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  • L’investissement international et les politiques qui le sous-tendent sont à la croisée des chemins. Les responsables de l’action publique ont, à mes yeux, au moins trois grands défis à relever. Premièrement, dans certains pays de l’OCDE, l’investissement international, en particulier l’acquisition d’entreprises nationales par des intérêts étrangers est un sujet de préoccupation de plus en plus important. Les responsables de l’action publique doivent trouver le moyen de répondre à ces préoccupations publiques sans céder aux tentations protectionnistes et sans remettre en cause les fruits de décennies d’efforts déployés pour créer un contexte ouvert et fondé sur des règles pour l’investissement international. Deuxièmement, l’augmentation des investissements transfrontières s’inscrit dans le cadre plus large de la spécialisation internationale et de l’arrivée de nouveaux acteurs majeurs sur la scène économique mondiale, à l’origine, à tout le moins en partie, d’une période prolongée de croissance exceptionnelle et d’amélioration de la prospérité. Toutefois, pour que la population continue à être favorable aux marchés ouverts qui, en favorisant la transparence, l’instauration d’un environnement équitable et une coopération internationale efficace, ont permis d’obtenir ces bons résultats, une coopération entre les responsables de l’action publique des pays de l’OCDE et ceux des économies émergentes est nécessaire. Troisièmement, mettre l’investissement international au service de la lutte contre la pauvreté doit rester un objectif prioritaire. En effet, si de plus en plus de pays en développement et d’économies émergentes ont tiré parti de l’intégration internationale, les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique, sont nombreux à être restés à l’écart.

  • L’environnement mondial de l’investissement direct étranger a continué de s’améliorer en 2006. La croissance macroéconomique s’est poursuivie, les prix des actions ont affiché une bonne tenue et la rentabilité des entreprises a progressé. En outre, de nouveaux acteurs ont fait sentir leur présence de manière plus marquée. Les entreprises multinationales établies dans les économies en développement ou émergentes ont joué un rôle plus actif en termes d’acquisition d’entreprises résidentes de la zone OCDE, tandis que de nouvelles catégories d’investisseurs, comme les sociétés de capital-investissement, ont consacré des sommes importantes à l’achat d’actifs productifs. Ainsi, les flux d’IDE à destination et en provenance des pays de l’OCDE ont nettement augmenté en 2006 : les sorties ont progressé de 29 %, pour atteindre 1 120 milliards USD et les entrées ont crû de 22 %, jusqu’à 910 milliards USD. Il s’agit là du deuxième record de l’histoire de l’OCDE, ces chiffres n’ayant été dépassés qu’en 2000, année de l’envolée de l’investissement. Ils ont été tirés à la hausse par un petit nombre d’opérations transfrontières de fusion et acquisition de grande envergure, les cinq opérations les plus importantes ayant représenté près de 120 milliards USD. Il est permis de s’inquiéter de l’impact que pourraient avoir, sur l’IDE, les inquiétudes de plus en plus vives de la population concernant les conséquences de la mondialisation. Les milieux d’affaires prétendent que l’hostilité rencontrée dans le pays d’accueil joue un rôle dissuasif sur l’investissement transfrontière. Toutefois, globalement, les résistances politiques n’ont jusqu’à présent pas entraîné de ralentissement des flux d’investissement direct.

  • L’investissement international est un moteur essentiel de la croissance et du développement durable. Il est désormais prouvé qu’un environnement ouvert et non discriminatoire vis-à-vis de l’investissement international a de nombreux effets bénéfiques, notamment en termes de création d’emplois, d’efficience de l’allocation des ressources et de progrès social et environnemental. La liberté d’investissement est une valeur fondamentale de l’OCDE, qui se mobilise depuis plus de 40 ans pour promouvoir une plus grande libéralisation dans ce domaine.

  • Les opérations transfrontières de fusion et acquisition connaissent une expansion rapide et transforment le paysage industriel des pays de l’OCDE. Comme il s’agit d’un domaine dans lequel l’activité est très cyclique, la vague actuelle va sans nul doute refluer en phase avec le cycle économique. Toutefois, à chaque vague, de nouveaux sommets sont atteints, le rôle des entreprises sous contrôle étranger établies dans la zone OCDE s’accroît et les activités internationales des entreprises nationales prennent de l’ampleur. Si les questions que soulèvent ces opérations et les réactions qu’elles suscitent n’ont rien d’une nouveauté, elles revêtent à l’évidence de plus en plus d’importance à mesure de la montée en puissance des fusions et acquisitions transfrontières. En outre, elles ont pris une nouvelle dimension du fait de l’entrée en scène d’entreprises multinationales établies dans des pays en développement, en particulier en Inde et en Chine.

  • Dans de nombreux accords internationaux, les États ont négocié des dispositions aux termes desquelles, même lorsqu’ils ont souscrit des engagements en vertu d’un traité, lesdits engagements ne les empêchent pas d’adopter des mesures pour protéger leurs intérêts essentiels en matière de sécurité.

  • Les niveaux de restrictivité des pays de l’OCDE à l’égard de l’investissement direct étranger (IDE) ont été progressivement abaissés au fil du temps et sont en moyenne peu élevés. Les variations qui subsistent sont largement le fait du petit groupe de pays qui maintiennent certaines formes de filtrage général des investissements étrangers. Les pays non membres de l’OCDE qui adhèrent à la Déclaration de l’OCDE sur l’investissement international et les entreprises multinationales sont en général aussi ouverts que les pays membres de l’OCDE. D’autres pays non membres de l’OCDE comme la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et la Russie appliquent des restrictions plus importantes. Parmi les neuf secteurs couverts par l’indice de restrictivité, ceux où l’indice est le plus élevé sont l’électricité et les transports et ceux où il est le plus bas sont le tourisme, la construction et le secteur manufacturier. L’indice ne prend pas en compte un certain nombre de facteurs autres que la discrimination réglementaire ayant une incidence sur les entrées

  • Le passage à une économie fondée sur le savoir et la technologie qui s’opère actuellement a mis au premier plan les problèmes liés aux modes de création, d’acquisition et de diffusion des connaissances, et à leurs incidences sur la performance économique des pays, et suscite des préoccupations concernant la protection des « actifs stratégiques ». L’investissement international a pris une plus grande importance étant donné qu’il est l’un des principaux vecteurs d’acquisition et de diffusion du savoir-faire en matière de techonologie et de gestion.

  • La mondialisation, dit-on souvent, modifie le paysage de l’IDE. Les nouvelles technologies, l’ouverture et la transparence accrues des politiques d’investissement et l’intérêt grandissant porté aux marchés en tant qu’instruments d’affectation des ressources ne sont pas étrangers à la progression de la mondialisation de la production par le biais de l’investissement international. Ces évolutions nouvelles sont un moteur de l’internationalisation des PME. Les progrès accomplis dans le secteur des télécommunications et des technologies de l’information, par exemple, ont permis aux PME et aux nouvelles entreprises d’entrer en contact avec des associés et des clients à l’étranger et diminué l’importance des économies d’échelle dans de nombreux secteurs (OCDE, 2006). En outre, à l’heure où les grandes entreprises externalisent certaines parties de leur chaîne logistique dans une économie mondiale en plein essor, les PME voient s’accroître leurs perspectives d’internationalisation par le biais de l’investissement direct ou des accords de coopération internationaux prenant la forme de coentreprises.