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  • La Corée a été durement touchée par le choc des prix des matières premières et la crise financière mondiale, qui ont ralenti l’activité économique et fait grimper l’inflation. La dégradation des termes de l’échange a réduit le revenu national, pesant ainsi sur la demande intérieure, alors que le ralentissement des échanges mondiaux a modéré la croissance des exportations du pays. En outre, la forte dépréciation du taux de change et l’intensification de la crise des marchés financiers mondiaux ont encore assombri les perspectives. Les mesures de relance budgétaire mises en oeuvre récemment soutiendront vraisemblablement la croissance, mais toute reprise économique dépend du redressement de l’économie mondiale. Outre ces difficultés à court terme, la Corée est confrontée à plusieurs enjeux pour assurer le maintien de la croissance économique à moyen terme : elle doit notamment procéder à une réforme fiscale, améliorer la croissance de la productivité dans le secteur des services et réformer le marché du travail et le système d’éducation.

  • L’économie coréenne a été confrontée à plusieurs chocs en 2008, notamment la hausse des prix des matières premières, le ralentissement des échanges mondiaux et la crise financière mondiale. Le choc des termes de l’échange – la Corée est le cinquième plus gros importateur de pétrole dans le monde – a affaibli le won et accentué les pressions inflationnistes, qui ont réduit le revenu des ménages et les bénéfices des entreprises, freinant la consommation et l’investissement privés. En outre, les politiques mises en oeuvre sur le marché de l’immobilier ont entraîné une baisse de 5 % de l’investissement résidentiel au cours de l’année écoulée, alors que le ralentissement des échanges mondiaux a pesé sur la croissance des exportations coréennes. Avec l’affaiblissement de la demande intérieure et des exportations, la croissance de la production est tombée de 5 % en 2006-07 à 3 % au cours des trois premiers trimestres de 2008, en taux corrigé des influences conjoncturelles. L’intensification des turbulences financières en septembre 2008 a encore assombri les perspectives économiques, en accélérant la dépréciation du won et en durcissant les conditions de crédit. Le calendrier de la reprise dépend de l’amélioration de l’économie mondiale, qui pourrait ne pas intervenir avant les derniers mois de 2009. Dans un tel scénario, la croissance économique devrait tomber autour de 3 % en moyenne annuelle en 2009, avant de remonter à environ 4 % en 2010.

  • La Corée a subi les conséquences de la flambée des prix du pétrole et des matières premières, qui a conduit à une poussée d’inflation et a ralenti le rythme de l’activité économique. De surcroît, la crise financière mondiale a accéléré la dépréciation du won et a assombri les perspectives économiques. La croissance de la production va sans doute rester peu soutenue tant que la conjoncture mondiale ne se sera pas améliorée, peut-être pas avant plusieurs mois. La Corée est confrontée à un certain nombre de défis, à court terme aussi bien qu’à long terme. Le présent chapitre examine quatre défis majeurs : i) mettre en oeuvre une politique macroéconomique appropriée face aux chocs considérables de source extérieure ; ii) lever davantage de recettes fiscales pour faire face à la hausse des dépenses publiques provoquée par le vieillissement rapide de la population ; iii) promouvoir le développement des services, secteur dans lequel le niveau et la croissance de la productivité sont nettement plus faibles que dans les industries manufacturières ; et iv) réformer le marché du travail et le système éducatif afin de remédier aux problèmes de croissance et d’équité liés au dualisme du marché du travail et au vieillissement de la population.

  • L’action macroéconomique se heurte à d’importants obstacles pour répondre aux chocs de la crise financière mondiale. À court terme, les autorités monétaires devraient viser à soutenir l’activité et la stabilité du marché financier. Si l’inflation est bien supérieure à la fourchette fixée comme cible, elle devrait se ralentir sensiblement au cours de l’année à venir, à mesure que la croissance de la production se ralentit, malgré la dépréciation du won. Étant donné que le recul du won est imputable aux turbulences sur les marchés financiers internationaux, l’intervention sur le marché des changes sera vraisemblablement coûteuse et inefficace et devrait donc être limitée à des opérations de lissage. L’action de stimulation budgétaire a un rôle à jouer pour amortir le ralentissement. À moyen terme, la priorité devrait être de maintenir une solide position budgétaire, compte tenu des pressions sur les dépenses qu’exercera à l’avenir le vieillissement de la population. Une croissance plus lente des dépenses est nécessaire pour réaliser l’objectif à moyen terme d’un budget équilibré, sans tenir compte de l’excédent de la sécurité sociale.

