Synthèse

L’évolution technologique, en particulier la diffusion croissante des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans toutes les sphères de la vie, ainsi que les transformations structurelles de l’emploi ont suscité la demande croissante de compétences cognitives de haut niveau qui impliquent de savoir comprendre, interpréter, analyser et communiquer des informations complexes. On assiste à la transition des emplois consistant en des tâches manuelles et cognitives répétitives vers des emplois nécessitant une réflexion experte et une communication complexe. Les gouvernements ont besoin d’avoir une idée plus précise non seulement de l’évolution des marchés du travail, mais également de la mesure dans laquelle leurs citoyens ont la capacité de participer à des économies toujours plus axées sur le savoir et d’en tirer parti. L’Évaluation des compétences des adultes, lancée dans le cadre du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), aide à répondre à ce besoin. L’Évaluation vise à fournir un nouvel éclairage sur la capacité des adultes à utiliser ces compétences clés dans la société d’aujourd’hui ainsi que sur la façon dont ils les utilisent dans le cadre privé et professionnel. Elle évalue les compétences clés des adultes (à savoir les individus âgés de 16 à 65 ans) en traitement de l’information dans les trois grands domaines que sont la littératie, la numératie et la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique.

Ce rapport rend compte de la phase finale du premier cycle de l’Évaluation des compétences des adultes et présente les résultats des six pays qui ont participé à la troisième vague de la collecte de données : l’Équateur, les États-Unis, la Hongrie, le Kazakhstan, le Mexique et le Pérou. Cinq de ces pays ont participé à l’Évaluation pour la première fois, tandis que les États-Unis y avaient déjà pris part lors de la première vague, en 2011-12. Au total, 39 pays et économies ont participé à l’Évaluation à la fin de cette troisième vague. Les résultats montrent une variation sensible du score moyen des adultes dans les trois domaines de l’Évaluation entre les pays et économies : l’écart de score entre les pays les plus et les moins performants en littératie et en numératie est de l’ordre de 100 points, mais de nombreux pays sont relativement proches les uns des autres. Le score moyen en littératie et en numératie varie aussi sensiblement au sein même des pays : l’écart de score entre les 25 % d’adultes les plus et les moins performants atteint en moyenne 61 points en littératie et 68 points en numératie.

Les adultes peu compétents sont proportionnellement nombreux dans tous les pays et économies participants. En moyenne, dans les pays de l’OCDE qui participent à l’Évaluation, près d’un adulte sur cinq se situe au niveau 1 de l’échelle de compétence ou en deçà, tant en littératie qu’en numératie. Dans quelques pays ayant participé à la troisième vague de l’Évaluation, comme en Équateur, au Mexique et au Pérou, plus de la moitié des adultes parviennent au plus à se hisser à ce niveau de l’échelle de compétence en littératie et en numératie. Dans l’ensemble des pays participants, un adulte sur quatre environ n’y connaît rien ou presque en informatique ou ose à peine utiliser un ordinateur. En outre, près d’un adulte sur deux a un niveau inférieur ou égal au niveau 1 sur l’échelle de compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. Ces adultes ne peuvent procéder qu’à des manipulations courantes pour résoudre des problèmes en un nombre limité d’étapes avec des consignes explicites, comme classer des courriers électroniques dans des dossiers existants.

L’Évaluation montre que le niveau de compétence varie très fortement entre l’effectif diplômé de l’enseignement tertiaire et l’effectif non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans tous les pays et économies. Parmi les pays qui ont participé à la troisième vague de l’Évaluation, l’écart de score entre les deux groupes est particulièrement marqué aux États-Unis, en Hongrie et au Pérou, mais il est inférieur à la moyenne de l’OCDE en Équateur et au Mexique. Dans la plupart des pays, la relation entre l’âge et le niveau de compétence tend à suivre une courbe en forme de U inversé, le pic se situant entre le milieu de la vingtaine et le début de la trentaine. Par contraste, le niveau de compétence diminue de façon plus ou moins constante l’âge venant dans des pays qui ont participé à la troisième vague de l’Évaluation, tels que l’Équateur, le Mexique et le Pérou. La relation entre l’âge et le niveau de compétence dans ces pays s’explique vraisemblablement par le fait que le pourcentage de diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire n’y a augmenté que très récemment.

