur tempérament, leurs attitudes, leur intégrité et leurs interactions personnelles. Plusieurs analyses soulignent l’importance des compétences cognitives et non cognitives en termes de statut et de réussite professionnels (p. ex. Heckman, Stixrud, et Urzua, 2006 ; Kautz et al., 2014).

Les compétences cognitives générales, qui reflètent en partie les capacités d’apprentissage, contribuent à prédire le statut et les résultats professionnels d’un travailleur, et sa capacité à tirer parti d’une formation (p. ex. Schmidt, 2002 ; Schmidt et Hunter, 2004). D’après de solides données empiriques, les compétences cognitives, plutôt que le niveau d’instruction, influencent les revenus individuels, la distribution des revenus et plus généralement la croissance économique (Hanushek et Woessmann, 2008).

Les compétences en calcul et en mathématiques sont synonymes de réussite professionnelle, notamment dans les secteurs technologiquement avancés (Hoyles et al., 2002). La plupart des professions à croissance rapide et des secteurs émergents nécessitent des compétences en numératie, la connaissance des principes scientifiques et mathématiques, ainsi qu’une capacité à générer, comprendre et analyser les données empiriques et à résoudre des problèmes complexes (UKCES, 2011). Ces compétences favorisent les percées technologiques.

Les compétences dans les TIC jouent un rôle majeur dans l’amélioration des résultats des entreprises. Les entreprises dotées de capacités élevées en TIC obtiennent généralement de meilleurs résultats à long terme que des entreprises comparables du même secteur (Bharadwaj, 2000 ; Santhanam et Hartono, 2003). L’investissement dans les TIC semble être payant pour certaines entreprises mais pas pour d’autres, en raison de l’apprentissage organisationnel et des compétences dans les TIC en particulier (Tippins et Ravipreet, 2003).

Outre les compétences cognitives, une vaste palette de traits de personnalité influence les résultats économiques (Heckman et Rubinstein, 2001). Certains auteurs avancent que ces compétences comptent tout autant que les compétences cognitives, voire plus, pour la plupart des résultats (Kautz et al., 2014). De nombreux chercheurs regroupent les mesures de la personnalité dans cinq grandes catégories : extraversion, agréabilité, « consciencieusité », stabilité émotionnelle et ouverture à l’expérience (Goldberg, 1990). L’agréabilité inclut des compétences telles que l’empathie, la capacité à se mettre à la place des autres, la coopération et l’esprit de compétition. La consciencieusité inclut la persévérance, la capacité d’attendre la satisfaction, le contrôle des impulsions, l’effort pour réussir, l’ambition et l’éthique professionnelle. La stabilité émotionnelle inclut l’auto-évaluation et l’estime de soi, l’auto-efficacité et l’optimisme. La plupart de ces caractéristiques relèvent à la fois des traits que les individus possèdent à la naissance, et de capacités qu’il est possible d’acquérir et d’améliorer au fil du temps.

En milieu professionnel, certaines compétences spécifiques comme la communication, la gestion, l’auto-organisation et l’aptitude à résoudre des problèmes sont très appréciées par les employeurs, et contribuent aux performances des entreprises (Hitt, Ireland et Hoskisson, 2012 ; Bloom et Van Reenen, 2010 ; Bloom et al., 2012 ; Ichniowski, Shaw et Prennushi, 1997). Ces compétences associent des compétences cognitives et des traits de personnalité.

Globalement, les compétences qui influencent les résultats professionnels s’inscrivent dans une certaine continuité, depuis les compétences principalement cognitives jusqu’aux compétences principalement liées aux traits de personnalité, entre lesquelles s’intercalent des compétences mixtes (graphique 3.1, première partie). En outre, les compétences physiques sont essentielles dans plusieurs secteurs, comme la construction, la santé et le bien-être, et les arts.

Graphique 3.1. Indicateurs relatifs aux compétences : depuis l’analyse bibliographique aux indicateurs fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes
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Construire des indicateurs des compétences à partir de l’Enquête sur les compétences des adultes

L’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes fournit un large éventail d’informations sur les compétences des adultes et les tâches qu’ils exécutent. Ces informations peuvent être utilisées pour mesurer certaines compétences que les chercheurs ont identifiées comme importantes pour les résultats professionnels et les performances des entreprises. L’enquête évalue trois types de compétences cognitives (compétences en numératie, en littératie, et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique) dans le cadre de tests administrés. En outre, un questionnaire de base interroge les individus sur la fréquence à laquelle ils exécutent certaines tâches comme la lecture, l’écriture, le calcul, les TIC et la résolution de problèmes, qui correspondent en partie à l’ensemble de compétences cognitives évaluées par les tests. L’enquête recueille également des informations sur la fréquence à laquelle d’autres types de tâches sont réalisées, comme les tâches de gestion, de communication, d’organisation et de planification, et le travail physique. Enfin, l’enquête donne des informations sur les comportements vis-à-vis de l’apprentissage, la confiance, la santé et d’autres questions.

Outre les trois compétences cognitives mesurées par l’Enquête sur les compétences des adultes, le vaste ensemble d’informations relatives aux compétences des individus est résumé en six indicateurs relatifs aux compétences fonctionnelles au moyen d’une méthode statistique (encadré 3.1) : compétences dans les TIC, volonté d’apprendre, compétences en gestion et communication, compétences d’auto-organisation, compétences en marketing et comptabilité, et compétences en STIM (graphique 3.1, deuxième partie). Puisque la plupart des indicateurs relatifs aux compétences fonctionnelles2 sont fondés sur des informations relatives à la fréquence à laquelle ces tâches sont exécutées, ils ne mesurent pas directement les compétences des travailleurs.

Encadré 3.1. Élaboration d’une taxonomie des compétences pertinentes sur le plan des performances à partir de l’Enquête sur les compétences des adultes

Dans un premier temps, un ensemble d’indicateurs relatifs aux compétences a été élaboré suivant une approche normative (Grundke et al., à paraître a). Sur la base d’une analyse bibliographique approfondie des déterminants des résultats professionnels et des performances des entreprises, 17 indicateurs pouvant être répartis dans cinq catégories ont été élaborés à partir de l’Enquête sur les compétences des adultes. Ce classement repose sur l’idée que les compétences s’inscrivent dans une continuité, certaines étant principalement cognitives, d’autres s’apparentant à des traits de personnalité, et un grand nombre d’entre elles étant mixtes.

Cette approche normative aboutit à des indicateurs facilement interprétables, mais elle ne garantit pas leur pertinence statistique en termes de structure de covariance des questions de l’Enquête sur les compétences des adultes. Dans un deuxième temps, on a tiré un ensemble de nouveaux indicateurs d’une analyse factorielle exploratoire, à l’aide une méthode prenant appui sur les données. Une analyse factorielle exploratoire suppose l’existence d’un certain nombre de variables latentes non observées, dénommées facteurs (les nouveaux indicateurs relatifs aux compétences), dont la variation conjointe explique le schéma de corrélation d’un plus vaste ensemble de variables observées. Chaque facteur est une combinaison pondérée des variables observées, le poids des variables observées étant dénommé coefficient de saturation des facteurs. Le nombre de facteurs est un paramètre du modèle et doit être soigneusement choisi à l’aide de certains critères établis dans les publications (Conti et al. 2014 ; Costello et Osborne 2005).

L’un des principaux défauts de l’analyse factorielle exploratoire classique est que les variables observées peuvent être associées à l’ensemble des facteurs, ce qui rend ces derniers difficiles à interpréter. Ce problème peut être résolu en suivant une procédure en trois étapes (comme dans Costello et Osborne, 2005), qui garantit que chaque item observé contribue à un seul facteur au maximum. Dans un premier temps, on procède à une rotation des facteurs pour former des groupes d’items saturant certains facteurs. Dans un deuxième temps, les items qui saturent au moins deux facteurs affichant des coefficients de saturation similaires (coefficients de saturation dits « doubles ») sont abandonnés. Enfin, dans un troisième temps, seuls les items dont le coefficient de saturation dépasse le seuil de 0.45 sont assignés à un certain facteur.

Suite à l’analyse des facteurs, 33 items – variables du questionnaire de base de l’Enquête sur les compétences des adultes – ont été conservés sur un ensemble initial de 57 items. Ils ont été regroupés en six facteurs qui peuvent être interprétés sur la base de la typologie normative suivante : compétences dans les TIC, volonté d’apprendre, compétences en gestion et communication, compétences d’auto-organisation, compétences en marketing et ventes, compétences en STIM – dénommées compétences fonctionnelles dans le présent chapitre, par opposition aux compétences évaluées par un test.

Compétences dans les TIC : elles se composent de dix items affichant des coefficients de saturation positifs très élevés et d’un item affichant un coefficient de saturation négatif. Les items avec des coefficients de saturation positifs décrivent tous des tâches associées à l’utilisation des TIC, depuis la lecture et la rédaction de courriers électroniques à l’utilisation d’un logiciel de traitement de texte ou d’un logiciel tableur, ou d’un langage de programmation. Ce facteur est fortement associé aux emplois de bureau, comme le montre le coefficient de saturation négatif des « activités physiques ».

La volonté d’apprendre se composeexclusivement d’items élaborés dans le cadre de l’Enquête sur les compétences des adultespour mesurer cette dimension, p. ex. « Met en œuvre des idées nouvelles dans la vie réelle » ou « Aime apprendre de nouvelles choses ».

Compétences en gestion et communication : elles rassemblent un ensemble d’items plus variés, depuis « enseigner » jusqu’à « planifier les activités d’autres personnes ». Toutes ces activités nécessitent de communiquer avec d’autres personnes et de les gérer, qu’il s’agisse ou non de collègues.

Les compétences d’auto-organisation, à l’instar de la volonté d’apprendre, se composent exclusivement d’items élaborés dans le cadre de l’Enquête sur les compétences des adultes pour mesurer cette dimension. Elles se composent d’items tels que « Flexibilité du travail – Vitesse d’exécution du travail » ou « Flexibilité du travail – Séquence de tâches ».

Les compétences en marketing et comptabilité constituent un nouvel indicateur, qui ne correspond à aucun indicateur de latypologie normative. La « lecture des états financiers », le « calcul de coûts ou de budgets » et la « vente de produits ou services » sont associés à ce facteur, tout comme l’« utilisation d’une calculatrice ». Bien que ce dernier item sature également les « contenus TIC » et les « contenus STIM » (dont le coefficient de saturation est proche de 0.25), il semble que les calculatrices soient principalement utilisées à des fins de marketing et de comptabilité.

Compétences en STIM : ce facteur n’est pas présent dans la typologie normative. À l’instar des Compétences en marketing et comptabilité, il implique des tâches numériques comme « utiliser des calculs algébriques ou des formules simples » ou « recourir aux mathématiques ou statistiques avancées », mais elles sont plus complexes et moins spécifiques que celles saturant le facteur précédent. Ce facteur est largement apparenté aux compétences requises en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques.

Chaque indicateur relatif aux compétences fonctionnelles affiche un score compris entre 0 et 1. Un score supérieur est associé à une fréquence élevée d’exécution de ces tâches au travail.

Sources : Conti et al. (2014), « Bayesian exploratory factor analysis », Journal of Econometrics.

Costello et Osborne (2005), « Best practices in exploratory factor analysis: Four recommendations for getting the most from your analysis », Practical Assessment, Research & Evaluation.

Grundke et al. (à paraître a), « Skills and global value chains: Characterisation and evidence », OECD Science, Technology and Industry Working Papers.

Certaines dimensions pertinentes des compétences ne peuvent pas être mesurées, alors que d’autres sont mesurées seulement de manière imparfaite, parce qu’il existe toujours un écart entre la conceptualisation des compétences et leur mesure. Lorsqu’ils sont mesurés, les traits de personnalité intègrent généralement une composante cognitive, et les compétences cognitives dépendent également des traits de personnalité individuels. En outre, bien que l’Enquête sur les compétences des adultes soit extrêmement instructive, elle n’a pas été conçue pour mesurer les différentes compétences nécessaires en milieu professionnel. L’ensemble d’items utilisés pour développer des indicateurs relatifs aux compétences est restreint par la liste d’items disponible dans cette enquête.

En particulier, bien que de nombreux traits de personnalité influencent les résultats professionnels, l’ouverture à l’expérience est le seul trait qui peut être représenté par un indicateur issu de l’Enquête sur les compétences des adultes, à savoir l’indicateur relatif à la volonté d’apprendre. L’ouverture à l’expérience peut améliorer les performances des entreprises en encourageant les travailleurs à suivre des formations et à s’adapter lorsqu’ils se retrouvent dans un environnement inconnu. Elle semble également importante pour les emplois complexes qui nécessitent de l’autonomie et une pensée hors normes, et l’adoption de nouveaux comportements et idées pour obtenir de bons résultats professionnels (Mohan et Mulla, 2013).