  • La Corée a l’une des charges fiscales les plus faibles de la zone de l’OCDE, en raison de la petite taille du secteur public. Cependant, le rapide vieillissement démographique va exercer une pression grandissante sur les finances publiques. La difficulté consiste à répondre au besoin à long terme de dépenses publiques et de recettes fiscales accrues tout en soutenant une vigoureuse expansion économique. Pour qu’une réforme fiscale favorise la croissance, elle doit privilégier les impôts sur la consommation comme source de recettes supplémentaires. Il est aussi possible d’augmenter le produit de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, actuellement peu élevé, en élargissant l’assiette grâce à une diminution des exonérations. Les réductions prévues du taux d’imposition des sociétés devraient être financées, en partie du moins, par des compressions de dépenses fiscales. L’élargissement des bases d’imposition directe aiderait aussi à financer une extension du crédit d’impôt sur les revenus d’activité afin de remédier aux inégalités croissantes de revenu. Par ailleurs, le système d’impôts locaux devrait être simplifié et réformé afin de renforcer l’autonomie des collectivités territoriales.

  • La croissance de la productivité du travail dans le secteur des services a été lente par rapport à celle du secteur manufacturier. Cela s’explique en partie par la faiblesse de la concurrence dans les services, due à une réglementation stricte des marchés de produits et à un niveau peu élevé de pénétration des importations et d’entrées d’investissement direct étranger (IDE). Un renforcement des gains de productivité dans le secteur des services, qui représente 67 % de l’emploi et 58 % de la valeur ajoutée en Corée, est essentiel pour soutenir un taux élevé de croissance potentielle. Il faut en priorité intensifier la concurrence en supprimant les barrières intérieures à l’entrée, en accélérant la réforme de la réglementation, en améliorant la politique de la concurrence et en réduisant les obstacles au commerce et à l’afflux d’IDE. Une autre tâche difficile sera de rehausser les résultats et d’accélérer la restructuration des petites et moyennes entreprises, qui représentent plus de 90 % de l’emploi dans le secteur des services. Il est par ailleurs indispensable de stimuler la productivité dans les domaines qui ont un fort potentiel de croissance, comme les télécommunications et les services financiers et aux entreprises.

  • Un marché du travail performant est indispensable au maintien d’une croissance économique rapide face au vieillissement de la population. Les objectifs prioritaires consistent à inverser l’augmentation de la part des travailleurs non réguliers, qui a des conséquences négatives à la fois pour la croissance et pour l’équité, et d’encourager une progression de l’emploi des femmes et des jeunes, qui sont sousreprésentés dans la population active. Pour attirer davantage de femmes dans l’emploi, il faut accroître l’offre de services d’accueil des enfants, améliorer la situation en matière de congés de maternité et faire en sorte qu’il y ait davantage de lieux de travail où les obligations familiales sont prises en compte. Les taux d’emploi des jeunes devraient être favorisés en améliorant l’enseignement tertiaire grâce à un renforcement de la concurrence et à un resserrement des liens avec les entreprises afin de réduire les inadéquations. La réforme de l’éducation devrait être étendue aux établissements élémentaires et secondaires de façon à améliorer l’efficience et à diminuer la charge représentée par les cours de soutien privés. L’âge de départ à la retraite des salariés devrait être relevé en éliminant la retraite obligatoire et en supprimant progressivement l’indemnité de retraite. Dans le cadre des politiques actives du marché du travail, il faudrait privilégier le renforcement du capital humain plutôt que le versement de subventions salariales.