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  • Ces deux dernières décennies, à la faveur de sa participation à l’UE, le Portugal a entrepris un grand nombre de réformes pour libéraliser son économie et l’ouvrir aux échanges et aux investissements étrangers. Ces réformes ont été payantes du point de vue de la croissance du PIB et le Portugal a nettement progressé dans le rattrapage du niveau de vie des pays plus riches de l’OCDE jusqu’au début des années 2000. Ensuite, la croissance s’est enlisée et le chômage s’est accru significativement ; le processus de convergence s’est même inversé, et il a fallu attendre 2005 pour que la croissance économique s’accélère de nouveau, en partie grâce à un nouvel effort de réforme macroéconomique et structurelle. Un assainissement budgétaire énergique a permis de ramener le déficit de plus de 6 % du PIB en 2005 à 2.6 % en 2007 et l’inflation s’est ralentie à environ 2½ pour cent, un tout petit plus que la moyenne de la zone euro. Les réformes structurelles en cours, si elles sont pleinement mises en oeuvre, contribueront à accélérer la croissance potentielle à l’avenir ; mais les perspectives à court terme restent préoccupantes, car l’environnement extérieur ne devrait pas être aussi favorable que ces dernières années. Le recul aux États-Unis, le resserrement des marchés du crédit au niveau international et les risques de retombées négatives en Europe font que le Portugal devra faire face à un affaiblissement de la demande étrangère en 2008. Cela devrait freiner ses exportations et son expansion globale. Pour la période à venir, la croissance potentielle, estimée à environ 1½ pour cent, est trop faible pour pouvoir réduire l’écart de revenu par rapport aux pays plus riches de l’OCDE. La consolidation de l’assainissement budgétaire offre une base robuste pour approfondir et étendre les réformes structurelles et encourage les ajustements nécessaires pour accélérer la croissance de l’économie.

  • Après la faible croissance de la première partie des années 2000, la performance économique plus récente est encourageante. La reprise qui a débuté en 2005 s’est accélérée les deux années suivantes grâce à l’exportation et le déficit budgétaire a été ramené à un niveau plus viable. Pourtant, l’écart de revenu et de productivité par rapport aux pays à revenu élevé de la zone de l’OCDE reste marqué et s’est creusé. La croissance actuelle du PIB n’est pas suffisante pour que puisse être rattrapé le niveau de vie des pays plus riches de l’OCDE. Malgré les nombreuses mesures structurelles mises en oeuvre ces dernières années, il faudrait intensifier la réforme structurelle pour améliorer durablement la croissance de l’économie portugaise. L’objectif devrait être que l’économie soit mieux à même de s’adapter sans heurts aux évolutions de l’environnement international et il faudrait aussi tirer parti des nouvelles possibilités qu’offre la mondialisation. On commentera dans ce chapitre les trois principaux défis que le Portugal doit relever pour accélérer sa croissance : i) consolider le rythme d’assainissement budgétaire pour se doter de solides finances publiques, condition préalable à une croissance économique durable ; ii) tirer parti au maximum de la mondialisation et faciliter l’ajustement au nouvel environnement économique ; iii) réformer le marché du travail et valoriser le capital humain, afin de favoriser les créations d’emplois et de faire reculer durablement le chômage en une période de profonde transformation structurelle.

  • Le Portugal a fait de réels progrès dans la réduction du déficit budgétaire en 2006 et 2007, avec un programme d’assainissement de grande envergure, comportant des mesures à court terme et des réformes structurelles pour résoudre les problèmes de maîtrise des dépenses. En particulier, les réformes très larges de l’administration publique et des régimes de retraite s’attaquent à quelques-unes des causes profondes de la poussée des dépenses et devraient continuer de porter leurs fruits dans le moyen terme. Le principal enjeu budgétaire pour le Portugal est de consolider les résultats obtenus dans l’assainissement budgétaire et de réduire encore le déficit, en particulier grâce aux actions suivantes : achever la mise en oeuvre de la réforme de l’administration publique ; poursuivre la réforme des soins de santé ; améliorer la performance et l’efficience des entreprises publiques ; prendre de nouvelles mesures pour assurer la viabilité du régime de retraite contributif, si les circonstances l’exigent ; neutraliser les pressions du vieillissement démographique sur le budget de la santé. Les progrès accomplis dans l’assainissement des finances publiques et dans la gestion du budget offrent une base solide à partir de laquelle de nouvelles améliorations devraient être réalisées pour renforcer le cadre budgétaire à moyen terme et accroître l’efficience et l’efficacité des finances publiques.