Les différents types d’indicateurs des compétences disponibles par le biais de l’Enquête sur les compétences des adultes mesurent les compétences plus précisément que le niveau d’instruction, qui est fréquemment utilisé comme une mesure indirecte des compétences, dans la plupart des publications empiriques sur les compétences et les échanges notamment. Le niveau d’instruction contribue aux compétences cognitives et aux autres compétences, mais masque les différences de qualité des systèmes éducatifs des pays. Il ne tient pas compte des différences sur le plan des modalités d’acquisition des compétences dans l’emploi, ni de la vaste palette de compétences susceptibles d’influencer les performances des pays au sein des CVM.

Caractéristiques des compétences aux niveaux national et sectoriel

Les travailleurs des différents pays ne possèdent pas les mêmes éventails de compétences. Dans les trois domaines de compétences cognitives évaluées, les travailleurs japonais et finlandais sont les plus performants, alors que les travailleurs chiliens, grecs, italiens et turcs obtiennent en moyenne les scores les plus faibles des pays de l’OCDE (graphique 3.2). Le tableau est beaucoup plus mitigé en termes de compétences fonctionnelles (graphique 3.3). Les pays obtenant les meilleurs résultats en termes de compétences cognitives obtiennent généralement de bons résultats en termes de compétences fonctionnelles, alors que certains pays comme les États-Unis, dont les travailleurs possèdent des compétences cognitives moyennes ou inférieures à la moyenne, sont bien classés sur le plan des compétences fonctionnelles.

Graphique 3.2. Compétences cognitives des travailleurs mesurées par l’Enquête sur les compétences des adultes
Moyenne par pays, 2012 ou 2015
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Note : Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474273

Graphique 3.3. Compétences fonctionnelles, par pays
Moyenne des pays, 2012 ou 2015
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Note : Les indicateurs des compétences sont fondés sur une analyse factorielle exploratoire, comme décrit dans l’encadré 3.1.

Un score supérieur est associé à une fréquence plus élevée d’exécution de ces tâches au travail.

Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdata andanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474282

Les variations entre les pays dépendent de l’indicateur relatif aux compétences (graphiques 3.2 et 3.3). Les écarts les plus importants sont constatés au niveau des compétences cognitives évaluées par les tests (compétences en littératie, en numératie et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique), et les plus réduits au niveau des compétences en marketing et comptabilité et des compétences en STIM, deux compétences fonctionnelles. La volonté d’apprendre varie également considérablement d’un pays à l’autre, le Japon et la Corée se situant au bas du classement, ce qui met en évidence l’importance des normes culturelles. Toutefois, dans la mesure où cet indicateur est fondé sur des informations auto-déclarées, il est difficile de savoir dans quelle mesure ces écarts entre les pays sont dus à de réelles différences de comportement vis-à-vis de l’apprentissage, ou à la façon dont les réponses aux questions sont formulées.

En termes de résultats des pays dans les CVM, ce n’est pas simplement le niveau de compétences des pays qui compte, mais également l’affectation des compétences aux différents secteurs, qui indique leur capacité à se spécialiser et à obtenir de bons résultats dans certains secteurs et activités. D’une part, les secteurs nécessitant des travailleurs plus qualifiés et ceux dans lesquels les pays obtiennent généralement de bons résultats pour des raisons sans lien avec les compétences (p. ex. raisons historiques ou disponibilité d’un type de capital propre au secteur) devraient attirer davantage de main-d’œuvre qualifiée, mais cela dépend du niveau de compétences global du pays et de l’efficience du processus d’affectation. D’autre part, les secteurs dans lesquels les pays obtiennent de bons résultats font davantage d’efforts pour améliorer les compétences de leurs travailleurs par la formation.

Les travailleurs du secteur des services aux entreprises possèdent en moyenne des compétences supérieures à celles des travailleurs des autres secteurs, tous types de compétences confondus (graphiques 3.4 et 3.5). Dans un secteur donné, l’hétérogénéité des compétences des travailleurs varie d’un pays à l’autre en fonction du type de compétences. Dans la plupart des secteurs, on constate des différences importantes entre les pays en ce qui concerne les compétences cognitives évaluées par des tests et la volonté d’apprendre, ce qui reflète la dispersion de ces compétences d’un pays à l’autre. L’hétérogénéité est beaucoup plus faible pour les autres compétences fonctionnelles, ce qui montre que les caractéristiques du secteur jouent un rôle plus important que les spécificités des pays pour déterminer l’affectation de ces compétences (graphique 3.5).

Graphique 3.4. Compétences cognitives des travailleurs mesurées par l’Enquête sur les compétences des adultes, par secteur
2012 ou 2015
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Note : Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdata andanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474296

Graphique 3.5. Compétences fonctionnelles, par secteur
2012 ou 2015
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Note : Les indicateurs des compétences sont fondés sur une analyse factorielle exploratoire, comme décrit dans l’encadré 3.1.

Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdata andanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474306

On constate des variations importantes d’un secteur à l’autre en ce qui concerne le recours aux compétences dans les TIC, particulièrement utilisées dans les services aux entreprises. Dans les secteurs hautement spécialisés (comme les services aux entreprises), certains pays ont beaucoup moins recours aux compétences dans les TIC que les pays en tête de classement. Dans certains secteurs, les compétences insuffisantes de certains pays dans les TIC posent question, puisque cela peut limiter leur capacité à développer et à moderniser leurs activités dans l’actuel environnement à forte composante technologique.

À l’instar des autres compétences fonctionnelles, les compétences en marketing et comptabilité varient fortement d’un secteur à l’autre, mais peu d’un pays à l’autre. Deux schémas se dessinent lorsque l’on compare les différents secteurs. Tout d’abord, les secteurs des services aux entreprises (à l’exception du commerce de gros et de détail), ainsi que de la construction et des transports, affichent des écarts plus importants d’un pays à l’autre, ce qui peut refléter la spécialisation de certains pays dans les tâches de marketing et de comptabilité. Ensuite, non seulement les disparités entre ces secteurs sont plus importantes, mais leurs médianes sont très supérieures à celles du secteur manufacturier. Ce résultat est conforme à la nature des métiers dans ces secteurs, qui impliquent de fortes interactions avec la clientèle, ainsi qu’à la propension des entreprises manufacturières à sous-traiter les activités de commercialisation et de distribution de leurs produits à des entreprises de services, qui sont mieux formées à l’exécution de ces tâches.

De la nécessité de compétences diversifiées

Influence des différents types de compétences sur les résultats à l’exportation et la participation aux chaînes de valeur mondiales

Les compétences des travailleurs sont généralement considérées comme essentielles pour la participation des pays aux CVM et les résultats à l’exportation, mais on en sait peu sur les compétences les plus pertinentes pour chaque type d’exportation et chaque type de participation aux CVM. Certaines compétences, les capacités cognitives notamment, pourraient contribuer directement à la création de valeur dans les entreprises (Barney, 1991 ; Wright, McMahan et McWilliams, 1994) et ajouter plus de valeur aux exportations et aux biens intermédiaires exportés pour être utilisés par des pays tiers dans leurs exportations (liens ou participation en aval). D’autres compétences peuvent encourager la délocalisation des activités et l’utilisation de biens intermédiaires provenant de l’étranger (liens ou participation en amont).

Les compétences peuvent jouer un rôle important dans l’intégration aux CVM, non seulement en raison de leur diversité mais également de la façon dont les compétences des travailleurs varient. Le volume d’activités internationales est considérable entre les pays développés possédant en moyenne les mêmes compétences et technologies. Les compétences des cadres, des ouvriers et des autres travailleurs varient entre des pays présentant par ailleurs des similitudes, ce qui peut expliquer pourquoi ces pays tirent parti des échanges.

Puisque les pays et les secteurs diffèrent en termes de niveau de compétences et de participation et de résultats dans les CVM, il est possible de mettre en lumière la corrélation entre les deux en évaluant les liens entre les niveaux de compétences des pays par secteur, d’une part, et leurs exportations et activités dans les CVM avec différents partenaires commerciaux du même secteur, d’autre part (encadré 3.2).

Encadré 3.2. Liens empiriques entre les différents types de compétences et les résultats dans les CVM

L’analyse de la présente section s’appuie sur des travaux examinant la corrélation entre les différents types de compétences et les échanges et à la participation aux CVM (Grundke et al., à paraître a). À cette fin, plusieurs indicateurs relatifs aux exportations et à la participation aux CVM sont reliés un par un aux différents types d’indicateurs relatifs aux compétences, mesurés en termes de niveau moyen de compétences, de dispersion des compétences, et de parties médiane, supérieure et inférieure de la distribution des compétences. Les indicateurs relatifs aux compétences incluent les trois compétences cognitives évaluées par l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (compétences en littératie, en numératie et résolution des problèmes dans un environnement à forte composante technologique), et les six indicateurs relatifs aux compétences fonctionnelles issus de l’analyse factorielle, comme décrit dans l’encadré 3.1 (compétences dans les TIC, volonté d’apprendre, compétences en gestion et communication, compétences d’auto-organisation, compétences en marketing et comptabilité, compétences en STIM). Ils sont tous spécifiques à chaque pays et secteur.

Tous les indicateurs relatifs aux échanges et à la participation aux CVM sont issus de la base de données TiVA et sont utilisés dans l’analyse au niveau sectoriel bilatéral et sous forme logarithmique. Les exportations sont considérées en valeur brute et en valeur ajoutée. Trois indicateurs de la participation aux CVM sont pris en compte : la valeur ajoutée locale contenue dans la demande finale étrangère pour la participation (ou les liens) en aval en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans la demande finale nationale pour la participation en amont en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations pour la participation en amont en termes d’exportations.

Ce modèle inclut également une série de variables indépendantes par pays et secteur – intensité de capital physique, intensité de capital humain (mesurée par le niveau d’instruction) et dépenses de recherche et de développement – indiquant dans quelle mesure les pays sont capables de répondre aux besoins des secteurs dans différentes dimensions technologiques. Les obstacles commerciaux sont également inclus, ainsi que les effets fixes pour tenir compte des caractéristiques des pays, des pays partenaires et des secteurs.

Les groupes par pays et secteur qui comptabilisent moins de 25 observations dans l’Enquête sur les compétences des adultes sont supprimés pour réduire les erreurs de mesure. Les erreurs-types sont regroupées au niveau du couple exportateur-importateur.

Source : Grundke et al. (à paraître a), « Skills and global value chains: Characterisation and evidence », OECD Science, Technology and Industry Working Papers.

Cette analyse confirme que les compétences cognitives et les traits de personnalité influencent les exportations brutes et en valeur ajoutée, ainsi que la participation aux CVM (graphique 3.6). Les compétences en littératie, en numératie, la résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique et la volonté d’apprendre sont généralement plus solides dans les pays qui exportent davantage, d’autant plus lorsque les exportations sont mesurées en valeur ajoutée, les liens les plus forts s’exprimant avec les compétences cognitives. Ces compétences sont également susceptibles d’être meilleures dans les pays où la participation aux CVM est plus solide, par le biais des liens en amont et en aval. Ces résultats viennent étayer l’idée selon laquelle la connaissance et l’apprentissage jouent un rôle fondamental dans l’intégration internationale, les travailleurs en ayant besoin pour appréhender, partager et assimiler de nouvelles connaissances afin que les pays participent et progressent sur des marchés en constante évolution.

Graphique 3.6. Relations entre la moyenne des différents types de compétences et les échanges dans les chaînes de valeur mondiales
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Note : Chaque barre correspond au coefficient d’une spécification unique rapportant les indicateurs des exportations et de la participation aux CVM de la base de données TiVA à la moyenne de l’indicateur de compétences présenté, tout en tenant compte des autres variables.

Tous les indicateurs de la base de données TiVA sont au niveau sectoriel bilatéral, en 2011, et sous forme logarithmique. Les exportations sont considérées en valeur brute et en valeur ajoutée. Trois indicateurs de la participation aux CVM sont pris en compte : la valeur ajoutée locale contenue dans la demande finale étrangère pour les liens en aval en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans la demande finale nationale pour les liens en amont en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations pour les liens en amont en termes d’exportations.

Les indicateurs relatifs aux compétences correspondent à la moyenne par pays et par secteur en 2012 ou 2015. Les groupes par pays et secteur qui comptabilisent moins de 25 observations dans l’Enquête sur les compétences des adultes sont supprimés pour réduire les erreurs de mesure.

