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  • L’économie suédoise a connu une vive reprise ces dernières années, avec une croissance annuelle de son PIB qui devrait être supérieure à 4 % en 2006. Cette reprise a été plus précoce et plus forte que dans la plupart des autres pays européens, signe que l’économie suédoise est relativement saine. Les anticipations inflationnistes sont bien ancrées. Ce bon résultat tient à la manière dont la Suède a réagi à la crise profonde du début des années 90, en améliorant très nettement le cadre de sa politique macroéconomique. Avec un excédent budgétaire structurel de l’ordre de 2 % du PIB, la Suède se prépare à faire face aux défis démographiques futurs bien mieux que la plupart des pays de l’OCDE. Toutes les composantes de la société bénéficient de ce cadre prospectif de politique économique. Pour les titulaires d’un emploi, l’augmentation des salaires en termes réels atteint en moyenne 3½ pour cent depuis 1998, lorsqu’a été mis en place un nouveau dispositif de détermination des salaires axé sur la stabilité, contre tout juste 2½ pour cent durant la période inflationniste des années 70 et 80.

  • La Suède affiche d’excellentes performances macroéconomiques, avec un taux de croissance élevé et des anticipations d’inflation stables. Toutefois, certaines tensions sont apparentes à la marge. Le chômage est très répandu chez les immigrés et les jeunes et les taux d’incapacité de travail et de congés maladie sont comparativement élevés. La lutte contre l’exclusion sur les marchés du travail et du logement est l’un des principaux défis que doivent relever les pouvoirs publics. Les premières mesures de réforme de la réglementation, prises dans les années 90, portent leurs fruits en termes de productivité et de PIB, mais il convient de donner un nouvel élan à cette réforme afin, notamment, d’améliorer le faible taux de création d’entreprises. Il est également essentiel que la Suède progresse sur la voie de ce programme de réformes –en matière d’emploi notamment– dans l’optique des perspectives budgétaires à long terme qui seront affectées par le vieillissement de la population. Le présent chapitre recense ces défis majeurs après avoir examiné les évolutions macroéconomiques récentes, notamment l’essor du logement et de la construction.

  • Depuis le milieu des années 90, la Suède affiche l’un des taux d’inflation moyens les plus faibles d’Europe. Ce phénomène s’explique en partie par trois facteurs relevant de l’offre, tous liés d’une certaine manière à l’intégration croissante de l’économie mondiale. Premièrement, un glissement vers les importations des pays à bas coûts de production s’est traduit par une baisse des prix des importations. Deuxièmement, la déréglementation et le renforcement de la concurrence avec les entreprises étrangères sur les marchés de produits ont entraîné une diminution des prix dans certains secteurs, notamment dans le commerce de détail. Troisièmement, la croissance des salaires a été plus lente que celle de la productivité, ce qui a maintenu les coûts unitaires de main-d’oeuvre à un bas niveau. Le présent chapitre passe en revue ces facteurs et analyse les options d’action de la banque centrale.

  • En Suède, les taux d’emploi des hommes et des femmes appartenant aux tranches d’âge essentiellement actives n’ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la profonde crise du début des années 90. Ce constat est problématique parce que l’offre de main-d’oeuvre est cruciale pour la viabilité budgétaire à long terme et que ces taux plus bas traduisent en partie une exclusion involontaire induite par des facteurs tels que la fiscalité, des prestations sociales, des institutions du marché du travail et des comportements. Il est donc nécessaire de réformer la politique menée dans ce domaine. Dans ce chapitre, nous abordons tout d’abord les initiatives ambitieuses concernant les prestations chômage, les allègements de cotisations patronales et les crédits d’impôt pour exercice d’une activité qui seront mis en place à compter de 2007. Nous nous intéressons ensuite aux immigrants : certains viennent de milieux très défavorisés et ne sont guère qualifiés, tandis que d’autres ont une formation poussée. Un problème crucial est de mieux intégrer cette population très diverse dans le marché du travail suédois. A cet égard, il faut accorder de l’attention à la flexibilité des salaires ainsi qu’aux règles de protection de l’emploi qui font courir un risque aux entreprises embauchant des immigrants dont les capacités sont souvent difficiles à jauger. Nous examinons pour terminer les progrès réalisés dans le domaine de l’absentéisme pour raison médicale.

  • Alors que plusieurs secteurs de l’économie ont été déréglementés, le marché suédois du logement reste soumis à de fortes distorsions qui entravent un rapprochement optimal de l’offre et de la demande. Sur le marché locatif, les loyers sont essentiellement fonction de ceux que pratique le secteur public dans l’optique des coûts, ce qui empêche une réaction normale des prix et crée de longues files d’attente dans certaines régions, alors que des logements restent vacants dans d’autres. Un grand nombre de Suédois se voient contraints d’accéder à la propriété, avec des prix en forte hausse qui dépassent la valeur fondamentale estimée. L’offre de logements neufs subit les effets négatifs d’un manque de concurrence dans le secteur de la construction, à quoi s’ajoutent de très strictes règles d’urbanisme et une faible incitation des communes à classer de nouveaux terrains en zone constructible. Sur le plan fiscal, l’impôt foncier est déjà inférieur au niveau de neutralité, ce qui veut dire que le logement est indirectement subventionné. Ce chapitre présente un examen critique des récentes mesures prises pour abolir les impôts fonciers et propose une réforme d’ensemble de la réglementation applicable au secteur du logement locatif.