  • L’économie portugaise est ouverte au reste du monde, opposant peu d’obstacles formels aux échanges et à l’IDE, et cela a favorisé sa croissance dans le passé. Cependant, les résultats à l’exportation ont été décevants au cours de la décennie écoulée, l’intégration commerciale dans l’économie mondiale pourrait être plus poussée et le pays pourrait attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE). L’économie se trouve dans une phase d’ajustement à l’évolution accélérée du commerce mondial et elle pourrait exploiter plus pleinement les avantages de la mondialisation. On note des signes encourageants concernant la capacité du pays de mettre à profit ces possibilités, notamment une diversification croissante des produits et des marchés, l’élévation du niveau de technologie des exportations, une certaine correction du mouvement précédent de hausse des coûts unitaires relatifs de main-d’oeuvre et, récemment, des entrées massives d’IDE. Les perspectives sont plus brillantes que les années précédentes. Le gouvernement a déjà amélioré sensiblement les conditions offertes aux entreprises grâce à un large éventail de réformes, notamment le programme SIMPLEX. Il devrait cependant aller plus loin afin de faciliter l’ajustement de l’économie et de tirer un meilleur parti de l’ouverture. Il faudrait réduire les obstacles non tarifaires tels que le coût des formalités douanières, tandis qu’un assouplissement de la réglementation des marchés de produits contribuerait à rehausser l’efficience dans l’économie. Le Portugal a aussi besoin de renforcer la concurrence et d’améliorer la réglementation dans les secteurs clés d’infrastructure que sont les télécommunications, l’électricité et les transports, afin d’accroître la qualité, l’efficience et le volume des services fournis. Des initiatives en ce sens auraient un effet direct sur la compétitivitécoûts des entreprises, faciliteraient les flux d’échanges, aux plans national et international, et rendraient le Portugal plus attrayant pour l’IDE.

  • Bien que les taux d’activité soient supérieurs à la moyenne au Portugal, l’emploi a globalement stagné depuis 2000, le taux de chômage a doublé et le chômage de longue durée atteint 50 % du chômage total. Le marché du travail est de plus en plus segmenté, avec une forte proportion de salariés en contrat à durée déterminée et de travailleurs indépendants. En s’appuyant sur les mesures prises, il convient d’engager des réformes afin de développer le capital humain et de faciliter l’ajustement du marché du travail dans un environnement en mutation. On verra dans ce chapitre que pour favoriser les créations d’emplois – moins précaires, en particulier – il est nécessaire d’adopter une stratégie d’envergure, axée notamment sur la réforme du marché du travail et la formation de capital humain. Il faut en particulier renforcer l’adaptabilité de la population active, remédier aux rigidités du marché du travail dans le secteur formel et mieux concilier flexibilité et protection des salariés. La formation doit également être efficace pour garantir une meilleure adéquation des qualifications des nouveaux venus et aider les salariés touchés par les suppressions d’emplois dans les secteurs soumis à un ajustement structurel. Un certain nombre de mesures ont déjà été prises. Le gouvernement a lancé une initiative visant à renforcer les compétences des jeunes et des adultes vulnérables. De plus, il analyse la configuration du marché du travail et la législation correspondante en vue d’en diminuer la segmentation et d’en accroître l’adaptabilité. Les mesures prises et proposées vont dans la bonne direction. Assurer la continuité de la réforme et de sa mise en oeuvre demeure délicat.