Les erreurs-types sont regroupées au niveau du couple exportateur-importateur. Seuls les coefficients significatifs à 1 %, 5 % ou 10 % sont présentés.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474318

Les compétences cognitives des différents groupes de travailleurs – moyennement, peu et très qualifiés – influencent différemment les exportations en valeur ajoutée et la participation aux CVM (graphiques 3.7 et 3.8). Dans le cas des compétences en littératie, les compétences des plus performants ont le plus d’influence. À l’inverse, les compétences en numératie semblent compter pour l’ensemble du secteur (c’est-à-dire au niveau médian de la distribution), ce qui montre que la numératie est nécessaire non seulement pour l’innovation et la création de valeur dans les exportations (comme le montrent les liens en aval et les exportations en valeur ajoutée), mais également pour l’intégration de la valeur ajoutée étrangère au processus de production local (participation en amont). En ce qui concerne les compétences de résolution de problème dans des environnements à forte composante technologique, tant les travailleurs peu qualifiés (10e centile inférieur) que très qualifiés (90e centile) ont besoin d’être performants dans leurs catégories pour apporter une valeur ajoutée nationale aux marchés internationaux (participation en aval) ainsi qu’aux intrants de processus au niveau de la chaîne d’assemblage (participation en amont).

La volonté d’apprendre3 des différents types de travailleurs est également susceptible d’être supérieure lorsque les résultats dans les CVM sont meilleurs. Les plus disposés à apprendre sont généralement ceux qui ont le plus d’impact sur les activités d’exportation et la participation aux CVM.

Dans une économie mondiale de plus en plus concurrentielle et dépendante des technologies, il n’est pas surprenant de constater une corrélation positive entre les compétences dans les TIC et les exportations, notamment lorsqu’elles sont exprimées en valeur ajoutée (graphique 3.6). La corrélation négative entre les compétences dans les TIC et en STIM, d’une part, et la participation aux CVM, d’autre part, est plus ambiguë. On pourrait l’expliquer par le fait que certaines tâches ayant massivement recours à ces compétences dans ces secteurs et ces métiers sont généralement plus difficiles à délocaliser4.

De nombreuses études ont souligné la pertinence des compétences associant des aspects cognitifs et des traits de personnalité comme la gestion, la communication, le marketing, et l’auto-organisation pour les performances des entreprises. Toutefois, certaines de ces compétences n’apparaissent que faiblement corrélées aux résultats à l’exportation et à la participation aux CVM.

Les compétences en gestion et communication influencent les exportations en valeur ajoutée, ainsi que l’intégration internationale dans le cas des liens en aval (graphique 3.6). Les compétences de communication et d’interaction peuvent développer des complémentarités entre les travailleurs dans la production, permettre de tirer plus facilement profit de la spécialisation et des transferts de connaissances, ce qui bénéficie ensuite à la participation aux CVM en amont et en aval. Associées à des compétences stratégiques en gestion, les compétences de communication et d’interaction peuvent engendrer des avantages durables et améliorer la compétitivité sur les marchés mondiaux.

Des compétences solides en marketing et comptabilité, ainsi que des compétences d’auto-organisation, ne semblent pas avoir d’impact sur les exportations et l’intégration aux CVM5 (graphique 3.6). Les compétences d’auto-organisation peuvent être corrélées négativement à la participation en amont parce que ces compétences sont plus souvent utilisées par les dirigeants, qui sont moins concernés par les délocalisations. Bien que ces compétences ne soient pas en elles-mêmes fortement corrélées aux performances dans les CVM, elles peuvent avoir un impact lorsqu’elles sont examinées conjointement avec d’autres compétences et aptitudes des entreprises. Ces résultats contre-intuitifs peuvent également être liés au fait que ces indicateurs s’appuient sur les questions relatives à la fréquence d’exécution des tâches associées, qui offrent une évaluation imparfaite des compétences des travailleurs6.

Certains niveaux de compétences fonctionnelles des groupes de travailleurs sont corrélés négativement aux indicateurs relatifs aux CVM, alors que d’autres sont corrélés positivement (graphiques 3.7 et 3.8). Par exemple, plus les compétences dans les TIC et en gestion et communication du centile inférieur sont élevées, moins les secteurs ont recours à des biens intermédiaires étrangers dans leurs exportations. En revanche, plus les compétences du centile supérieur sont élevées, plus les secteurs ont recours à des biens intermédiaires étrangers. Cela montre que l’utilisation d’intrants étrangers pourrait se substituer à un faible niveau de compétences dans les TIC et en gestion et communication, mais doit être complétée par un haut niveau de compétences chez les travailleurs plus performants. À l’inverse, plus les compétences en STIM de la partie inférieure de la distribution sont élevées, plus les secteurs exportent, ce qui indique que ces compétences sont importantes pour les travailleurs faiblement qualifiés dans un environnement international. Ainsi, il faut que l’ensemble des travailleurs possèdent certaines compétences, alors que d’autres sont particulièrement importantes pour les travailleurs les moins ou les plus performants.

Graphique 3.7. Relations entre les différentes parties de la distribution des compétences et les exportations brutes et en valeur ajoutée
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Note : Chaque marque correspond au coefficient d’une spécification unique rapportant les exportations à un moment de la distribution de l’indicateur relatif aux compétences et à d’autres variables (encadré 3.2). Trois moments sont examinés : le 25e centile, la médiane et le 75e centile. Seuls les coefficients significatifs à 1 %, 5 % ou 10 % sont présentés. Par exemple, en ce qui concerne les compétences en marketing/comptabilité, le 25e centile est corrélé négativement aux exportations brutes et en valeur ajoutée, alors que le 75e centile est corrélé positivement aux exportations en valeur ajoutée. Aucune corrélation significative n’est constatée dans les autres cas.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474323

Graphique 3.8. Relations entre les différentes parties de la distribution des compétences et la participation aux chaînes de valeur mondiales
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Note : Chaque marque correspond au coefficient d’une spécification unique rapportant les exportations à un moment de la distribution de l’indicateur relatif aux compétences et à d’autres variables (encadré 3.2). Trois moments sont examinés : le 25e centile, la médiane et le 75e centile. Trois indicateurs relatifs à la participation aux CVM sont pris en compte : la valeur ajoutée locale contenue dans la demande finale étrangère pour la participation (ou les liens) en aval en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans la demande finale nationale pour la participation en amont en termes de demande finale ; la valeur ajoutée étrangère contenue dans les exportations pour la participation en amont en termes d’exportations.

Seuls les coefficients significatifs à 1 %, 5 % ou 10 % sont présentés. Par exemple, en ce qui concerne les compétences en marketing/comptabilité, le 25e centile est corrélé négativement liens en amont en termes de demande finale et en aval, alors que le 75e centile est corrélé négativement aux liens en amont en termes de demande finale. Aucune corrélation significative n’est constatée dans les autres cas.

Les indicateurs de la base de données TiVA se rapportent à l’année 2011 et les indicateurs relatifs aux compétences se rapportent aux années 2012 ou 2015.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474335

Les résultats présentés ici indiquent que les politiques améliorant le niveau de certains travailleurs dans différentes compétences pourraient jouer un rôle important pour améliorer l’intégration des pays aux CVM. Toutefois, ces résultats ne mettent pas en évidence de lien de cause à effet entre les compétences par pays et secteur et les performances des secteurs dans les CVM. Puisque les travailleurs circulent entre les secteurs, l’évolution des résultats économiques et de la participation aux CVM de ces secteurs pourrait fortement influencer l’affectation sectorielle des travailleurs dans un pays donné, et donc l’offre de compétences – notamment des compétences fonctionnelles – par pays et secteur.

Différences entre les secteurs en termes de besoins en compétences

Au niveau des secteurs, les indicateurs relatifs aux compétences fonctionnelles calculés à partir de l’Enquête sur les compétences des adultes (TIC, STIM, gestion et communication, marketing et comptabilité, et auto-organisation ; voir encadré 3.1) montrent dans quelle mesure un secteur a davantage recours à ces tâches, et a donc un besoin accru de compétences correspondantes. D’après ces indicateurs, la plupart des secteurs ont massivement recours à un large éventail de tâches, ce qui indique qu’ils ont besoin de travailleurs avec un large éventail de compétences (graphique 3.9).

Graphique 3.9. Intensité des tâches par secteur
Rang dans 34 secteurs, 2012
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Note : Les secteurs sont classés en fonction de l’intensité de chacune des tâches correspondant aux indicateurs fondés sur les compétences (encadré 3.1). Le rang le plus élevé correspond au secteur affichant l’intensité de tâche la plus élevée, et le rang le plus bas à celui affichant l’intensité la plus faible. Chaque partie du graphique présente le classement d’un groupe de secteurs en fonction des cinq dimensions d’intensité des tâches.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataand analysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474340

Comme on peut s’y attendre, l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises font intervenir un plus grand nombre de tâches que les services moins complexes et l’industrie manufacturière de basse technologie. Toutefois, ces derniers ont tout de même recours à un large éventail de compétences, comme les compétences en gestion et en communication et les compétences d’auto-organisation. L’industrie manufacturière de haute technologie a davantage recours à des tâches dans le domaine des STIM, mais font également souvent intervenir des tâches nécessitant des compétences non techniques, comme la gestion et la communication. Globalement, il est difficile de caractériser les secteurs en fonction de l’exécution d’une tâche spécifique. Différents types de secteurs ont massivement recours à des tâches dans le domaine des TIC ou des STIM.

Pour brosser un tableau plus clair des besoins en compétences des secteurs, en évaluant dans quelle proportion les différents secteurs ont besoin des compétences spécifiques, les mêmes indicateurs des compétences fonctionnelles peuvent être utilisés pour comparer la fréquence d’une tâche spécifique à la fréquence d’une autre (graphique 3.10). De nombreux secteurs manufacturiers de haute technologie ont davantage recours aux tâches d’auto-organisation qu’aux tâches de gestion et de communication, ou aux tâches de marketing et de comptabilité7. Les services aux entreprises ont généralement davantage recours aux tâches de comptabilité qu’aux tâches de communication, certains services complexes aux entreprises ayant également massivement recours aux tâches d’auto-organisation. Ces résultats viennent étayer l’idée selon laquelle les secteurs ont besoin d’un vaste ensemble de compétences et qu’ils peuvent être caractérisés en fonction de l’intensité relative de ces tâches.

Graphique 3.10. Sélection d’intensités relatives des tâches dans des secteurs donnés, moyenne des pays
Classement dans 34 secteurs, 2012
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Note : Les secteurs sont classés en fonction de l’intensité relative d’une tâche par rapport à une autre. Le rang le plus élevé correspond au secteur affichant l’intensité relative la plus élevée d’une tâche par rapport à l’autre, et le rang le plus bas à celui affichant la plus faible intensité relative. Chaque partie du graphique présente le classement d’un groupe de secteurs en fonction de trois dimensions de l’intensité relative. Chaque intensité relative est calculée sous la forme d’un ratio des valeurs moyennes de chacun des deux indicateurs des compétences fonctionnelles au niveau d’un secteur : « auto-organisation » sur « gestion/communication », « auto-organisation » sur « marketing/comptabilité », et « marketing/comptabilité » sur « gestion/communication ».

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataand analysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474350

Comprendre la spécialisation des pays dans les CVM

Les pays se distinguent sur le plan de leurs stocks de compétences, alors que les secteurs se distinguent sur le plan de leurs besoins en compétences. Cette section examine en quoi l’interaction entre les caractéristiques des compétences des pays et les besoins des secteurs permet d’expliquer les raisons pour lesquelles les pays obtiennent de meilleurs résultats dans certains secteurs au sein des CVM, comme le montre l’ampleur de la supériorité de leurs exportations en valeur ajoutée dans un secteur par rapport à un autre. Bien que l’accent soit mis sur les compétences, d’autres facteurs sont pris en compte, comme le capital physique et les coûts commerciaux, qui déterminent également la spécialisation au sein des CVM.

Un éventail de compétences adapté

Les employeurs s’attendent à ce que les travailleurs disposent d’un certain éventail de compétences, et les performances des entreprises dépendent de la diversité de ces compétences. Au sein des CVM, les travailleurs peuvent avoir à exécuter des tâches techniques, mais également à communiquer avec des collègues étrangers, ce qui nécessite qu’ils possèdent des compétences techniques et de communication. La mesure dans laquelle les travailleurs possèdent un éventail adapté de compétences variées influence les résultats des pays au sein des CVM. Par exemple, une enquête sur l’Inde a montré que seul un diplômé sur quatre des écoles d’ingénieurs était employable, la plupart ayant un niveau insuffisant dans au moins une des compétences requises – compétences techniques, maîtrise de l’anglais, capacité à travailler en équipe ou à effectuer des présentations orales de base (Ohnsorge et Treffler, 20078). Les interrogations quant aux compétences des diplômés indiens sont survenues dans un contexte d’accroissement des délocalisations en provenance des pays développés et de concurrence pour attirer les investissements étrangers. De même, les études fondées sur les enquêtes réalisées auprès des employeurs européens mettent en avant le rôle d’une combinaison de compétences sociales et émotionnelles,techniques et cognitives dans les performances des entreprises (Humburg, van der Velden et Verhagen, 2013). Le manque de compétences interpersonnelles peut faire largement obstacle à l’emploi, notamment dans les emplois faiblement qualifiés (Heckman et Kautz, 2013). Ces études montrent qu’il est préférable que chaque travailleur dispose d’un éventail de compétences adapté, plutôt que les entreprises disposent d’un ensemble de travailleurs possédant chacun une compétence spécialisée.

