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  • Le gouvernement démocratiquement élu qui est entré en fonctions en 1994 a hérité d’une économie dévastée par de longues années de conflit interne et de sanctions extérieures. Dans ce contexte, les résultats économiques enregistrés depuis 1994 ont été impressionnants. En particulier, les gouvernements qui se sont succédé au cours de cette période ont fait preuve d’une très grande prudence, en s’abstenant de tout populisme économique dans un effort de relance de la croissance à court terme.

  • Le processus d’élaboration de l’Initiative pour une croissance accélérée et partagée de l’Afrique du Sud (Accelerated and Shared Growth Initiative for South Africa, AsgiSA) est remarquable à bien des égards. Le gouvernement a amplement consulté les partenaires sociaux et s’est adjoint les conseils d’experts internationaux en développement économique. Ces efforts ont abouti à une stratégie qui a, dans un premier temps, cerné les principaux obstacles à une croissance accélérée et plus largement partagée, avant de proposer un ensemble de mesures visant à y remédier. L’AsgiSA fixe des objectifs de croissance pour 2006-10 et 2011-14 en vue d’atteindre le but que le gouvernement s’était fixé, à savoir diviser par deux le chômage et la pauvreté d’ici 2014.

  • Ce chapitre est consacré à l’impact potentiel de la politique de la concurrence sur l’accélération de la croissance de la productivité à long terme en Afrique du Sud. Il commence par une analyse des performances économiques récentes du pays en termes de dynamique de la productivité et de compétitivité des échanges. D’après des mesures réalisées à l’aide de différentes batteries d’indicateurs, le degré de concentration du marché reste relativement élevé, même s’il a baissé. La monopolisation excessive de l’économie est, dans une large mesure, un héritage durable du régime d’apartheid, et est apparue pendant la période de remplacement forcé des importations. Si les autorités privilégient les solutions orientées vers le marché pour éliminer ces distorsions, l’intervention de l’État dans l’économie reste importante et est considérée par beaucoup comme une voie de développement viable. Or, les études empiriques montrent clairement qu’un accroissement de la concurrence, tant nationale qu’étrangère, aurait beaucoup de retombées positives pour l’Afrique du Sud.

  • En Afrique du Sud, le chômage est extrêmement élevé et très inégalement réparti, les plus touchés étant les jeunes Noirs peu qualifiés.

    La montée en flèche du chômage dans les années 90 résulte de la forte hausse de l’offre de main-d’oeuvre peu qualifiée, que la demande n’a pu absorber. L’accroissement de la population en âge de travailler et la libération des pressions contenant l’activité de la population noire majoritaire expliquent l’arrivée massive d’une main-d’oeuvre peu qualifiée, et les chocs négatifs de la demande dans les secteurs à forte intensité de main-d’oeuvre ont beaucoup contribué au ralentissement de la demande. Dans ces conditions, le retour à l’équilibre du marché aurait nécessité une baisse substantielle des salaires réels dans les dix ans qui ont suivi 1994, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés. Cette baisse s’est bien produite, mais elle n’a pas été suffisante pour empêcher le chômage de bondir – les syndicats et d’autres composantes du marché du travail ayant fait obstacle à un abaissement nettement plus prononcé des salaires réels.