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  • Les performances de l’Espagne sont restées remarquablement robustes grâce aux réformes structurelles réalisées depuis le milieu des années 90 et à la poursuite d’une politique macroéconomique saine. La progression de l’emploi a été forte et a permis à l’économie de croître plus rapidement que la moyenne de la zone euro, même lors du ralentissement récent. Pour prolonger cette performance à moyen terme, il est nécessaire de poursuivre le processus de réforme. En premier lieu, le différentiel d’inflation persistant avec la zone euro est inquiétant car il érode la compétitivité et pourrait conduire à une période de croissance plus faible. Cet écart d’inflation, qui résulte pour partie de facteurs exceptionnels, met en évidence le besoin de poursuivre les réformes du marché du travail et de renforcer la concurrence dans certains secteurs. Des réformes supplémentaires dans ce domaine contribueraient aussi à réduire le chômage, qui est principalement de nature structurelle et qui, malgré sa baisse considérable, reste parmi les plus élevés de la zone de l’OCDE. Deuxièmement, les gains de productivité sont restés faibles, en partie à cause des effets positifs de la vive expansion de l’emploi. Pour accélérer la convergence réelle par rapport aux autres pays, il faut éliminer les obstacles au développement d’activités à plus forte valeur ajoutée, promouvoir l’amélioration du capital humain, combler le retard en matière d’innovation et accélérer la diffusion des nouvelles technologies. Troisièmement, il serait souhaitable de réformer le marché immobilier en vue d’accroître la mobilité de la main-d’œuvre, d’améliorer l’allocation des ressources et d’empêcher les risques de bulles spéculatives de se développer. Enfin, des réformes sont nécessaires pour faire face aux conséquences du vieillissement de la population. Leur mise en œuvre progressive ne devrait plus tarder afin d’assurer la viabilité des finances publiques que menace la hausse des dépenses de pensions et des services médicaux et sociaux à partir de 2020-2025.

  • L’Espagne n’a pas échappé au ralentissement économique international depuis l’année 2000, mais elle y a mieux résisté que de nombreux pays. La croissance de la production a atteint 2 pour cent en 2002, de sorte que le différentiel de croissance positif avec la zone euro s’est maintenu à 1¼ point de pourcentage, son niveau moyen depuis 1996. Ces performances favorables, qui sont similaires à celles de l’économie américaine depuis le milieu des années 90 (graphique 1), résultent principalement de la poursuite de créations d’emplois vigoureuses lesquelles ont soutenu le dynamisme de la demande intérieure, en particulier la consommation privée et l’investissement résidentiel. Cependant, cet accroissement robuste de l’emploi n’a pas empêché une hausse cyclique du taux de chômage (à 11½ pour cent à la fin de 2002) pour la première fois depuis 1994, du fait aussi de la faible sensibilité de la population active à la conjoncture et de la forte hausse de l’immigration. Malgré l’affaiblissement des pressions sur le marché du travail et un écart de production légèrement négatif, l’inflation n’a guère reculé, en partie pour des raisons exceptionnelles comme le passage à l’euro. En févier 2003, les prix à la consommation ont augmenté de 3¾ pour cent par rapport à l’année précédente de sorte que le maintien de l’écart d’inflation d’environ 1¼ point de pourcentage avec la zone euro depuis 1999 tend à affaiblir la compétitivité internationale de l’économie.

  • Au-delà du court terme, la politique budgétaire est confrontée à trois enjeux majeurs. Le premier défi est de préserver les progrès réalisés en matière d’assainissement des comptes des administrations, tout en maintenant une flexibilité suffisante à la politique budgétaire, compte tenu du nouveau cadre plus décentralisé de l’organisation des finances publiques en place depuis 2002-2003. Le second défi de moyen terme concerne l’amélioration de l’efficacité du secteur public, qu’il importe de continuer à renforcer dans ce nouveau cadre. Troisièmement, et dans une perspective de long terme, des réformes restent nécessaires pour préparer l’Espagne aux conséquences du vieillissement de sa population, car la viabilité des finances publiques sera menacée par la forte hausse des dépenses de pension ainsi que des services médicaux et sociaux à partir de 2020-2025.

  • Ces dernières années, la croissance soutenue de la production et de l’emploi a été favorisée par un large programme de réformes structurelles et un solide cadre d’action macroéconomique, les taux d’intérêt réels revenant quant à eux à un bas niveau. La privatisation des grandes entreprises publiques était quasiment achevée en 2000 et s’est accompagnée de plusieurs programmes de libéralisation prévoyant une rapide introduction de la concurrence dans les industries de réseau, entre autres mesures. Les réformes du marché du travail qui ont abouti à une diminution des indemnités de licenciement prévues dans la plupart des nouveaux contrats permanents, conjuguées à la modération des salaires réels et à un recours aux contrats temporaires, ont fait passer le taux d’emploi de 50.7 pour cent en 1997 à 58.8 en 2002. En outre, le taux de chômage a diminué de 5.5 points de pourcentage, encore qu’à plus de 11 pour cent à la fin de 2002, il reste l’un des plus élevés de la zone de l’OCDE.

  • Pendant une bonne partie du XXe siècle, l’Espagne a connu une émigration nette significative. Mais ces dix dernières années, les flux nets se sont inversés et le pays est devenu terre d’immigration. Différents facteurs, dont sa situation géographique, ses liens historiques avec l’Amérique latine, et une forte croissance par rapport à celle de la plupart des autres pays de l’UE expliquent que l’Espagne soit récemment devenue une destination attrayante pour les migrants. Face à l’accroissement spectaculaire des flux d’entrées, l’enjeu consiste à définir une politique globale de l’immigration. Les défis sont nombreux. Il s’agit avant tout des décisions à prendre quant à l’ampleur des flux d’immigrants d’origine extracommunautaire que l’Espagne accepte, aux modalités de sélection des immigrants, aux moyens de faire face à la présence sur le territoire d’immigrants en situation irrégulière encore très nombreux, et aux dispositifs permettant de mieux intégrer les immigrés qui restent.