Bien qu’il existe un large consensus quant au fait qu’un éventail de compétences adapté est important pour l’employabilité et les performances des entreprises, très peu d’études tentent de caractériser les combinaisons de compétences des pays ou d’évaluer l’impact des éventails des compétences sur les résultats dans les CVM.

Pour comprendre en quoi l’éventail de compétences peut influencer la spécialisation des pays dans les CVM et comment cela peut être évalué de manière empirique, il est utile d’examiner deux types de compétences (par exemple compétences en littératie et en numératie, ou compétences quantitatives et de communication). Les travailleurs peuvent être caractérisés par leurs niveaux absolus dans ces deux compétences, à savoir un avantage absolu sur le plan des compétences, et un meilleur niveau dans une compétence par rapport à une autre – un avantage relatif sur le plan des compétences. Les secteurs se distinguent en fonction de leurs besoins relatifs en compétences, comme le montre le graphique 3.10. L’affectation des travailleurs aux secteurs n’est pas déterminée par le niveau de compétences de chaque type qu’ils possèdent, mais par le niveau d’une compétence par rapport à une autre (avantage relatif des travailleurs sur le plan des compétences). Par exemple, un travailleur avec un ratio élevé de compétences en numératie sur compétences en littératie travaille dans des secteurs ayant davantage recours aux tâches quantitatives. La valeur absolue des compétences n’influence pas la répartition des travailleurs entre les secteurs, mais elle affecte la productivité des travailleurs, qui en réalité ont à la fois besoin de compétences en numératie et en littératie.

La capacité d’un pays à faire preuve de compétitivité sur le plan international dans certains secteurs et à se spécialiser dans ces secteurs dépend de la corrélation, à l’échelle nationale, entre l’avantage relatif et absolu de sa population sur le plan des compétences. Dans le cas évoqué plus haut d’un avantage relatif sur le plan des compétences mesuré par un ratio élevé compétences en littératie/compétences en numératie, et d’un avantage absolu mesuré par des compétences élevées en littératie et en numératie, un pays affichant une corrélation fortement positive entre les deux se spécialisera dans les secteurs ayant massivement recours aux tâches quantitatives. Les meilleurs travailleurs – ceux disposant d’un avantage absolu dans les deux catégories de compétences – seront affectés au secteur ayant massivement recours aux tâches quantitatives et augmenteront ainsi la productivité absolue de ce secteur par rapport aux pays où la corrélation est plus faible. À l’inverse, le pays affichant la corrélation la plus faible se spécialisera dans les secteurs nécessitant des compétences en littératie, tels que ceux ayant massivement recours aux tâches de communication, ses travailleurs ayant un avantage absolu dans ces derniers par rapport aux autres pays (encadré 3.3).

Encadré 3.3. Relation empirique entre l’éventail de compétences des pays et la spécialisation au sein des CVM

Les analyses de la présente section et de la suivante sont fondées sur les travaux de l’OCDE évaluant le rôle joué par l’éventail de compétences de chaque pays dans sa spécialisation dans certains secteurs au sein des CVM (Grundke et al., à paraître b). La spécification empirique est fondée sur un modèle théorique qui part de l’hypothèse que les travailleurs sont hétérogènes et dotés d’un éventail de deux compétences (p. ex. compétences quantitatives et en communication) (Ohnsorge et Treffler, 2007). Les secteurs se distinguent sur le plan des compétences requises, alors que le produit marginal d’un éventail spécifique de compétences diffère d’un secteur à l’autre. Le principal paramètre expliquant la spécialisation des pays dans certains secteurs est la corrélation à l’échelle du pays entre l’avantage relatif et absolu de la population sur le plan des compétences. L’indicateur de corrélation, associé à l’abondance relative des compétences, explique l’avantage comparatif des pays dans les CVM.

Cette publication s’appuie sur l’évaluation des compétences en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans un environnement à forte composante technologique tirée de l’Enquête sur les compétences des adultes pour mesurer l’éventail de compétences à l’échelle nationale. On évalue les trois combinaisons possibles d’éventails de compétences (compétences en numératie sur compétences en littératie, résolution de problèmes sur compétences en numératie et résolution de problèmes sur compétences en littératie). L’intensité relative des secteurs dans ces trois types de compétences est calculée à l’aide d’indicateurs relatifs aux compétences fonctionnelles tirés de l’analyse factorielle au niveau des secteurs (encadré 3.1), après avoir établi une correspondance entre les compétences évaluées et l’intensité des tâches associées à ces compétences spécifiques dans le secteur (tableau 3.1). Sur la base de la description des tests d’évaluation des compétences cognitives figurant dans le rapport technique de l’Enquête sur les compétences des adultes, il est raisonnable de supposer que les compétences en littératie sont plus demandées dans les secteurs ayant massivement recours aux tâchesen gestion et en communication, comme le montre l’indicateur relatif aux compétences fonctionnelles. De même, les compétences en numératie peuvent être associées à l’indicateur de compétences fonctionnelles en marketing et comptabilité, et la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique à l’indicateur relatif aux compétences fonctionnelles en auto-organisation.

Pour évaluer l’impact des éventails de compétences sur la spécialisation des pays au sein des CVM, l’analyse empirique explique les exportations en valeur ajoutée de chaque secteur d’un pays vers ses partenaires commerciaux par la corrélation propre au pays entre l’avantage relatif et absolu des travailleurs (dans deux catégories de compétences cognitives) rapportée à l’intensité relative de deux tâches spécifiques (correspondant aux deux compétences cognitives) dans ces secteurs. L’autre variable explicative majeure est l’interaction par pays et secteur de l’avantage relatif sur le plan des compétences avec l’intensité relative des tâches dans les secteurs. Chaque spécification est estimée pour chacune des combinaisons possibles de deux compétences évaluées (compétences en numératie sur compétences en littératie, résolution de problèmes sur compétences en numératie et résolution de problèmes sur compétences en littératie) avec l’intensité relative des tâches correspondantes (marketing et comptabilité rapportés à la gestion et à la communication, auto-organisation rapportée au marketing et à la comptabilité, et auto-organisation rapportée à la gestion et à la communication).

L’analyse empirique utilise le modèle gravitationnel sectoriel habituel pour les flux commerciaux bilatéraux utilisés dans les publications empiriques sur l’avantage comparatif (Romalis 2004, Nunn 2007, Levshenko 2007, Chor 2010). L’ensemble de données bilatéral sectoriel ainsi établi inclut 23 pays exportateurs, 62 pays importateurs (incluant le reste du monde) et 34 secteurs de la base de données TiVA. Les exportations en valeur ajoutée se rapportent à l’année 2011 et sont issues de la base de données TiVA 2015. Toutes les spécifications incluent la demande finale au niveau du secteur importateur en tant que variable indépendante. Les autres variables explicatives sont les mesures de Heckscher-Ohlin par pays et secteur des dotations relatives en capital physique et humain, les variables des coûts des échanges bilatéraux de la base de données CEPII GeoDist (Mayer et Zignago, 2011) et les effets fixes rendant compte des caractéristiques des exportateurs, des importateurs et des secteurs, ainsi que des variables indicatrices tenant compte de toutes les caractéristiques sectorielles agrégées omises du pays exportateur et importateur (34 secteurs sont agrégés dans les trois secteurs « extraction de ressources », « secteur manufacturier et services collectifs », et « services »). Les erreurs-types robustes sont regroupées au niveau importateur-exportateur.

Sources : Chor (2010), « Unpacking sources of comparative advantage: A quantitative approach », Journal of International Economics.

Grundke et al. (à paraître b), « Having the right mix: The role of skills bundles for comparative advantage and industry performance in GVCs », Documents de travail de l’OCDE sur la science, la technologie et l’industrie.

Levchenko (2007), « Institutional quality and international trade », Review of Economic Studies.

Nunn (2007), « Relationship-specificity, incomplete contracts, and the pattern of trade », The Quarterly Journal of Economics.

Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », CEPII Working Paper 2011-25.

Ohnsorge et Treffler (2007), « Sorting it out: International trade with heterogeneous workers », Journal of Political Economy.

Romalis (2004), « Factor proportions and the structure of commodity trade », American Economic Review.

L’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes donne des informations sur l’éventail de compétences de la population. Comme elle inclut une évaluation des résultats dans trois compétences – compétences en littératie, en numératie et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique – il est possible d’étudier la corrélation entre ces différentes compétences.

L’éventail de compétences de la population varie d’un pays à un autre (graphique 3.11). Dans un groupe de pays dans lequel figurent les États-Unis, les travailleurs qui obtiennent de meilleurs résultats en numératie qu’en littératie (c’est-à-dire qui possèdent un avantage relatif en numératie) possèdent également de bonnes compétences en littératie (avantage absolu sur le plan des compétences), alors que l’inverse est vrai dans d’autres pays, comme la République tchèque. Cela signifie qu’aux États-Unis, la part de la population possédant un avantage relatif en numératie (ratio élevé des scores en numératie sur les scores en littératie) affiche également des scores absolus élevés dans les deux compétences cognitives, à savoir la numératie et la littératie. Au contraire, en République tchèque, les travailleurs possédant un avantage relatif en numératie affichent des scores absolus faibles dans les deux compétences. Dans tous les pays, les travailleurs dont les compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique sont supérieures à leurs compétences en numératie ou en littératie ne possèdent pas des compétences solides en numératie ou littératie en termes absolus, mais il existe des variations d’un pays à l’autre.

Graphique 3.11. Corrélations entre les avantages relatifs et absolus sur le plan des compétences
2012 ou 2015
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Note : Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdata andanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474365

Pour comprendre la répartition des travailleurs entre les secteurs, il est nécessaire d’établir une correspondance entre les compétences cognitives des travailleurs et les compétences requises par les secteurs (encadré 3.3, tableau 3.1). Dans la mesure où les compétences cognitives mesurées par l’Enquête sur les compétences des adultes prennent en compte un vaste ensemble d’aptitudes, il est possible de les faire coïncider avec les besoins des secteurs. La dimension de la littératie mesure plus généralement la capacité à analyser des contextes sociaux complexes et à traiter les interactions sociales en utilisant le langage, qui est susceptible d’être requise dans les secteurs ayant massivement recours aux tâches de gestion et de communication. La dimension de la numératie mesure la capacité à comprendre, à utiliser et à communiquer des informations mathématiques, et est donc susceptible d’être demandée dans des secteurs ayant massivement recours aux tâches de marketing et de comptabilité. La résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique nécessite d’identifier les problèmes, de définir des objectifs et de s’auto-organiser pour trouver des solutions. Ce type de compétences est important dans les secteurs ayant massivement recours aux tâches d’auto-organisation.

Tableau 3.1. Correspondance entre l’intensité des tâches dans les secteurs et les compétences requises

Intensité des tâches dans les secteurs

Compétences cognitives correspondantes

Gestion et communication

Littératie

Marketing et comptabilité

Numératie

Auto-organisation

Résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.

L’intensité des tâches varie d’un secteur à l’autre, et l’éventail des compétences à fournir pour satisfaire les besoins de chaque secteur varie d’un pays à l’autre ; l’avantage comparatif au sein des CVM provient de l’adéquation des pays aux besoins des secteurs. Les estimations qui s’appuient sur l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes et la base de données TiVA montrent que :

  • Les pays possédant un avantage relatif en numératie fortement corrélé aux compétences en littératie et un avantage absolu dans ces compétences peuvent exporter davantage dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches de marketing et de comptabilité qu’aux tâches de gestion et de communication (graphique 3.12, partie A). C’est le cas, par exemple, en Australie, en Irlande, en Norvège, en Turquie et aux États-Unis, où les travailleurs plus compétents en numératie qu’en littératie sont également très compétents en littératie en termes absolus. Leur éventail de compétences donne à ces pays un avantage comparatif commercial dans de nombreux secteurs des services aux entreprises, à la fois complexes (finance et assurance et recherche et développement notamment) et moins complexes (comme le commerce de gros et de détail) (graphique 3.10).

  • Les pays possédant un avantage relatif en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique fortement corrélé aux compétences en littératie, et un avantage absolu dans ces compétences, peuvent exporter davantage dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches d’auto-organisation qu’aux tâches de gestion et de communication (graphique 3.12, partie B). C’est le cas en Corée, au Japon, en Pologne, en République tchèque et en Slovénie, où les travailleurs plus compétents en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique qu’en littératie sont également très compétents en littératie en termes absolus. Leur éventail de compétences donne à ces pays un avantage comparatif commercial dans de nombreux secteurs des services complexes aux entreprises, comme les services informatiques et les services rattachés, et la finance et l’assurance, ainsi que dans certains secteurs manufacturiers de haute technologie comme les produits chimiques informatiques (graphique 3.10).

