Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2014
L’édition 2014 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE propose un examen approfondi de l’évolution récente du marché du travail et de ses perspectives à court terme dans les pays de l’OCDE. Elle met en lumière les conséquences de la crise sur les revenus, en montrant que les bas salaires n’ont pas été épargnés par un ralentissement sensible de la progression des salaires réels. Si cette progression ralentie peut aider à restaurer la compétitivité et à stimuler l’emploi, ce qui est essentiel pour faire baisser le chômage, la qualité des emplois ainsi créés compte également. La complexité de la notion de qualité des emplois peut être appréhendée à travers trois dimensions : le salaire, la sécurité de l’emploi et la qualité des conditions de travail. Ces trois dimensions sont très variables d’un pays à l’autre, mais il n’est pas nécessaire de sacrifier la qualité au profit de la quantité des emplois : certains pays réussissent bien sur les deux tableaux. L’emploi non régulier peut avoir des effets néfastes sur la qualité, notamment au regard de la sécurité de l’emploi et de la difficulté de passer à un emploi permanent. Il est nécessaire, dans certains pays, de réformer la législation sur la protection de l’emploi afin de réduire les niveaux élevés d’emploi non régulier. Les compétences jouent un rôle déterminant dans la probabilité d’obtenir un emploi de qualité élevée, comme le montre la nouvelle enquête internationale de l'OCDE sur les compétences des adultes. Ce rôle dépend non seulement des compétences déjà acquises par les employés, mais également de la manière dont elles sont mises en œuvre sur le lieu de travail, qui à leur tour est le reflet des institutions et politiques du marché du travail des pays.
Un effort partagé par tous ? L'ajustement des salaires durant la crise et la reprise
Dans ce chapitre, nous décrivons l’évolution des salaires dans les pays de l’OCDE durant la crise financière et économique mondiale et la reprise. Nous apportons ainsi un nouvel éclairage sur le rôle de l’ajustement des salaires dans la vigueur du redressement du marché du travail et sur la manière dont les coûts sociaux de la crise ont été répartis au sein de la main-d’œuvre. Dans beaucoup de pays de l’OCDE, la persistance du chômage a exercé une énorme pression à la baisse sur la croissance des salaires réels, y compris parmi les travailleurs faiblement rémunérés. Une forte modération salariale a déjà contribué à la maîtrise des coûts unitaires de main-d’œuvre, permettant ainsi à plusieurs pays, en particulier dans la zone euro, d’améliorer leur compétitivité extérieure. Toutefois, dans un contexte de faible inflation, dans lequel la poursuite de l’ajustement des salaires nécessiterait de difficiles et douloureuses baisses des salaires nominaux, les pouvoirs publics doivent recourir à d’autres mesures pour remédier à la persistance de taux de chômage élevés. Ainsi, en plus des politiques macroéconomiques, des mesures pourraient être prises afin d’aider plus efficacement les travailleurs licenciés à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour travailler dans des domaines d’activité nouveaux ou encore de renforcer la concurrence sur les marchés de produits. Tandis que le coût de l’ajustement des salaires a été partagé presque équitablement par tous les salariés, le recul des salaires est susceptible de frapper plus durement les travailleurs faiblement rémunérés. Il pourrait donc être nécessaire d’envisager l’adoption de politiques correctement calibrées telles que des prestations liées à l’emploi et la mise en place d’un salaire minimum pour lutter contre la pauvreté au travail.