Le niveau de formation des parents, indicateur du milieu socio-économique, a une influence significative sur le niveau de compétences des adultes en littératie. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les adultes dont au moins un des deux parents est diplômé de l’enseignement tertiaire obtiennent 40 points de plus que ceux dont aucun des deux parents n’est diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les écarts de compétences liés au sexe – négligeables en littératie et s’élevant en moyenne à environ 10 points de score en numératie en faveur des hommes – sont plus prononcés chez les adultes plus âgés. Ce constat peut refléter soit le fait que les écarts de niveau de formation liés au sexe sont plus importants chez les adultes plus âgés, soit le fait que les compétences des femmes en numératie déclinent avec le temps, peut-être parce qu’elles participent moins au marché du travail.

En plus de dresser un tableau des compétences en traitement de l’information et d’indiquer où les adultes se situent sur les échelles de compétence et comment ils se répartissent entre les différents niveaux de ces échelles, l’Évaluation des compétences des adultes collecte des données sur la fréquence à laquelle les adultes effectuent des tâches qui font appel à leurs compétences en littératie, en numératie et en résolution de problèmes, tant dans leur vie quotidienne que dans le cadre professionnel. Ces données indiquent que l’utilisation des compétences dans la vie quotidienne et le cadre professionnel sont fortement, mais imparfaitement, corrélées à l’échelle nationale – dans les pays où les compétences en numératie sont peu utilisées dans la vie quotidienne, elles le sont peu aussi dans la vie professionnelle, tandis que dans les pays où elles sont plus utilisées dans la vie quotidienne, elles le sont plus aussi dans la vie professionnelle.

Le niveau de compétence en numératie ainsi que la fréquence et l’intensité d’utilisation des compétences en numératie par les individus sont en corrélation positive, mais faible, à l’échelle nationale si l’analyse porte sur les pays à revenu élevé. La corrélation est plus intense si l’analyse porte sur les pays qui ne se classent pas dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, en particulier l’Équateur, le Mexique et le Pérou. Dans la quasi-totalité des pays et économies participant à l’Évaluation PIAAC, les hommes utilisent la numératie plus souvent que les femmes, à la fois dans le cadre professionnel et dans la vie quotidienne. Dans tous les pays et économies, l’intensité des activités de numératie dans le cadre professionnel est moindre chez les 55-65 ans que chez les 25-54 ans. L’intensité des pratiques en numératie est plus élevée chez les répondants diplômés de l’enseignement tertiaire que chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Elle est moindre chez les adultes qui ne sont pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Ces tendances valent à la fois dans le cadre professionnel et dans la vie quotidienne. L’écart entre les niveaux de formation est plus marqué dans tous les pays qui ont participé à la troisième vague de l’Évaluation, et en particulier en Équateur, au Mexique et au Pérou.

Dans l’ensemble, les adultes s’en sortent mieux sur le marché du travail s’ils sont plus compétents en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. Ils sont plus susceptibles de travailler et, le cas échéant, d’être mieux rémunérés. En moyenne, dans les 39 pays et économies qui ont participé à l’Évaluation des compétences des adultes, une augmentation d’un écart-type (environ 57 points) du niveau de compétence en numératie donne lieu à une augmentation d’un point de pourcentage de la probabilité de travailler et à une augmentation de 7 % de la rémunération, toutes choses – nombre d’années d’études et autres caractéristiques sociodémographiques – étant égales par ailleurs.

Les résultats de l’Évaluation montrent également que l’inadéquation entre les qualifications et les compétences exigées ou attendues des travailleurs dans leurs fonctions (selon leur perception) et celles qu’ils possèdent est manifeste dans la plupart des pays et économies participants. En moyenne, dans les pays de l’OCDE qui ont participé à l’Évaluation des compétences des adultes, 22 % environ des travailleurs se disent surqualifiés – leurs qualifications sont supérieures à celles exigées dans leurs fonctions –, tandis que 13 % se disent sous-qualifiés.

Les compétences en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique sont également en corrélation positive avec plusieurs aspects du construct PIAAC relatif au bien-être. En moyenne, dans les pays de l’OCDE participants, le niveau de compétence en traitement de l’information est en corrélation positive avec la confiance, le bénévolat, l’efficacité politique et l’état de santé perçu. Les corrélations avec l’efficacité politique et l’état de santé perçu continuent de s’observer même après contrôle d’une série de caractéristiques sociodémographiques.

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