  • Les pays possédant un avantage relatif en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique fortement corrélé aux compétences en littératie et un avantage absolu dans ces compétences, peuvent exporter davantage dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches d’auto-organisation qu’aux tâches de marketing et de comptabilité (graphique 3.13, partie C). C’est le cas, par exemple, en Estonie, au Japon, en Pologne, en République tchèque et en Slovénie, où les travailleurs plus compétents en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique qu’en numératie sont également très compétents en numératie en termes absolus. Leur éventail de compétences donne à ces pays un avantage comparatif commercial dans la plupart des services aux entreprises, le secteur manufacturier de haute technologie des produits chimiques, ainsi que dans les secteurs manufacturiers de basse technologie comme la pâte à papier et les articles en papier (graphique 3.10).

Graphique 3.12. Hausse des exportations en termes de valeur ajoutée locale des exportations résultant de l’éventail de compétences des travailleurs à l’échelle nationale
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Graphique 3.12. Hausse des exportations en termes de valeur ajoutée locale des exportations résultant de l’éventail de compétences des travailleurs à l’échelle nationale (suite)
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Note : Les estimations sont issues du modèle décrit dans l’encadré 3.3.

Les pays listés verticalement sont classés par ordre décroissant de la corrélation entre l’avantage absolu et comparatif sur le plan des compétences, alors que les pays listés horizontalement sont classés par ordre croissant du même indicateur. Chaque estimation (cellule) présente la hausse des exportations en valeur ajoutée imputable à la différence entre les deux pays en ce qui concerne la corrélation entre l’avantage absolu et comparatif sur le plan des compétences dans les secteurs ayant recours relativement massivement aux compétences comparées.

Le secteur ayant massivement (faiblement) recours à une compétence spécifique par rapport à une autre correspond au 75e (25e) centile des secteurs classés en fonction du ratio d’intensité des deux compétences. L’avantage comparatif relatif dans les deux secteurs affichant l’écart le plus (moins) important en termes d’intensité relative des compétences serait supérieur (inférieur) aux résultats présentés dans le graphique.

Les indicateurs de la base de données TiVA se rapportent à l’année 2011 et les indicateurs relatifs aux compétences aux années 2012 ou 2015. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474372

Rôle de l’abondance relative des compétences

La tendance d’un pays à se spécialiser dans un secteur est non seulement liée à la possession d’un éventail de compétences adapté, mais également à l’abondance relative des compétences. Les pays peuvent s’approprier des parts plus importantes de la production et des échanges mondiaux dans les CVM dans les secteurs qui utilisent plus intensivement leurs compétences abondantes. Les études qui examinent en quoi le niveau d’instruction contribue à l’avantage comparatif montrent que les pays disposant d’un grand nombre de travailleurs très instruits se spécialisent dans des secteurs qui ont massivement recours à ce facteur (Romalis, 2004). Ces études utilisent le niveau d’instruction comme une mesure indirecte des compétences, en raison de l’insuffisance de données.

L’Enquête sur les compétences des adultes permet d’étudier le rôle de l’abondance relative des compétences dans différents types de compétences, plutôt que de simplement classer les travailleurs en fonction de leur niveau de compétence. Si deux compétences, la numératie et la littératie, et deux tâches, les tâches quantitatives et de communication, sont examinées, un pays dont la population est plus compétente en numératie qu’en littératie peut exporter davantage dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches quantitatives qu’aux tâches de communication. Un pays dont la population est moins qualifiée en numératie qu’en littératie peut à l’inverse exporter davantage dans les secteurs ayant massivement recours aux tâches de communication. À l’aide de l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes, l’abondance relative des compétences d’un pays peut être mesurée par le ratio moyen des scores obtenus dans deux compétences, comme la numératie et la littératie, et le ratio moyen des scores en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique et en littératie et numératie.

Par rapport aux autres pays, la population semble plus compétente en : 1) numératie qu’en littératie en Autriche, en Belgique et au Danemark ; 2)  résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique qu’en littératie en Allemagne, au Chili, en Israël et en Turquie9 ; 3) en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique qu’en numératie au Chili, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Turquie (graphique 3.13).

Graphique 3.13. Avantages relatifs des pays sur le plan des compétences
2012 ou 2015
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Note : Les chiffres correspondent au ratio moyen des scores obtenus dans deux compétences pour l’ensemble de la population. Un score inférieur ou supérieur à un ne signifie pas que les individus obtiennent en moyenne de meilleurs résultats dans une compétence que dans une autre. Le graphique classe les pays en termes de compétences relatives : les Danois sont en moyenne plus compétents en numératie qu’en littératie, par rapport à la population de tous les autres pays concernés par l’étude.

Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondé sur l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.

 https://doi.org/10.1787/888933474382

À l’instar de la corrélation entre les avantages relatifs et absolus sur le plan des compétences, les différences entre les pays en termes d’abondance relative des compétences des travailleurs engendrent des avantages comparatifs au sein des CVM dans certains secteurs, en fonction des caractéristiques de leurs compétences.

  • Les pays où les compétences en numératie sont supérieures aux compétences en littératie peuvent exporter davantage en valeur ajoutée dans les secteurs qui ont davantage recours aux tâches de marketing et de comptabilité qu’aux tâches de gestion et de communication (graphique 3.14, partie A).

  • Les pays où les compétences de résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique sont supérieures aux compétences en littératie peuvent exporter davantage en valeur ajoutée dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches d’auto-organisation qu’aux tâches de gestion et de communication (graphique 3.14, partie B).

  • Les pays où les compétences de résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique sont supérieures aux compétences en numératie peuvent exporter davantage en valeur ajoutée dans les secteurs ayant davantage recours aux tâches d’auto-organisation qu’aux tâches de marketing et de comptabilité (graphique 3.14, partie C).

Graphique 3.14. Hausse des exportations en termes de valeur ajoutée locale des exportations résultant de l’avantage relatif des travailleurs sur le plan des compétences au niveau national
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Graphique 3.14. Hausse des exportations en termes de valeur ajoutée locale des exportations résultant de l’avantage relatif des travailleurs sur le plan des compétences au niveau national (suite)
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Note : Les estimations sont issues du modèle décrit à l’encadré 3.3.

Les pays listés verticalement sont classés par ordre décroissant de l’avantage relatif sur le plan des compétences, alors que les pays listés horizontalement sont classés par ordre croissant du même indicateur. Chaque estimation (cellule) présente la hausse des exportations en valeur ajoutée imputable à la différence entre les deux pays en ce qui concerne l’avantage relatif sur le plan des compétences dans les secteurs ayant recours relativement massivement aux compétences comparées.

Le secteur ayant massivement (faiblement) recours à une compétence spécifique par rapport à une autre correspond au 75e (25e) centile des secteurs classés en fonction du ratio d’intensité des deux compétences. Les exportations relatives dans les deux secteurs affichant l’écart le plus (moins) important en termes d’intensité relative des compétences serait supérieures (inférieures) aux résultats présentés dans le graphique.

Les indicateurs de la base de données TiVA se rapportent à l’année 2011 et les indicateurs relatifs aux compétences aux années 2012 ou 2015. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474395

L’abondance relative et la corrélation entre l’avantage relatif et absolu sur le plan des compétences contribuent à la spécialisation des pays dans les CVM. Pour qu’un pays puisse se spécialiser dans un secteur spécifique, sa population doit posséder, dans la compétence principale requise par ce secteur, un niveau supérieur à son niveau dans les autres compétences, et supérieur à celui de la population des autres pays, en moyenne. Par ailleurs, les plus qualifiés dans la compétence principale doivent également posséder les autres compétences requises par ce secteur. Sauf en ce qui concerne la combinaison littératie et numératie, les avantages comparatifs dans les CVM résultant des compétences relatives de la population sont inférieurs à ceux liés au fait de posséder le bon éventail de compétences. Ces deux déterminants de la spécialisation peuvent être combinés dans un effet global de l’éventail de compétences (encadré 3.5).

Rôle de la distribution des compétences dans les pays : constituer des viviers de travailleurs fiables

La dispersion des compétences de chaque pays détermine le secteur dans lequel il se spécialise, ainsi que sa compétitivité. Même si deux pays possèdent le même stock moyen de compétences, leurs échanges dépendront des propriétés de la dispersion de leur capital humain (Asuyama, 2012 ; Bombardini, Gallipoli et Pupato, 2009 ; Bougheas et Riezman, 2007 ; Grossman, 2004 et 2013 ; Grossman et Magi, 2000). Cette publication est la première à étudier le rôle de la dispersion des compétences dans la spécialisation au sein des CVM (encadré 3.4).

Encadré 3.4. Analyse des effets de la dispersion des compétences non observables des pays sur la spécialisation au sein des CVM

L’analyse de la présente section s’appuie sur les travaux de l’OCDE évaluant l’impact de la dispersion des compétences des pays sur la spécialisation sectorielle dans les CVM (Grundke et al., à paraître b). La spécification empirique est fondée sur un modèle théorique qui part de l’hypothèse que les travailleurs sont hétérogènes et que la production nécessite des équipes de travailleurs (Bombardini, Gallipoli et Pupato, 2009 et 2012). Le degré de complémentarité ou de substituabilité des compétences des travailleurs au sein de l’équipe de production varie d’un secteur à l’autre. Certains secteurs, notamment ceux nécessitant l’exécution de longues séquences de tâches, ont besoin que tous les travailleurs effectuent ce que l’on est en droit d’attendre d’eux, alors que d’autres, dans lesquels les compétences sont plus facilement substituables, peuvent se contenter de travailleurs moins performants. Le principal paramètre expliquant la spécialisation des pays dans certains secteurs est la dispersion des compétences après la prise en compte des déterminants des compétences observables, à savoir la dispersion des compétences non observables. D’après ce modèle, un pays avec une faible dispersion des compétences non observées exporte davantage dans les secteurs caractérisés par une plus forte complémentarité des compétences des travailleurs dans le processus de production que dans les secteursoù la complémentarité des compétences est plus faible.

Les mesures de la dispersion des compétences non observées des pays et de la complémentarité sont fondées sur les informations fournies par l’Enquête sur les compétences des adultes. Pour chaque travailleur, les compétences non observées sont calculées à partir de la différence entre son score en littératie et le score estimé en littératie d’un travailleur présentant des caractéristiques similaires en termes de d’éducation, d’âge, de sexe, de statut au regard de l’immigration et de participation aux programmes d’enseignement ou de formation des adultes 12 mois avant la date de l’enquête. La dispersion de ces compétences non observées correspond à la dispersion des compétences qui ne peut pas être expliquée par les caractéristiques des pays. Les degrés de complémentarité des secteurs sont évalués approximativement par la moyenne des indicateurs nationaux relatifs aux compétences fonctionnelles en gestion et communication dans chaque secteur, tirés de l’analyse factorielle (encadré 3.1). Cette approche est conforme à d’autres études utilisant la base de données O*NET pour déterminer de manière approximative le degré de complémentarité des compétences des secteurs (Bombardini, Gallipoli et Pupato, 2009 et 2012). La fréquence des tâches de gestion et de communication montre l’importance de coordonner les tâches pour parvenir à un niveau donné dequalité de la production, et caractérise donc le degré de complémentarité des secteurs. Les secteurs sont classés en fonction de leur indice de complémentarité.

La spécification empirique s’appuie sur des études antérieures (Bombardini, Gallipoli et Pupato, 2009 et 2012). L’objectif est d’évaluer l’impact de la dispersion des compétences non observables sur la spécialisation des pays au sein des CVM. L’analyse empirique explique les exportations en valeur ajoutée de chaque secteur d’un pays vers ses partenaires commerciaux par la dispersion des compétences non observables propre au pays (pour les compétences en littératie) rapportée au degré de complémentarité du secteur. Le degré de complémentarité est mesuré par l’indicateur relatif aux compétences fonctionnelles en gestion et communication, calculé au niveau sectoriel pour l’ensemble des pays participant à l’Enquête sur les compétences des adultes.

L’analyse empirique suit la même approche et utilise les mêmes données que pour l’évaluation du rôle de l’éventail de compétences pour la spécialisation au sein des CVM (encadré 3.3). Elle utilise le modèle gravitationnel sectoriel habituel pour les flux commerciaux bilatéraux. Toutes les spécifications incluent la demande finale au niveau du secteur importateur en tant que variable indépendante. Les autres variables explicatives sont les mesures de Heckscher-Ohlin par pays et secteur des dotations relatives en capital physique et humain, les variables des coûts des échanges bilatéraux de la base de données CEPII GeoDist (Mayer et Zignago, 2011) et les effets fixes rendant compte des caractéristiques des exportateurs, des importateurs et des secteurs, ainsi que des variables indicatrices tenant compte de toutes les caractéristiques sectorielles agrégées omises du pays exportateur et importateur. Les erreurs-types robustes sont regroupées au niveau importateur-exportateur.

