Ce document analyse l’impact des changements survenus dans les institutions sociales chinoises — à savoir le système de sécurité sociale formelle et informelle — sur l’inégalité des revenus. L’auteur procède à une décomposition des inégalités en comparant des données d’enquêtes auprès des ménages réalisées en 1988 et en 1995. L’année 1992 ayant marqué un tournant décisif en Chine, avec le rôle accru des mécanismes de marché, la comparaison de ces deux périodes fait apparaître des évolutions sensibles au sein des institutions sociales et met en évidence leurs conséquences en matière d’inégalité des revenus. Cette analyse comparative apporte un éclairage utile sur les problématiques actuelles d’inégalités en Chine. Elle s’intéresse tout d’abord aux conséquences de ces évolutions sur l’inégalité des revenus dans le système de sécurité sociale fondé sur la famille. Elle s’attache ensuite à la contribution potentielle des réformes du système de sécurité sociale pour faire face aux inégalités croissantes. Trois grands résultats émergent de cette recherche : i) le système de sécurité sociale fondé sur la famille perd de son importance, du fait notamment de l’évolution de la structure des emplois au sein des ménages, qui aggrave nettement l’inégalité des revenus ; ii) l’introduction d’un nouveau système de sécurité sociale formelle favorise l’égalisation des revenus des membres retraités dans les ménages urbains ; iii) mais ces évolutions n’ont profité qu’à un nombre restreint d’individus. Les bénéfices pour les migrants des zones rurales sont faibles et, pour l’essentiel, la population rurale n’a toujours pas accès à ce nouveau système. Deux mesures contribueront à améliorer la situation — l’augmentation du niveau des fonds gérés en commun et l’intégration des travailleurs non agricoles dans le nouveau système.