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  • Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (EDR), qui est chargé de l’examen de la situation économique des pays membres.La situation et les politiques économiques de Luxembourg ont été évaluées par le Comité le 7 novembre 2012. Le projet de rapport a ensuite été révisé à la lumière des débats et définitivement approuvé par le Comité plénier le 19 novembre 2012.Le projet de rapport du Secrétariat a été établi pour le Comité par Jean-Marc Fournier, Nicola Brandt et Sebastian Barnes, avec des contributions de Clara Garcia, sous la direction de Piritta Sorsa. Valery Dugain a apporté une aide à la recherche.L’Étude précédente de Luxembourg a été publiée en mai 2010.

  • Le Luxembourg a le PIB par habitant le plus élevé de l’OCDE et sa situation au sortir de la crise économique et financière est relativement satisfaisante. Ce centre financier important a réussi à surmonter les turbulences financières mondiales, ses banques sont bien capitalisées, ses finances publiques sont solides par comparaison à la plupart des autres pays de l’OCDE et le chômage y est relativement faible. En particulier, l’emploi dans les activités financières a continué de s’accroître, bénéficiant des entrées de capitaux dans le secteur de la gestion d’actifs, qui ont soutenu la demande intérieure. Cependant, du fait de la faiblesse de la reprise et des risques de dégradation pesant sur la croissance mondiale et européenne, les perspectives à court terme sont incertaines.

  • Au fil des décennies, le Luxembourg, dont l’économie était autrefois essentiellement agricole, est devenu un pays industriel tourné vers la sidérurgie puis un centre performant de services financiers. Aujourd’hui, c’est le pays de l’OCDE qui a le revenu par habitant le plus élevé, après trente années de croissance robuste, supérieure de plus de deux points de pourcentage à la moyenne de la zone euro. Cette croissance a été induite par un secteur financier de grande taille et performant. Les organismes de placement collectif enregistrés au Luxembourg détiennent des actifs de plus de 2 000 milliards d’euros, soit environ un tiers des actifs des fonds de placement dans la zone euro. La banque privée est aussi une source importante d’activité. Le secteur financier a également été un acheteur important de services, comme les services juridiques et les services immobiliers. Ce dynamisme économique a attiré de nombreux migrants et travailleurs frontaliers de l’Union européenne : la population active s’est accrue de 1.8 % par an, soit un point de pourcentage de plus que dans la zone euro en moyenne. Le budget a bénéficié de recettes fiscales soutenues qui ont permis à l’État d’offrir un niveau élevé de services publics, y compris les dépenses sociales, tout en maintenant la dette publique à un bas niveau.

  • Le Luxembourg est un pays riche en croissance rapide. Néanmoins, les inégalités de revenus disponibles se sont légèrement accentuées au cours des dernières décennies, et la pauvreté relative a augmenté, essentiellement du fait de l’accroissement rapide des hauts revenus. Les inégalités relativement élevées des revenus marchands sont sensiblement atténuées par d’amples transferts sociaux, mais le risque de pauvreté relative pèse toujours sur les catégories les plus vulnérables, comme les jeunes, les personnes ayant un faible niveau d’instruction, les parents isolés et les migrants. Par ailleurs, le généreux système de transferts tend à réduire les incitations au travail. Il est possible d’améliorer sensiblement le système de prélèvements et de transferts pour renforcer les incitations au travail et améliorer le ciblage des dispositifs, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés. Des réformes visant à remédier aux phénomènes de piège de la pauvreté permettraient à la fois de réduire les inégalités et d’améliorer l’offre de travail des résidents. Il importe de renforcer les mesures d’activation pour amener les individus à l’emploi. On pourrait également renforcer leurs perspectives d’emploi en améliorant les résultats scolaires des élèves issus de milieux modestes et des immigrés de deuxième génération. Une réduction des taux élevés de redoublement et un meilleur ciblage des dépenses d’éducation sur les établissements comptant une forte proportion de jeunes vulnérables contribueraient à améliorer les résultats du système d’enseignement.

  • Du fait d’une solide croissance économique globale et du renforcement de son rôle de centre économique régional, le Luxembourg enregistre une intensification des pressions sur l’environnement. C’est là, avant tout, le résultat de l’augmentation de sa population et du développement rapide des transports – dominés par la voiture particulière –, sous l’effet de la hausse rapide du nombre de migrants journaliers à l’intérieur du pays et en provenance des pays voisins. Les pressions sur l’environnement qui en résultent sont importantes, qu’il s’agisse des émissions de CO2, de la pollution atmosphérique ou des changements d’affectation des sols. Les migrations journalières à grande échelle, associées au faible niveau des taxes sur les carburants par rapport aux pays voisins, ont provoqué un accroissement rapide des émissions de gaz à effet de serre, lesquelles sont plus élevées au Luxembourg, par habitant, que dans presque tous les autres pays de l’OCDE. Le Luxembourg va devoir adopter une saine politique du logement, des plans d’urbanisme et de transport visant à freiner l’étalement urbain et à encourager les transports en commun, ainsi que des mesures destinées à internaliser davantage les externalités environnementales, pour que sa croissance économique reste viable sur le plan écologique et économique, et compatible avec le bien-être de sa population.