Sources : Bombardini, Gallipoli et Pupato (2012), « Skill dispersion and trade flows », American Economic Review.

Bombardini, Gallipoli et Pupato (2009), « Skill dispersion and trade flows », NBER Working Papers.

Grundke et al. (à paraître b), « Having the right mix: The role of skills bundles for comparative advantage and industry performance in GVCs », OECD Science, Technology and Industry Working Papers.

Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database, » CEPII Working Paper 2011-25.

La principale raison mise en avant pour expliquer pourquoi la dispersion des compétences, et pas seulement les compétences moyennes, influence les échanges, est le degré de complémentarité entre les compétences d’un travailleur et celles de tout autre membre de l’équipe avec lequel le travailleur est apparié (Grossman, 2013). Les secteurs se distinguent en termes de complémentarité des compétences des travailleurs dans les tâches du processus de production. Certains secteurs, comme l’aéronautique ou la fabrication de moteurs, nécessitent l’exécution de longues séquences de tâches, et de mauvaises performances réduisent considérablement la valeur de la production, quel que soit le stade auquel elles interviennent. Ces secteurs se caractérisent par une complémentarité élevée des compétences, connue sous le nom de modèle O-ring (Kremer, 1993), en vertu duquel l’efficience s’améliore lorsque les travailleurs dotés de compétences similaires sont employés à chaque stade de la production. Dans d’autres secteurs, comme la fabrication de papier, les compétences sont plus facilement substituables (faible complémentarité des compétences) et les mauvaises performances dans certaines tâches peuvent être atténuées par de meilleurs résultats dans d’autres.

Le degré de complémentarité des compétences dans un secteur peut être évalué approximativement en fonction du degré de communication, de contact entre les travailleurs, et de travail d’équipe au sein du secteur (Bombardini, Gallipoli et Pupato, 2012). Plus les compétences d’un travailleur et d’un autre membre de l’équipe sont complémentaires, plus ils ont besoin de communiquer entre eux. Dans l’Enquête sur les compétences des adultes, les questions portant sur ces thèmes sont résumées dans l’indicateur relatif aux compétences fonctionnelles en gestion et communication (voir encadré 3.1). Selon cet indicateur, tous les services complexes aux entreprises et les secteurs manufacturiers de haute technologie affichent un degré élevé de complémentarité des compétences (graphique 3.9).

Les secteurs nécessitant de bonnes performances à tous les stades de la production du fait de la forte complémentarité des compétences tireraient parti d’un vivier de travailleurs fiables, c’est-à-dire de travailleurs qui obtiennent les résultats que l’on est en droit d’attendre d’eux. À l’inverse, les secteurs affichant une faible complémentarité des compétences peuvent se contenter de travailleurs aux compétences inégales. Au moment du recrutement, les entreprises ne peuvent pas observer l’ensemble des compétences des candidats. Toutefois, elles peuvent observer un certain nombre de caractéristiques, comme le niveau d’éducation et de formation, et l’âge, et elles fondent leurs décisions de recrutement sur ces déterminants des compétences observables. Des viviers de travailleurs fiables sont constitués dans les pays où les individus obtiennent les résultats que l’on est en droit d’attendre d’eux, ou lorsque les compétences des individus ne causent pas de mauvaises surprises une fois leurs diverses caractéristiques prises en compte, comme le niveau d’instruction. Dans ces pays, la dispersion des compétences non observables est faible. Globalement, les pays affichant une plus grande dispersion des caractéristiques non observables bénéficient d’un avantage commercial comparatif dans les secteurs caractérisés par une plus grande substituabilité dans le processus de production.

L’Enquête sur les compétences des adultes montre les différences entre les pays en termes de dispersion des compétences, en littératie par exemple (tableau 3.2, deux premières colonnes)10. Plusieurs facteurs contribuent aux compétences de la population et donc à la dispersion des compétences. Certains sont observables, comme le niveau d’instruction, la participation à la formation, l’âge et le sexe. Toutefois, des individus avec des caractéristiques observables similaires ne possèdent pas les mêmes compétences. De la même manière, la dispersion des compétences des pays peut être divisée en deux catégories : une liée à la dispersion des caractéristiques observables comme les différences de niveaux d’instruction et la structure démographique ; et une autre qui ne peut pas être expliquée par les différences entre les caractéristiques observées, désignée sous le nom de dispersion des compétences non observables dans le tableau 3.2. Les pays n’obtiennent pas le même classement en termes d’écart-type habituel des scores en littératie et de dispersion des caractéristiques non observables. La dispersion des caractéristiques non observables peut être importante lorsqu’il existe des différences de qualité des programmes d’enseignement à unmême niveau d’instruction, ou lorsque les caractéristiques les plus difficiles à observer jouent un rôle important. Les pays avec une faible dispersion des compétences non observables peuvent disposer d’un vivier de travailleurs fiables, les travailleurs avec les mêmes compétences observables ayant tendance à obtenir des résultats équivalents.

Tableau 3.2. Caractéristiques de la dispersion des compétences en littératie
2012 ou 2015

Pays

Écart-type des scores en littératie

Dispersion des compétences non observables

Rang

Valeur

Rang

Valeur

Australie

24

50.47

22

0.18

Autriche

 5

43.96

 6

0.15

Belgique

11

47.08

 7

0.15

Canada

23

50.41

20

0.17

Chili

27

52.65

28

0.22

République tchèque

 3

40.79

 4

0.14

Danemark

15

47.72

17

0.17

Estonie

 7

44.4

 9

0.15

Finlande

26

50.67

 8

0.15

France

20

49.02

19

0.17

Allemagne

14

47.4

10

0.15

Grèce

 9

46.65

25

0.18

Irlande

12

47.19

18

0.17

Israël

28

55.55

27

0.22

Italie

 8

44.69

16

0.17

Japon

 1

39.71

 1

0.12

Corée

 4

41.69

 2

0.13

Pays-Bas

18

48.39

 5

0.15

Nouvelle-Zélande

13

47.39

12

0.16

Norvège

10

47.02

11

0.16

Pologne

16

47.98

21

0.17

République slovaque

 2

40.07

 3

0.14

Slovénie

17

48.15

24

0.18

Espagne

21

49.03

23

0.18

Suède

25

50.56

14

0.16

Turquie

 6

44.11

26

0.19

Royaume-Uni

19

48.97

15

0.17

États-Unis

22

49.19

13

0.16

Note : Toutes les statistiques portent sur l’ensemble de la population des pays.

La dispersion des compétences non observables est calculée en : 1) estimant une régression du logarithme des scores en littératie sur l’éducation, l’âge, le sexe, le statut au regard de l’immigration et la formation ; 2) calculant les résidus de la régression pour chaque individu (logarithme des scores en littératie moins valeurs ajustées) ; 3) calculant l’écart-type des résidus par pays.

Les rangs inférieurs correspondent à une faible dispersion des compétences et une moyenne élevée alors que les rangs élevés correspondent à une forte dispersion des compétences et une moyenne faible.

Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.

Le fait de disposer de viviers de travailleurs fiables (ce qui correspond à une faible dispersion des compétences non observables) permet aux pays de disposer d’un avantage comparatif commercial dans les secteurs caractérisés par une forte complémentarité des compétences (graphique 3.15). En termes d’exportations en valeur ajoutée, les écarts les plus importants sont observés entre les pays qui affichent aussi les écarts les plus importants en termes de dispersion des compétences non observables. Par exemple, puisque le Japon enregistre une faible dispersion des compétences non observables, ce qui lui permet de constituer des viviers de travailleurs fiables, il peut exporter (en valeur ajoutée) 23 % de plus que le Chili dans les secteurs associés à une forte complémentarité des compétences (par rapport aux secteurs associés à une faible complémentarité des compétences). Ces résultats sont symétriques : de même, du fait de la forte dispersion des compétences non observables au Chili, ses exportations dans les secteurs avec une faible complémentarité des compétences (par rapport aux secteurs avec une forte complémentarité des compétences) sont supérieures de 23 % à celles du Japon. Puisque la Corée enregistre également une faible dispersion des compétences non observables, les exportations du Japon dans les secteurs avec une forte complémentarité des compétences ne sont supérieuresque de 2.6 % à celles de la Corée.

Graphique 3.15. Hausse relative des exportations dans les secteurs avec une forte complémentarité des compétences, résultant de la présence de viviers de travailleurs fiables
En termes de valeur ajoutée locale des exportations
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Note : Les estimations sont issues du modèle décrit à l’encadré 3.4.

Les pays listés verticalement sont classés par ordre croissant de la dispersion des compétences non observables en littératie, alors que les pays listés horizontalement sont classés par ordre décroissant du même indicateur. Chaque estimation (cellule) présente la hausse des exportations en valeur ajoutée imputable à la différence de dispersion des compétences non observables en littératie entre les deux pays dans les secteurs affichant une forte complémentarité des compétences par rapport à ceux affichant une faible complémentarité.

Le secteur affichant une complémentarité élevée (faible) correspond au 75e (25e) centile des secteurs classés par degré de complémentarité. D’après l’indicateur de complémentarité des compétences utilisé dans le modèle, il existe un avantage comparatif dans les produits chimiques par rapport aux machines et appareils électriques. L’avantage comparatif relatif dans les deux secteurs affichant l’écart le plus (moins) important en termes de complémentarité des compétences serait supérieur (inférieur) aux résultats présentés dans le graphique.

Les indicateurs de la base de données TiVA se rapportent à l’année 2011 et les indicateurs des compétences aux années 2012 ou 2015. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474403

Possibilités de spécialisation

Le stock de compétences – l’éventail de compétences de leur population et la dispersion de leurs compétences non observables, ce qui leur permet de disposer de viviers de travailleurs fiables – varie selon les pays. Dans le même temps, les besoins en compétences des secteurs varient. L’interaction entre le stock de compétences des pays et les spécificités des secteurs contribue aux avantages comparatifs des pays et leur permet d’obtenir de bons résultats dans certaines CVM.

La comparaison entre le potentiel de spécialisation des pays, lié à leur stock de compétences, et leur spécialisation sectorielle effective et son évolution au cours de la dernière décennie peut mettre en évidence la façon dont les pays peuvent se spécialiser au sein des CVM en tirant parti de leurs compétences. Cette analyse part de l’hypothèse selon laquelle toutes les autres sources potentielles d’avantage comparatif commercial restent constantes.

La spécialisation des pays au sein des CVM peut être observée en examinant les avantages comparatifs révélés (ACR). L’ACR indique l’avantage ou le désavantage relatif d’un pays dans une certaine classe de biens ou de services, illustré par les flux commerciaux. La base de données TiVA permet de calculer l’ACR en termes de valeur ajoutée et de rendre compte de la spécialisation sectorielle des pays au sein des CVM. Traditionnellement, l’analyse ACR s’appuie sur la comparaison entre la part d’un pays dans les exportations mondiales d’un produit particulier et la part de ce pays dans les exportations globales. Toutefois, le meilleur moyen de déterminer la spécialisation au sein des CVM est de calculer l’ACR sur la base des revenus des CVM dans la production des biens finaux, plutôt que des exportations, puisque l’avantage comparatif est lié à des facteurs primaires de production dans la valeur ajoutée et pas aux intrants importés. Un ACR supérieur à 1 pour un secteur indique que la part du revenu global des CVM que le pays obtient en ajoutant de la valeur à la production des CVM de ce secteur est supérieure à celui des autres pays.

Au cours des 15 dernières années, les pays de l’OCDE se sont de plus en plus spécialisés dans les services, tandis que leurs ACR dans les industries extractives ainsi que dans de nombreux secteurs manufacturiers ont diminué (tableau 3.3). Toutefois, on observe certaines variations. Les pays d’Europe de l’Est, ainsi que l’Allemagne, la Corée, l’Irlande et Israël ont renforcé leur intégration dans les secteurs de pointe, comme les secteurs électrique et optique, ou les produits chimiques. D’autres pays, comme la Grèce, le Japon et les Pays-Bas, ont augmenté leur ACR dans les secteurs à faible intensité technologique comme les denrées alimentaires, et le bois et le papier.

Tableau 3.3. Évolution des avantages comparatifs révélés dans les chaînes de valeur mondiales, 2000-11
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Note : Un point noir signale les pays qui ont accru leur ACR au cours de la période 2000-11 ; un point gris signale les pays qui ont diminué leur ACR ; un point blanc signale les pays dont l’ACR est supérieur à un en 2011.

Source : Calculs de l’OCDE fondés sur la base de données TiVA, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237.

Les avantages comparatifs des pays dans les CVM résultant des caractéristiques de leurs compétences peuvent être résumés en observant si les caractéristiques des compétences des pays sont en adéquation avec les besoins en compétences des secteurs (encadré 3.5). Des caractéristiques des compétences différentes peuvent donner des avantages comparatifs dans différents secteurs. Par exemple, du fait de son éventail de compétences, Israël pourrait se spécialiser dans l’industrie manufacturière de haute technologie ou les services complexes aux entreprises, mais la forte dispersion de ses compétences non observables donne plutôt des avantages comparatifs dans l’industrie manufacturière de basse ou moyenne technologie (tableau 3.4).

Encadré 3.5. Déterminer les possibilités de spécialisation issues conjointement des différentes caractéristiques des compétences des pays

On voit dans ce chapitre que différentes caractéristiques des compétences peuvent influencer la spécialisation des pays dans les chaînes de valeur : l’éventail de compétences, avec un effet pur de l’éventail de compétences et un effet relatif du stock de compétences, et la dispersion des compétences non observables. La présente section consolide les différents résultats pour évaluer dans quelle mesure les pays ont la possibilité de se spécialiser dans les services complexes aux entreprises et les secteurs manufacturiers de haute technologie. Ces possibilités de spécialisation sont ensuite comparées aux spécialisations réelles des pays, mesurées par leurs ACR.

D’après les modèles analysés dans le présent chapitre, plusieurs caractéristiques des compétences influencent les possibilités de spécialisation : i) la dispersion des compétences non observables ; ii) l’éventail de compétences en numératie rapporté aux compétences en littératie ; iii) l’éventail de compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique rapporté aux compétences en littératie ; et iv) l’éventail de compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique rapporté aux compétences en numératie. Cet éventail de compétences comporte deux aspects : un effet pur mesuré par la corrélation entre l’avantage relatif et l’avantage absolu sur le plan des compétences, et un effet de l’abondance relative des compétences mesuré par le ratio moyen de chacune des deux compétences. Cette méthode comporte plusieurs étapes :

1) Calcul de l’effet global de l’éventail de compétences, qui combine l’effet pur de l’éventail des compétences et l’effet de l’abondance relative, sur la base de la spécification du modèle, pour chacun des trois couples de compétences (Grundke et al., à paraître b).

2) Calcul de la dispersion moyenne des compétences non observables en littératie, numératie et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique.

3) Calcul d’une mesure de l’adéquation des caractéristiques des compétences des pays avec les besoins en compétences des secteurs pour chaque couple pays-secteur, et pour chaque caractéristique des compétences. Pour ce faire, on classe les pays en fonction des quatre caractéristiques des compétences et les secteurs en fonction de leur besoins, et on examine l’écart entre les rangs. Plus l’écart est réduit, plus les compétences d’un pays sont en adéquation avec les besoins du secteur. Par exemple, le pays où la dispersion des compétences non observables est la plus faible affiche l’écart le plus réduit (la meilleure adéquation) avec le secteur où l’intensité des tâches de gestion et de communication est la plus élevée, ce qui met en évidence un degré élevé de complémentarité des compétences. Le pays affichant un éventail de compétences plus solide en numératie qu’en littératie (soit à la fois une corrélation élevée entre les compétences relatives en numératie et les compétences absolues en littératie, et des compétences relatives en numératie élevées) affiche l’écart le plus faible (la meilleure adéquation) avec le secteur dont l’intensité relative la plus élevée des tâches de marketing et de comptabilité par rapport aux tâches de gestion et de communication.

4) Calcul d’une mesure globale de l’adéquation des caractéristiques des compétences des pays avec les besoins en compétences d’un secteur particulier en prenant l’adéquation moyenne entre les quatre caractéristiques des compétences présentées ci-dessus et les besoins en compétences du secteur. Ce chiffre mesure l’adéquation conjointe.

5) Un seuil doit être appliqué pour décider du degré minimum d’adéquation donnant la possibilité de se spécialiser dans ce secteur. On considère que seuls les pays dont l’adéquation se situe dans le 25e centile supérieur de la distribution de l’adéquation entre tous les pays et secteurs de l’échantillon ont la possibilité de se spécialiser.

Le tableau 3.5 présente les possibilités de spécialisation liées aux caractéristiques des compétences des pays et aux spécialisations actuelles des pays, reflétées par leurs ACR.

Source : Grundke et al. (à paraître b), « Having the right mix: The role of skills bundles for comparative advantage and industry performance in GVCs », OECD Science, Technology and Industry Working Papers.

Tableau 3.4. Avantages comparatifs des pays dans les chaînes de valeur mondiales dans différents types de secteurs, en fonction des caractéristiques de leurs compétences

Compétences requises par les secteurs

Complémentarité (1)

Intensité des compétences en marketing/comptabilité par rapport aux compétences en gestion/communication (2)

Intensité des compétences en auto-organisation par rapport aux compétences en gestion/communication (3)

Intensité des compétences en auto-organisation par rapport aux compétences en marketing/comptabilité (4)

Élevée

Faible

Élevée

Faible

Élevée

Faible

Élevée

Faible

Exemples de secteurs

Tous les services complexes aux entreprises et les secteurs manufacturiers de haute technologie

La plupart des secteurs manufacturiers de basse et moyenne technologie et des services moins complexes aux entreprises

La plupart des services aux entreprises et les secteurs manufacturiers de basse technologie

La plupart des secteurs manufacturiers de haute et moyenne technologie

Certains services complexes aux entreprises et divers secteurs manufacturiers

Tous les services aux entreprises moins complexes

Secteurs manufacturiers de haute et moyenne technologie

La plupart des services aux entreprises et les secteurs manufacturiers de basse technologie

Canal

Dispersion non observable

Dispersion non observable

Éventail

Stock

Éventail

Stock

Éventail

Stock

Éventail

Stock

Éventail

Stock

Éventail

Stock

Australie

**

**

**

**

*

**

**

Autriche

**

**

*

**

**

*

*

Belgique

**

**

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Canada

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*

*

*

*

*

*

Chili

**

*

**

**

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**

**

République tchèque

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**

*

Danemark

*

**

**

*

**

*

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Estonie

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*

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**

**

Finlande

*

*

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*

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*

*

France

*

**

*

Allemagne

*

*

**

**

*

*

*

Grèce

**

*

**

*

*

*

*

Irlande

*

**

**

**

*

*

**

Israël

**

*

*

*

**

*

*

Italie

*

*

*

Japon

**

*

*

**

**

**

**

Corée

**

*

*

**

*

*

*

Pays-Bas

**

*

*

*

**

*

*

Norvège

*

**

*

*

**

*

**

Nouvelle-Zélande

*

*

**

*

*

**

*

Pologne

*

**

*

**

**

**

*

République slovaque

**

*

**

*

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*

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Slovénie

**

*

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**

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Espagne

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*

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Suède

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*

*

*

*

Turquie

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**

**

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*

**

*

Royaume-Uni

*

**

**

*

**

**

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États-Unis

*

**

**

*

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**

**

Note : Les résultats sont tirés des modèles présentés dans les encadrés 3.3 et 3.4. ** et * indiquent que les pays font partie des 75e et 50e centiles des exportateurs en valeur ajoutée dans le type de secteurs sélectionné, étant donné les caractéristiques de la distribution de leurs compétences.

(1) Les avantages comparatifs des CVM sont indiqués par la dispersion des compétences non observables des pays en littératie.

(2) Les avantages comparatifs des CVM sont indiqués par les corrélations des pays entre l’avantage comparatif des individus en numératie et l’avantage absolu en littératie pour le canal ‘éventail de compétences’, et par le ratio des scores moyens en numératie et littératie pour le canal ‘stock de compétences’.

(3) Les avantages comparatifs des CVM sont indiqués par les corrélations des pays entre l’avantage comparatif des travailleurs en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique et l’avantage absolu en littératie pour le canal ‘éventail de compétences’, et par le ratio des scores moyens en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique et en littératie pour le canal ‘stock de compétences.

(4) Les avantages comparatifs des CVM sont indiqués par les corrélations des pays entre l’avantage comparatif des travailleurs en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique et l’avantage absolu en numératie pour le canal ‘éventail de compétences’, et par le ratio des scores moyens en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique et en numératie pour le canal ‘stock de compétences’.

Chili, Grèce, Israël, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Slovénie et Turquie : année de référence 2015. Tous les autres pays : année de référence 2012. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

La plupart des pays de l’OCDE s’efforcent d’atteindre les frontières technologiques et de se spécialiser dans des secteurs technologiquement avancés – soit les secteurs de moyenne à haute à technologie, soit les services complexes aux entreprises. Le nombre de possibilités de spécialisation en fonction des caractéristiques des compétences varie d’un pays à l’autre (tableau 3.5). Certains pays (p. ex. la Corée, l’Estonie, le Japon et la Nouvelle-Zélande) disposent d’un large éventail de possibilités de spécialisation dans les différents secteurs technologiquement avancés, alors que les compétences d’autres pays ne sont en adéquation qu’avec les services (p.ex. Autriche, Norvège, Pays-Bas, Slovaquie et Slovénie) ou l’industrie manufacturière (p. ex. Canada, Chili et Finlande). Les caractéristiques des compétences de certains pays répondent difficilement aux besoins des secteurs technologiquement avancés (Australie, Irlande, Turquie, Royaume-Uni et États-Unis).

Tableau 3.5. Possibilités de spécialisation dans les services complexes aux entreprises, les secteurs de haute et moyenne technologie en fonction de l’adéquation entre les caractéristiques des compétences des pays et les besoins en compétences des secteurs
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Note : Un point noir signale les pays qui ont accru leur ACR au cours de la période 2000-2011 ; un point gris signale les pays qui ont diminué leur ACR ; un point blanc signale les pays dont l’ACR est supérieur à un en 2011. Les possibilités de spécialisation liées aux caractéristiques des compétences des pays sont surlignées en bleu.

Les indicateurs de compétences se rapportent à l’année 2015 pour le Chili, la Grèce, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Slovénie et la Turquie, et à 2012 pour tous les autres pays. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-2025 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

La comparaison des spécialisations actuelles des pays au sein des CVM, mises en évidence par les ACR, avec les possibilités de spécialisation offertes par les caractéristiques des compétences des pays aboutit à un certain nombre de résultats :

  • Plusieurs pays ont augmenté leurs ACR dans les secteurs dans lesquels ils ont la possibilité de se spécialiser, du fait des caractéristiques de leurs compétences (p. ex. le Japon dans le secteur informatique). Cela montre que leurs politiques de développement des compétences sont conformes à leurs schémas de spécialisation et à leurs objectifs au sein des CVM.

  • Certains pays ont augmenté leurs ACR dans certains secteurs, mais les caractéristiques de leurs compétences ne leur permettent pas de faire face à cette évolution (p. ex. Canada et États-Unis dans les services aux entreprises les plus complexes). Ils pourraient rencontrer des difficultés pour conserver leur avantage comparatif en raison de la mauvaise adéquation de leurs compétences aux besoins des secteurs.

  • D’autres pays ont la possibilité de se spécialiser dans certains secteurs en raison des caractéristiques de leurs compétences, mais ont vu leur ACR diminuer dans certains secteurs (p. ex. la Suède dans le secteur des machines électriques). Cela pourrait être dû au fait qu’il n’est plus optimal de se spécialiser dans ces secteurs ; les pays concernés pourraient s’orienter vers d’autres secteurs. Autre explication possible : des facteurs autres que les compétences empêchent ces pays de se spécialiser dans ces secteurs.

  • Enfin, dans certains cas, les caractéristiques des compétences n’offrent pas la possibilité de se spécialiser et les ACR des pays ont diminué (p. ex. Australie, Canada, États-Unis, Norvège et Royaume-Uni dans plusieurs secteurs de haute technologie). Cela pourrait indiquer que les pays se spécialisent désormais dans d’autres secteurs, comme les services. Mais cela pourrait également indiquer que pour se spécialiser dans ces secteurs, les pays ont besoin d’améliorer les compétences de leur population et de mieux faire correspondre les compétences de leur population aux besoins en compétences de ces secteurs.

Un examen plus approfondi de l’adéquation des différentes caractéristiques des compétences des pays aux besoins des secteurs les plus avancés sur le plan technologique peut donner des informations sur ce que les pays pourraient faire sur le plan des compétences pour atteindre leurs objectifs de spécialisation (graphique 3.16). Certaines tendances se dessinent :

  • Un premier groupe de pays affiche une solide adéquation de son éventail de compétences avec les besoins de ces secteurs, mais une forte dispersion des compétences non observables l’empêche de disposer des viviers de travailleurs fiables nécessaires dans ces secteurs (Canada, Chili, Grèce, Israël, Pologne, Slovénie et Turquie). Les pays de ce groupe doivent réduire la dispersion de leurs compétences non observables et améliorer ou maintenir un bon éventail de compétences pour accroître ou renforcer leur spécialisation dans les secteurs technologiquement avancés. Israël affiche la meilleure adéquation en termes d’éventail de compétences, mais la moins bonne en termes de dispersion des compétences non observables. Les pays de ce groupe affichent différents éventails de compétences, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Pologne et la Slovénie possédant des éventails de compétences solides dans la résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique : ceux qui possèdent des compétences solides en résolution de problèmes par rapport à d’autres compétences possèdent également des compétences solides en numératie et littératie. Plusieurs secteurs manufacturiers de haute technologie et services complexes aux entreprises requièrent un éventail de compétences solide en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique.

  • Un deuxième groupe de pays (Australie, États-Unis, Irlande et Royaume-Uni) affichent une mauvaise adéquation des caractéristiques de leur compétences – de l’éventail de compétences principalement mais également dans une certaine mesure de la dispersion des compétences non observables – avec les besoins des secteurs technologiquement avancés. Ces pays devraient développer des éventails de compétences plus solides et réduire la dispersion des compétences non observables pour accroître ou maintenir les avantages comparatifs dans ces secteurs.

  • Le plus grand groupe de pays se caractérise par une faible dispersion des compétences non observables, ce qui permet à ces pays de disposer de viviers de travailleurs fiables, et d’éventails de compétences qui correspondent largement aux besoins des secteurs technologiquement avancés. Cette bonne adéquation globale des caractéristiques des compétences avec les besoins en compétences des secteurs technologiquement avancés leur permet de se spécialiser dans un ou plusieurs de ces secteurs. Toutefois, il existe des différences d’un pays à l’autre. La Nouvelle-Zélande devrait réduire la dispersion de ces compétences non observables ou renforcer sa spécialisation dans ces secteurs, et l’Autriche, le Danemark et la Norvège devraient développer des éventails de compétences plus solides.

Graphique 3.16. Adéquation entre les caractéristiques des compétences des pays et les compétences requises par les secteurs manufacturiers de haute technologie et les services complexes aux entreprises
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Notes : La position d’un pays est déterminée par le score moyen d’adéquation de son éventail de compétences (axe des ordonnées) et de la dispersion de ses compétences (axe des abscisses) avec les compétences requises par cinq secteurs de services complexes aux entreprises et trois secteurs manufacturiers de haute technologie. Zéro correspond à une mauvaise adéquation entre les caractéristiques des compétences des pays et les besoins des secteurs et 1 à une forte adéquation.

Les indicateurs de compétences se rapportent à l’année 2015 pour le Chili, la Grèce, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Slovénie et la Turquie, et à 2012 pour tous les autres pays. Les données de la Belgique se rapportent uniquement à la Flandre et celles du Royaume-Uni se rapportent à l’Angleterre et à l’Irlande du Nord. Les indicateurs de la base de données TiVA se rapportent à l’année 2011.

Source : Calculs de l’OCDE d’après les éléments suivants : Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC) (2012, 2015), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis ; base de données TiVA de l’OCDE, https://stats.oecd.org/index.aspx?queryid=66237 ; OCDE (comptes nationaux annuels, PPA, prix et productivité, SNA93, http://stats.oecd.org/ ; base de données STAN pour l’analyse structurelle, http://stats.oecd.org/ ; Mayer et Zignago (2011), « Notes on CEPII’s distances measures: the GeoDist Database », document de travail du CEPII 2011-25 ; et base de données mondiale des entrées-sorties (WIOD), www.wiod.org/home.

 https://doi.org/10.1787/888933474410

Les politiques peuvent aider les pays à acquérir de solides éventails de compétences qui répondent aux besoins des secteurs technologiquement avancés. Elles peuvent également réduire la dispersion des compétences non observables. Une dispersion importante des compétences non observables peut résulter de différents facteurs. Si la qualité des programmes d’enseignement varie largement à niveau d’instruction égal, les individus peuvent être titulaires du même type de diplôme formel mais posséder différents niveaux de compétences. Une économie segmentée, dans laquelle les entreprises de premier plan proposent de nombreuses formations non formelles et donnent accès aux dernières technologies, alors que d’autres entreprises sont à la traîne sur le plan des connaissances, serait également susceptible d’engendrer des différences en termes de compétences des travailleurs. Par conséquent, les individus affichant un profil similaire n’obtiennent pas les mêmes résultats, ce qui engendre de mauvaises surprises pour les employeurs et réduit l’efficience du processus de production. Les politiques peuvent réduire la dispersion des compétences non observables, soit ex ante, par exemple par le biais d’un système d’enseignement de qualité homogène, soit ex post, par exemple par le biais de mesures permettant de mieux rendre compte des compétences des individus. Les politiques de formation peuvent aider ceux qui n’obtiennent pas les résultats attendus à se rattraper. Ces politiquessont abordées dans le chapitre 4.

Les résultats présentés ci-dessus proviennent de modèles qui ont fait l’objet d’estimations, s’appuient sur un certain nombre d’hypothèses et sont limités par la disponibilité des données. Ils se fondent sur des informations tirées de l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes pour évaluer l’impact de compétences spécifiques – littératie, numératie et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique – sur les possibilités des pays de se spécialiser dans certains secteurs. Toutefois, les résultats qui montrent l’importance d’un éventail de compétences solides et d’une faible dispersion des compétences non observables vont au-delà de l’ensemble de compétences examinées par l’Enquête sur les compétences des adultes. Un éventail de compétences solide est également synonyme de compétences cognitives et de traits de personnalités solides.

Du fait de la limitation des données, cette analyse inclut un petit groupe de pays exportateurs, qui figure dans l’Enquête sur les compétences des adultes. Elle montre dans quelle mesure un pays de ce groupe peut exporter davantage en valeur ajoutée (dans le monde entier) qu’un autre pays du même groupe en raison des caractéristiques de ses compétences. L’analyse ne permet pas de comparer l’avantage comparatif conféré par les caractéristiques des compétences d’un pays de ce groupe à l’avantage d’un pays extérieur à ce groupe, comme la Chine. Toutefois, les résultats relatifs aux avantages comparatifs révélés et à leur évolution concernent tous les pays du monde.

Synthèse

Un large éventail de compétences joue un rôle dans la participation et la spécialisation au sein des CVM. Il inclut les compétences cognitives, les traits de personnalité et les compétences mixtes, comme la capacité à interagir et à communiquer avec les autres. Les pays dont les niveaux de compétences sont les plus élevés sont également ceux qui participent le plus aux CVM et exportent le plus.

Les pays peuvent façonner leur spécialisation au sein des CVM en développant les caractéristiques des compétences qui correspondent aux besoins des secteurs. Les présents résultats ne précisent pas quelles caractéristiques des compétences les pays devraient développer pour tirer le meilleur parti possible des CVM. Toutefois, les résultats illustrent les coûts potentiels de l’adoption d’objectifs de spécialisation sectorielle qui ne sont pas en adéquation avec les compétences des pays. Les politiques visant à soutenir un secteur en particulier peuvent être inefficientes si les compétences du pays ne correspondent pas aux besoins du secteur, et, en entraînant une mauvaise affectation des compétences, elles peuvent réduire l’avantage comparatif du pays dans d’autres branches.

De nombreux pays de l’OCDE s’efforcent d’exceller dans les secteurs technologiquement avancés, mais les voies d’accès à la spécialisation pourraient nécessiter davantage d’efforts pour certains d’entre eux et prendre davantage de temps, selon leur structure de production actuelle, les caractéristiques de leurs compétences et d’autres aptitudes. Plus deux secteurs partagent de compétences, plus il est probable qu’un pays qui parvient à créer de la valeur dans l’un de ces secteurs se spécialise également dans l’autre. Certains pays ne disposant pas des caractéristiques des compétences requises par les secteurs à forte intensité technologique et les services complexes aux entreprises peuvent commencer par se spécialiser dans les secteurs qui utilisent les compétences dont ils disposent, tout en développant l’éventail de compétences nécessaire. D’autres pays disposent de caractéristiques des compétences leur donnant la possibilité de se spécialiser dans des secteurs complexes. Toutefois, d’autres facteurs peuvent les empêcher de se spécialiser dans ces secteurs. Pour que les stratégies de spécialisation réussissent, les politiques de développement des compétences doivent être mises en œuvre parallèlement à d’autres types de politiques.

Les compétences requises varient considérablement d’un secteur à l’autre. Toutefois, même les secteurs technologiquement peu complexes nécessitent un vaste éventail de compétences. L’analyse empirique montre l’importance de disposer d’un éventail de compétences adapté pour obtenir de bons résultats dans les CVM. Ces éventails de compétences sont propres aux secteurs, mais ils font tous intervenir diverses compétences cognitives et compétences non techniques. Les politiques d’éducation et de formation des adultes et des jeunes, des étudiants, des travailleurs et des chômeurs, sont cruciales pour développer ces éventails de compétences. La population doit posséder des compétences en adéquation avec les besoins des secteurs, ainsi que d’autres types de compétences demandées au niveau international. Ce résultat a un impact sur la conception des programmes d’enseignement, notamment ceux visant à développer des compétences avancées dans un domaine particulier, comme les programmes dans le domaine des STIM.

Les pays peuvent se spécialiser dans les secteurs technologiquement avancés s’ils sont en mesure de constituer des viviers de travailleurs fiables qui obtiennent les résultats que l’on est en droit d’attendre d’eux, ce qui nécessite une faible dispersion des compétences non observables. Toutefois, certains pays de l’OCDE affichent une importante dispersion des compétences non observables. Les politiques ex ante visant à harmoniser les programmes d’enseignement similaires sur le plan de la qualité, et les politiques ex post visant à former les travailleurs qui n’obtiennent pas les résultats qu’on est en droit d’attendre d’eux, ou à mieux rendre compte des compétences des travailleurs, sont essentielles pour permettre aux pays de se spécialiser dans les secteurs manufacturiers de haute technologie et les services complexes.

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Notes

← 1. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

← 2. À l’exception de l’indicateur relatif à la volonté d’apprendre.

← 3. À l’exception du 25e centile avec des liens en amont en termes d’exportations.

← 4. Par exemple, les secteurs des services aux entreprises ont massivement recours aux compétences dans les TIC et en STIM, mais affichent en moyenne une faible participation en amont. De même, le recours aux compétences dans les TIC et en STIM s’accroît avec la catégorie professionnelle, les cadres et les spécialistes étant ceux qui les utilisent le plus, alors que leurs emplois sont moins exposés que d’autres aux délocalisations.

← 5. Ces résultats contredisent les travaux publiés, selon lesquels ces compétences sont essentielles pour réussir dans un environnement mondial complexe. En effet, la mondialisation nécessite une capacité toujours plus grande à s’adapter au changement et à absorber les chocs. Ainsi, les capacités d’auto-organisation et la flexibilité des travailleurs devraient améliorer les performances des entreprises dans les CVM. Les compétences en marketing peuvent également accroître la capacité des entreprises à participer aux CVM puisqu’elles sont nécessaires pour sortir du contexte d’activité habituel, développerde nouvelles perspectives en matière de gestion des produits, travailler avec de nouveaux distributeurs et fournisseurs et toucher de nouveaux clients et concurrents.

← 6. Les travailleurs peuvent posséder certaines compétences sans les utiliser au travail. Cet argument pourrait expliquer pourquoi l’ensemble des indicateurs relatifs aux compétences fondés sur les informations relatives à la fréquence d’exécution des tâches (compétences dites fonctionnelles) affichent une moindre corrélation avec les variables des CVM, par rapport aux compétences cognitives évaluées.

← 7. Puisque l’intensité des tâches dans les domaines des TIC et des STIM ne semble pas caractériser les groupes de secteurs, l’intensité relative de ces deux tâches n’est pas présentée dans le graphique 13.

← 8. D’après un article publié dans le New York Times du 17 octobre 2006, www.nytimes.com/2006/10/17/world/asia/17india.html.

← 9. Au Chili et en Turquie, une large part des adultes a choisi de ne pas participer à l’évaluation informatisée, a échoué au test de base en informatique ou n’avait aucune expérience en informatique, ce qui peut expliquer en partie pourquoiles personnes qui ont participé à l’évaluation sont plus compétentes en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique qu’en littératie ou numératie.

← 10. Dans l’Enquête sur les compétences des adultes, la littératie est définie comme « la compréhension, l’évaluation, l’utilisation et l’engagement dans des textes écrits pour participer à la société, accomplir ses objectifs et développer ses connaissances et son potentiel ». Ainsi, par rapport aux deux autres compétences évaluées (numératie et résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique), la littératie peut être considérée comme une compétence universelle, la condition principale pour trouver et conserver un emploi et contribuer aux performances d’une entreprise et d’un pays.